Après
les accusations contre la communauté Peuhl / Paul Koffi Koffi :
«Ce
n’est pas une stigmatisation»
Débutée
le 16 août par Oumé, le ministre de la défense a achevé dimanche sa mission de
sécurisation par l’étape de Béoumi. Face
à la presse, il a fait le point de la situation.
Depuis
plus de trois jours, vous êtes sur le terrain. Quel bilan faites-vous?
Le bilan est positif.
L’objectif était de m'enquérir de la situation sécuritaire en général mais
surtout le phénomène des coupeurs de route contre lequel nous luttons. Ensuite,
Nous avions l'obligation de un trajet de coupeurs de route qui part de Bouaké
en passant par Béoumi, Sakassou jusqu'au pays Gouro: Zénoula, Sinfra, Oumé etc.
Je pense que le message passé était de dire aux coupeurs de route que c'est
l'Etat qui va s'implanter par un dispositif très fort et costaud qui est en
train de se mettre en place progressivement. Les résultats sont encourageants.
Puisque depuis que nous passons, c'est chaque jour que nos hommes nous
indiquent l'arrestation de coupeurs de route. Et déjà, nous sommes à une
dizaine de coupeurs de route arrêtés. Ensuite, nous avons les préoccupations
concernant les barrages, le racket et le comportement de nos hommes. Chaque
fois que nous avons vu certains de nos éléments postés à un endroit sans
autorisation, nous les prenions et nous les envoyons au poste avancé de
gendarmerie. Cela ne peut se faire qu'avec l'autorisation des autorités
préfectorales. Enfin, il y a des problèmes particuliers à chaque localité. Par
exemple la question des orpailleurs dans certains endroits. Ici à Béoumi, la
question des éleveurs et des paysans. Ailleurs, ce sont des problèmes de
cohabitation. Nous avons attiré l'attention sur nos parents Peulh. Pour dire
que les Peulhs devenus coupeurs de route cela fait trop. Et que nous allons
parler à cette communauté partout où nous sommes passés. Nous leur avons
demandé de réunir leur communauté pour leur dire qu'il faut qu'elle s'inscrive
comme toutes les autres communautés dans l'esprit de vie dans lequel ils ont
toujours habités. C'est très important pour renforcer la cohésion sociale. Nous
avons aussi abordé naturellement la question de la réconciliation. Ici à Béoumi
comme à Sakassou, il y a par exemples la question de la chefferie. Nous allons
suivre ces questions. Nous avons abordé la question de l'occupation illicite
des sites. Le président de la République va effectuer une visite d'Etat dans la
région du Gbêke. Il faut que ceux qui occupent encore de façon illégale des
sites privés ou publics puissent les libérer. Cela participe à la
réconciliation. J'ai écouté les parents. Pour eux, c'est véritablement un
problème de réconciliation. Il faut mettre le sujet sur la table. Je sais que
tout le monde a compris la nécessité de tourner la page.
M. le ministre, à Sakassou,
vous avez affirmé que les Peuhls sont devenus des coupeurs de route. Est-ce
qu'il ne faut pas craindre une stigmatisation de cette communauté qui peut se
traduire par des représailles contre elle ?
Ce n'est pas une
stigmatisation. C'est un constat. D'ailleurs nous sommes surpris. C'est pour
cela que j'ai invité partout où je suis passé la communauté Peuhl à essayer de
comprendre pourquoi parmi elle, certains de leurs fils qui s'adonnent à ce
phénomène répréhensible. C'était donc une alerte avant qu'on arrive à des
situations désagréables.
Quelle
est le nombre exactement de coupeurs de route arrêtés?
La dernière mission que nous
avons effectuée(en juillet, ndlr), nous étions à une quarantaine de coupeurs de
route arrêtés. Aujourd'hui, nous sommes à une soixantaine. Parce que cela fait
déjà une dizaine de jours que nous venons de terminer la dernière mission.
Donc, ce sont rajouter une vingtaine d'arrestation.
Concernant le problème de la
cohabitation entre éleveurs et agriculteurs constaté dans la région. Quel
commentaire et quelles sont les dispositions pratiques que vous comptées
arrêter pour lutter contre ce phénomène ?
J'ai dit que ce sont des
problèmes locaux et qu'il appartient aux autorités préfectorales qui font
beaucoup de travaux. Elles doivent mettre en place des comités locaux,
régionaux et préfectoraux de sécurité afin que les acteurs se retrouvent et
quand ensemble ils trouvent des solutions. Par exemple, les enclos pour les
éleveurs. Ces derniers ne doivent pas laisser les enfants de 3 ans ou 4 ans
suivre les bœufs et qui font détruire les plantations. Donc, il y a une entente
cordiale à créer pour que cette cohabitation soit acceptable.
Vous faites beaucoup
d'effort pour ramener la sécurité. Entre-temps, il y a l'embargo sur les armes.
Est-ce que cela ne constitue pas un facteur limitant et qu'est ce que vous
faites pour faire sauter l'embargo?
La situation a beaucoup
évolué. Il y a deux ans c'était complètement restrictif. Il y a des leviers,
aujourd'hui, qui n'existent plus. Il reste un dernier levier. C’est tout ce qui
est armes. Pour lequel, il y a des procédures. Elles sont connues mais elles
sont longues. Ce n'est pas automatique. A l'époque pour acheter un véhicule ou
envoyer même des hommes en formation, il fallait s'adresser à New York.
Aujourd’hui, ces mesures sont levées. Donc, il ne reste plus qu'une seule
mesure.il y a une procédure à suivre. Elle n'est pas totale mais elle requiert
d'appliquer ces procédures qui sont quelquefois longues pour acquérir l'armement
nécessaire pour nos hommes. Mais nous suivons cela de près. Nous sommes
confiants pour le futur.
Propos
recueillis par Ouattara Moussa, envoyé spécial à Béoumi.
Le ministre Paul Koffi Koffi a assuré que le dernier verrou de l’embargo sur
les armes va sauter dans les mois à venir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire