Procès des militaires pro-Gbagbo
Le parquet confond le cdt Kipré
Yagba
L’étau se ressert autour du général
Dogbo Blé. Acculé par le commissaire du gouvernement et les aveux des sous-officiers
Léon Jean Noel, Touali Noël et Toh Ferdinand, le cdt Kipré s’est dit et dédit à
la barre du tribunal militaire, hier.
Troisième round. Les officiers supérieurs sont en
difficultés. Face aux aveux du sergent-chef Lagaud Léon Jean Noel et des
sergents Touali Noel et Toh Ferdinand, le cdt Kipré Yabga se ménage les crayons.
Et pour cause. Hier, au tribunal militaire délocalisé à la cour d’appel
d’Abidjan-Plateau, l’officier supérieur après avoir nié en bloc les accusations
des sous-officiers, est venu pieds et mains liés à la table de vérité.
« Je reconnait pas les faits. Dans cette affaire, il y a de la manipulation.
Il y a une volonté manifeste de liquider ma tête. Tout ce qui a été dit est
faux. Le 12 mars 2011, je n’ai eu contact
avec personne à l’exception du
sergent-chef Lagaud. J’étais dans mon bureau. J’ai entendu la voix du
sergent-chef Yapi Yapo qui parlait de brigade de recherche. Je ne me suis pas préoccupé
de ce qu’il disait. Je n’ai jamais appelé le sergent-chef Lagaud. Il est venu
spontanément à moi. Il m’a demandé si j’étais au courant de la mission. Je lui
dis que je ne sais rien », répété le prévenu en insistant sur le fait
qu’il a demandé au sergent-chef de prendre attache avec ses frères d’armes (sergents-chefs
Lobé Lobé et Yapi Yapo). « Je n’étais pas au courant de l’ordre donné par
le général Dogbo Blé. Je n’ai jamais participé à un prétendu compte rendu dans
le bureau du général. Ce soir-là, (le 12 mars 2011, ndlr) après avoir suivi le
journal télévisé, je me suis couché pour dormir », se persuade-il.
Le cdt Kipré s’enfonce en niant les
faits
Mais à la question du capitaine Dosso Losséni, substitut du
procureur militaire, était-il possible
que des éléments placés sous ses ordres puissent entreprendre une mission sans
qu’il ne soit informé. L’ex-officier adjoint de la garde républicaine donne une
réponse vague dans un premier temps. « A priori non ». Le parquet
revient à la charge : « Au moment des faits, Abidjan avait été divisé
en cinq zones. Comment se fait-il que
des éléments appartenant à votre unité (garde républicaine) quittent leur zone de
compétence (le Plateau) pour aller prendre une personne au blocus du Golf
(Cocody) ? Le cdt Kipré reste muet un court instant. Puis il prend la
parole en balbutiant. Le capitaine Dosso
exploite à son profit la situation. Le
mis en cause cherche des mots. Son
avocat, Me Martial Gahoua lui chuchote des mots à l’oreille. Il lui fait un signe de regarder droit le
tribunal. Le parquet ne lâche pas le bout. Il repose sa question. Le cdt se met
à parler en lâchant le morceau : « il n’est pas exclu que les éléments
partent en mission. Dans le cadre des patrouilles. C’est dans ce cadre que la
mission a été faite. Donc, c’était une mission opérationnelle exceptionnelle. »
Il n’en fallait pas plus pour que Me Martial demande au président du tribunal
une suspension de l’audience. Il coache à nouveau son client. Le procès reprend
dix minutes plus tard. Revirement de situation ! Le cdt Kipré Yagba
soutient qu’il ne se souvient pas avoir reçu des ordres du général Dogbo Blé
pour faire exécuter le colonel major Dosso Adama. A la demande du président du
tribunal, les sous-officiers, Léon Jean Noel et Toh Ferdinand reviennent à la
barre. Ils prennent à contre pied les déclarations du cdt Kipré. Le
sergent-chef Lagaud répète qu’il a été appelé par l’officier supérieur dans son
bureau qui lui a réitéré l’ordre donné par le général Dogbo Blé d’aller prendre
et exécuter le colonel major Dosso. Confondu,
le cdt Kipré avoue que la mission du commando était d’éliminer l’époux du
professeur Dosso Mireille, directrice de l’institut Pasteur. Le tribunal a
renvoyé l’audience au lundi prochain à 10h pour la comparution du général Dogbo
Blé.
Ouattara Moussa
Le cdt Kipré Yagba en sus vetement bleu juste derrière le général Dogbo Blé (en costume gris)
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