mardi 29 octobre 2013

Cocody/ Affaire "Un véhicule immobilisé dans un garage pendant 12 ans"

Un opérateur économique et un retraité à couteaux tirés
Ils se livrent une guérilla judiciaire sans merci. Le 23 septembre, Ahouassa François a déposé une plainte contre Daniel Assaf Fouad, chef du centre auto (à l’époque des faits) d’une société de distribution de produits pétroliers, à la police criminelle. L’ingénieur à la retraite accuse M. Assaf d’avoir immobilisé dans son garage pendant douze ans (du 28 décembre 2001 au 25 juillet 2012) son véhicule de marque Audi 90 immatriculé 483CS01 et importé des Etats-Unis. En plus, M. Ahouassa lui reproche d’avoir « volé des pièces détachées de la voiture» et  fait « tirer la voiture par des militaires le 25 juillet 2012, qui ont pris les deux nouveaux pneus d’une valeur de 240.000Fcfa plus la somme de 60.000Fcfa ».  Selon le plaignant, tout commence le 28 décembre 2001. D’après lui, il a déposé sa voiture « en bon état »  dans le garage de M. Assaf à la station-service Total aux Deux-Plateaux (Cocody), juste derrière l’hypermarché "Sococé". « Elle n’est pas arrivée avec une remorque. Elle est arrivée en bon état pour une intervention relative à une fuite d’eau au niveau du circuit de refroidissement. Cette réparation était prévue pour une demi-journée », explique le retraité dans sa déposition. La panne, poursuit-il, durant douze ans, n’a toujours pas été réparée par M. Assaf. « Je ne lui avais pas demandé de toucher à la boîte de vitesse automatique de mon véhicule. Sans mon accord, il a pris un marteau et il a tapé sur le point spy de la boîte de vitesse automatique. Il a cassé tous les disques de la boîte de vitesse. M. Assaf Fouad ne dispose pas d’outil pour l’évacuation de joint spy. Se trouvant dans cette situation difficile, il veut se débarrasser de ma voiture. Je n’ai pas pris des militaires pour poursuivre M. Assaf Fouad, comme il l’a fait le 25 juillet 2012 en faisant tirer ma voiture par des militaires », incrimine-t-il. L’ingénieur à la retraite impute aussi à l’opérateur économique d’être responsable du vol des pièces détachées de son véhicule immobilisé « durant 12 ans dans son garage ». A en croire le plaignant, le vol a été constaté par un expert désigné par la justice. «M. Assaf Fouad a payé la somme de 3.102.000Fcfa », indique l’accusateur. Et d’ajouter : « j’ai été obligé de m’adresser au service où M. Assaf paye l’impôt foncier. On a constaté qu’il est le directeur de la société et non un employé. (…) Après cela, il ferme sa société par décision de l’huissier. Il ouvre une nouvelle société avec le capital de 5.000.000Fcfa. Ce n’est pas normal. Finalement, je reste toujours sans voiture et sans avoir reçu les frais d’immobilisation. La clé de ma voiture se trouve depuis douze ans avec M. Assaf Fouad. Je demande donc le remboursement des frais de stationnement de ma voiture pendant douze ans et la réparation de mon véhicule qui a été déplacé par des militaires le 25 juillet 2012 ». Mais à la suite d’une condamnation pécuniaire par le tribunal, l’affaire est loin d’être bouclée.
La défense nie les faits et contre-attaque
Face aux récriminations formulées par le plaignant, nous nous sommes rendus le 24 octobre à Marcory (Zone 4) pour rencontrer le mis en cause. Assaf Fouad, devenu directeur commercial d’une société spécialisée dans la vente de matériels informatiques, nie en bloc les accusations. Il donne sa version des faits. Premier élément, selon lui, le véhicule n’a pas été immobilisé durant douze ans comme l’indique l’accusation. « Son véhicule était venu dans notre garage pour une panne au niveau du radiateur. Nous avons fait la réparation. Un point, un trait. Une fois que nous avons changé le joint de la fuite d'eau, il a pris son véhicule et  est parti. Il a été braqué avec ce véhicule. Un détail qu’il n'a pas dit à la police criminelle et au tribunal. Les voleurs n'étant pas habitués à des voitures automatiques, ils ont abandonné par la suite le véhicule et le monsieur lui-même au Banco (Yopougon). Pour nous, c'est à partir de cette situation que la panne a pu être détectée. M. Ahouassa, pour s'en sortir de cette histoire, a imputé cette responsabilité au garage. Du fait que la voiture y soit venue pour une petite panne de fuite d'eau. On a résolu le problème. Il a trouvé la parade pour dire que sa boîte de vitesse déconne et il nous accuse de cette situation. (…) Il a abandonné le véhicule dans le garage. Il a pris les papiers et il est parti. C'est lui même qui a remorqué sa voiture qu’il a envoyé au garage à la suite du braquage », se défend-il. Deuxième élément avancé par l’accusé. « Je ne suis pas allé avec des militaires pour déposer son véhicule. Vous savez, j'ai quitté le centre auto situé derrière "Sococé" depuis 2006. Je n'ai plus remis les pieds là-bas. Le véhicule est resté garé derrière la station. Le gérant est au courant de l'affaire. Il sait que le véhicule appartient à M. Ahouassa. Au premier procès en première instance, il a eu gain de cause. Le tribunal m'a condamné à lui remettre la somme de 3.102.000Fcfa. Je me suis exécuté. Il y a des témoins à la station-service. J'ai mené mon enquête avec mon avocat. Il a emmené des militaires à la fin de la crise postélectorale. Ceux-ci ont indiqué qu'ils doivent prendre tous les véhicules garés à la station. Il y a deux responsables du centre auto dont le chef, le nommé Karim, s'est rendu immédiatement au domicile de M. Ahouassa. Il lui a dit que des militaires veulent prendre son véhicule. Il est venu avec les papiers pour attester qu'il est bel et bien le propriétaire du véhicule. Dire que j'ai remorqué sa voiture et volé deux pneus, je le regrette. Je n'ai jamais fait ça à quelqu'un dans ma vie. J'ai 56 ans je n'ai jamais eu de problème avec la justice. Il a toujours gardé les clés avec lui. Vous savez comment on a déplacé le véhicule? Nous étions obligés d'enlever des vices en dessous du volant pour que le véhicule puisse bouger. Il a les clés et les papiers du véhicule. C'est un monsieur qui ne donne jamais les documents de sa voiture à autrui », explique M. Assaf. Troisième élément, d’après l’opérateur économique, il a fait appel de la décision rendue par le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau. «Nous avons fait appel à la décision. J'ai gagné le procès. M. Ahouassa est condamné à me rembourser mon argent, c’est-à-dire 3.102.000 Fcfa (référence de la décision de la cour d’appel D.2226118/EA/ZEM du 12 juin 2013). Il est incapable de me payer. Pour moi, il fait toute cette gymnastique pour me faire perdre du temps. Il ne veut pas payer mon argent », conclut-il en précisant qu’il «ne peut pas fuir pour une voiture». Une confrontation est prévue, aujourd’hui (lundi 28 octobre), à la police criminelle, entre les deux parties. Affaire à suivre…

