Accusés d’être des coupeurs
de route
Les
éleveurs "Peulhs" de Sakasssou se défendent
Dans
le cadre de sa tournée de sécurisation et de lutte contre les coupeurs de
route, le ministre de la Défense, Paul Koffi Koffi, a accusé le 18 août au
centre culturel de Sakassou les éleveurs "peulhs" d’être les coupeurs
de route. Ces derniers nient en bloc les
faits mis à leur charge.
Les éleveurs de bovins de
Sakassou (situé à 42 km de Bouaké, ndlr) nient en bloc l’accusation portée
contre eux par le ministre auprès du président de la République chargé de la
Défense. En visite dans le pays walébo le 18 août, Paul Koffi Koffi a déclaré
que les éleveurs "Peulhs sont devenus les coupeurs de route". C’était dans la salle de réunion du
centre culturel. «Je le dis parce
j'ai des informations. Je ne peux quitter à Abidjan pour venir vous dire
n'importe quoi. Si on prend la zone du Nord, du Centre, de l'Est, du Sud-Est.
Au Sud-ouest et à l'Ouest il s'agit d'autres choses. Pour ces zones
(Nord-centre et Est) la plupart des coupeurs de route ont un lieu avec les
Peuhls soit ce sont eux ou ce n'est pas loin d'etre eux. Je ne sais pas ce qui
ce qui se passe dans la communauté Peuhl. Parlez à vos parents. Parlez à vos
enfants. On ne veut plus ça. Si je les prends je vais les arrêter…», a menacé
le ministre de la Défense. Face aux récriminations, le président de l’Association
des éleveurs de Sakassou(Aes) a rejeté les faits mis à leur charge. «Concernant le phénomène des coupeurs
de route, ici à Sakassou nous n'avons jamais vu des peulhs impliqués dans ces
affaires-là. Il n'y a pas de Peulh braqueur ici. Nous connaissons la grande
majorité des éleveurs. Nous nous fréquentons et nous sommes regroupés dans une
association. Donc, nous n'avons jamais été saisis d'un problème de vol, de
braquage, de coupeurs de route où des peulhs ont été impliqués. Jamais», s’est
défendu Lammé Sosthène. D’après Sangaré Amadou, représentant des éleveurs "peulhs"
l’accusation du ministre ouvert la porte à toute sorte de dérive. « Moi,
je suis ici (Sakassou, ndlr) cela fait plus de 20 ans. Ce que le ministre a dit
peut créer un problème entre nous et les populations. Ceux qui ne cherchent pas
à comprendre la réalité des choses ils peuvent s'attaquer à tous les peulhs. Ce
qui n'est pas normal. Cela va créer plus de problèmes. Hors, il faut éviter
d'alimenter des tensions inutiles. Nous n'avons jamais eu connaissance de cas
ou des peulhs ont été impliqués dans les histoires de coupeurs de route »,
a-t-il soutenu.
«Voici notre problème
avec les populations»
Pour M. Lammé, le seul
problème auquel ils sont confrontés ce sont les conflits de cohabitation entre
eux et les agriculteurs. «Nous sommes plutôt confrontés au problème de conflit
entre agriculteurs et éleveurs. Cependant, nous sommes régulièrement saisis par
certains agriculteurs de plaintes relatives à la destruction de leurs
plantations par nos animaux. Les bœufs rentrent dans les champs pour les
dévaster. Entre nous et les agriculteurs il existe un partenariat. On s'arrange
toujours à trouver des terrains d'entente. Nous avons travaillé avec l'Ong
Caire International dans le cadre de séance de formation et de règlement de
conflits. Nous avons identifié cinq villages où il y a assez de conflits entre
éleveurs et agriculteurs. Des comités de paix ont été installés dans chaque
village. Il s'agit du village de Ayaoussokta, de Kohoukro; de Assandrè; de
Odiahè et de Kongoh », a-t-il expliqué en soutenant qu’aucun peulh ne loue
une arme à feu pour aller commettre des actes répréhensibles. « Si nous
avons connaissance qu'un peulh détient une arme alors nous n’hésiterons pas à
le dénoncer automatiquement à la gendarmerie. Le fait que le ministre dise que
nous sommes devenus les coupeurs de route cela nous met mal aise. Nous ne nous
reconnaissons pas les faits. Les accusations du ministre peuvent révolter les
agriculteurs. Ceux-ci peuvent se braquer contre nous pour rien »,
craint-il.
Ouattara
Moussa, envoyé spécial à Sakassou
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