vendredi 9 août 2013

Mont Péko de Duékoué/ avant et après la capture d'Amadé Ouérémi




Amadé Ouérémi entouré par ses lieutenants avant son arrestation.




Duékoué : Opération de déguerpissement au mont Péko  

Pourquoi Amadé Ouérémi ne vas pas partir ?

En prélude à l’opération de déguerpissement des clandestins installés dans les forêts classées, Nord-Sud Quotidien s’est rendu le 20 février dernier au mont Péko (Duékoué, ndlr) l’une des reserves les plus controversées. Elle est occupée depuis 2000 par Ourémi Amadé et ses hommes. Notre constat.   
Elle retourne à vélo d’où elle est venue. Son bébé au dos, elle donne un dernier coup de pédale pour disparaître dans la forêt. Le poupon nous fait un signe de la main droite en guise d’au revoir. La jeune femme et son enfant nous laissent au premier check-points installé après deux kilomètres de piste parcouru à mobylette. Ils habitent dans l’un des nombreux campements dissimilés à travers le mont Péko. Cette réserve naturelle classée patrimoine mondiale s’étend sur une superficie de trente six mille hectares. Elle est située à dix kilomètres de Bagohoua. La sous-préfecture se trouve à vingt cinq kilomètres de Duékoué et à plus de cinq cent kilomètres d’Abidjan. On est dans la région du Guémon. Nous n’aurons pas l’occasion de poursuivre le chemin ensemble. Dans la mesure où, on est contraint de rebrousser chemin. Une dizaine hommes armés de kalachnikovs, de pistolets automatiques, de machettes et de flèches, montent la garde à cet endroit. Ils sont tous habillés en tenue civile. Ils agissent à visage découvert. Scindés en deux, pendant que certains tiennent le poste de contrôle les autres sont camouflés dans la broussaille. Dans le français approximatif qualifié de « français de Moussa », le chef de poste, un homme de teint noir, visage balafré, de grand gabarit, menace : « Si vous avancez nous pas connais vous. Quittez ici sinon nous trappez vous ». Selon les informations en notre possession, il existe quinze check-points contrôlés par une dizaine d’hommes en armes. Toujours d’après nos sources, la garde prétorienne d’Amadé Ourémi se compose 300 éléments lourdement armés (mitraillette 12/7, kalaches, roquettes, grenades …).

15 check-points armés avant d’arriver chez Ourémi

Sous le soleil de plomb de ce mercredi 20 février, même si la veille il avait plu, nous faisons marche-arrière sous la menace des armes. A l’entrée de Bagohouo, c’est dans ce village que Ourémi Amadé et ses parents ont été accueillis en 1986, en venant de Duékoué, on voit un kiosque à café et une boutique. Sous un hangar, trois jeunes gens sont assis et un quatrième est allongé sur un banc. Malgré les regards inquisiteurs, nous engageons la conversation en ces termes. «Le vieux, faisant allusion à Ourémi Amadé, est-il là et comment se porte-t-il ? », demandons nous. L’un d’entre eux visiblement le plus âgé donne une réponse évasive. « Cela fait plus d’une semaine qu’on n’a pas vu le vieux. Il est toujours parti. On ne sait pas où il est », lance-t-il pendant que ses « frères » observent la scène. Lorsque nous hésitons, ils nous tournent en dérision. A proximité du seul kiosque à café se trouve deux magasins (de couleur bleue et verte, ndlr) de stockage de cacao d’une capacité de cinquante tonnes chacun. Un camion de transport de marchandise est stationné. «Amadé vient de construire ces deux magasins. Ses plantions de cacao se trouvent dans la forêt du mont Péko. Il possède 1000 hectares de cacao. Après la cueillette, les camions transportent le cacao au village. Le produit est stocké dans les magasins. Des camions remorques d’une capacité de quarante à trente tonnes arrivent de Duékoué. Ils transportent le cacao vers Abidjan. Mais au plus fort de la guerre (septembre 2002, ndlr) et de la crise postélectorale (décembre 2010 à avril 2011, ndlr), le cacao d’Ourémi était évacué vers le Burkina Faso. Imaginez-vous, ce monsieur possède une plantation de cacao sur une superficie de 1000 hectares. Ce sont des milliers de tonnes de fèves récoltées. Ce monsieur est immensément riche. C’est un milliardaire », conclut   B.S, un jeune planteur du village. Pour lui, le départ de la forêt d’Amadé Ourémi n’est pas inscrit dans l’agenda de ce dernier. D’ailleurs, il vient d’épouser sa sixième femme il y a quelques mois. « Pour rien au monde, le vieux va accepter de quitter le mont Péko. En plus du cacao, il exploite le bois qu’il vend aux entreprises. Tous les essences rares ont été exploitées par ses hommes et lui. C’est un gisement de richesse. Il ne compte pas arrêter de puiser les richesses dans ce puits. Vous comprenez que l’enjeu est de taille. On se très bien connait ici. On connait les méthodes d’Ourémi. Vous regardez et vous la fermez ou bien on vous tue. Il ne va pas partir », répète Stéphane qui nous quitte précipitamment car dit-il, à Bagohouo, les murs ont des oreilles.  Pendant que le jeune déscolarisé devenu agriculteur s’éloigne, on aperçoit de l’autre côté de la route (c’est la seule voie qui traverse le village, ndlr) un groupe de jeunes gens. Ils s’activent autour de jeunes plants emballés dans des sachets de couleur noire. Quand on s’approche on découvert qu’il s’agit de pépinière d’hévéa. Rompus dans la langue de bois, nos interlocuteurs feignent de ne pas comprendre ce que nous leur demandons sur la destination de ces jeunes plants d’hévéa.

Une garde prétorienne d’au moins 300 hommes

Notre interlocuteur, qui garde l’anonymat, très futé nous renseigne que « tous ces jeunes que vous voyez sont les éléments d’Ourémi. Ce sont ces soldats. Ils ont infiltré la population. Ils sont partout. Ces jeunes plants d’hévéa seront transplantés dans la forêt du mont Péko». Outre l’exploitation du bois et la culture de rente, selon les confidences obtenues auprès de certains « lieutenants » du jeune réparateur de vélo devenu un richissime planteur à la tête d’une milice de quinze mille hommes, des travaux de construction d’un pont ont commencé depuis le 1er février dernier. Au milieu de la réserve du mont Péko, coule un affluent du fleuve Sassandra. Le  pont en construction relie la plantation de cacao et le lieu où sont stationnés les véhicules qui doivent transporter la production cacaoyère. D’après les bras droits d’Ourémi, les ingénieurs et les ouvriers sont venus d’Abidjan. Pour brouiller les pistes, les camions transportant le gravier et autres matériaux ont été loués auprès de particulier à Duékoué. « On voit les camions passés tôt le matin. Ils transportent le gravier en direction du mont Péko. Au milieu de la nuit, on entend la musique de la brousse. Les gens travaillent toute la nuit », nous confie Doué Evariste, résident à Yrozon, village natale de l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Mathias Doué. « Le vieux ne s’est pas arrêté-là. Il a également entrepris la construction de deux routes reliant le mont Péko à Bangolo d’une part et d’autre part une seconde voix reliant le mont Péko à Guézon-Tanké. Tout cela pour faciliter l’écoulement du cacao et du bois », renchérit l’ami d’Evariste. Ils affirment en chœur que « celui qui occupe le mont Péko» ne cédera pas un millimètre carré de la réserve. Pour eux, c’est une zone qui échappe au contrôle des agents des eaux et forêts, de la police, de la gendarmerie et même des Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci). Le trésor amassé par Ouméri Amadé et sa tribu grâce aux dividendes issus des cultures de rente (cacao, hévéas), de l’exploitation du bois et de la culture de la drogue telle le cannabis sont autant de facteurs qui militent en défaveur de l’opération de déguerpissement de cette forêt classée annoncée conjointement par les ministres Paul Koffi Koffi et Mathieu Badaud Darret, respectivement en charge de la Défense et des Eaux et forêts.
« Une puissance de feu est intacte »
La capacité de nuisance d’Ourémi Amadé est grande. En septembre 2011, sur le terrain de football, en face de l’école primaire du village de Bagohouo, s’est tenue la cérémonie démobilisation et de désarmement de ses troupes. Il a remis une centaine de kalachnikovs, de fusils. D’après les témoignages, ce jour-là, devant le colonel Touré Gaoussou et le commandant Konaté Lossény alias Loss, il a brûlé tous les treillis de ses éléments. «C’était du bluff. Il détient dans la forêt des armes de guerre. Il faut une intervention armée de très grande envergure pour le déloger. La puissance de feu d’Ourémi est intacte. Il continue de terroriser les populations. Il est l’auteur des tueries et des pillages des villages (Blody, Guingla-Zia, Yrozon). La seule évocation de son nom est source de terreur et de peur. Les gens ont peur de prononcer son nom. Car il paraît qu’il possède un pouvoir mystique capable de démasquer tout ceux qui le dénigrent », relève D.J, un fonctionnaire à la retraite et fils du village qui aurait été dépossédé de sa plantation de cacao par les hommes de Ourémi. Selon lui, le 3 décembre 2010 alors que le lieutenant de gendarmerie Esmel et cinq autres gendarmes en mission pour le règlement d’un conflit foncier quittaient le village pour Duékoué ceux-ci ont été tués par les éléments d’Ourémi embusqués dans la broussaille.