Ouattara Moussa
Lég : Les fac-similés de la plainte (à gauche) et de la décision de la cour d’appel. 
                 




Assassinat du colonel-major Adama Dosso Dogbo Blé condamné à 15 ans de prison ferme

Assassinat du colonel-major Adama Dosso

Dogbo Blé condamné à 15 ans de prison ferme

Le tribunal militaire a déclaré le général Dogbo Blé et ses quatre co-accusés coupables des faits de séquestration, d’’enlèvement et de complicité d’assassinat du colonel-major Adama Dosso.  

Le tribunal militaire a condamné hier (jeudi 11 octobre 2012, ndlr) le général Dogbo Blé à 15 ans prison ferme. Le cdt Kipré Yagba a écopé la peine que l’ex-commandant de la garde républicaine. Ils ont été reconnus coupable des faits de complicité d’enlèvement et d’assassinat du colonel-major Adama Dosso, le 12 mars 2011. Quant aux sergents-chefs Lobé Lobé Charles,  Yapi Yapo Gustave (en fuite) et Léon Jean Noel Lagaud (celui qui a abattu la victime au pk 42, selon ses aveux), ils ont été condamnés à 15 ans de détention militaire. Le sergent Ferdinand Toh, lui a pris 12 ans de prison ferme. Le tribunal militaire les a déclaré coupables des faits d’enlèvement, séquestration et assassinat du l’ex-pilote du président Félix Houphouet-Boigny.  Le sergent Noel Touali a été condamné à 5 ans fermes pour arrestation illégale et séquestration de l’officier supérieur à la retraite. Excepté le sergent Noel Touali, les autres sous-officiers condamnés étaient membres de la garde rapprochée du général Dogbo Blé. Précisons que pour les deux sous-officiers en fuite à savoir Lobé Lobé Charles et Yapi Yapo, le tribunal a lancé un mandat d’arrêt international contre eux. C’est à 18h57 que le président du tribunal Mathurin Kanga a rendu public la décision au terme de deux semaines de débats houleux entre le parquet militaire et les avocats de la défense. Hier, lors son réquisitoire, le substitut du procureur militaire, le capitaine Dosso Losséni, avait soutenu qu’il n’y avait pas de doute concerne la culpabilité des prévenus. Notamment le sergent-Noel Touali qui, selon lui, a livré en connaissance de cause le colonel-major Adama Dosso au « commando de la mort » composé de   Lobé Lobé Charles,  Yapi Yapo Gustave, Léon Jean Noel Lagaud et Ferdinand Toh. Pour le parquet, l’assassinat de l’officier supérieur est un meurtre prémédité dans la mesure où le contenu de l’ordre était clair et le lieu avait été indiqué. «C’est un assassinat. Les sous-officiers n’ont été que des exécutants. Ils ont exécuté un ordre de leur hiérarchie. Donc, le général Dogbo Blé et le cdt Kipré Yagba sont les commanditaires de ce meurtre. Nous requérons que les 5 prévenus soient condamnés à 20 ans de prison fermes. Et qu’ils soient radiés des rangs des forces républicaines de Cote d’Ivoire. Et qu’ils perdent leurs grades respectifs », avait requis le parquet. Me Gohi Bi Raoul, avocat des trois-officiers, avait soutenu lors de sa plaidoirie que ses clients « reconnaissent les faits et qu’ils viennent faire mandat honorable en demandant pardon ». Quant aux conseils du général Dogbo Blé (Me Coulibaly Nagbélé, Bobré Félix et Dirabou Mathurin), ils ont rejeté les accusations portées contre leur client. Pour eux, il n’existe aucune preuve matérielle permettant d’inculpé le général Dogbo Blé. Selon eux, il y a des doutes. Par conséquent, ils ont demandé la relaxe de l’officier général car «le doute profite à l’accusé».  Me Martial Gahoua, avocat du cdt Kipré Yagba s’est livré au même exercice. Visiblement, satisfait de leur peine, c’est le sourire aux lèvres que le général Dogbo Blé et ses quatre codétenus ont quitté la grande salle de la cour d’appel pour rejoindre leurs cellule sous bonne escorte des éléments de l’unité d’intervention de la gendarmerie nationale(Uign), commandée par le cdt Bassanté Badra.

