samedi 10 août 2013

Après les affrontements meurtriers dans la mine d'or d'Angovia (Bouaflé)

Suite de la mission du ministre de la Défense Paul Koffi à Angovia, un village situé à 50 km de Bouaflé (Centre-Est) de la capitale politique ivoirienne (Yamoussoukro)


Après les affrontements meurtriers à Angovia / Paul Koffi Koffi aux populations :

«Toutes les mines d’or sont fermées»

A la suite des affrontements meurtriers les 11 et 12 juillet à Angovia (Bouaflé) entre orpailleurs et autochtones, le ministre de la Défense s’est rendu mercredi dernier sur place. Il a donné une requête favorable formulée par les villageois. Celle de la fermeture de toutes les mines or du bled.   

Séance tenante, Paul Koffi Koffi a fait sien la requête formulée par le chef de village. Il  a annoncé aux populations d’Angovia que l’extraction de l’or dans les mines est interdite. Ce village situé à 40 km de Bouaflé était à feu et sang les 11 et 12 juillet dernier. Au centre des affrontements meurtriers une banale affaire de "200Fcfa" que chaque orpailleur devait verser deux fois par semaine dans les caisses du village. Cet argent, selon Abi N’Goran Daniel, chef de village, devait servir à la construction d’n logement pour le conseiller pédagogique  et d’une école maternelle. A la suite des affrontements entre autochtones et orpailleurs (allogènes, ndlr), le bilan officiel indique qu’il y a eu trois morts et huit blessés. Ainsi, mercredi dernier, le ministre auprès du président de la République chargé de la Défense a indiqué devant le préfet de région, Gouaméné Adrien, le chef central des 33 villages satellite d’Angovia Koffi Kouakou Lazare, le chef de village Abi N’Goran Daniel, le président de la des communautés allogènes, Diarrassouba Soumaïla et la foule massée sur la place publique que «si une mine apporte des palabres, des divisions. On la ferme.»  Dès cet instant, a-t-il tranché, toutes les mines d’or seront fermées. « Je dis bien que toutes les mines d’or présentes dans les 33 villages environnants sont fermées. Celui qui va s’aventurer dans une mine alors il sera mis aux arrêts. Je suis en droit de mener des enquêtes et d’interdire l’accès aux mines d’or. Ceux qui prélèvent de l’argent seront envoyés devant la justice. Je suis aussi en de droit de poursuivre ceux qui viennent de façon illégale exploiter l’or sur un territoire. Pour le moment, je ne suis pas venu pour ça car je ne suis pas un juge. Le préfet de région nous a dit qu’il y a une enquête qui a été ouverte. Nous attendons les résultats. Néanmoins, les mines d’or sont fermées », a insisté le ministre qui d’après lui est venu pour affirmer « l’autorité de l’Etat ». Paul Koffi Koffi a souligné qu’ « on ne peut pas se substituer à l’Etat. Vous avez des élus. Il y a le préfet qui est-là. Vous avez les services de sécurité qui sont présents dont je félicite le sang froid pendant les malheureux événements de la semaine dernière (11 et 12 juillet). Il n’y a pas eu de bavures. L’autorité de l’Etat ne se négocie pas. Je leur ai dit partout ou il y a eu des problèmes entre les populations et nos hommes : Arrah… on ne négocie l’autorité de l’Etat. On ne se substitue pas à l’Etat.».  L’ex-directeur de cabinet de Guillaume Soro alors secrétaire général des Forces nouvelles,  a déploré le fait que les allogènes  n’ont obtenu aucune autorisation pour extraire l’or.  « Ils trouvent un endroit et ils se mettre à creuser, à creuser et à creuser. Tout le monde est complice parce que qui donne l’ordre aux autres. C’est vous les autochtones. On vous dit qu’il y a certains d’entre vous qui ne dorment plus dans leurs maisons, qui ont cédé aux orpailleurs, pour dormir dans leurs cuisines. C’est aberrant. C’est la vérité que je vous dis. Ensuite. Le racket. Quand on dit qu’il y a des rackets sur les routes par nos hommes. Aujourd’hui (mercredi, ndlr), ceux qu’on a vu sur la route, heureusement ils ne rackettaient pas mais ils étaient à des barrages qui n’étaient pas autorisés, je les envoyer à la gendarmerie de Yamoussoukro. Le chef de village que je respecte, a annoncé qu’on prélevait 200 Fcfa. C’est interdit. Il n’y a aucun texte qui vous autorise à faire ça. C’est l’Etat seul qui autorise la perception des taxes sur le territoire. Mêmes les forces de l’ordre ne sont pas autorisées. On les sanctionne pour ça. Donc, vous voyez que vous êtes (autochtones et allogènes, ndlr) en train de mener des activités illégales. Vous êtes tous dans l’inégalité. Un camp perçoir les taxes. L’autre exploite les mines de façon illégale. La conséquence c’est que vos enfants sont en train de perdre la vie. Vous vous regardez en ennemis alors que vous vivez ensemble depuis de longues années. Il faut que ça cesse. On va donner raison à qui ? », s’est-il interrogé. Avant de demander aux populations de se ressaisir car elles s’exposent aux dangers liés à l’exploitation des mines d’or notamment par l’usage des produits toxiques et cancérogènes à savoir le mercure et le cyanure. « C’est votre fils qui vous parle. Il ne faut pas délaisser l’agriculture. Vous qui êtes venus chercher l’or, je voudrais savoir qui s’est enrichir avec l’or. Vous prenez de l’âge. Vous allez passer toute votre vie à creuser ? Réveillez-vous. Vous avez des bras valides. Il y a la terre cultivable qui est-là», a invité le ministre Paul Koffi Koffi.  

