samedi 10 août 2013

Reportage / Lutte contre les coupeurs de route sur l'axe Daloa-Abidjan avec le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi.

Reportage/ Insécurité sur l’axe routier Daloa-Abidjan


Une nuit avec le ministre de la Défense

En mission de lutte contre les coupeurs de route et le racket, le ministre de la Défense s’est rendu mercredi dernier successivement à Man, à Vavoua, à Séguéla et à Daloa. Sur le chemin de retour entre Abidjan et Yamoussoukro, un vent de panique à souffler sur le cortège à la suite de l’explosion de la roue d’un camion. Reportage.   

Jeudi 22h30. C’est le tour pour le véhicule de marque Acmat et de type Vlra transportant les journalistes de se servir en carburant (diesel). Il existe 22 places assises disposées en deux rangées. Le chauffeur fait la main-œuvre pour prendre position devant la pompe à essence. Nous sommes à la 2ème région militaire de Daloa. Après avoir bouclé les étapes de Duékoué (Mont Péko), de Vavoua et de Séguéla, le convoi du ministre de la Défense se trouve dans la cité des Antilopes.  Le conducteur du véhicule  réservé à la presse fait le plein de ses deux réservoirs d’une capacité de 60 litres chacun. C’est un véhicule de l’armée. Dans le convoi de véhicules, on compte une vingtaine engins de ce type. C’est un dispositif impressionnant. Il comprend des éléments du colonel Doumbia Lacina de la Force spéciale à bord de véhicule de type Acmat surmontés de mitraillette 12/7. Il y a aussi les hommes du capitaine Issa Zongondé de la brigade de sécurité armés de lance-roquettes et de kalachnikovs. Sans oublier les éléments du cdt Basanté Badara de l’Unité d’intervention de la gendarmerie nationale(Uign).  Pendant ce temps à quelques mètres de-là, le ministre auprès du président de la République chargé de Défense et sa suite s’entretiennent avec le préfet de région à la préfecture. Quinze après, un homme monte à se présente à la presse. «Je voudrais que deux personnes ne suivent pour prendre votre ration du soir », dit-il. Deux confrères à savoir Robert Krassaut et Thierry Lath suivent l’individu vers un véhicule de type de 4x4. Entre-temps, on discute par petit groupe dans la cour de la caserne militaire mal éclairée. La Force spéciale se déploie pour sécuriser le périmètre. Entre-temps, les autres véhicules continuent de défiler devant la pompe à essence pour se faire servir. Cinq minutes après, les deux journalistes arrivent avec deux sacs contenant du pain et des boites de conserves (sardines et pâtés). « Je vous ai dit qu’on ne vas pas passer la nuit à Yamoussoukro. C’est notre repas du soir. On mange et on prend la direction d’Abidjan.  C’est ce qui va se passer », soutient un autre confrère. La discussion s’anime dans le véhicule. « On ne peut pas prendre la route la nuit-là en direction d’Abidjan. Même si le dispositif de sécurité nous semble rassurant. Soit on dort ici à Daloa soit on dort à Yamoussoukro.  Après un si long trajet, on doit reprendre des forces pour être plus efficace », fait remarquer un autre confrère dont les propos sont acquiescés par des militaires qui militent pour l’escale de Yamoussoukro avant de reprendre la route. Un comité est mis en place pour rencontre le colonel Jean-Claude Abinan et lui part de la décision.  Mais celui-ci se trouve avec le ministre à la préfecture. Injoignable par téléphone, un texto lui est envoyé. Tous les véhicules ont fait le plein du carburant. Nous faisons mouvement vers la préfecture. Une dizaine de minutes plus tard, Paul Koffi Koffi et sa délégation sortent du bureau du préfet. Avant cela, le colonel Abinan fait mouvement vers nous. « Mon colonel on ne pas prendre la route pour Abidjan. Nous souhaitons passer la nuit à Yamoussoukro», insistons-nous. Le cortège se met en place. Les confrères approchent le ministre qui s’apprête à monter dans son véhicule de commandement de type 4x4. « Nous allons rentrer à Abidjan avant de reprendre la mission. Ce n’était pas prévu. Si certains d’entre-vous veulent se faire relayer ou si d’autres veulent poursuivre la mission alors je souhaite qu’individuellement vous faites votre proposition au colonel Abinan pour m’informe », indique le ministre avant de s’engouffrer dans son véhicule. Pendant que la discussion se poursuit avec l’officier supérieur une partie du cortège s’ébranle vers Abidjan. Au finish, nous embarquons pour la capitale économique.

Une forte détonation crée la frayeur

Il est 23h10 lorsque nous quittons Daloa qui dort déjà. Peut-être que l’impressionnant dispositif sécuritaire y est pour quelque chose ? En tout cas nous nous laissons derrière nous une cité dortoir. 0h19. C’est la capitale politique qui nous ouvre ses portes. On traverse Yamoussoukro en dix minutes. Inutile de vous dire que les véhicules roulent à vive allure. Une dizaine de kilomètres parcourus après le corridor Sud. Il est 1h14. Un camion remorque roule dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. A peine le virage négocié que nous entendons une forte détonation. C’est la grande frayeur. Robert Krassaut de Notre Voie et Janvier du Jour Plus se couchent dans l’allée du véhicule. Ils ne se mettent à l’abri. Croyant qu’il s’agissait de tirs à l’arme lourde sur notre véhicule par d’éventuels coupeurs de route. Un vent de panique souffle. De notre siège à l’arrière du véhicule, on observe le mouvement. Un silence lourd s’installe. Puis des commentaires fusent à l’avance des sièges. Il y a plus de peur que de mal. Il n’en est rien. Très vite tout le monde se retrouve ses esprits. En réalité c’est l’une des roues du camion qui a explosé. On roule  la vitesse grand "V". On creuse un écart avec la queue du cortège comprenant les éléments de la Force spéciale. Ils assurent la couverture. On enfonce dans la pénombre. On avale kilomètres sur kilomètres. 3h. Nous sommes sur l’autoroute du nord. L’écart se creuse davantage entre nous la partie du convoi où se trouve le ministre. Nous ne rattraperons jamais jusqu’à Abidjan. Une heure après nous arrivons au corridor de la Gesco de Yopougon. Abidjan se réveille lentement pendant que nous mettons cap sur le ministère de la Défense d’où on a embarqué mercredi dernier. «On se retrouve ici demain (aujourd’hui samedi, ndlr) à 6h pour la suite de la mission. Celui qui n’est pas là on s’en va», affirme la responsable de la communication du ministère de la Défense. 

Ouattara Moussa, envoyé spéciale à Man et à Daloa






La force spéciale a sécurisé le cortège 




Des coupeurs de route arrétés à Bouaké et présentés au ministre de la Défense au corridor de Yamoussoukro.          

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