Ouattara Moussa 


















Le général Dogbo Blé a pris 15 ans fermes en attendant l’ouverture du procès relatif à l’assassinat du général Robert Guéi où il a été inculpé par le procureur militaire        

lundi 28 octobre 2013

Assassinat du colonel-major Adama Dosso Sa femme raconte la séparation

 Assassinat du colonel-major Adama Dosso

Sa femme raconte la séparation

L’étape d’hier, dans le procès relatif à l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat du colonel-major Adama Dosso, a été marquée par la lecture de la déposition de l’épouse de l’ancien pilote.

A défaut de comparaître à la barre du tribunal militaire, la déposition de l’épouse du colonel-major a été communiquée à l’auditoire. A la demande de Me Dirabou Mathurin, l’avocat de Dogbo Blé, l’un des juges assesseur a lu le procès-verbal en présence des prévenus et des avocats de la défense et celui de la partie civile, Me Soungalo Coulibaly. Le professeur Mireille Dosso, dans ce Pv, relate les derniers instants qu’elle a vécu avec mon mari. « Il a quitté la maison le 12 mars 2011 à 8 heures. Il s’est rendu à l’hôtel du Golf à la demande du président de la République, Alassane Ouattara. Il a rencontré ce jour-là le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko. En quittant, le domicile, il m’a dit qu’il devait rentrer avant 18 heures. Car il devait discuter avec le ministre d’un projet de commande d’avion. Donc, dans son sac, il n’y avait que de vieux documents de contrats. Ce sont ces papiers qu’il devait présenter au ministre Hamed Bakayoko », confie-t-elle au juge d’instruction. La directrice de l’Institut Pasteur affirme que son époux l’a appelé lorsqu’il est effectivement arrivé à l’hôtel du Golf, notamment pour rassurer sa conjointe. « Vers 16 heures, je l’ai appelé pour m’enquérir de son état de santé. Car, il avait un problème de cœur. Il m’a dit que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de souci à se faire. Il m’a même dit qu’il n’allait plus tarder à rentrer à la maison. C’est ainsi que je l’attendais. Il était prévu qu’il rentre avant 18h. Je l’ai attendu en vain. J’ai tenté de l’appeler au téléphone. Tous ses trois téléphones portables étaient fermés. Je ne pouvais pas le joindre. J’étais inquiète. J’ai appelé son ami, le général Abdoulaye Coulibaly pour l’informer. Il m’a dit qu’il allait chercher à savoir ce qui se passe. Nous sommes restés dans cette attente durant plusieurs jours. Je n’avais pas de nouvelles de mon mari. C’est ainsi que j’ai lancé à travers la radio de l’Onuci un avis de disparition. C’est suite à l’arrestation des prévenus (le sergent-chef Léon Jean Noël Lagaud et les sergents Ferdinand Toh et Noël Touali) que j’ai réalisé ce qui est arrivé à mon époux. Je signale que dans la période du 11 mars au 11 avril 2011, deux pick-up de la Garde républicaine étaient régulièrement positionnés dans le périmètre de notre résidence. Je précise aussi que depuis le déclenchement de la crise, notre domicile a été perquisitionné à trois reprises. Je suis l’épouse du colonel-major depuis 1969. Nous avons quatre enfants. Il a pris sa retraite en 2003. Je me constitue partie civile. Je souhaite que la lumière soit faite sur la mort de mon mari. Je souhaite que justice soit rendue», insiste l’épouse de l’ex-pilote du président Félix Houphouet-Boigny, dans cette déposition. Le président du tribunal, Mathurin Kanga,  a demandé à nouveau aux cinq accusés s’ils désirent apporter des précisons à ce qu’ils ont jusque-là déclaré. « M. Le président, je n’ai rien à ajouter », ont-ils répété à tour de rôle. Selon les rapports des experts, le général Dogbo Blé, le Cdt Kipré Yagba, le sergent-chef Léon Jean Noël Lagaud et les sergents Ferdinand Toh et Noël Touali sont lucides. Ils sont accessibles à une sanction pénale, concluent les spécialistes. Ils sont accusés d’enlèvement, séquestration et complicité d’assassinat du colonel-major Adama Dosso. Ce matin, commence donc la plaidoirie des avocats. Une étape non moins importante dans ce procès.

Ouattara Moussa




Mireille Dosso, l’épouse du colonel-major Adama Dosso souhaite que justice soit rendue.


Entretien/ Me Abdoulaye Méité, avocat : «Le secrétaire du Dogbo Blé devait être inculpé»

Entretien/ Me Abdoulaye Méité, avocat :

«Le secrétaire du Dogbo Blé devait être inculpé »  

Après l’instruction des prévenus à la barre,  Me Abdoulaye Méité, avocat au cabinet Béné Lambert, pense que la liste des accusés n’est pas exhaustive. Il en donne les raisons.  

Dès l’ouverture du procès relatif à l’assassinat du colonel-major Adama Dosso, les avocats de la défense ont relevé des exceptions au niveau de la procédure. Quel commentaire faites-vous ?