La zone échappe aux Frci

Un officier des forces républicaines de Cote d’Ivoire(Frci) basées à Duékoué affirme que l’armée n’est pas concernée par l’opération de déguerpissement des clandestins y compris Ourémi Amadé et ses quinze mille hommes.   « Il y a un règle qui dit que faut mieux montrer son arsenal pour ne pas avoir à l’utiliser. Au-delà de ça les gens que nous devons protéger ne sont pas des militaires. La relation population-armée est très importante. Cela donne un très bon résultat sur le terrain.  Ça met les gens en confiance. Cela crée une fluidité au niveau de l’information. Et la collaboration entre nous et les populations est parfaite. Nous avons crée cette confiance en allant vers tout le monde. Nous échangeons régulièrement. Ces actions nous ont permis de briller le mur de méfiance. Nous avons rencontré la jeunesse. On a parlé et on s’est compris. Pareil pour les autres couches sociales. Concernant l’opération de déguerpissement des clandestins dans les forets classés. Je ne suis pas au courant. C’est vous qui m’informez. Nous apprenons dans la ville. Mais je vous assure que je ne suis pas au courant de cette opération. L’armée n’est pas concernée par le déguerpissement d’Ourémi. Ce sont les autorités qui ont décidé. Si elles pensent qu’elles doivent mettre cette mesure à votre connaissance alors nous attendons. Je ne saurai vous dire ce qui coince. Je ne sais pas. Ce n’est pas parce que je  refuse ou je m’entête à ne pas répondre à vos questions. Mais je ne sais pas. Je ne suis au courant de rien », a-t-il répété. C’est le son de cloche à l’Office ivoirien des parcs et réserves (Opir). C’est la structure en charge de la gestion de la réserve du mont Péko. Selon le capitaine Ouattara Kpolo, chef secteur Oipr-Mont Péko, la décision du déguerpissement est un processus. « Moi je ne suis qu’un petit technicien. L’exécution de la décision  est fonction des autorités », s’est-il  contenté de dire tout en refusant de donner d’autres précisions.  La main mise d’Ourémi Amadé sur la conduite des affaires politiques du village de Bagohouo et du mont Péko est réelle. Sa fortune lui a permis de manipuler et de diviser les villageois et la chefferie. Pour preuve. Pour mieux contrôler l’appareil de décision, en 2010, Ourémi nommé Oulaï Simplice comme chef de village. Celui-ci lui rend compte de tout ce qui se trame contre lui. En contrepartie, Simplice reçoit les faveurs et les enveloppes. « Le vieux est constamment sollicité par les villageois. Il soutient financièrement les cérémonies de réjouissances et les funérailles. La grande majorité de la population roule pour lui », observe l’enseignant à la retraite en précisant que le village de village nommé par Ourémi a été battu aux élections en novembre 2012 par Djiehi Sérou Jean. Mais la rupture n’est pas totale avec l’homme fort du mont Péko. Interrogé, M. Djiehi entouré de ses proches et de quelques conseils souligne qu’il entretient de bon rapport de voisinage avec Ourémi. « Nous avons laissé derrière nous le mont Péko. Il ne nous appartient plus. On se contente de l’aide et du soutien des Ong (organisation non gouvernementale, ndlr).      Nous n’avons pas de problème avec Ourémi. Il nous aide quand le besoin se fait sentir », affirme le chef de village. En plus de la chefferie qu’il a muselée et qui lui est redevable, Ourémi Amadé a mis dans sa poche le sous-préfet de Bagohouo. Selon les informations en notre possession, Touré Adama a avoué son soutien et sa considération au chef milicien. Cette autorité administrative aurait déclaré ceci : « Les guérés sont des paresseux. C’est Ouérémi qui vous a débarrassé des miliciens de Gbagbo.  Il a fait la guerre pour vous. Il vous libéré des mercenaires libériens de Gbagbo. Sans lui, on ne serait pas là en train de parler. Vous lui devez beaucoup. Ne soyez pas des ingrats ». Touré Adama aurait tenu ces propos lors d’une rencontre avec les populations en décembre 2012. Toujours d’après les témoignages, le sous-préfet sollicité régulièrement Ouérémi. « Il fait croire au vieux qu’il peut régler les problèmes de terres. Il prend de l’argent avec lui. Souvent il lui demande 500.000 Fcfa voir des millions Fcfa. Il prend l’argent et le problème demeure. Le sous-préfet s’est compromis en rentrant dans ce jeu. Je crains pour son sort », analyse un collaborateur du sous-préfet dont les bureaux sont logés à la préfecture de Duékoué. Pour se défense face aux récriminations, nous avons interrogé le mis en cause. Sous un ton hautain emprunt d’une attitude suffisante, Touré Adama sort de sa bouche ses propos : « Vous débarquez sans appeler. Ça ne marche pas avec moi. Vous devenez m’appeler avec d’arriver. Je ne suis pas le sous-préfet du mont Péko. Adressez-vous au préfet. Je n’ai plus rien à vous dire. Monsieur n’hésiter pas. Moi, j’ai d’autres choses à faire. Au revoir».


Ouattara Moussa, envoyé spécial à Bagohouo (Duékoué)



 Encadré 1 : Ouérémi ou le règne de la terreur

Ce n’est rien d’affirmer que Ourémi Amadé est l’incantation de la terreur. Durant tout le séjour de trois jours tant au village de Bagohouo qu’à Duékoué nous nous sommes rendu compte de l’évidence. La seule évocation du nom du simple réparateur de vélo devenu chef milicien créait un climat de méfiance mais très souvent de peur des populations. Morceaux choisis. Parlant d’Ouérémi Amadé, les personnes interrogées  dans les différents villages traversés à savoir Blody, Guinglo-Zia, Yrozon et Bagohouo, murmurent leur peur et leur angoisse. «Celui qui est là-bas dans le mon Péko. On a tourné dos. Cela nous regarde plus ce qu’il fait là-bas. Hummm ! Celui qui occupe le mont Péko on ne peut pas parler. Il a tué nos parents, il a détruit et brûlé nos maisons. Tant qu’il est-là on ne sera pas en paix. C’est une menace pour nous et pour la réconciliation nationale », affirment nos interlocuteurs. Charles Konan Banny, président de la commission dialogue-vérité et réconciliation(Cdvr) est annoncé à Duékoué ce mardi 26 février. Il doit procéder à l’installation de la commission locale de la Cdvr. Peut-être que les cœurs se videront d’avantages pour faire place à la confiance et à la sérénité.

