Présumé coup d’Etat en
préparation à Offoumpo (Agboville)
Les
accusés nient, la chefferie charge
Dans
une lettre adressée aux autorités militaires d’Agboville, lettre que nous
publions le 8 octobre, plusieurs cadres
d'Offoumpo sont nommément accusés de participer à un projet de
renversement du régime. Alors que les
concernés rejettent les faits, le chef de village et ses proches les chargent
de nouveau.
1- Armand Débon Degaulle:
"Il
n’en est rien du tout"
« Il n'en est rien du
tout. Le village est-là. Vous pouvez vous promener dans tout le village. Vous
pouvez interroger celui que vous voulez. Nous ne sommes mêlés ni de près, ni de
loin à cette affaire. Ce sont des malentendus. Le sous-préfet vient de nous
réconcilier. Il n'en est rien du tout ».
2.
Etienne Doffou, électricien à la retraite:
"Nous
avons saisi la chefferie"
«Je suis le secrétaire du
Rdr (Rassemblement des républicains, ndlr) du village d'Offoumpo. J'étais en
voyage lorsque mes frères m'ont interpellé. Ils m'ont dit qu'il y a un journal
qui a écrit que nous voulons tuer le président de la République. Nous étions
dépassés par cette information. Je me suis rendu précipitamment à Agboville
pour retrouver mes frères. C'était la panique. Ici au village, des gens ont
commencé à faire leurs bagages pour fuir. Nous avons entrepris des démarches
auprès des autorités d'Agboville. Nous nous sommes rendus successivement chez
le commandant de brigade de la gendarmerie, chez le sous-préfet, chez le
préfet. Nous avons saisi la chefferie du village. Je ne me reconnais pas dans
les propos et le contenu de la lettre dont vous avez reçu copie ».
3.
Dr Marcellin Yahoua Yao, enseignant-chercheur à l'Ens:
"Pourquoi
j’ai écrit au Premier ministre"
« Je ne suis pas
politicien. Je suis un enseignant-chercheur. La politique ne m'intéresse pas.
C'est vrai. Il y a un désordre dans le village. Mon père a été chef de terre.
On ne voit pas, depuis son décès jusqu'à ce jour, le village évoluer. Vous ne
verrez ni travaux de lotissements, ni voirie. Rien n'a été fait. Ce sont les
gens qui ont leurs lots qui font les travaux d'entretien. Chacun nettoie devant sa maison. Il y a un désordre. Il y a
un problème crucial. Voyez-vous, l'école, c'est la lumière. Mais, il n'y a pas
de site pour construire une quatrième école. Toutes les réserves
administratives ont été morcelées et vendues par le chef du village. Les
grandes voies qui devaient servir de boulevards et d'avenues ont été morcelées
par le chef de village. Il les a vendues. Aujourd'hui, nous nous trouvons dans
l'imbroglio. Chacun se lève pour faire son lotissement car, le chef n'a pas été
correct. Il n'a jamais rendu compte en ce qui concerne les ventes de forêts,
les lotissements, le marché. Nous nageons dans le flou. C'est ça le problème
fondamental. C'est ce problème qui m'a poussé à écrire au Premier ministre, au
ministre de l'Intérieur, au préfet, au sous-préfet, au président du tribunal
d'Agboville et au commandant de brigade de la gendarmerie d'Agboville pour les
interpeller. J'ai obtenu un rendez-vous avec le directeur de cabinet du
ministre de l'Intérieur. Je lui ai expliqué le problème afin qu'on interpelle
le chef de village pour mettre sur pied un comité de gestion. Quand il n'y a
pas de bonne gestion et de transparence, les choses tournent mal. C'est moi qui
ai écrit le courrier pour l'adresser au ministre de l'Intérieur. Mes frères
m'ont dit d'aller en profondeur car, il y a d'autres problèmes, notamment celui
du président des jeunes. Il y a un désordre dans la vente des forêts. C'est ce
qui nous a valu en guise de riposte, l'écrit anonyme pour dire que nous voulons
renverser le régime. Je ne me reconnais pas dans ces propos ».
4.
Agnon Doffou, professeur de lycée à la retraite:
"Pourquoi
vais-je faire un coup d’Etat ?"
«Je suis le secrétaire général
du Pdci (Parti démocratique de Côte d'Ivoire, ndlr) section du village d'Offo-Mpo
et membre du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la
paix, ndlr). Comment quelqu'un qui est du Rhdp, qui a été vilipendé ici parce
que les gens faisaient des fétiches pour nuire au Président Alassane Ouattara,
peut-il vouloir renverser l’homme qu’il a défendu ? Quand cela a commencé,
j'ai interpellé le chef du village. Je lui ai demandé si Alassane Ouattara est
élu président de la République, qu'est-ce que nous allons devenir ? Le
chef a instrumentalisé ses enfants. Ceux-ci sont venus me faire des histoires à
la maison. Quel est ce paradoxe? Je ne me reconnais pas dans ce projet ».
5.
Senin N'Tapké, agent de la Cotivo à la retraite:
«Je
ne suis pas un assaillant»
«Je ne reconnais pas ce qui
m'a été reproché. Je ne suis pas un assaillant. En voulant aider le comité pour
organiser l'élection du président des jeunes, je suis accusé d'être un
assaillant. Je ne reconnais pas les faits. »
6. N'Guessan Dédou, instituteur à la retraite:
"Alassane
Ouattara est le président de la République"
«Offoumpo nous appartient tous. Nous devons participer au développement
de ce village. Les jeunes gens m'ont approché pour dire que le président des
jeunes, qui est en place depuis 7 ans, ne fait plus leur affaire. Voici la
maison inachevée que vous avez présentée comme étant le lieu de rencontres. C'est
ma maison et c'est ici que nous tenons les réunions de notre coopérative
Binkadi. Nous ne reconnaissons pas les faits mis à notre charge. Alassane
Ouattara, que vous l'aimez ou non, il est le président de la République. Nous
reconnaissons son autorité ».
7.
Gbadi Bertin, planteur:
"C'est
une affaire de président de jeunes"
«C'est une affaire de
président de jeunes. On a écrit aux autorités pour les interpeller. C'est tout
simplement une affaire d'élection d'un nouveau président des jeunes. Les gens
ont écrit pour dire que nous voulons faire un coup d'Etat. C'est qui est
faux. »
8.
N'Guessan Claude, militaire à la retraite:
"Je
ne reconnais pas les faits"
«Cela fait 14 ans que j'ai
pris ma retraite. On écrit pour dire que moi, qui suis un militant du Pdci et
du Rhdp, je veux tuer Alassane Ouattara. Je ne reconnais pas les faits ».
8. Joseph Atté
Mandah, porte-parole du chef du village :
"Ils
ont une autre idée derrière la tête"
«Pour un petit problème de
terre, il y a eu des discussions chez le chef ici. L'un des cadres est venu
tenir des propos malveillants. Des propos qui faisaient cas d'un coup d'Etat au
terme duquel il sera nommé ministre de l'Intérieur. Il a annoncé qu’il viendrait
pour balayer le chef de terre et le chef du village. En plus, le problème du
président des jeunes s'est rajouté. Ce problème est devenu autre chose. Ça fait
peur. Je ne veux nommer personne. Le chef était malade en ce moment-là. Comment
pouvait-il s'asseoir pour écrire une lettre et l'adresser à votre journal pour
être publiée. Moi son porte-parole, je ne me vois pas en train de faire ça pour
nuire à des amis avec lesquels nous mangeons dans la même assiette. Le fait de convoquer
une réunion la nuit suppose que ces gens-là ont une autre idée derrière la tête
».
9. Marc Odou, officier de police à la retraite:
"Ils
sont prêts à utiliser la force"
«Il y a trop de haine dans
ce village. Un groupe de personnes, de surcroit des cadres, se réunissent
nuitamment pour signer une pétition. Le chef du village a reçu copie de cette
note de protestation. Ces gens réclament le départ du chef et surtout du
président intérimaire des jeunes. Ils se sont réunis nuitamment pour démettre
le président des jeunes. Il y a une procédure à suivre mais, ils refusent de la
suivre. Aujourd'hui, ils veulent utiliser la force pour chasser le chef. Ce
plan est un projet de coup d’Etat ».
10. Guillaume Odou N'Guessan, président de la mutuelle
des cadres d'Offo Mpo:
"Cela
ne peut se faire que par un coup d’Etat"
«Je ne suis pas au courant
des réunions nocturnes. Nous étions à une rencontre publique. Ils ont dit que
la mutuelle n'existe plus. Au départ, ils ont évoqué un problème du président
des jeunes. Mais aujourd'hui, il s'avère que ce n'est pas le problème de
président des jeunes. C'est le problème de chef du village et du chef de terre.
Ils veulent les enlever. Un cadre parmi eux est venu annoncer sa nomination au
poste de ministre de l'Intérieur. Cela ne peut se faire sans un coup
d'Etat ».
11. Gabriel N'Zi N'Guessan, chef du village d'Offoumpo:
"Ils
ont été démasqués"
«Moi, je veux qu'on
dise la vérité. Pourquoi ils nous indexent ? Le cadre en question
(Ndlr : celui qui aurait annoncé sa nomination en tant que ministre de
l’Intérieur de l’Etat de Côte d’Ivoire) doit venir ici pour un face-à-face. Dans la
vie, quand tu parles trop, cela peut te détruire ailleurs. L'auteur de la lettre
(adressée à Jah Gao) peut se trouver dans leur camp. Lorsque vous marchez avec
quelqu'un, il ne faut pas dire qu'il vous aime assez. Cette personne sait ce
qu'elle pense de vous. Quand vous parlez trop, alors n'oubliez pas ce que vous
avez dit hier. Les gens écrivent contre moi à chaque fois pour me dénigrer. Ils
ont écrit à mon encontre à la justice, à la sous-préfecture, etc. J'ai tous ces
documents. Cependant, je continue de manger et de collaborer avec eux. Ils ont
été démasqués. Ils ont peur. Ils veulent me faire porter le chapeau. Ce qu'ils
oublient, c'est que je sais ce qu'ils ont dit au village ici. J'ai dit au
commandant de brigade et au sous-préfet que les propos publiés dans le journal
ressemblent à ce qu'ils ont dit ici. Ils ne doivent pas m'accuser à tort. Un
chef ne peut pas faire ce qu'ils ont écrit. Ce sont eux qui ont écrit pour dire
qu'ils vont faire un coup d'Etat, j’ai des documents. Ce qui a été publié dans
le journal ne peut pas être faux. Ils ont fait sortir leur vraie pensée. Ce qu'ils
sont en train de préparer va sortir un jour. Si je ne meurs pas, un jour on va
comprendre beaucoup de choses. Ils sont en train de détruire le village. C'est
Dieu qui les a démasqués.»
Propos
recueillis par Ouattara Moussa, envoyé spécial à Offompo (Agboville)
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