Les avocats sont dans leur rôle. La loi leur permet de soulever dès l’entame du procès, des exceptions concernant la procédure antérieure. Ils ont l’obligation de veiller à ce que les clients aient un procès équitable. Ils estiment que l’instruction conduite par un juge d’instruction civile, probablement à un ordre de poursuite délivrée par le ministre de la Défense, constitue une violation. Le tribunal a statué pour rejeter ces exceptions. Je n’ai pas la teneur de la décision du tribunal, mais c’est un problème de droit qui se pose.
Quel est le sort d’une instruction menée par un juge civil dans laquelle des militaires sont impliquées, surtout lorsque le juge inculpe les concernés et par la suite prend un déclinatoire pour se dessaisir du dossier au profit du juge d’instruction militaire ? Celui-ci peut-il s’agripper à l’instruction faite par le juge civil ou bien doit-il reprendre l’instruction ? Pour ma part, dès lors que le juge d’instruction civil avait constaté la présence de ces militaires, il lui appartenait de se dessaisir. Dans le cas d’espèce, le dossier a été renvoyé au tribunal militaire. Suite à l’ordre de poursuite délivré par le ministre de la Défense, le parquet a saisi le juge d’instruction militaire. Ce dernier  a estimé que l’instruction ne devait pas être reprise. 

Les avocats de la défense avaient-ils la possibilité de bloquer la procédure avant l’ouverture du procès ?

Les actes qui sont posés par la juridiction d’instruction sont sanctionnés par la chambre d’accusation. Dans le cas de la juridiction militaire, c’est la chambre de contrôle de l’instruction. Pour moi, ces questions touchant à la régularité de l’instruction devaient être soulevées devant la chambre de contrôle de l’instruction. Les avocats de la défense devaient en ce moment-là soulever les exceptions.

Y-a-t-il eu selon vous insuffisance d’éléments à charge ou à décharge ?

Il y a eu des appels téléphoniques. Et qu’on ne puisse faire une traçabilité de ses appels en cette ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication est une insuffisance. Le juge d’instruction avait la possibilité d’adresser des réquisitions aux compagnies de téléphonie cellulaire pour répertorier le numéro téléphonique de Dogbo Blé. Cela pouvait permettre de savoir les communications qui ont été faites à un moment donné. Même quand on fait une instruction dans la précipitation, il n’est pas normal que le secrétaire du général Dogbo Blé (le sergent Kalou-Bi, ndlr) n’ait pas été inculpé. Il a été dit qu’il était-là au moment où ceux qui sont revenus de mission faisaient leur compte-rendu. Donc c’est un sachant. Mieux, la porte était entre-ouverte. Il a entendu des choses. Pourquoi  comparait-il en tant que témoin ? Il y a des zones d’ombre. Les témoins qui ont été appelés à la barre, c’est du fourre-tout. On avait besoin de témoins clé. Parce que je constate que c’est une affaire de clan. C’est malheureux. Aujourd’hui, je constate qu’il y a des gens qui sont solidaires du général Dogbo Blé et d’autres qui sont solidaires de Lagaud. Où se trouve donc la place du droit et de la vérité ? Le juge d’instruction aurait dû anticiper toutes ces questions par une enquête sérieuse pour avoir un procès équitable et une bonne décision. 
Selon vous, le juge d’instruction n’a pas été professionnel ?
Je ne dirai pas cela. L’instruction, si elle avait été minutieusement conduite, aurait donné assez d’éléments intéressants.  Cela aurait facilité la tâche au tribunal. Je respecte le juge d’instruction. C’est un magistrat qui travaille bien. Mais je ne sais pas dans quel environnement il a travaillé. Si effectivement, l’instruction devait être menée correctement, le secrétaire du général Dogbo Blé ne devait pas être témoin. Il devait être plutôt inculpé.
  
Est-ce que le parquet militaire a failli dans la conduite du dossier ?
Je ne sais pas comment le parquet militaire fonctionne. Mais je pose souvent des questions. Une enquête n’aime pas le bruit. Je pense que le parquet militaire fait un peu trop de boucan. Il fait trop de déclarations. C’est vrai qu’il faut informer l’opinion, mais sans que cela ne puisse gêner l’enquête qui est en cours. Quand la presse s’approprie un événement, on va inexorablement sur un terrain politique parce qu’on va préparer l’opinion à avoir ce sentiment. Chacun, selon son bord politique sera conditionné. Ce sont les reproches que je peux faire au parquet militaire. Je souhaite que les enquêtes de ce genre soient faites en toute sérénité. Et que les juges d’instruction désignés puissent travailler sereinement pour pouvoir réunir le maximum d’éléments à charge ou à décharge. 