OM, envoyé spéciale à Bagohouo (Duékoué)



Encadré 2 :

Amadé Ouérémi : le réparateur de vélo devenu chef milicien

Né en 1964 au Burkina Faso, Amadé Ouérémi arrive avec son père et sa mère et ses frères à Duékoué avant de prendre la direction du village de Bagohouo, à 25 kilomètres de la capitale de la région du Guémon. Nous sommes en 1986. Attiré par la forêt et la fertile de la terre, Amadé, le père, s’investit corps et âme dans la culture du cacao. Le jeune Amadé agé alors de 27 ans s’oriente vers la mécanique. Il répare les vélos des ces compatriotes et des villageois. L’intégration est parfaite puisqu’à la mort du vieux Ouérémi, le fils aîné hérite de sa plantation. Amadé change de casquette. Il passe de réparateur de vélo à planteur de cacao. Il profite de son assise financière. Car, il recrute ses frères du village comme manœuvre pour l’aider à exploiter et à agrandir sa plantation. Les années passées. Le petit Amadé pousse des ailes.  Il se rend régulièrement au pays natal pour recruter d’avantages de main d’œuvre. La famille s’agrandit. Amadé est l’époux de six femmes et père de nombreux enfants. Ceux-ci font partie de son garde rapprochée.  Il devient puissant lorsque survient le coup d’Etat en décembre 1999. Le président Bédié est renversé par le général Robert Guéi. Selon nos informations, le chef de la junte militaire aurait bénéficié du soutien logistique d’Ouérémi Amadé. Opportuniste à souhaite, le jeune planteur annexe une partie du parc national du mont Péko. Il s’y installe en 2000 avec ses hommes. C’est le début de la grande conquête de la réserve. Quand la guerre éclate le 19 septembre 2002, Ouérémi Amadé et sa troupe occupe 70% de la superficie du parc. Rompu au combat dans le maquis, les tentatives des forces de défense et de sécurité (ex-Fds) sont restées vaines.  Le chef guerrier renforce ses postions en hommes et en armes. Après les accords de Linas Marcousis en janvier 2003, le parc national du mont Péko fait partie de la zone de confiance. Amadé feigne de quitter la zone. La force Licorne et les casques bleues n’ont pas mandat pour assurer la sécurité du parc. Un vide sécuritaire s’installe. La nature a horreur du vide, dit-on. Et Ourémi Amadé reprend ses positions. Il les consolide en contrôlant toute le parc. La crise postélectorale aidant, Ouérémi Amadé est devenu un chef milicien  qui a mis en déroute les miliciens et mercenaires pro-Gbagbo.

OM, envoyé spécial à  Bagohouo (Duékoué)




   


 Duékoué / Une semaine après la capture d’Amadé Ouérémi

Ce qu’il se passe dans le mont Péko


Le 18 mai dernier, Amadé Ouérémi a été arrêté par l’armée ivoirienne dans la forêt du mont Péko qu’il occupait depuis 2000. Trois jours après cette capture fortement médiatisée, nous nous sommes rendu dans cette réserve naturelle d’une superficie de 36.000 hectares, située dans la région du Guémon. Reportage.


Ouérémibly s’est vidé de tout son monde. Ce campement, fondé en 2000, par l’ex-homme fort du mont Péko, situé à 10 kilomètres de la sous-préfecture de Bagohouo et à 35 kilomètres de Duékoué, dans la région du Guémon, est aujourd’hui no man’s land. La bouillante activité humaine qui s’y déroulait avant la fameuse matinée du 18 mai, a désormais fait place à un silence de cimetière. Aucune présence humaine dans le bled. C’est ce samedi-là qu’Amadé Wirmi (l’identité marquée sur la convocation que la brigade de gendarmerie de Duékoué devait lui remettre, ndlr) alias Amadé Ouérémi a été arrêté par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) sous la conduite du lieutenant Coulibaly Moussa. Ses six femmes à savoir : Awa, la première épouse et Adjara, Alima, Sali, Fatoumata, Zalifa, ses co-épouses, ses 26 enfants, sans oublier ses proches, ont pris la fuite. Ils se sont réfugiés dans le ventre de la forêt classée du mont Péko. Cette immense réserve regorge de plusieurs espèces en voie de disparition telles que des éléphants nains, des oiseux rares et une flore riche et diversifiée. Elle est  délimitée à l’ouest par Kouibly et Béhnou-Mahouen ; au Sud par la sous-préfecture de Bagohouo et à l’est par le département de Bangolo. Sur une mobylette, nous empruntons une piste à notre gauche, juste à l’entrée du village de Bagohouo, en provenance de Duékoué. Il nous faut une heure pour parcourir huit kilomètres qui sépare le campement d’Amadé Ouérémi et la bourgade nouvellement érigée en sous-préfecture. Elle est dirigée par Touré Adama. Ce dernier joint par téléphone, a indiqué qu’il ne peut nous recevoir sous prétexte qu’il bénéficie d’un congé maladie et qu’il va reprendre le service le 31 mai prochain. Sur le trajet qui nous conduit au campement, on remarque la destruction d’appatams. Ces abris servaient de check-points tenus autrefois par les hommes d’Amadé. Sur tout le parcours, l’on n’observe aucun mouvement humain. La piste est tortueuse. Elle est truffée de guet-apens qui ont été détruits le 18 mai dernier, au moment du raid lancé par l’armée et la gendarmerie. C’est un véritable labyrinthe qui avait été dressé par le chef milicien pour prendre en embuscade d’éventuelles forces ennemies qui oseraient rentrer dans cet antre militaire. Ce jeudi 23 mai, lorsque nous arrivons à Ouérémibly qui comptait des centaines de milliers de campagnards devenus miliciens à la faveur du déclenchement de la crise armée du 19 septembre 2002, nous sommes accueillis par des animaux domestiques. Ils ont été  visiblement abandonnés à leur sort par leur maître et ses éléments. Ouérémibly est bâti sur une superficie de quatre hectares. Des moutons sont dans un enclos construit en bois ; des chèvres apeurées par notre présence, courent dans tous les sens ; des poules et des coqs picorent les derniers grains de mil, de maïs et quelques fournis visibles au sol; des paons déploient leurs grands ailes multicolores en guise de salutations. Ils font des va-et-vient cherchant vainement l’ombre de leur maître.

Un labyrinthe truffé de guet-apens  

A proximité du grenier rempli de maïs, des ustensiles de cuisines (assiettes, cuillères, fourchettes, couteaux) jonchent le sol. Seuls les bourdonnements des mouches et autres insectes volants viennent rompre le lourd silence qui règne dans ce campement abandonné. Un peu plus loin, se dressent des maisons construites en banco et coiffées par des feuilles de tôles. Selon nos informations, c’est dans ces cabanes que les éléments d’Amadé et leurs familles, qui comptent en moyenne sept personnes, habitaient.  Certaines portes sont fermées. D’autres par contre sont entrouvertes. Nous nous approchons, mais sur le conseil de notre interlocuteur qui requiert l’anonymat, nous n’y pénétrons pas. Car, nous explique-t-il, il faut éviter de ‘’souiller la scène de crime’’. Toutefois de notre position, on aperçoit des pantalons et des chemises accrochés au mur et sur les portes. Des pagnes, des camisoles ont été jetés en vrac sur le sol, à proximité des valises entrebâillées. Des chaussures pour enfants et adultes traînent au milieu de la cour. Au seuil d’une des portes, l’on aperçoit des bouts de feuilles froissées. Après avoir déplié ces papiers, je se rends compte qu’il s’agit de  reçus de paiement de téléphones portables, de téléviseurs et de mobylette de type Ktm. Par ailleurs, il y a aussi des coupons de reçus d’abonnement d’un distributeur d’images satellites. Des antennes paraboliques sont encore visibles sur le toit des maisons. Un signe ! « Cela indique qu’Amadé Wirmi et ses éléments avaient les news en temps réel, sur ce qu’il se passait en Côte d’Ivoire et dans le reste du monde », analyse notre compagnon de route. Au milieu des concessions bâties en terre cuite, à deux cents mètres du grenier, à droite, se dresse une villa de six pièces. C’est là que l’ancien maître du mont Péko agrémentait ses nuits avec ses six épouses, notamment avec Zalifa, qu’il a épousée en février dernier.
La maison des Amadé est une vaste demeure. Il y a une grande terrasse de forme rectangulaire dont le sol est carrelé. Des fauteuils, des chaises en plastique de type malaga y sont disposés en vrac. La porte entr’ouverte nous permet de voir un salon avec des fauteuils imposants et un plancher tapissé de moquettes, dignes de ceux d’un palais présidentiel. Là encore, on observe que les meubles sont  sens dessus-dessous ; un vrai décor chaotique. Des vêtements, des chaussures mais aussi de la nourriture traînent à même le plancher. A l’entrée du salon dont la porte est également entr’ouverte,  nous sommes attirés par un portrait géant du chef de famille. Il est habillé en costume de couleur grise, symbolisant ses heures de gloires et est entouré de ses six femmes. Elles sont vêtues en boubou bazin de couleur bleue, marron, jaune et blanche. Les épouses sont toutes coiffées de gros foulards. Des objets du culte musulman tel qu’un chapelet de couleur marron sont également accrochés au mur.

