Pour éradiquer les gangs à la machette à Adjamé
Les
populations réclament des assises
C’est un secret de Polichinelle.
Les gangs à la machette, depuis quelques mois, attaquent et dépouillent les
populations à Adjamé. Le 28 septembre à 20 heures, au quartier Latin, une bande
d’une cinquantaine de gamins (l’âge varie entre 12 et 17 ans), armés de
gourdins et de machettes, prend le contrôle du bled. Ils tailladent Diallo
Abdoul avant de vider sa boutique : bidons d’huile, paquets de sucre, sac
de riz et des numéraires sont emportés par cette bande baptisée «vonvon» et
dirigée par Traoré Alassane alias "Conori"(en fuite). Pis, le gang ne
s’est pas arrêté-là. Il inflige la même
sanction à d’autres personnes en
s’emparant de leurs biens et autres téléphones portables. Après leur forfait,
les bandits progressent vers l’espace dénommé « La terrasse». Chauffés à
blanc, ils scandent : « Nous sommes les voyous ! Nous sommes les
voyous ! Nous sommes les voyous !». C’est le branle-bas. Ça court
dans tous les sens. L’espace se vide de son monde. Tous les habitants se terrent
dans leurs concessions. « Nous avons passé des moments difficiles. Nous
avons pris peur. C’était l’enfer. Ils étaient tous armés de gourdins et de
machettes. Ils ont saccagé tout ce qui se trouvait sur leur passage. Notre
quartier ressemblait à un champ de bataille », raconte le doyen Bafan,
chef de la communauté Baoulé et Agni. Selon lui, le siège a duré quinze minutes
qui paraissaient interminables. «Quand ils ont fini de semer la chienlit, alors
ils ont pris la direction de l’ex-cinéma Liberté. Depuis ce jour, nous vivons
dans la peur. Il faut agir ici et maintenant», insiste-t-il lors de la
rencontre initiée hier par Youssouf Sylla, maire de la commune d’Adjamé avec
les chefs de communautés, les guides religieux, les leaders d’opinion et les
services en charge de la sécurité notamment la police et la gendarmerie. Pour
Mme Diaby Assita, le phénomène des gangs à la machette s’est enraciné grâce à
la prolifération des maquis et des fumoirs de drogue.
Vers
un dialogue direct entre parents et enfants
«Les maquis et les fumoirs
pullulent partout. Ces enfants qui agressent sont sous l’effet de l’alcool et
de la drogue. Les autorités ne font rien pour lutter contre la prolifération de
ces lieux. L’Etat a une grande part de responsabilité. L’Etat, à travers sa
passivité, est en train de nous aider à détruire nos enfants. Aujourd’hui, nous
devons organiser des assises pour faire un véritable diagnostic et proposer des
solutions durables au phénomène des gangs à la machette », réclame cette
présidente d’une Ong spécialisée dans la lutte contre les enfants de la rue.
Ses propos sont renchéris par le président de l’Association pour la protection des consommateurs actifs de
Côte d’Ivoire (Aproca-ci). «Il faut guérir le mal à la racine. On connaît où se
trouve les fumoirs de drogue ici à Adjamé. On sait aussi que des policiers font
rançonner les propriétaires de ces endroits. On connaît les enfants qui
agressent. Ils sont issus de nos familles. Nous devons nous retrouver pour
discuter. Il faut organiser les assises de la sécurité à Adjamé. Cette
rencontre doit réunir parents, enfants, professionnels de la sécurité (police,
gendarmerie) et les autorités municipales », indique Soumahoro Ben N'Faly.
Face aux doléances qui ressemblaient à des exigences, Youssouf Sylla a affirmé
prendre acte des aspirations des populations. Cependant, il demande aux chefs
de familles de s’impliquer davantage dans l’éducation ou la rééducation de
leurs enfants. Le premier magistrat de la commune, qui avait à ses côtés son
directeur de cabinet Ouattara Basile, le chef du district de police d’Adjamé ,
le commissaire Amon Georges et le commandant de la brigade de gendarmerie,
l’adjudant-chef Andjou Henri, exhorte les chefs de communautés et les guides
religieux à être des relais de la sensibilisation et de la prévention.
Ouattara Moussa
Youssouf Sylla annonce
des opérations d’envergure en collaboration avec les forces de l’ordre.
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