Interview réalisée par Ouattara Moussa 





lég : Selon Me Méité des zones ombre subsistent dans le dossier.     

vendredi 25 octobre 2013

Les sous-officiers persistent :

«Nous avons reçu les instructions du général Dogbo Blé»  

Il est 10h50 lorsque l’audience reprend ce mardi (9 octobre 2012). Kanga Mathurin, président du tribunal militaire appelle de nouveau le général Dogbo Blé à la barre. Vêtu d’un costume noir, il se lève puis avance. Le juge persiste en lui demandant s’il maintient sa déclaration de la veille selon laquelle il n’a pas donner d’ordre au quatre soldats de la garde rapprochée pour aller prendre et exécuter le colonel-major, Adama Dosso le 12 mars 2011. « M. le président, Oui je confirme que je n’ai pas donné d’ordre», soutient-il. Mais est-ce que vous reconnaissez que les sergents-chefs Léon Jean Noel Lagaud, Lobé Lobé, Yapi Yapo et Ferdinand Toh sont des éléments de votre garde rapprochée ? Oui, mais je n’ai pas donné d’ordre. Sur les 13 soldats qui composent votre garde rapprochée, comment se fait-il que 4 éléments sortent avec un véhicule d’escorte à votre insu ?, lui demande le juge. «  M. le président, je ne suis au courant de rien. Ce que Lagaud dit n’est que sa vérité à lui. Moi, je n’ai pas jamais donné d’ordre », répète le général Dogbo. A la question du tribunal : « Est-ce que le 12 mars 2011, vous avez appelé le sergent Touali Noel ? » L’ex-commandant de la garde républicaine est formel : « je n’ai jamais appelé Touali ». Le sous-officier, habillé dans un survêtement de couleur noire, est appelé à la barre. Le président du tribunal lui demande : « Avez-vous arrêté le colonel-major Adama Dosso au blocus du Golf ? » « Oui, c’est moi qui l’ai reçu. Il m’a dit qu’il voulait rencontrer le général Dogbo », répond-il. Le juge l’interroge à nouveau : «Qui avez-vous appelez ? » le sous-officier répond : «J’ai appelé au téléphone le sergent-chef Zamblé Bi Zamblé pour l’informer que j’ai en ma possession le colonel major Dosso. Il m’a répondu pour dire qu’il se trouvait au village pour les funérailles de sa mère. Il m’a dit qu’il va rentrer en contact téléphonique avec le général. C’est 10 minutes après que le général m’a appelé », soutient-il. Qu’est-ce qu’il vous a dit ?, interroge le tribunal.  « Il s’est présenté pour dire que c’est lui le général Dogbo Blé. Je lui ai dit : à mes devoirs mon général. Il m’a demandé de lui donner ma position exacte. Je lui ai dit que je me trouvais au blocus du Golf. Et que j’étais à 100 mètres de l’ambassade des Etats Unis et à 3 mètres de la résidence du ministre Réné Amani. Il m’a dit qu’il allait envoyer un équipage vers moi pour chercher le colonel-major. Environ une heure après, il était 19h, les éléments sont arrivés », explique-t-il.  

La constance des sous-officiers
Touali n’a pas le temps de poursuivre ses explications car le général demande la parole. « M. le président, je persiste et je signe pour dire que je n’ai jamais appelé Touali », se persuade l’officier général. Le tribunal l’interroge à nouveau pour savoir pourquoi tout se ramène à lui bien qu’il soutient qu’il n’a jamais donné d’instruction. «  Je ne sais pas. Cependant, je voudrais faire remarquer que ce n’est pas tout le monde qui m’accuse. Hier (lundi, ndlr), le sergent Kalou Bi a affirmé que je n’ai reçu personne à mon bureau ce 12 mars 2011 pour me rendre compte d’une mission », se défend l’ancien commandant de la Garde républicaine.  Le juge ne lâche l’affaire. Il revient à la charge : « Le cdt Kipré Yagba souligne qu’il a entendu Lobé Lobé dire que vous avez donné des instructions pour aller chercher le colonel Dosso ». D’un air décontracté, le général affirme ceci : « C’est lui (le cdt Kipré, ndlr) qui le dit ». Le parquet attaque le sergent Touali Noel. «Lorsque vous avez appelé le sergent-chef Zamblé Bi Zamblé, qu’est-ce que vous lui avez dit exactement ? », interroge le ministère public. «Je lui ai dit que j’avais en ma possession au blocus le colonel-major Dosso. Et il m’a dit qu’il va joindre le général Dogbo Blé pour l’informer. Ce qui a été fait. Puisse qu’au bout de 10 mn, le général m’a appelé pour que je lui donne ma position. Et vers 19h, l’équipage est arrivé pour prendre le colonel Dosso. J’ai dit au colonel que l’escorte du général était en route. Dans la mesure où c’est lui qui a insisté après de moi pour rencontrer le général », affirme-t-il. « Comment savez-vous que l’escorte arrivait ? », questionne le tribunal. «  C’est le général lui-même qui m’a dit. Je confirme ma déclaration », persiste-t-il. « Que s’est-il passé lorsque l’escorte est arrivée au blocus ? », demande le président Kanga Mathurin. «  Je signale que 20 minutes après l’appel du général, c’est le sergent-chef Yapi Yapo qui a joint pour me demander de lui indiquer ma position. C’est ainsi qu’ils sont arrivés. Lagaud et Lobé Lobé sont descendus du véhicule 4x4 double cabine. Ils se sont dirigés vers moi. Je les ai présenté le colonel-major Dosso. Celui-ci s’est levé de sa chaise pour nous suivre jusqu’au véhicule. C’est dans ces conditions que je leur remis le colonel Dosso sur instruction du général Dogbo Blé », déclare le sous-officier. Lors de l’interrogatoire du général Dobgo Blé et du sergent Touali, le sergent-chef Léon Jean Noel Lagaud s’invite au débat. Il lève la main pour, dit-il, apporter un additif. Le président du tribunal lui demande de venir à la barre.  « M. le président, l’ordre était clair. Le cdt Kipré m’a dit sur instruction du général Dogbo Blé, vous allez au blocus du golf pour prendre le colonel-major Dosso et vous l’exécuter sur le chemin du retour entre l’école de gendarmerie et l’école de police. Et vous venez rendre compte. C’est ce que nous avons fait », répète le sous-officier. Me Coulibaly Soungalo, avocat de la partie civile rebondit sur la question : « Qui a commandé l’ordre ? » « C’est le général Dogbo Blé par le canal du cdt Kipré », réitère le sergent-chef Léon Jean Noel. Parmi les 10 témoins qui ont comparu, les sergents-chefs Zamblé Bi Zamblé (responsable des chauffeurs du général Dogbo, ndlr) et Kouadio Kouadio ( chef de sécurité de l’ex-patron de la Gr, ndlr) se sont convaincu que ces éléments de la garde rapprochée ont agi «sur le dos du général Dogbo Blé » sans que ce dernier ne soit au courant de « la mission du colonel Dosso ». Dans la mesure où, soutiennent-ils « tout le monde pouvait se lever pour aller commettre des actes pour faire porter le chapeau au général Dogbo Blé ».

Ouattara Moussa   


Lég : Les choses se compliquent pour le général Dogbo et le cdt Kipré. 






Le mardi 2 octobre 2012 s'ouvrait le procès du général de brigade Dogbo Blé dans la grande salle d'audience du tribunal militaire d'Abidjan, délocalisée à la cour d'appel près le tribunal d'Abidjan(Tma)-Plateau. L'ex-patron de la Garde républicaine(Gr) sous l'ère de Laurent Gbagbo et le cdt Kipré Yagba ( directeur de cabinet militaire du gal Dogbo) sont accusés par le procureur militaire des faits de complicité d’enlèvement et d’assassinat du colonel-major à la retraite Adama Dosso, le 12 mars 2011. En plus de l'officier général et de l'officier supérieur, des sous-officiers tous membres de la garde rapprochée de l'ancien homme fort de la Gr sont également dans le box des accusés. Il s'agit du sergent-chef Léon Jean-Noël Lagaud, des sergents Ferdinand Toh et Noël Touali. Quant aux sergents-chefs Lobé Lobé Charles, Yapi Yapo Gustave alias Djoudjou, ils n'ont pas comparu à la barre du Tma car ils ont pris la fuite. Ils ont été condamnés par accoutumance par le tribunal. Ces soldats sont accusés des faits d'arrestation illégale, de séquestration, d’enlèvement et d’assassinat du colonel-major Adama Dosso. J'ai couvert pour le compte de mon journal Nord-Sud Quotidien le procès qui a duré une semaine. Je vous propose (sur mon blog: moussinfo.blogspot.com) à compter de ce jour de revivre l'ambiance qui a prévalu lors des audiences et ce que les différents accusés ont dit pour se défendre. A la suite de la comparution du cdt Kipré Yagba, ex-directeur de cabinet militaire du général Dogbo Blé, qui a été confondu par le procureur militaire et du général Dogbo Blé qui a nié les faits mis à sa charge lors de sa comparution le lundi 8 octobre 2012. Le lendemain mardi 9 octobre, pour le 6ème round du procès, le tribunal interroge à nouveau tous les trois sous-officiers à savoir le sergent-chef Jean Noel Lagaud, les sergents Toh Ferdinand et Touali Noel. Ils chargent à nouveau les deux officiers supérieurs.  
Interview 

Commissaire Marc Michel Amoakon, commandant de la voie publique:

«On ne peut pas nous accuser de vols de biens des blessés»

Le commissaire de police de 1ère classe, Marc Michel Amoakon rejette en bloc les accusations. Le chef de service de la voie publique logé à la préfecture de police d’Abidjan soutient qu’il est impossible pour ses éléments et lui d’être accusés des faits de vols de biens des victimes à la suite d’un accident de la circulation.   


Qu'est-ce qu'un constat d’accident ?

C'est une photographie du lieu où s'est produit l'accident. Nous mettons cela sur papier. On va matérialiser sur un document pour savoir ce qui s'est passé. Lorsque nous arrivons sur le terrain, nous prenons la position des véhicules impliqués dans la collision.

Que faites-vous des observations relevées sur le terrain?

Nous établissons un rapport que nous adressons aux différents adversaires. Cela est d'autant plus important car les différentes parties sollicitent  l'intervention de leurs assurances pour être dédommagées. Nous produisons le constat sur papier. Le rapport est mis à la disposition des différentes parties impliquées dans l'accident.

Concrètement, quels sont les éléments que vous relevez dans le rapport?

C'est un travail d'expert que nous faisons. Nous observons la position des différents véhicules accidentés. Nous prenons en compte le pont de choc et les repères. Ce sont autant d'aspects techniques que nous considérons dans la rédaction du rapport. Ce sont des éléments qui paraissent pour le profane comme des détails mais ils nous permettent d'expliquer ce qui s'est passé.

Il arrive que les blessés possèdent des objets. Lors de leur évacuation à l'hôpital, ils laissent derrière eux leurs biens (téléphones, argent…). Comment ces biens sont sécurisés ?

Il y a beaucoup de forces qui interviennent sur un théâtre de sinistre. Les sapeurs-pompiers militaires interviennent. Ils peuvent arriver sur le lieu avant nous. Dans ce cas de figure, ils prennent les biens des victimes. Par la suite, ils nous les remettent. A l'aide du téléphone, si le cas est grave, c'est-à-dire que la personne n'est pas consciente, on peut remonter jusqu'à l'identité de la personne. Au cas où elle est dépourvue de toutes pièces. Ces biens sont gardés sur nous jusqu'à ce que les victimes ou leurs parents viennent pour qu'on leur restitue ces biens.