Amadé Ouérémi aime la vie…

«Amadé est un homme qui aime la vie. Vous l’avez constaté de vos propres yeux. Il vivait dans le confort ; il aime les femmes. Le jour de son transfèrement vers Abidjan, il tenait en main une bouteille d’eau minérale. C’est cette eau qu’il boit. Ce n’est pas un maquisard qui déteste la modernité et le luxe ; c’est un homme moderne», commente notre interlocuteur au moment où nous sommes obligés de quitter les lieux pour des raisons de sécurité. Au terme de ce périple, l’on laisse derrière soi, les véritables maîtres du mont Péko que sont la flore et la faune. Vraisemblablement, l’arrestation d’Amadé Wirmi ne signifie guère le retour définitif de la sécurité à Bagohouo et ses villages satellites tels que Yrozon (village natal du général Doué Mathias), Guinglo, Zia et Blody. Les sentiments d’insécurité sont encore entretenus dans la conscience collective des autochtones de l’ethnie Guéré. Pour D. Jean-Olivier, rencontré au village de Bagohouo, sur notre chamin de retour, l’interpellation de l’ex-chef de la milice locale est loin d’avoir mis un terme aux nombreux problèmes sécuritaires auxquelles les villageois sont confrontés. «Il y a un gros problème qui se pose à nous maintenant. Il concerne les hommes d’Amadé Ouérémi qui sont dans la nature avec des armes. On parle de 500 voire 1000 éléments. Ils ont fui le campement pour se réfugier dans la brousse. Ils ont emporté des kalachnikovs, des roquettes et bien d’autres armes lourdes. C’est un problème car nous ne sommes pas à l’abri des actions de représailles de la part de ces éléments. Ils peuvent être tentés de venger leur chef en s’attaquant aux populations civiles. », prévient-il. « Lors de l’arrestation d’Amadé Ouérémi, certains de ses lieutenants ont été mis aux arrêts et conduits à Duékoué. Contre toute attente, le lendemain, ils ont été relaxés. Il y a un certain Christian qui continue de nous menacer de mort. Les autorités doivent achever le travail en interpellant toute cette bande armée », insiste le jeune planteur de cacao qui dit avoir été dépossédé de sa plantation par un proche d’Amadé Ouérémi.

Bagohouo vit dans la psychose

Pour lui, le retour de la sécurité sera effectif à ce prix. T. Habib, un autre habitant, interrogé sur place, soutient que les Frci doivent prendre «entièrement» leurs responsabilités. «L’armée doit rentrer dans la forêt du mont Péko pour déloger ces hommes en armes. Elle ne doit pas se contenter d’encercler la réserve. Elle ne doit pas attendre qu’ils viennent se rendre. Elle doit  prendre le taureau par les cornes. Elle doit aller les débusquer jusqu’à dans leurs derniers retranchements. Notre sécurité est précaire et fragile, bien que l’armée et la gendarmerie soient présentes depuis le samedi 18 mai dernier, dans notre village. Le président de la République doit créer une base militaire ici, afin de pacifier toute la zone », souligne-t-il. Cette préoccupation est aussi exprimée par le président des planteurs café-cacao de Bagohouo. Selon lui, les plantations occupées par les éléments d’Amadé doivent être libérées. «En septembre 2011, il y a eu un semblant de désarmement de ses hommes. Ils ont présenté des fusils de chasse, en lieu et place d’armes de guerre qu’ils continuent de détenir. Nous ne sommes pas en sécurité. Le gouvernement ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. Il doit neutraliser tous ces individus puissamment armés. Ils sont encore dans la forêt. Nos vies sont menacées par cette présence», s’inquiète D. Mahou Jean-Marie. A en croire cet interlocuteur, si les choses ne vont pas vite débarrasser le mont Péko des clandestins et autres bandes armées, il faut craindre une catastrophe humanitaire. Dans la mesure où, justifie-t-il, les produits viviers et les tubercules se trouvent dans la forêt occupée par les éléments d’Amadé. Ses propos sont renchéris par N. Blahi Angéla, mère de trois enfants. « On ne peut pas se rendre dans la forêt où se trouvent nos plantations de manioc. Pour le moment, nous bénéficions de l’aide alimentaire de certaines Ong. Mais si la situation perdure, on risque de mourir de faim ici. Nos cultures sont en brousse. On a peur de rentrer dans la forêt à cause des hommes armés. Nous demandons au président de la République de veiller sur notre sécurité », insiste la jeune femme, en sollicitant l’aide de la Première dame dans le cadre du Fond d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (Faf-CI). Selon elle, la présence des Frci et de la gendarmerie doit s’inscrire dans la durée. «Il faut une base militaire permanente dans notre village et dans le périmètre de la forêt classée. L’arrestation de celui qui était au mont Péko (sans doute encore traumatisée, elle refuse de prononcer le nom d’Amadé Ouérémi) était nécessaire mais pas suffisante pour garantir la sécurité et la paix dans notre village. Le reste de son groupe doit être arrêté», ajoute-t-elle. Le cri de cœur des populations semble être entendu. Ibrahim Sankara, imam de la mosquée de Bagohouo ; Ouédraogo Abdoulaye, vice-président de la communauté des ressortissants du Burkina Faso et Ibrahim Soré, président des jeunes Burkinabé de Bagohouo affirment en chœur qu’ils ne ménages aucun effort pour sensibiliser leurs compatriotes à quitter le maquis,- afin de faciliter leur réintégration sociale. 

