samedi 10 août 2013

Colère des greffiers contre le ministre Gnénéma Coulibaly

Revalorisation salariale
Les greffiers se rebellent contre Gnénéma Coulibaly

Guerre ouverte entre le garde des sceaux, ministre de la Justice et les greffiers. Ces derniers accusent Gnénéma Coulibaly de bloquer  la signature du décret d’application de l’ordonnance de leur statut particulier signé en 2008. Le texte induit une revalorisation salariale de cette corporation de l’appareil judicaire. 

Les greffiers ont déclaré la guerre à Gnénéma Coulibaly, leur ministre de tutelle. Ils ont accusé le garde de sceau, ministre de la justice d’être « le principal blocage » de décret d’application de l’ordonnance relative à leur statut particulier signée en 2008. Réunis en assemblée générale extraordinaire, vendredi dernier, à la salle d’audience de la cour d’appel près le tribunal d’Abidjan-Plateau, les greffiers ont soutenu que le ministre est «totalement déconnecté » des réalités de l’appareil judiciaire. «Le principal blocage de notre décret d’application de notre statut particulier est le ministre Gnénéma Coulibaly. Il est dangereux et déconnecté des réalités de l’appareil judiciaire. Gnénéma Coulibaly ne peut pas créer l’injustice au sein de la justice après avoir lutter durant plus d’une décennie pour la justice au moment où il était au sein des Forces nouvelles (ex-rébellion, ndlr). Nous sommes victimes d’une injustice notaire de la part du ministre Gnénéma», a déclaré Me Gnahoré en service au greffe du tribunal d’Abidjan-Plateau lors de son intervention. Un autre greffier membre de l’union nationale des greffiers de Côte d’Ivoire (Unag-CI) a renchéri pour dénoncer « la haine » qu’aurait leur ministre vis-à-vis de leur corporation. Selon lui, l’ordonnance relative au statut particulier des greffiers a été signée en conseil des ministres et elle existe car elle a été publiée au journal officiel. « Nous ne sommes pas soumis aux magistrats. Ces derniers ont obtenu leur statut particulier. D’ailleurs, il est appliqué depuis lors. Ils en profitent au niveau de leur traitement salarial et ils bénéficient des primes et autres émoluments liés à ce texte. Nous ne comprenons pas pourquoi le nôtre n’est pas appliqué. Cela fait cinq ans que nous souffrons de cette situation », s’est indigné le délégué du syndicat national des greffiers de Côte d’Ivoire (Synag-CI) section de Bouaké. Me Ali Kamagaté, porte-parole de l’alliance des syndicats des greffiers de Côte d’Ivoire qui regroupe la faîtière judiciaire dont il est le président, l’Unag-CI et le Snag-CI a divulgué aux syndicalistes les confidences de la rencontre que les membres du bureau exécutif et lui ont eu avec le garde des sceaux, ministre de la Justice. L’audience s’est déroulée le 17 juillet dernier. D’après lui, la délégation était composée de Mes Constant Fanou, président du syndicat des greffiers de Côte d’Ivoire(Synag-CI) ; Gouanou, président de l’Unag-CI et du président de la faîtière judiciaire, Ali Kamagaté.
Les confidences d’une rencontre
Au statut particulier des greffiers. Selon lui, le ministre Gnénéma aurait déclaré ceci : « Dans une famille on doit se dire la vérité. Votre texte ne gène. Concernant l’ordonnance liée à votre statut particulier, il devait être pris pas la loi. Il y a des dispositions qui ne gênent. Notamment la question de la hiérarchie c'est-à-dire la notation. Ce sont les magistrats qui doivent vous noter. Ensuite, il y a la question de la poursuite pénale. Le texte actuel consacre l’impunité des greffiers. Enfin, la question du grade. Elle ne donne le vertige. Je ne peux comprends que les secrétaires et les attachés puissent finir leur carrière dans le grade hors-hiérarchie. Donc, je demande la mise sur pied de la commission paritaire que je vais présider pour harmoniser les observations que je ne viens de soulever. Je vous invite à aller réfléchir sur nos textes pour qu’ensemble nous puissions harmoniser nos points de vue. » A en croire Me Ali Kamagaté au terme de l’explosé du ministre, il a indiqué que c’est le gouvernement qui a signé l’ordonnance en conseil des ministres. « L’ancien président Laurent Gbagbo a utilisé l’article 48 de la constitution pour signer cette ordonnance. Cette ordonnance n’a pas à souffrir. Elle a été prise conformément aux dispositions de la Constitution. Il n’y a de raison qu’on nous demande d’aller revoir un texte dont nous ne sommes pas auteur. L’auteur de ce texte c’est la république de Côte d’Ivoire. Il a été publié dans le journal officiel. Nous demandons simplement son application. Alors que les greffiers vivent dans des conditions misérables. Nos camarades meurent avec des ordonnances médicales en main faute de moyens financiers. Qu’est ce que nous avons fait pour subir un tel traitement ? », s’est apitoyé Me Kamagaté. Il a ajouté que ses camarades et lui attendent « incessamment» la mise sur pied d’un cadre permanent d’échanges tel que exigé par la tutelle. « Depuis la rencontre du 17 juillet dernier, nous n’avons pas encore reçu les observation du ministre. Nous allons réagir si rien n’est fait d’ici la rentrée judiciaire prévue le 1er octobre. Nous allons déposer un préavis de grève pour réclamer la signature du décret d’application de l’ordonnance du statut particulier des greffiers », a insisté le porte-parole de l’alliance.  


Ouattara Moussa      




Encadré :

Le procès de Simone Gbagbo, Affi N’Guessan…menacé

«Sans greffier il n’y a pas de tribunal. C’est nous qui consignons les décisions de justice. C’est nous qui dressons les procès verbaux des audiences. A l’allure où vont les choses si rien n’est pas nous ne participerons pas aux assises ». Ces propos ont été soutenus en chœur, vendredi dernier à la salle d’audience de la cour d’appel d’Abidjan-Plateau, par Mes Ali Kamagaté, président de la faîtière judiciaire ; Gouanou, président de l’union nationale des greffiers de Côte d’Ivoire(Unag-CI) et de Constant Fanou, président du syndicat national des greffiers de Côte d’Ivoire et sous-directeur du patrimoine et de la maintenance. Pendant l’assemblée générale extraordinaire les délégués de ces différents syndicats (Abidjan et l’intérieur du pays, ndlr), formant l’alliance des syndicats des greffiers de Côte d’Ivoire, ont déclaré à tour de rôle qu’ils ne participeront pas aux assises si d’aventure le décret d’application de l’ordonnance de leur statut particulier signée en 2008 n’est pas appliquée  d’ici au 1er octobre prochain. Il se trouve que le procès des pro-Gbagbo est prévu à cette période-là. Ces derniers doivent comparaître aux assises. La conséquence immédiate de cette menace si elle est exécutée, c’est que les figures de proue de l’ancien régime à savoir Simone Gbagbo, Affi N’Guessan, Aboudramane Sangaré et autres ne seront pas jugées. C’est dire que ces prévenus devront croiser les doigts. Ils sont accusés de crimes de sang ; de génocide ; d’atteinte à la sûreté de l’Etat ; de crimes économiques.

OM  



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