Reportage/ Insécurité sur
l’axe routier Daloa-Abidjan
Une
nuit avec le ministre de la Défense
En
mission de lutte contre les coupeurs de route et le racket, le ministre de la
Défense s’est rendu mercredi dernier successivement à Man, à Vavoua, à Séguéla et
à Daloa. Sur le chemin de retour entre Abidjan et Yamoussoukro, un vent de
panique à souffler sur le cortège à la suite de l’explosion de la roue d’un
camion. Reportage.
Jeudi 22h30. C’est le tour
pour le véhicule de marque Acmat et de type Vlra transportant les journalistes
de se servir en carburant (diesel). Il existe 22 places assises disposées en
deux rangées. Le chauffeur fait la main-œuvre pour prendre position devant la
pompe à essence. Nous sommes à la 2ème région militaire de Daloa. Après
avoir bouclé les étapes de Duékoué (Mont Péko), de Vavoua et de Séguéla, le
convoi du ministre de la Défense se trouve dans la cité des Antilopes. Le conducteur du véhicule réservé à la presse fait le plein de ses deux
réservoirs d’une capacité de 60 litres chacun. C’est un véhicule de l’armée.
Dans le convoi de véhicules, on compte une vingtaine engins de ce type. C’est
un dispositif impressionnant. Il comprend des éléments du colonel Doumbia
Lacina de la Force spéciale à bord de véhicule de type Acmat surmontés de
mitraillette 12/7. Il y a aussi les hommes du capitaine Issa Zongondé de la
brigade de sécurité armés de lance-roquettes et de kalachnikovs. Sans oublier
les éléments du cdt Basanté Badara de l’Unité d’intervention de la gendarmerie
nationale(Uign). Pendant ce temps à
quelques mètres de-là, le ministre auprès du président de la République chargé
de Défense et sa suite s’entretiennent avec le préfet de région à la
préfecture. Quinze après, un homme monte à se présente à la presse. «Je
voudrais que deux personnes ne suivent pour prendre votre ration du
soir », dit-il. Deux confrères à savoir Robert Krassaut et Thierry Lath
suivent l’individu vers un véhicule de type de 4x4. Entre-temps, on discute par
petit groupe dans la cour de la caserne militaire mal éclairée. La Force
spéciale se déploie pour sécuriser le périmètre. Entre-temps, les autres
véhicules continuent de défiler devant la pompe à essence pour se faire servir.
Cinq minutes après, les deux journalistes arrivent avec deux sacs contenant du
pain et des boites de conserves (sardines et pâtés). « Je vous ai dit qu’on ne
vas pas passer la nuit à Yamoussoukro. C’est notre repas du soir. On mange et
on prend la direction d’Abidjan. C’est
ce qui va se passer », soutient un autre confrère. La discussion s’anime
dans le véhicule. « On ne peut pas prendre la route la nuit-là en
direction d’Abidjan. Même si le dispositif de sécurité nous semble rassurant.
Soit on dort ici à Daloa soit on dort à Yamoussoukro. Après un si long trajet, on doit reprendre
des forces pour être plus efficace », fait remarquer un autre confrère
dont les propos sont acquiescés par des militaires qui militent pour l’escale
de Yamoussoukro avant de reprendre la route. Un comité est mis en place pour
rencontre le colonel Jean-Claude Abinan et lui part de la décision. Mais celui-ci se trouve avec le ministre à la
préfecture. Injoignable par téléphone, un texto lui est envoyé. Tous les
véhicules ont fait le plein du carburant. Nous faisons mouvement vers la
préfecture. Une dizaine de minutes plus tard, Paul Koffi Koffi et sa délégation
sortent du bureau du préfet. Avant cela, le colonel Abinan fait mouvement vers
nous. « Mon colonel on ne pas prendre la route pour Abidjan. Nous
souhaitons passer la nuit à Yamoussoukro», insistons-nous. Le cortège se met en
place. Les confrères approchent le ministre qui s’apprête à monter dans son
véhicule de commandement de type 4x4. « Nous allons rentrer à Abidjan
avant de reprendre la mission. Ce n’était pas prévu. Si certains d’entre-vous veulent
se faire relayer ou si d’autres veulent poursuivre la mission alors je souhaite
qu’individuellement vous faites votre proposition au colonel Abinan pour
m’informe », indique le ministre avant de s’engouffrer dans son véhicule.
Pendant que la discussion se poursuit avec l’officier supérieur une partie du
cortège s’ébranle vers Abidjan. Au finish, nous embarquons pour la capitale
économique.
Une
forte détonation crée la frayeur
Il est 23h10 lorsque nous
quittons Daloa qui dort déjà. Peut-être que l’impressionnant dispositif
sécuritaire y est pour quelque chose ? En tout cas nous nous laissons
derrière nous une cité dortoir. 0h19. C’est la capitale politique qui nous
ouvre ses portes. On traverse Yamoussoukro en dix minutes. Inutile de vous dire
que les véhicules roulent à vive allure. Une dizaine de kilomètres parcourus
après le corridor Sud. Il est 1h14. Un camion remorque roule dans le sens
Abidjan-Yamoussoukro. A peine le virage négocié que nous entendons une forte
détonation. C’est la grande frayeur. Robert Krassaut de Notre Voie et Janvier
du Jour Plus se couchent dans l’allée du véhicule. Ils ne se mettent à l’abri.
Croyant qu’il s’agissait de tirs à l’arme lourde sur notre véhicule par
d’éventuels coupeurs de route. Un vent de panique souffle. De notre siège à
l’arrière du véhicule, on observe le mouvement. Un silence lourd s’installe.
Puis des commentaires fusent à l’avance des sièges. Il y a plus de peur que de
mal. Il n’en est rien. Très vite tout le monde se retrouve ses esprits. En
réalité c’est l’une des roues du camion qui a explosé. On roule la vitesse grand "V". On creuse un
écart avec la queue du cortège comprenant les éléments de la Force spéciale.
Ils assurent la couverture. On enfonce dans la pénombre. On avale kilomètres
sur kilomètres. 3h. Nous sommes sur l’autoroute du nord. L’écart se creuse
davantage entre nous la partie du convoi où se trouve le ministre. Nous ne
rattraperons jamais jusqu’à Abidjan. Une heure après nous arrivons au corridor
de la Gesco de Yopougon. Abidjan se réveille lentement pendant que nous mettons
cap sur le ministère de la Défense d’où on a embarqué mercredi dernier. «On se
retrouve ici demain (aujourd’hui samedi, ndlr) à 6h pour la suite de la
mission. Celui qui n’est pas là on s’en va», affirme la responsable de la
communication du ministère de la Défense.
Ouattara
Moussa, envoyé spéciale à Man et à Daloa
La force spéciale a sécurisé le
cortège
Des coupeurs de route arrétés à Bouaké et présentés au ministre de la Défense au corridor de Yamoussoukro.
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