Quelle est la démarche à suivre?

En matière de restitution, il faut toujours faire un procès-verbal. On ne sait jamais. On peut remettre, pour les cas mortels, les biens à quelqu'un qui n'est pas bénéficiaire. Si quelqu'un se présente pour dire que je suis le parent d'un tel et qu'on a aucune preuve, alors on fait un procès-verbal. Nous prenons toutes ses références. Donc, ce sont des preuves qui peuvent nous aider au cas où il y a un problème.

Des victimes affirment qu'elles sont confrontées à d'énormes difficultés pour rentrer en possession de leurs biens. Comment expliquez-vous ce fait ?

C'est malheureux. Dès qu'il y a un accident, les badauds accourent sur le lieu du sinistre. Parmi eux, on peut trouver des gens malhonnêtes. Au lieu d'aider les accidentés, ils viennent voler les biens des blessés. Si la victime dans son état d'inconscience ne peut pas surveiller son bien, celui qui est venu avec de mauvaises intentions peut voler les objets. Si la personne à son réveil savait qu'elle avait une somme importante d'argent et qu'elle réclame son bien tout de suite sans l’avoir, elle va jeter la responsabilité soit sur les sapeurs-pompiers soit sur nos agents. Mais on a toujours les moyens pour se défendre.

Lesquels ?

En général, on intervient en présence d'autres forces. Le rapport de constat est fait. Donc, quelqu'un ne peut pas nous accuser de vols de biens des blessés. Ce n'est pas possible. Dès que survient un accident de la circulation, si nous avons des éléments en patrouille ou même des éléments chargés de la régulation de la circulation, nous leur demandons d'intervenir rapidement. C'est-à-dire qu'ils font baliser le théâtre du sinistre. Tout ceci pour empêcher que les badauds viennent voler les victimes. Le risque de vol est élevé surtout la nuit. Quand vous prenez une voie comme le boulevard lagunaire (Plateau, ndlr), on enregistre malheureusement des cas de vols. Cette voie est un nid de bandits. Dès qu'un accident survient, alors ils viennent pour dérober les biens des victimes au lieu de voler à leur secours. Le temps d'appeler les sapeurs-pompiers ou même nos services ou encore une patrouille, ces individus malintentionnés fouillent les blessés.  Ils emportent tout ce que les victimes possèdent comme biens.


Quelles sont les statistiques concernant les accidents de la circulation à Abidjan?
Pour la seule journée du 21 octobre, nous avons enregistré 49 accidents dont 30 matériels simples et 19 matériels et blessés, c'est-à-dire les dégâts mixtes. Cela représente soixante pour cent de matériels et quarante pour cent de corporels. Il n'y a pas de cas mortels. On a une moyenne de 55 accidents par jour à Abidjan. Cette moyenne augmente à la veille des fêtes, pendant les vacances scolaires. A partir de mi-novembre jusqu'à fin décembre, nous allons jusqu'à une moyenne de 70 accidents par jour. Ce sont des périodes où on enregistre beaucoup d'accidents mortels.


Comment interprétez-vous ces données?

C’est le signe que les gens ne respectent pas le code de la route. C'est un peu l'indiscipline des usagers de la route. On est tous pressés. On veut arriver à l'heure au travail. Les chauffeurs des véhicules de transport en commun utilisent les trottoirs. C'est le cas à la Riviéra 2 (Cocody) et au carrefour Djény Kobéna (Adjamé). Ces conducteurs utilisent le trottoir. Ils percutent les pauvres personnes qui attendent un moyen de transport. Ce sont des cas récurrents. En dépit de nos efforts de sensibilisation, ces chauffeurs de gbaka, de taxi et de wôro-wôro font la sourde oreille.

Quelles sont les mesures préventives?

Nous faisons des communications en collaboration avec l'Oser (Office de la sécurité routière, ndlr). C’est pourquoi il faut aller un peu loin avec l'alcootest. C'est un instrument qui doit être mis à la disposition des agents constats pour mesurer la quantité d'alcool dans le sang de l'usager. Cela nous sera très utile à la veille des fêtes de fin d'année. Les textes ne sont pas muets sur cette question. Ils nous donnent l'autorisation de faire subir l'alcotest aux usagers. Malheureusement, nous n’en disposons pas pour le moment.

Le gouvernement vient de prendre un décret interdisant le téléphone portable au volant. Comment va s'organiser le contrôle dans le cadre de la mise en application de cette décision?

Ce n'est pas à notre niveau. Notre direction générale va largement communiquer sur le sujet. Ce décret est encore frais. Nous avons été pour beaucoup dans la prise de cette décision. Nous avons plusieurs fois adressé des rapports à notre hiérarchie sur les dangers du téléphone au volant dans la mesure où certains accidents sont liés au fait que les gens sont en train de communiquer au téléphone donc peu attentionnés. La loi était muette là-dessus. Je pense que c'est une décision salutaire. Cela va faire baisser considérablement les accidents surtout sur les grands axes.

L’opinion soutient que cette situation va favoriser le racket et la corruption des policiers. Que répondez-vous?

Tout ce qui va contre la population, on dira que la police va l'utiliser pour racketter. C'est faux.  La nouvelle police, celle de la Côte d'Ivoire émergente, n'est pas dans cette disposition. Il faut préciser qu'à côté de cette police, il existe une police des polices qui va contrôler nos policiers qui seront sur le terrain pour faire appliquer cette décision du gouvernement.