 Les doléances des Frci

Le lieutenant Bamba Ben, commandant des Frci basées à Duékoué et chef des opérations de sécurisation du mont Péko, explique que les ratissages entrepris depuis l’arrestation d’Amadé Ouérémi ont permis d’appréhender une dizaine d’individus qui ne seraient pas armés. Selon lui, ils ont été placés en garde à vue à la brigade de gendarmerie locale pour nécessité d’enquête. « Nous avons reçu pour mission d’interpeller Amadé Ouérémi. C’est ce qui a été fait. Ce jeudi 16 mai à partir de 18 h, son campement avait été déjà encerclé par nos hommes en vue de le récupérer de gré ou de force. Ce jour-là, aux environs de 23h, l’ordre est tombé d’Abidjan de le prendre vivant et sans effusion de sang. Nous avons exécuté l’ordre. Nous l’avons pris et on l’a fait partir à Abidjan, le samedi 18 mai. Actuellement, c’est la sécurisation et le contrôle de la zone que nous faisons. Pour cela, on est avec la gendarmerie et les eaux et forêts. Nous avons interpellé une dizaine de personnes que nous avons mises à la disposition de la gendarmerie. La sécurisation de la zone se poursuit jusqu’à nouvel ordre», rassure l’officier subalterne, interrogé à la base des Frci de Duékoué logée au sein de l’Office ivoirien des parcs et réserves (Oipr).  Cependant, relève-t-il, ses hommes et lui sont confrontés à des difficultés dans l’accomplissement de leur mission. « Nous avons d’énormes problèmes au niveau de la santé de nos hommes. Nous n’avons pas assez de médicaments. A Bagohouo, il n’y a pas d’eau courante. Les moyens tardent à venir. Les éléments tombent malades ; ils sont exposés aux maladies hydriques telles que le choléra. On ne peut pas les soigner convenablement. C’est un véritable problème. Nous avons urgemment besoin de médicaments et d’eau courante », interpelle-t-il la hiérarchie militaire. « Notre interlocuteur souligne que les opérations de pacification du mont Péko se déroulent selon un plan bien précis. A partir du Pc (poste de commandement, ndlr) nous projetons les éléments sur ces différentes zones. Nous ne voulons pas travailler de manière désordonnée. C’est pour cela,  que nous travaillons, en collaboration avec les éléments de la gendarmerie et les agents des eaux et forêts qui maîtrisent mieux la forêt. Nous faisons ensemble les différentes battues.

Le sort réservé aux hommes d’ Ouérémi

Si l’ancien homme fort de la réserve naturelle du mont Péko classée patrimoine mondiale a été appréhendé, la question du désarmement de ses éléments qui se sont fondus dans la nature est prise au sérieux par l’Autorité du désarmement, de la démobilisation et de réintégration (Addr). Aux questions de savoir quel est le sort réservé aux hommes d’Amadé Ouérémi, quelle est la stratégie sera adopter pour les prendre et les opportunités qui seront offertes à ceux qui voudront déposer les armes, Karna Soro, chef de division de l’Addr confie que : « le conseil national de sécurité a voulu que l’opération soit encadrée de façon professionnelle. Donc, les militaires ont planifié leur activité. Ils ont fait leur travail sous le mandat qui leur avait été confié par les autorités. Dès l’arrestation du chef de la milice locale (Amadé Ouérémi, ndlr), automatiquement, l’Addr est entrée en jeu pour, premièrement, offrir aide, protection et assistance à l’ensemble des combattants, à leurs proches et aux personnes associées qui se réclament de ce monsieur. Deuxièmement, elle a mis en place un mécanisme de prise en charge de toutes ces personnes. Troisièmement, elle a procédé à leur réintégration après une relocation. La prise en charge, s’entend désarmement de ces personnes ». Concernant la méthode appliquée, il explique qu’il s’agit d’un système en arbre. «On a mis en place quatre équipes mobiles. Chaque équipe comprend des personnels de l’Addr, des psychologues, du personnel médical, un représentant des Frci spécialisé dans l’armement, un représentant du chef de la communauté local. Ces unités mobiles vont se rendre dans chaque campement. On a fait un inventaire, sur carte détaillée. Cela va prendre deux semaines. Les équipes vont procéder à une sensibilisation des gens, à un désarmement éventuel et à une confirmation de leur projet de vie. Le président de la République, dans le souci d’éviter une catastrophe humaine, a demandé qu’on mette en place un plan qui soit progressif. Il répond à une norme humanitaire qu’on appelle le Donoarme. Il a pour principe, lorsque vous engagez une opération humanitaire, de la baliser de sorte qu’elle ne crée pas plus de problème que vous voulez en résoudre. Les femmes et les enfants sont dans les campements car ils ont de quoi survivre.  Progressivement, leur prise en main va se faire», assure-t-il en précisant que sur les 120 combattants d’Amadé Ouérémi profilés en septembre 2011, 98% sont des illettrés. Ensuite la moyenne d’âge se situe autour de 32 et 35 ans. Selon lui, 80% de ces éléments ont une famille qui, elle-même a une moyenne de sept personnes. « Ils sont tous à 100% des agriculteurs bien qu’ils pratiquent des activités connexes, c'est-à-dire le commerce de pièces détachées, l’artisanat. Naturellement, c’est dans ce cadre-là que nous allons les aider à pouvoir se réinstaller quelque part et entreprendre leur activité », conclu M. Soro.  

Ouattara Moussa, envoyé spécial à Bagohouo (Duékoué)


Lég : Le campement d’Amadé Ouérémi sens dessus-dessous, après sa capture.











Encadré 2:


Ce que Amadé Ouérémi a dit aux Frci un jour avant sa capture

Les dernières conversations téléphonique entre Amadé Ouérémi et les Frci le vendredi 17 mai dernier à 15h avant sa capture le lendemain par le lieutenant Coulibaly Moussa et ses hommes:  « Moi je n’ai rien dans ma main. Je ne suis pas armé. Mais si vous me cherchez alors vous allez me trouver sur votre chemin. Je ne vais pas dormir. Si vous vous voulez me tuer alors je ne vais pas dormir. Moi, aussi je vais faire ce que je peux faire. Moi, je suis sûr que Ouattara (le président de la République, ndlr) est mon papa. Je sûr que Ouattara est aussi mon président. Nous aussi au travail sur terrain. Je ne connais pas papier (la convocation que la gendarmerie devait lui remettre, ndlr). Je dois me retourner dans ma plantation. Aujourd’hui, s’il y a un problème. Qui a envoyé le problème ? Donc, si c’est pour venir me tuer je pense que ce n’est pas la solution. (Son interlocuteur lui dit qu’il va appeler sa hiérarchie pour leur demander de faire replier les éléments des Frci position à Béhnou-Mahouen, ndlr). La forêt du mont Péko n’a pas sous mon contrôle. Moi, je ne suis qu’un simple planteur de café et de cacao. On ne peut venir tuer quelqu’un sans raison valable. Au nom de quel principe on peut fait ça. Moi, je ne veux pas mourir. Nous avons travaillé ensemble. Nous sommes des frères et des sœurs. Ça ne sert rien aujourd’hui de s’entretuer. Nous sommes ensemble dans le village (Bagohouo, ndlr). Nous célébrons ensemble toutes les cérémonies de réjouissance telles que les baptêmes,  les  mariages. Mais aussi nous partageons les moments de tristesse à savoir les cas de décès. Donc, nous sommes une famille. Moi, je ne comprends pas ce que les gens veulent faire. Je n’ai jamais dit que je ne vais quitter la forêt. Je ne veux pas salir mon nom de cette affaire-là. Je ne veux pas déranger quelque chose. Je veux vivre en paix. Je ne veux pas déclare de guerre contre quiconque. Je ne veux pas tuer quelqu’un. Je n’ai jamais tué un être humain. Les gens qui sont-là, je ne sais même pas qui sont-ils. Je ne sais pas si ce sont des miliciens ou des mercenaires. C’est le problème qui est là. S’ils veulent me tuer alors je ne laisserai pas faire. Je vais aussi les attaquer. Je ne vais pas dormir. Il faut leur dire de faire tout ce qu’ils peuvent faire parce que s’ils veulent me tuer moi aussi je vais les tuer. Si vous tirez un seul coup de feu alors moi je vais riposter. On ne va pas dormir. On va régler pour de bon cette situation. Je suis prêt. Je connais la loi. Je ne vole pas. Je ne tue pas. Je ne fais pas palabre avec quelqu’un. Je ne promène ni au marché ni au village. Aujourd’hui, on met sur mon dos tous les problèmes alors que je ne suis pour rien dans cette affaire. Dieu ne dort pas. Donc, il faut dire à tes patrons de demander à ceux qui sont-là de quitter. Les gens d’Abidjan disent qu’ici il n’y a pas de sécurité. Nous sommes en sécurité ici. On n’a jamais ramassé de cadavres chez nous ici. Personne n’a détruit une maison ici. Est-ce que vous voulez que tout le monde soit en guerre ici. Voici la vérité. Ils ne savent pas qui je suis. Je suis partout même à Duékoué. Je suis partout. Je vois partout. M’importe où vous vous trouvez je suis là-bas aussi. Pourquoi vous vous mettre ça entre nous. Moi, je me débrouille. Demandez aux Guérés qui sont à Bagohouo, je suis un planteur. Je ne vis que de la récolte de mes plantations. C’est que j’ai à vous dire.» Amadé Ouérémi met fin brutalement à la communication. Les heures qui ont suivi, il a été appréhendé par les Frci. Conduit à la base de l’armée de Duékoué, M. Amadé est transféré à Abidjan à bord d’un hélicoptère de l’armée de l’air.