« Pour extraire l’or il faut avoir une autorisation »

Selon lui, pour extraire l’or il faut avoir une autorisation car il existe un code minier. « Nous sommes dans un Etat de droit. On ne peut se lever pour faire ce qu’on veut faire. Celui qui est chauffeur de taxi, il va prendre une autorisation pour faire le taxi. Celui qui veut ouvrir une ecole, il a une autorisation. Celui qui veut vendre le cacao il a une autorisation. Il y a un code minier en Côte d’Ivoire. Je vous informe si vous ne le savez pas. Pour exploiter l’or, il faut suivre la procédure. Il faut se faire enregistrer », a-t-il révélé. Par ailleurs, il a invité les populations à vivre ensemble.   


Ouattara Moussa, envoyé spéciale à Angovia(Bouaflé)







Paul Koffi Koffi (en chemise blanche) a indiqué que le dispositif sécuritaire est maintenu dans le village d’Angovia jusqu’au retour définitif de la paix 






une vue des maisons incendiées à Angovia 



Le chef de village d'Angovia  Abi N'Goran Daniel a expliqué sa version des faits au ministre de la Défense:  



Encadré 1:

Abi N’Goran Daniel, chef de village d’Angovia :

«103 habitations ont été brûlées »

«(…) Comment nous en sommes arrivés-là. M. le ministre, le chef de terre (Diby Kouassi Fidèle, ndlr), nous sommes ici avec toutes les communautés allogènes (baoulé, malinké, sénoufo, agni) et nos frères de la sous-région(burkinabés, maliens, mauritaniens, guinéens). Nous habitons ici en parfaite fraternité. Il n’y a jamais eu de problème. Pour la pluspart d’entre-eux, ils sont-là pour le travail de l’or. Ils ne sont pas harcélés. Le malheureux qui nous frappe c’est celui d’avoir eu un sol riche en minerais. Ils exploitent tous l’or. Nous leur avons jamais rien demander. Mais cette année, nous avons des projets à réaliser. La construction d’un logement pour le conseiller pédogique qui nous a été affecté et de son bureau. Il y a aussi la construction d’une école maternelle de trois sections et le logments des maîtresses qui doivent y dispenser les cours. Et pour la première fois, nous avons sollicité nos frères qui travaillent dans les mines. Ils sont repartis en deux groupes. Il y a les acheteurs que nous reconnaissons. Nous leur avons demandé un certain montant. Avec eux, il n’y a pas de problème. Mais il y a des individus que nous ne maîtrisons pas. Ils peuvent avoir un ou deux millions Fcfa et puis repartir chez eux sans qu’on ne sache qui sont-ils. Pour pourvoir tirer quelque chose d’eux, nous avons demandé que deux fois par semaines, chacun nous donne 200 Fcfa. Comme nous ne pouvons pas les identifier, nous avons mis des jeunes gens sur la route pour leur demander ces 200Fcfa. Ce n’est pas du racket. Ce n’est pas du harcèlement. C’est une contribution à la réalisation de nos projets. Mais nous avons eu l’impression qu’on nous en voulait. On nous tendu peut etre un piège. Il y a des gens qui ont refusé de payer les 200Fcfa. Ils ont voulu forcer le passage tenu par les jeunes gens. Il y a eu des accrochages. C’était le mardi 9 juillet dernier. Le lendemain, nous avons appris qu’un jeune du village aurait battu à sang un allogène sénoufo.  Celui-ci est décédé à la suite de ces blessures. J’étais en déplacement. Le message a été transmis au chef de village d’Allahou. Je suis arrivé au village le mercredi vers 17h. Mes collaborateurs m’ont fait le compte rendu de la situation. Nous avons envoyé une délégation de deux personnes vers le chef d’Allahou afin que celui-ci demande pardon aux parents de la victime et aux allogènes sénoufo le temps de trouver une solution. Au moment oiu la délégation se rendait à Allahou, les allogènes ont commencé a envahi le village armés de bâtons, de barre de fer et de gourdins. Ils ont incendié la maison du président des jeunes du village. C’est ainsi que j’ai informé le sous-préfet. Je suis allé m’asseoir chez moi à la maison. A un moment donné, j’ai vu venir une cohorte de personnes. Ce jour-là, j’ai failli perdre la vie. J’ai dû me sauver sinon je perdais la vie le mercredi 10 juillet. Ils sont venus ils ont cassé ma porte. Ils ont cassé mes chaises. Après la gendarmerie est arrivé et ils sont partis. Nous avons cru que c’était fini. Le jeudi 11 juillet, le sous-prefet est arrivé. Il a participé à l’enterrement de celui qui est décédé. Il a rencontré les deux communautés chez moi.  Il a donné les conseils d’usage. Croyant que tout était fini. Le sous-préfet est reparti avec la gendarmerie. Mais nous avons constaté lors de la rencontre qu’il y avait quelques choses qui clochaient. En présence du sous-préfet, des jeunes mossi ont voulu forcer le passage pour rentrer dans le cercle. Ils ont été dissuadés par les gendarmes. Nous avons demandé à nos jeunes de surveiller le village. En pareils circonstance, nous avons demandé à notre fétiche de sortir pour faire le tour du village pour conjurer le mauvais sort. Pendant que le fétiche tournait nous avons appris que des étrangers auraient été blessés par balles. C’est un miracle car le fétiche n’a pas d’arme à feu. C’est à la suite de cela qu’on a commencé à nous poursuivre dans le village. Nous avons fui. On a tout abandonné. Nos maisons ont été pillées et incendiées. 103 habitations ont été brûlées. Nous avons tout perdu. Nous souhaitons que la mine d’or soit momentanée fermée. Il est vrai que c’est de cela que nous vivons mais nous voulons qu’elle soit fermée pour le moment»