Réalisée par Ouattara Moussa



Le commissaire Marc Michel Amoakon, patron de la voie publique.


                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

Enquête/ Accident de la circulation à Abidjan Qui vole les biens des blessés ?

Enquête/ Accident de la circulation à Abidjan

Qui vole les biens des blessés ?

Ça donne froid dans le dos. Touré Ismaël est victime d’un accident de la circulation juste après le 3ème pont de Yopougon, à proximité du carrefour du Centre hospitalier universitaire(Chu). A bord  de sa camionnette de livraison de marchandises diverses, il a été percuté par un autre véhicule de transport en commun communément appelé "gbaka".  Il est 20 heures ce 21 septembre. Une horde de bambins se rue vers le lieu du sinistre. Alertés, les sapeurs-pompiers militaires tardent à venir. Pendant ce temps, la foule composée de curieux et de badauds grossit. C’est la cohue. «J’ai pu sortir du véhicule. Un groupe de jeunes gens s’est dirigé vers moi. Ils m’ont demandé de me coucher sur le bitume car je saignais abondamment. J’étais presqu’inconscient, mais j’ai pu voir les jeunes gens se diriger vers ma fourgonnette. Ils ont commencé à fouiller le véhicule. J’avais 1,5 million Fcfa emballés dans un sachet. L’argent se trouvait dans la boîte à gant », explique le jeune conducteur. Selon lui, trente minutes après l’arrivée des sapeurs-pompiers, il a été transporté au Chu de Yopougon. La foule se disperse avant son évacuation. «J’ai indiqué aux secouristes que j’avais de l’argent à l’intérieur du véhicule. Après une fouille, le pompier est venu me dire qu’il n’avait rien trouvé. C’est seulement mon téléphone portable que j’ai pu récupérer auprès du service constat lorsque je suis sorti de l’hôpital», ajoute notre interlocuteur qui a déposé une plainte contre x au commissariat de police du 16ème arrondissement. L’enquête est en cours et les présumés suspects continuent de courir.  Comme un effet de mode, deux jours après cet accident, une autre collision impliquant un camion semi-remorque (immatriculé 5722EG01) et un véhicule de transport en commun de marque Mercédès et de type Massa (immatriculé 1749CN0) fait quinze blessés graves. Nous sommes au pk 17, sur l’autoroute du Nord.  Parmi les victimes figurent Gnamien Maxime et Fofana Youssouf.  Ils confient qu’après avoir reçu les premiers soins grâce à la promptitude des sapeurs-pompiers militaires de la caserne de Yopougon, ils ont été évacués au Chu de Cocody. Selon les blessés, leurs téléphones portables de marque Samsung et de type "Galaxy" et des numéraires ont été enregistrés par les soldats du feu avant leur transfert à l’hôpital. «Ils nous ont dit que nos biens ont été remis aux agents du service constat de la préfecture de police. A la sortie de l’hôpital, on s’est rendus là-bas. Mais nous n’avons pas pu rentrer en possession de nos biens. Cela fait presqu’un mois que nous faisons des va-et-vient sans obtenir gain de cause», fulminent-ils en chœur.    

Les victimes dépouillées de leurs biens

Autre lieu, même scène. Le 28 septembre, un accident mortel se produit sur le boulevard Valéry Giscard Estaing à proximité d’un hôtel bien connu à Marcory. Un agent des douanes, en route pour l’aéroport Félix Houphouet-Boigny de Port-Bouët, a été tué sur le coup. Son corps est incarcéré dans sa voiture. La collision s’est produite avec un véhicule de transport en commun (504)  en provenance de Grand-Bassam. Comme des abeilles attirées par le miel, des jeunes gens s’agglutinent autour des véhicules. « Nous sommes arrivés sur le lieu. On a vu que les autres victimes étaient hors de la voiture de transport en commun. Il y avait des gens aux alentours. Des victimes conscientes, avant leur évacuation, nous ont dit qu’elles avaient leurs téléphones portables et d’autres objets tels que des bijoux et de l’argent dans leurs sacs. Séance tenante, on a fouillé les bagages mais on n’a pas retrouvé les biens déclarés. Lorsque les agents du service constat sont arrivés, nous leur avons rendu compte de la situation. Mais nous soupçonnons les premières personnes qui se sont ruées sur le lieu et qui ont fait sortir les blessés du véhicule», accuse Fofana Moussa, secouriste-bénévole. Selon le président de la Mission scientifique des droits de l'Homme et du travail (Msdht), le risque de vols de biens des victimes est élevé lorsque les sapeurs-pompiers et les agents du service constat n’arrivent pas dans les minutes qui suivent l’accident pour sécuriser le théâtre du sinistre. «En tout état de cause, nous prenons la peine d'enregistrer tous les biens déclarés. Nous remettons tous les objets au service constat qui gère la procédure de récupération. Nous, on s'en fout des biens des victimes. Nous intervenons pour secourir les gens dont la vie est en danger », assure-t-il. Du côté du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm), les soldats du feu répètent qu’ils sont attachés à leur devise : "Sauver ou périr". «Notre mission essentielle et  primordiale est de sauver les vies humaines en danger. Nous remettons la liste des biens déclarés par les victimes au service constat avant évacuation. Le reste, ce n’est pas notre affaire », insiste l’adjudant-chef Kouassi Blaise, officier de permanence au Centre de coordination et transmission des opérations (Ccto) du Gspm.

Ouattara Moussa






Les secours doivent être plus réactifs pour sauver les victimes et sécuriser leurs biens.