Propos retranscrit par OM, envoyé spécial à Duékoué 





L'ex-chef milicien Amadé Ouérémi arrêté le samedi 18 mai 2013 dans son campement par les Frci 


Encadré 2:


Fiche d’identité du Mont Péko
Sur une superficie de 36.000 hectares, la forêt classée du Mont Péko se trouve à 10 kilomètres du village de Bagohouo, situé à 25 kilomètres de la capitale de la région du Guémon sur l’axe Duékoué-Facobly. C’est l’un des huit parcs nationaux classés patrimoine mondial.  Il tire son nom du mont Péko qui culmine à plus de 1000 mètres. Avant le 19 septembre 2002, c’est l’organisation non gouvernementale canadienne dénommée  «birdlife»  qui assurait sa gestion en partenariat le ministère des Eaux et forêts. Il est renommé pour sa végétation (flore de montagnes et de forêt primaire). De climat de montagnes, chaud et humide, le parc baigne dans le bassin versant du fleuve Sassandra. Le parc possède une faune importante et variée, composée entre autres : d'éléphants ; de panthères ; de buffles ; de céphalophes ; de singes, etc. Mais ces espèces sont en voie de disparition du fait de la pression démographique et des effets collatéraux (braconnage, création de plantations de cacao et d’hévéa, ndlr) des crises armées déclenchées en septembre 2002 et celle de la période postélectorale de décembre 2010 à avril 2011. L'accès au parc est assuré par plusieurs pistes contrôlées par les hommes d’Ourémi Amadé. En plus, les travaux de construction d’un pont et l’ouverture de deux grands axes routiers entrepris par l’homme fort du mont Péko sont autant d’actions qui augmentent la pression humaine sur cette réserve naturelle.   


OM, envoyé spéciale à Bagohouo (Duékoué)



Encadré 3 :


Qui a emporté les 900 millions d’Amadé Ouérémi ?

Selon nos informations, après l’arrestation d’Amadé Ouérémi dans la matinée du samedi 18 mai dernier par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), son domicile du mont Péko a été pillé. D’après nos sources dont nous taisons les identités pour des raisons de sécurité, la somme de 900 millions Fcfa a été emportée. Sur la centaine de mobylettes de type Ktm en sa possession, seulement une trentaine a été retrouvée à la date du vendredi 24 mai dernier. « Des gens ont fait main basse sur la somme de 900 millions Fcfa d’Amadé. Voyez-vous, le ‘’vieux’’ (parlant d’Amadé Ouérémi) gardait sur lui tout ce qu’il avait comme argent. Il a été pris de court par l’opération. Donc, il avait sur lui près de 900 millions FCfa. En plus, sur cent mobylettes, environ trente ont été retrouvées. Où est passé le reste ? Les chambres de ses épouses ont été également passées au peigne fin. A votre avis, qu’est-ce que les gens recherchaient ? La consigne de la mission était claire : prendre vivant Amadé Ouérémi. Les gens se sont donnés d’autres missions », fait remarquer un de nos interlocuteurs. Cette accusation est-elle fondée ? Interrogés, des officiers de la grande muette locale ont battu en brèche ces allégations. « Nous sommes une armée professionnelle. Notre mission était la suivante : arrêter  Amadé Ouérémi vivant, sans effusion de sang. Ce qui a été fait. Après cela, tout ce qui se dit ne sont que des chimères», se dédouane-t-on.

OM, envoyé spécial à Bagohouo 


Interview avec:  
   
Jean Sérou Djiéhi, chef du village de Bagohouo :

«Nous savions qu’un jour, le cas Amadé allait être réglé»

Jean Sérou Djiéhi, chef du village de Bagohouo explique les conditions de l’occupation de la forêt du mont Peko par Amadé Ouérémi et ses hommes. 

Comment avez-vous réagi, après l’arrestation d’Amadé Ouérémi ?

Nous vivions en parfaite harmonie avec lui. Il était casé dans son coin. Nous n’avions aucun problème avec lui ; cela était réciproque. Nous, les autochtones (Guéré, ndlr), vivons en parfaite intelligence avec nos frères étrangers venus des pays de la sous-région.

Quels sont les sentiments qui vous ont habités, lorsque vous avez appris la capture d’Amadé Ouérémi ?

Aujourd’hui, nous avez vu et entendu à travers la presse nationale et internationale que tout le monde parle de ce Ouérémi. Si aujourd’hui, le gouvernement a pris l’initiative de l’appréhender, je pense que le gouvernement a fait son travail. La forêt classée du mont Péko est un bien gouvernemental. Il occupait cette forêt. Cela nous gênait mais le gouvernement était aussi embarrassé par cette situation. Le fait que les plus hautes autorités du pays ont décidé de l’enlever de là, c’est une bonne chose. Le gouvernement a fait son travail. Il doit terminer le travail en démantelant toute cette bande armée.  

Depuis quand la réserve naturelle du mont Péko a été occupée par Amadé Ouérémi ?

Il s’est véritablement installé depuis la guerre de septembre 2002. C’est à cette date que nous avons constaté qu’il a occupé la forêt.

Bien avant le 19 septembre 2002, est-ce que le parc était déjà occupé par des clandestins ?

Ce que nous avons vu, c’est qu’avant le déclenchement de la crise armée de 2002, des allogènes sont venus de la sous-préfecture de Guézon. Ils étaient au nombre de dix-sept personnes. Ils sont rentrés dans la forêt. Lorque nous avons appris cette nouvelle, alors nous les avons rappelés à l’ordre. Nous leur avons dit de quitter la forêt, parce que nous-mêmes qui sommes les gardiens de cette forêt, nous n’y avons pas accès. Donc, il était hors de cette question que d’autres personnes viennent s’y installer.  Elles nous ont répondu en disant que de gré ou de force elles vont rentrer dans la réserve pour l’occuper. C’est ainsi qu’elles se sont installées.

Quelles sont les activités qu’elles y menaient ?

Ces personnes-là pratiquaient l’agriculture. Elles ont créé des plantations de cacao et de café. Amadé Ouérémi faisait partie de ce groupe de personnes. Nous avons les habitations de nos parents qui font frontière avec la forêt classée. Quand ils les ont vu, ils sont venus nous informer. Malgré les interpellations, elles ont fait la sourde oreille en occupant la forêt. Au départ, il y avait seulement dix-sept personnes. Mais très vite, ce nombre s’est accru.
Pendant cette occupation illégale du parc, quels étaient vos rapports avec Amadé Ouérémi et ses hommes ?
Il était dans la forêt avec ses hommes. Nous ne sommes pas entrés dans la réserve, bien que nous soyons les gardiens. Nous savions qu’un jour, son sort (Amadé Ouérémi, ndlr) allait être  réglé par le gouvernement. Certainement que c’est ce sort qui est réglé par son arrestation.

Comment avez-vous géré cette cohabitation avant son interpellation ?

Nous avons appris à travers la presse que Ouérémi est dans la forêt, à la tête d’une bande armée. Nous avions commencé à avoir  des inquiétudes.

De quels ordres ?

