vendredi 25 octobre 2013

Les sous-officiers persistent :

«Nous avons reçu les instructions du général Dogbo Blé»  

Il est 10h50 lorsque l’audience reprend ce mardi (9 octobre 2012). Kanga Mathurin, président du tribunal militaire appelle de nouveau le général Dogbo Blé à la barre. Vêtu d’un costume noir, il se lève puis avance. Le juge persiste en lui demandant s’il maintient sa déclaration de la veille selon laquelle il n’a pas donner d’ordre au quatre soldats de la garde rapprochée pour aller prendre et exécuter le colonel-major, Adama Dosso le 12 mars 2011. « M. le président, Oui je confirme que je n’ai pas donné d’ordre», soutient-il. Mais est-ce que vous reconnaissez que les sergents-chefs Léon Jean Noel Lagaud, Lobé Lobé, Yapi Yapo et Ferdinand Toh sont des éléments de votre garde rapprochée ? Oui, mais je n’ai pas donné d’ordre. Sur les 13 soldats qui composent votre garde rapprochée, comment se fait-il que 4 éléments sortent avec un véhicule d’escorte à votre insu ?, lui demande le juge. «  M. le président, je ne suis au courant de rien. Ce que Lagaud dit n’est que sa vérité à lui. Moi, je n’ai pas jamais donné d’ordre », répète le général Dogbo. A la question du tribunal : « Est-ce que le 12 mars 2011, vous avez appelé le sergent Touali Noel ? » L’ex-commandant de la garde républicaine est formel : « je n’ai jamais appelé Touali ». Le sous-officier, habillé dans un survêtement de couleur noire, est appelé à la barre. Le président du tribunal lui demande : « Avez-vous arrêté le colonel-major Adama Dosso au blocus du Golf ? » « Oui, c’est moi qui l’ai reçu. Il m’a dit qu’il voulait rencontrer le général Dogbo », répond-il. Le juge l’interroge à nouveau : «Qui avez-vous appelez ? » le sous-officier répond : «J’ai appelé au téléphone le sergent-chef Zamblé Bi Zamblé pour l’informer que j’ai en ma possession le colonel major Dosso. Il m’a répondu pour dire qu’il se trouvait au village pour les funérailles de sa mère. Il m’a dit qu’il va rentrer en contact téléphonique avec le général. C’est 10 minutes après que le général m’a appelé », soutient-il. Qu’est-ce qu’il vous a dit ?, interroge le tribunal.  « Il s’est présenté pour dire que c’est lui le général Dogbo Blé. Je lui ai dit : à mes devoirs mon général. Il m’a demandé de lui donner ma position exacte. Je lui ai dit que je me trouvais au blocus du Golf. Et que j’étais à 100 mètres de l’ambassade des Etats Unis et à 3 mètres de la résidence du ministre Réné Amani. Il m’a dit qu’il allait envoyer un équipage vers moi pour chercher le colonel-major. Environ une heure après, il était 19h, les éléments sont arrivés », explique-t-il.  

La constance des sous-officiers
Touali n’a pas le temps de poursuivre ses explications car le général demande la parole. « M. le président, je persiste et je signe pour dire que je n’ai jamais appelé Touali », se persuade l’officier général. Le tribunal l’interroge à nouveau pour savoir pourquoi tout se ramène à lui bien qu’il soutient qu’il n’a jamais donné d’instruction. «  Je ne sais pas. Cependant, je voudrais faire remarquer que ce n’est pas tout le monde qui m’accuse. Hier (lundi, ndlr), le sergent Kalou Bi a affirmé que je n’ai reçu personne à mon bureau ce 12 mars 2011 pour me rendre compte d’une mission », se défend l’ancien commandant de la Garde républicaine.  Le juge ne lâche l’affaire. Il revient à la charge : « Le cdt Kipré Yagba souligne qu’il a entendu Lobé Lobé dire que vous avez donné des instructions pour aller chercher le colonel Dosso ». D’un air décontracté, le général affirme ceci : « C’est lui (le cdt Kipré, ndlr) qui le dit ». Le parquet attaque le sergent Touali Noel. «Lorsque vous avez appelé le sergent-chef Zamblé Bi Zamblé, qu’est-ce que vous lui avez dit exactement ? », interroge le ministère public. «Je lui ai dit que j’avais en ma possession au blocus le colonel-major Dosso. Et il m’a dit qu’il va joindre le général Dogbo Blé pour l’informer. Ce qui a été fait. Puisse qu’au bout de 10 mn, le général m’a appelé pour que je lui donne ma position. Et vers 19h, l’équipage est arrivé pour prendre le colonel Dosso. J’ai dit au colonel que l’escorte du général était en route. Dans la mesure où c’est lui qui a insisté après de moi pour rencontrer le général », affirme-t-il. « Comment savez-vous que l’escorte arrivait ? », questionne le tribunal. «  C’est le général lui-même qui m’a dit. Je confirme ma déclaration », persiste-t-il. « Que s’est-il passé lorsque l’escorte est arrivée au blocus ? », demande le président Kanga Mathurin. «  Je signale que 20 minutes après l’appel du général, c’est le sergent-chef Yapi Yapo qui a joint pour me demander de lui indiquer ma position. C’est ainsi qu’ils sont arrivés. Lagaud et Lobé Lobé sont descendus du véhicule 4x4 double cabine. Ils se sont dirigés vers moi. Je les ai présenté le colonel-major Dosso. Celui-ci s’est levé de sa chaise pour nous suivre jusqu’au véhicule. C’est dans ces conditions que je leur remis le colonel Dosso sur instruction du général Dogbo Blé », déclare le sous-officier. Lors de l’interrogatoire du général Dobgo Blé et du sergent Touali, le sergent-chef Léon Jean Noel Lagaud s’invite au débat. Il lève la main pour, dit-il, apporter un additif. Le président du tribunal lui demande de venir à la barre.  « M. le président, l’ordre était clair. Le cdt Kipré m’a dit sur instruction du général Dogbo Blé, vous allez au blocus du golf pour prendre le colonel-major Dosso et vous l’exécuter sur le chemin du retour entre l’école de gendarmerie et l’école de police. Et vous venez rendre compte. C’est ce que nous avons fait », répète le sous-officier. Me Coulibaly Soungalo, avocat de la partie civile rebondit sur la question : « Qui a commandé l’ordre ? » « C’est le général Dogbo Blé par le canal du cdt Kipré », réitère le sergent-chef Léon Jean Noel. Parmi les 10 témoins qui ont comparu, les sergents-chefs Zamblé Bi Zamblé (responsable des chauffeurs du général Dogbo, ndlr) et Kouadio Kouadio ( chef de sécurité de l’ex-patron de la Gr, ndlr) se sont convaincu que ces éléments de la garde rapprochée ont agi «sur le dos du général Dogbo Blé » sans que ce dernier ne soit au courant de « la mission du colonel Dosso ». Dans la mesure où, soutiennent-ils « tout le monde pouvait se lever pour aller commettre des actes pour faire porter le chapeau au général Dogbo Blé ».

Ouattara Moussa   


Lég : Les choses se compliquent pour le général Dogbo et le cdt Kipré. 






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