Projet de coup d’Etat à partir d’Agboville
Les dessous de la
lettre adressée à Jah Gao
Les langues se délient
à Offo Mpo, village situé à 22 kilomètres d’Agboville. A la suite d’une lettre
que des habitants ont adressée, le 21 septembre 2013, au Cdt Gaoussou Koné dit
Jah Gao pour dévoiler les préparatifs d’un coup d’Etat, Nord-Sud Quotidien s’y est
rendu le 13 octobre pour interroger les
accusés et ceux qui les accusent.
On danse sur un volcan à Offo Mpo. La population est divisée en deux blocs qui
se regardent en chiens de faïence. Les habitants de ce bled de treize mille
âmes, situé à 22 kilomètres d’Agboville et à 102 kilomètres de la capitale
économique, Abidjan, se renvoient la balle suite à notre dossier du mardi 8
octobre relatif à des actions subversives en cours dans la zone. En effet, le
28 septembre, les hommes du commandant Koné Gaoussou dit Jah Gao, responsable
militaire de la zone, ont mis aux arrêts un homme détenant des preuves (liste
d’armements, plan de combat, déclaration de prise de pouvoir, etc.) d’une
attaque de grande envergure en préparation contre le régime Ouattara. Le chef
de l’Etat et plusieurs hautes personnalités du pays étaient directement visés dans l’opération qui a été
déjouée. Le suspect en détention au Groupe de documentation et de recherche
(Gdr) a été pris à la suite de l’attaque d’un poste des Forces républicaines de
Côte d’Ivoire (Frci), le 21 septembre, à
quelques kilomètres de Rubino, où le soldat Sansan Hien a été tué par quatre
individus encagoulés.
Dans la même période,
une lettre anonyme en provenance d’Offo Mpo, un autre village de la
sous-préfecture d’Agboville, et adressée
au commandant militaire annonce un coup d’Etat en préparation et cite nommément
des cadres de ce village. Parmi
eux, Débon Armand Degaulle, policier à la retraite, et le Dr Marcellin Yahoua
Yao, enseignant-chercheur à l'Ecole normale supérieure. Ces deux personnes et
leurs co-accusés, rencontrés par
Nord-Sud Quotidien, le dimanche 13 octobre,
à Offo Mpo, nient en bloc l’accusation. Réunis au domicile de N'Guessan
Dédou, instituteur à la retraite, les présumés putschistes sont restés droit
dans leurs souliers. « (…) Je ne suis pas politicien. Je suis un
enseignant-chercheur. La politique ne m'intéresse pas. Il est vrai qu’il y a un
désordre dans le village mais, nous n’avons aucun projet de coup d’Etat »,
fait remarquer l’enseignant-chercheur. Selon lui, le désordre se trouve plutôt
dans la gestion des affaires publiques du village, notamment la vente des
forêts. «Toutes les réserves administratives ont été morcelées et vendues par
le chef du village. Les grandes voies, qui devaient servir de boulevards et
d'avenues, ont été morcelées par le chef de village. Il les a vendues.
Aujourd'hui, nous nous trouvons dans l'imbroglio. C'est ce qui nous a valu
l'écrit anonyme pour dire que nous voulons renverser le régime. Je ne me
reconnais pas dans ces propos », se défend-il. Dans le courrier en date du
21 septembre, les huit personnes accusées de vouloir, avec l’aide de
militaires, renverser le pouvoir d’Abidjan, ont rejeté en bloc les faits mis à
leur charge. D’après Agnon Doffou, professeur de lycée à la retraite et Etienne
Doffou, électricien à la retraite, respectivement secrétaires de section du
Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) et du Rassemblement des républicains
(Rdr), c’est un paradoxe pour «nous responsables
politiques et de surcroît membres du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes
pour la démocratie et la paix, ndlr) de faire un coup d’Etat contre le Président
Ouattara».