 Propos recueillis par OM, envoyé spécial à Angovia (Bouaflé)





Diarrassouba Soumaila, porte-parole des allogènes. Il a donné sa version des faits. 


Encadré 2 :

Diarrasouba Soumaïla, chef de la communauté des allogènes

«Dieu est mon témoin»

«Le mercredi matin (10 juillet, ndlr) j’étais chez moi à la maison. J’ai vu un jeune gens qui venu vers moi. D’après lui, son petit frère Souleymane est décédé. Je suis me rendu avec lui sur le lieu. Le jeune homme m’a dit que le mardi sur la route, un homme nommé Béa a frappé à sang son petit-frère. Et le petit est décédé à la suite de ses blessures. Je lui ai dit que dans ce cas on ne doit pas se faire justice. Nous nous sommes rendus chez nos aînés notamment chez Traoré Dramane. Ce dernier est notre conseiller. Quand il y a un problème il nous aide à trouver une solution. C’est ainsi que je lui ai expliqué les faits concernant la mort du petit. Nous nous sommes rendus chez le chef de village d’Allahou. On a expliqué au chef le problème. Il a envoyé une délégation auprès des parents de Béa. Elle est partie ce mercredi-là vers 9h30. Nous avons entendu jusqu’à la nuit mais nous n’avons vu aucun parents de Béa se présenter. C’est ainsi qu’un groupe de jeunes orpailleurs se sont lévés pour faire des bagarres. Ils ont dit qu’ils font brûler la maison du président des jeunes N’Guessan Achille. Je les ai demandés de pas se faire justice. Je leur ai dit de ne pas brûler la maison. Ils m’ont menacé de mort si je ne quittais sur leur chemin. Tout le village a assisté à la scène. Je me suis fermement opposé à cette action. Devant la gendarmerie et devant le chef de village Abi N’Goran, j’ai demandé aux jeunes en colère de ne pas se faire justice. Ils étaient plus de 400 personnes en colère. Je ne pouvais pas les arrêter car j’étais seul. Ils ont commencé à mettre le feu dans la maison d’Achille. J’ai demandé à mes petits frères de voler au secours des enfants et de la femme d’Achille qui étaient enfermés dans la maison. Ce qui a été fait. Dieu est mon témoin. Le sous-préfet est venu pour nous aider a fait l’enterrement. Après cela, il y a une réunion chez le chef de village d’Angovia. Il nous a invité au calme malgré ce qui s’est passé. Nous avons accepté ce qu’il a dit. Devant le sous-préfet, le chef de village d’Angovia a dit qu’il ne veut plus voir un étranger dans son village. Toute la population a entendu les propos du chef de village. Le sous-préfet lui a dit que ce qui vient de dire c’est dangereux surtout venant du chef. Dieu est mon témoin. Après le départ du sous-préfet, le mercredi nuit, on a entendu des tirs d’arme à feu et des cris. J’ai alerté le chef de village d’Allahou et le président des jeunes. Le chef d’Allahou a appelé son collègue d’Angovia pour s’informer de la situation. Celui-ci lui a répondu pour dire que c’est le fétiche du village qui est sorti. Les tirs ont continué. Nous avons déploré six personnes blessés. J’ai les ordonnances pour soutenir ce que je dis. J’ai demandé aux uns et aux de ne pas se faire justice. Voici ce qui nous a arrivés à Angovia. Dieu est mon témoin.»

Propos recueillis par OM, envoyé spécial à Angovia (Bouaflé)







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