Nous ne sommes pas allés dans la forêt. Donc, on ne savait pas avec qui il était là-bas. Il se posait alors des inquiétudes sécuritaires pour le village et les habitants. Il y a une bande armée dans le mont Péko. J’avoue que la cohabitation était difficile. Cependant, nous n’avons ménagé aucun effort pour que l’harmonie règne dans le village. Le Guéré, c’est quelqu’un qui n’aime pas les armes.  

Selon nos sources, ses hommes et lui auraient commis des exactions contre les villageois.

Il n’y a jamais eu d’attaques venant de lui contre les villageois. Les attaques se faisaient entre lui et les militaires. Nous n’étions pas mêlés à ces affaires. On ne peut pas se battre avec quelqu’un qui a une arme à feu, pendant que vous n’avez pas une aiguille ; vous comprenez ? Amadé Ouérémi et ses hommes n’ont jamais attaqué les populations civiles. C’est plutôt à Duékoué, au quartier Carrefour qu’il aurait commis des tueries. Nous n’étions pas là-bas. On nous a rapporté ces faits. Moi, j’étais à Abidjan dans la période du 28 au 29 mars 2011. Je suis arrivé en mai de la capitale économique. Quand je suis rentré au village, on m’a dit que c’est lui et ses éléments qui ont tué les gens au quartier Carrefour de Duékoué. Je précise qu’en tant que chef, ce sont des faits qui ont été portés à ma connaissance. Mais, il faut vérifier si effectivement c’est lui qui est l’acteur de ces crimes. Je ne peux ni confirmer ni infirmer. Pour ce faire,  je pense que le gouvernement doit ouvrir une enquête.

Craignez-vous des représailles de la part de ses éléments ?

Nous sommes rassurés par la présence, ici, dans le village, des militaires. Ils sont là. Ils nous ont dit de compter sur eux. Ils nous ont assurés qu’ils vont veiller sur notre sécurité de jour comme de nuit. Nous ne craignons pas de représailles des hommes d’Amadé Ouérémi. Les militaires nous ont demandé de ne pas nous affoler. Il y a une présence massive de militaires et de gendarmes. Je pense qu’il est impossible pour les éléments d’Amadé Ouérémi de mener des représailles contre les populations.

Quelles sont les actions que vous avez entreprises, invitant les populations à la retenue ?

Nous avons entrepris des compagnes de sensibilisation. Dès le lendemain de l’arrestation de Ouérémi, j’ai tenu une série de réunions avec mes administrés. J’ai aussi rencontré tous les chefs de communautés étrangères. Nous avons fait passer des messages de paix et de non-vengeance. Nous vivons ensemble depuis des années. Ce n’est pas l’arrestation d’un individu qui va mettre à mal la cohésion sociale. Le message a été reçu cinq sur cinq. Nous vivons en parfaite harmonie. Le mur de méfiance s’est déjà brisé.

Comment entrevoyez-vous l’avenir de votre village ?

Notre avenir se trouve dans la main du gouvernement, parce qu’il a dit, dès que Ouérémi a été appréhendé, que l’opération de désarmement sera automatiquement lancée. Si le désarmement se fait, les opérateurs économiques font venir. La présence d’une bande armée dans la forêt fait peur aux investisseurs. Mais si cette opération est conduite à son terme, alors les opérateurs économiques font affluer vers notre village et le parc du mont Péko qui est une richesse nationale et mondiale. Ils viendront ici pour investir. Il est vrai qu’en septembre 2011, Ouérémi et son équipe ont présenté quelques armes en présence des responsables de l’Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, ndlr). Ce sont de vieux fusils de chasse qui ont été présentés. Je veux dire que cette action n’était pas sincère. Aujourd’hui, l’Addr (Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ndlr) est venue ici. Elle nous a entretenu sur l’opération de désarmement qu’elle va mener dans les jours à venir. Cela veut dire qu’il y a les vraies armes qui sont encore dans les mains des hommes de Ouérémi. Il faut que cette opération aboutisse ; c’est important. Donc, notre village a un avenir radieux car parmi tous les quatre villages récemment érigés en sous-préfectures, nous sommes à la traîne. Après l’arrestation d’Amadé Ouérémi et le retour effectif de la sécurité, notre village pourra se développer. J’en suis certain.

Interview réalisée par Ouattara Moussa, envoyé spécial à Bagohouo (Duékoué)









Jean Sérou Djiéhi, chef du village de Bagohouo, est décédé subitement quelques jours après nous a accordé cette interview. Il a été remplacé par Dessehi Etienne(voir photo en dessous)



  

 Un mois après l’arrestation de l’ex-chef de la milice

Mont Péko : Les hommes d’Amadé Ouérémi retournent au campement 

Après un mois passé dans le maquis, les six femmes d’Amadé Ouérémi, ses enfants et ses éléments sont revenus au campement. Ils ont repris leur activité champêtre.  

Ouérémibly s’est rempli à nouveau de son monde. Cela fait aujourd’hui (18 mai-18 juin) qu’Amadé Wirimi alias Amadé Ouérémi a été arrêté dans son campement qu’il a fondé en 2000 par les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire dirigés par le lieutenant Couliblaly Moussa. Ouérémibly  est un bled situé à 10 kilomètres de la sous-préfecture de Bagohouo(village adoptif d’Ouérémi, ndlr) et à 35 kilomètres de Duékoué, dans la région du Guémon.  Les six femmes de l’ex-homme fort de la forêt classée du Mont Péko(36000hectares de superficie, ndlr)  à savoir  Awa, la première épouse, Adjara, Alima, Sali, Fatoumata et Zalifa sont retournées au campement avec leurs 26 enfants sans oublier les proches parents : cousins, neveux, oncles, tantes. Le mouvement du retour, selon notre source qui fait partie du dernier carré de l’ex-chef de la milice locale et qui a requis, a commencé deux semaines après la capture d’Amadé Ouérémi c'est-à-dire le 3 juin dernier. Joint hier par téléphone, elle nous a précisé que le mouvement vers le campement  s’est accentué les 19 et 21 juin dernier. « Nous sommes tous revenus au campement. On s’était réfugier en brousse car nous avons été surpris par l’opération. Mais nos parents ont commencé à sortir de la brousse pour venir au campement. Tout se passe bien car les forces de l’ordre et les agents de l’Addr(Autorité du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion, ndlr) nous ont mis en confiance. Les femmes et les enfants du vieux (Amadé Ouérémi, ndlr) sont là au campement. Tout le monde est venu. Nous avons repris nos activités dans les plantations et tout se passe bien », a indiqué notre interlocuteur. Nous avons recoupé l’information relative au vaste mouvement de retour des hommes d’Amadé Ouérémi dans la réserve du mont Péko.
«On a rien vu»
Ainsi, joint hier par téléphone, l’un des lieutenants des Frci en charge de l’opération de sécurisation du mont Péko basé au village de Bagohouo, a confirmé l’information. «Tout le monde est arrivé au campement. Il y a de cela plus d’une semaine que les gens sont revenus en masse dans son campement. Dans la mesure où, l’Addr les a convaincu pour qu’ils sortent de la brousse pour venir au campement. Les campagnes de sensibilisation initiées par l’Addr ont portées leurs fruits. Nous avons aussi soutenu ces actions de sensibilisation. Les choses se passent bien. Les gens sont revenus au campement. Tout le monde est là», a affirmé l’officier subalterne sous le sceaux de l’anonymat en insistant sur le fait que l’opération de sécurisation de la réserve, classée patrimoine mondiale, se poursuit. «Oui, la mission de sécurisation continue. Notre mission n’est pas pour arrêter des gens. Notre mission est d’arrêter tout simplement Ouérémi. C’est ce que nous avons fait. La mission, n’était pas d’aller arrêter quiconque. Elle était précise. Nous devrions arrêter Ouérémi. Et c’est ce que nous avons fait. Nous avons exécuté l’ordre de la hiérarchie », a-t-il répété tout restant avare sur la découverte ou non de cache d’armes.  «Non. Nous n’avons rien vu. Seul l’état-major est à mesure de vous donner plus d’informations sur cette question », s’est-il contenté d’affirmer. D’après un autre lieutenant de gendarmerie  joint également par téléphone, ils n’ont recu d’ordre pour déguerpir les occupants du Mont Péko. « Quand l’Etat va lancer l’opération de déguerpissement de la forêt du mont Péko alors ils seront obligés de quitter les lieux. Mais pour l’heure, ils sont revenus.  Tout le monde est là. Ses six femmes, ses 26 enfants ont rejoint le campement », a nous-t-il confié. Cependant, le sentiment d’insécurité est encore présent dans la conscience des habitants de Bagohouo. N. Blahi Angéla, D. Jean-Olivier et T. Habib nous ont indiqué qu’ils craignent des actions de représailles des éléments de l’ancien homme fort du mont Péko. Selon eux, les actions de sécurisation de l’armée et de la gendarmerie doivent s’inscrire sur le long terme.

Ouattara Moussa



Après son inculpation par le juge, Ouérémi attend son procès pour occupation illégale de foret classée, selon l’accusation.  



Mission du ministre de la Défense Paul Koffi Koffi à la suite de l'arrestation d'Amadé Ouérémi au Mont Péko de Duékoué. Nous avons aussi couvrir cette actualité dont voici les articles publiés au Journal dans le journal Nord-Sud quotidien. Bonne lecture.



Depuis le mont Péko/ Paul Koffi Koffi aux hommes d’Amadé Ouérémi :

« Moi, je vous donne un mois pour déposer les armes»

Le ministre de la Défense a donné un délai d’un mois aux hommes d’Amadé Ouérémi pour déposer les armes. Sinon…

Assis sur une chaise en bois sous un cocotier et donnant dos à la fameuse maison d’Amadé Ouérémi, Paul Koffi Koffi a lancé hier un ultimatum à l’endroit des éléments de l’ex-chef de la milice locale estimé à plusieurs dizaine de milliers d’ex-combattants. Nous sommes dans la forêt du mont Péko à Ouérémibly, campement fondé en 2000 par Ouérémi: « Vous devez être désarmés. Tous ceux qui ont des armes ici, moi je vous donne un mois pour déposer les armes. Si vous ne déposez les armes nous allons vous arrêter. Nous allons fouiller toutes les maisons. Ceux qui ont caché des armes dans les plantations, dans la forêt, tous ceux qui sont ici dans le parc du mont Péko doivent déposer les armes d’ici un mois. C’est un délai de rigueur. Le préfet de région et les chefs militaires qui sont-là vous diront où vous devez déposer les armes. On ne veut pas de palabre. Tranquillement, venez déposer les armes. On ne vous fera rien. Parce que si nos hommes rentrent dans la forêt et qu’on tire sur un ce ne sera pas bon pour vous. Dites aux jeunes gens qui possèdent les armes de les déposer maintenant. On ne va rien leur faire. Ils doivent déposer les armes. Parce que dans un pays ceux qui détiennent les armes ce sont les forces de l’ordre. ». En présence de Sanagré Sory, préfet de région du Guémon; de Touré Adama, sous-préfet de Bagohouo ; du cdt Konaté Lossény alias Loss, patron du bataillon de sécurisation de l’Ouest(Bso) et d’une délégation de l’Onuci dirigée par Mme Wabo Michèle de la division des affaires civiles, le ministre auprès du président de la République chargé de la Défense a aussi indiqué aux hommes d’Amadé Ouérémi qu’il leur accorde un délai de trois mois pour évacuer la réserve naturelle du mont Péko qui s’étend sur 36.000 hectares. « Vous allez évacuer les forêts. On vient d’évacuer la forêt de Nigré. C’était une forêt classée et elle était occupée par des clandestins. Nous ne sommes pas pour chasser les gens. Il faut que je le précise. On va vous donner trois mois le temps de faire les bagages pour quitter la réserve naturelle du mont Péko. L’Etat va reprendre sa place. Les jeunes du détiennent les armes il existe des programmes d’insertion initiés par l’Addr(Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ndlr). Nous ne sommes venus pour vous chasser », a-t-il rassuré. Il a mis en garde les éélments d’Amadé contre d’éventuelles attaques contre les forces de l’ordre. « Je m’adresse particulièrement à vous les jeunes gens. Les forces de sécurité arrivent et puis vous utilisez des armes pour vous défendre. C’est interdit. Si vous utilisez des armes contre nos hommes on va riposter.  On va vous arrêter. On va vous désarmer. Vous êtes devenus des ennemis de la République si vous utilisez des armes contre les forces de sécurité, contre les populations. On ne veut pas de coupeurs de route. Pas de braqueurs. Pas de voleurs dans les domicilies. Pas de viols. Pas d’attaques à main armée sur des convois. C’est illégal. On vous arrête. On vous désarme. Et la justice s’occupera de vous », a-t-il prévenu.
«Amadé Ouérémi n’a pas respecté la loi»

Paul Koffi Koffi a expliqué aux nombreux éléments de l’ex-homme fort du mont Péko les raisons de l’arrestation de leur maître le samedi 18 mai dernier.  D’après le ministre, Almadé a été appréhendé parce qui s’est opposé à la loi en défiant l’autorité de l’Etat.  « (…) Ici en particulier, c’est un parc national c'est-à-dire que c’est une forêt classée. C’est parce qu’ici il y a des essences essentielles, donc l’Etat doit protéger ce parc. C’est un endroit oiu on ne peut pas venir s’installer et faire des cultures. C’est pour cela que nous avons arrêté votre frère. Deuxième chose qu’il a faite. Il y a eu des problèmes au sein de sa famille. Il a menacé les villageois avec ses armes et avec ses hommes. Dans un pays, tout le monde ne doit pas détenir des armes. Dans tous les pays du monde il faut avoir une autorisation de port d’arme. Sinon si vous utilisez des armes et que vous avez des hommes armés avec vous-même si c’est pour votre propre sécurité, ça s’appelle une milice. L’Etat n’autorise pas les milices. On combat les milices. La police, la gendarmerie et l’armée sont chargées de la sécurité des personnes et des biens. Vous ne pouvez pas rentrer dans les forêts si les forces régulières vous trouvent dans les forêts classées elles vont vous arrêter. Elles vont vous désarmer. C’est ce qu’on fait à votre frère (Amadé Ouérémi, ndlr). On n’était pas contre lui. Il n’a pas respecté la loi.  C’est pour cela que nous sommes venus aujourd’hui (hier, ndlr) avec tous les chefs des forces de l’ordre de la région. Ils sont commandés par le préfet. L’Etat reprend la forêt du mont Péko. Ce parc appartient à l’Etat », a insisté le commandant en second de l’armée.   Ce message a été reçu cinq sur cinq. Sankara Bouéréima, imam et porte-parole de la communauté Burkinabé a souligné qu’ils sont à la disposition des autorités pour les aider à trouver des solutions durables pour un retour définitif de la paix dans le bled. «Nous sommes tous des frères. Elles nous ont demandé d’appeler tous nos frères qui avaient fui pour se cacher dans la forêt. Tout le monde est revenu. Et nous sommes ouverts à la discussion pour trouver des solutions durables. Les forces de l’ordre nous respectent. Elles n’ont pas commis de violences contre nous. Nous faisons confiance aux autorités pour le respect des engagements pris. Nous allons faire notre part pour que la paix soit définitif ici à Bagohouo», a-t-il déclaré. Même son de cloche auprès du nouveau chef de village de Bagohouo, Dessehi Etienne soutenus par ses pairs des villages satellites à savoir Yrozon, Guinglo-Zia, Blody.

Ouattara Moussa, envoyé spécial à Bagohouo



















Lég : Le ministre Paul Koffi Koffi a adressé un langage de vérité aux éléments de l’ex-homme fort du mont Péko        



    
       
  
   
        




     







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