« Ce qui a été
publié n’est pas faux »
Mais, selon Guillaume Odou N'Guessan, président de la
mutuelle des cadres d'Offo Mpo et proche de la chefferie, les arguments développés par les mis en cause
ne tiennent pas la route. « Un
cadre est venu annoncer sa nomination au poste de ministre de l'Intérieur,
alors que cela ne peut se faire que par un coup d'Etat», insiste-t-il. Le chef du village d’Offo Mpo ne dit pas
autre chose. « Ce qu'ils oublient, c'est que je sais ce qu'ils ont dit au
village ici. J'ai dit au commandant de brigade (de la gendarmerie d’Agboville) et
au sous-préfet que les propos publiés dans le journal (Nord-Sud Quotidien,
ndlr) ressemblent à ce qu'ils ont dit ici. Ce qui a été publié ne peut pas être
faux. Ils ont fait sortir leur vraie pensée. Ce qu'ils sont en train de
préparer va sortir un jour. Si je ne meurs pas, un jour on va comprendre
beaucoup de choses. Ils sont en train de détruire le village. C'est Dieu qui
les a démasqués», jure Gabriel N'Zi N'Guessan, soupçonné par le groupe de Débon
Armand Degaulle d’être derrière la lettre adressée à Jah Gao.
Ouattara Moussa, envoyé spécial à
Offo Mpo (Agboville)
Voici la
lettre anonyme adressée au commandant des Frci
Agboville le 21 septembre
A
Monsieur le Commandant
C’est avec respect et considération que je viens par cette lettre,
vous annoncer des nouvelles de peur et de tristesse. Cela fait environ plus
d’un mois qu’ à Affoumpo, nous n’avons pas la tranquillité du fait qu’un
certain nommé Yahoua Yao Marcellin qui serait de son état professeur à
l’université, qui nous a informés qu’il y aurait dans un délai de 3 mois, un
coup d’Etat en Côte d’Ivoire dont lui-même serait membre actif de ce coup qui
ferait de lui le tout nouveau ministre de l’Intérieur.
Toujours selon lui, après cette nomination, si jamais ce coup
d’Etat leur réussissait, il ferait remplacer le président des jeunes actuel de
cette localité, le chef du village et le chef de terre et par la suite viderait
par tous les moyens qu’il faudrait, les allogènes et surtout les allogènes membres
de la Cedeao. Au niveau de la ville d’Agboville, c’est d’abord le préfet et le sous-préfet
qui seront ses cibles premières, etc., et qu’en ce moment, lui seul serait maître
des décisions.
Ensuite, il n’y a pas plus de 3 jours que nous avons constaté
des réunions secrètes nocturnes dans une maison inachevée, précisément dans la
cour de son beau-frère. Par la suite, ils ont constitué un groupe pour enlever
l’actuel président des jeunes, sans l’accord ni du chef du village, ni de la
population (...) A l’heure où je vous écris cette lettre, il n’y a plus aucun
respect entre ces gens et les autorités villageoises et administratives d’Agboville.
Cependant, mon commandant, nous avons très peur du fait que,
quand les autorités seront informées et quand vous serez mandaté à venir
intervenir, vous ne connaitrez pas la différence entre ces gens et nous,
innocents faibles qui vous soutenons de loin comme de près. (…), ces individus
de mauvaise foi veulent le faire sombrer tout en endeuillant encore des
familles. De ce fait, mon commandant, la situation est très sensible. Et nous
n’accepterons plus jamais cela dans notre pays.
Voilà mon commandant ce que j’avais à vous annoncer
Voici leurs noms :
Yahoua Yao Marcellin (professeur à l’université)
N’Guessan Claude (ancien militaire)
N’Guessan Dedou (instituteur à la retraite)
Depon Aman Degaulle (policier à la retraite)
Agnon Doffou Alexandre (professeur à la retraite)
Sénin N’Takpé René
Agnon Gbadi Bertin
Kouadio Ede Paul (Envoyé)
Agnon Doffou Etienne
NB : La titraille est de la Rédaction.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire