Interview
Commissaire Marc Michel Amoakon, commandant de la
voie publique:
«On ne peut
pas nous accuser de vols de biens des blessés»
Le
commissaire de police de 1ère classe, Marc Michel Amoakon rejette en
bloc les accusations. Le chef de service de la voie publique logé à la
préfecture de police d’Abidjan soutient qu’il est impossible pour ses éléments
et lui d’être accusés des faits de vols de biens des victimes à la suite d’un
accident de la circulation.
Qu'est-ce
qu'un constat d’accident ?
C'est une photographie
du lieu où s'est produit l'accident. Nous mettons cela sur papier. On va
matérialiser sur un document pour savoir ce qui s'est passé. Lorsque nous
arrivons sur le terrain, nous prenons la position des véhicules impliqués dans
la collision.
Que
faites-vous des observations relevées sur le terrain?
Nous établissons un
rapport que nous adressons aux différents adversaires. Cela est d'autant plus
important car les différentes parties sollicitent l'intervention de leurs assurances pour être
dédommagées. Nous produisons le constat sur papier. Le rapport est mis à la
disposition des différentes parties impliquées dans l'accident.
Concrètement,
quels sont les éléments que vous relevez dans le rapport?
C'est un travail
d'expert que nous faisons. Nous observons la position des différents véhicules
accidentés. Nous prenons en compte le pont de choc et les repères. Ce sont
autant d'aspects techniques que nous considérons dans la rédaction du rapport.
Ce sont des éléments qui paraissent pour le profane comme des détails mais ils
nous permettent d'expliquer ce qui s'est passé.
Il
arrive que les blessés possèdent des objets. Lors de leur évacuation à l'hôpital,
ils laissent derrière eux leurs biens (téléphones, argent…). Comment ces biens
sont sécurisés ?
Il y a beaucoup de
forces qui interviennent sur un théâtre de sinistre. Les sapeurs-pompiers
militaires interviennent. Ils peuvent arriver sur le lieu avant nous. Dans ce
cas de figure, ils prennent les biens des victimes. Par la suite, ils nous les
remettent. A l'aide du téléphone, si le cas est grave, c'est-à-dire que la
personne n'est pas consciente, on peut remonter jusqu'à l'identité de la personne.
Au cas où elle est dépourvue de toutes pièces. Ces biens sont gardés sur nous
jusqu'à ce que les victimes ou leurs parents viennent pour qu'on leur restitue
ces biens.
Quelle
est la démarche à suivre?
En matière de
restitution, il faut toujours faire un procès-verbal. On ne sait jamais. On
peut remettre, pour les cas mortels, les biens à quelqu'un qui n'est pas bénéficiaire.
Si quelqu'un se présente pour dire que je suis le parent d'un tel et qu'on a
aucune preuve, alors on fait un procès-verbal. Nous prenons toutes ses
références. Donc, ce sont des preuves qui peuvent nous aider au cas où il y a
un problème.
Des
victimes affirment qu'elles sont confrontées à d'énormes difficultés pour
rentrer en possession de leurs biens. Comment expliquez-vous ce fait ?
C'est malheureux. Dès
qu'il y a un accident, les badauds accourent sur le lieu du sinistre. Parmi
eux, on peut trouver des gens malhonnêtes. Au lieu d'aider les accidentés, ils viennent
voler les biens des blessés. Si la victime dans son état d'inconscience ne peut
pas surveiller son bien, celui qui est venu avec de mauvaises intentions peut
voler les objets. Si la personne à son réveil savait qu'elle avait une somme
importante d'argent et qu'elle réclame son bien tout de suite sans l’avoir,
elle va jeter la responsabilité soit sur les sapeurs-pompiers soit sur nos
agents. Mais on a toujours les moyens pour se défendre.
Lesquels
?
En général, on
intervient en présence d'autres forces. Le rapport de constat est fait. Donc, quelqu'un ne peut pas nous accuser de
vols de biens des blessés. Ce n'est pas possible. Dès que survient un
accident de la circulation, si nous avons des éléments en patrouille ou même
des éléments chargés de la régulation de la circulation, nous leur demandons
d'intervenir rapidement. C'est-à-dire qu'ils font baliser le théâtre du
sinistre. Tout ceci pour empêcher que les badauds viennent voler les victimes.
Le risque de vol est élevé surtout la nuit. Quand vous prenez une voie comme le
boulevard lagunaire (Plateau, ndlr), on enregistre malheureusement des cas de
vols. Cette voie est un nid de bandits. Dès qu'un accident survient, alors ils
viennent pour dérober les biens des victimes au lieu de voler à leur secours.
Le temps d'appeler les sapeurs-pompiers ou même nos services ou encore une
patrouille, ces individus malintentionnés fouillent les blessés. Ils emportent tout ce que les victimes possèdent
comme biens.
Quelles
sont les statistiques concernant les accidents de la circulation à Abidjan?
Pour la seule journée
du 21 octobre, nous avons enregistré 49 accidents dont 30 matériels simples et
19 matériels et blessés, c'est-à-dire les dégâts mixtes. Cela représente soixante
pour cent de matériels et quarante pour cent de corporels. Il n'y a pas de cas
mortels. On a une moyenne de 55 accidents par jour à Abidjan. Cette moyenne
augmente à la veille des fêtes, pendant les vacances scolaires. A partir de
mi-novembre jusqu'à fin décembre, nous allons jusqu'à une moyenne de 70
accidents par jour. Ce sont des périodes où on enregistre beaucoup d'accidents
mortels.
Comment interprétez-vous ces données?
C’est le signe que les
gens ne respectent pas le code de la route. C'est un peu l'indiscipline des
usagers de la route. On est tous pressés. On veut arriver à l'heure au travail.
Les chauffeurs des véhicules de transport en commun utilisent les trottoirs.
C'est le cas à la Riviéra 2 (Cocody) et au carrefour Djény Kobéna (Adjamé). Ces
conducteurs utilisent le trottoir. Ils percutent les pauvres personnes qui
attendent un moyen de transport. Ce sont des cas récurrents. En dépit de nos
efforts de sensibilisation, ces chauffeurs de gbaka, de taxi et de wôro-wôro
font la sourde oreille.
Quelles
sont les mesures préventives?
Nous faisons des
communications en collaboration avec l'Oser (Office de la sécurité routière,
ndlr). C’est pourquoi il faut aller un peu loin avec l'alcootest. C'est un
instrument qui doit être mis à la disposition des agents constats pour mesurer
la quantité d'alcool dans le sang de l'usager. Cela nous sera très utile à la
veille des fêtes de fin d'année. Les textes ne sont pas muets sur cette
question. Ils nous donnent l'autorisation de faire subir l'alcotest aux
usagers. Malheureusement, nous n’en disposons pas pour le moment.
Le
gouvernement vient de prendre un décret interdisant le téléphone portable au
volant. Comment va s'organiser le contrôle dans le cadre de la mise en
application de cette décision?
Ce n'est pas à notre
niveau. Notre direction générale va largement communiquer sur le sujet. Ce
décret est encore frais. Nous avons été pour beaucoup dans la prise de cette
décision. Nous avons plusieurs fois adressé des rapports à notre hiérarchie sur
les dangers du téléphone au volant dans la mesure où certains accidents sont
liés au fait que les gens sont en train de communiquer au téléphone donc peu
attentionnés. La loi était muette là-dessus. Je pense que c'est une décision
salutaire. Cela va faire baisser considérablement les accidents surtout sur les
grands axes.
L’opinion
soutient que cette situation va favoriser le racket et la corruption des
policiers. Que répondez-vous?
Tout ce qui va contre
la population, on dira que la police va l'utiliser pour racketter. C'est
faux. La nouvelle police, celle de la
Côte d'Ivoire émergente, n'est pas dans cette disposition. Il faut préciser
qu'à côté de cette police, il existe une police des polices qui va contrôler
nos policiers qui seront sur le terrain pour faire appliquer cette décision du
gouvernement.
Réalisée
par Ouattara Moussa
Le commissaire Marc Michel Amoakon, patron de la voie publique.
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