Entretien
Lamoussa Diabaté, chef des dozos de Toumodi :
«Nous
attendons l’ordre du Cdt Koné Zakaria»
Sommés
par le ministre-délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, de quitter le champ de
la sécurisation des biens et des personnes, les dozos, par la voix du président
de la Confrérie des dozos de Côte d’Ivoire (Codoci), section de Toumodi), ont
soutenu, lundi à la salle de réunion de la préfecture de Toumodi, qu’ils
attendent les instructions fermes du commandant Koné Zakaria.
Comment
réagissez-vous, face aux accusations selon lesquelles des dozos (chasseurs
traditionnels) seraient les auteurs des attaques contre les gendarmes et les
policiers à Yamoussoukro?
Pour nous, c'est un
faux problème. Les gens qui portent les habits de dozo pour attaquer, ne sont
rien d’autres que des bandits qui auraient pu s'habiller en treillis militaire,
pour agresser les gens. Si le bandit a porté une tenue de la gendarmerie, dira-t-on
que ce sont des gendarmes qui ont attaqué ? Si le malfrat porte une tenue
des Frci (Forces républicaines de Côte d'Ivoire, ndlr) pour semer le trouble,
dira-t-on aussi que ce sont les militaires qui ont agressé ? Dans tous les
corps de métier, il existe des brebis galeuses. Nous condamnons fermement les
attaques contre les gendarmes de Yamoussoukro parce que la discipline existe au
sein de la confrérie dozo. Nous prêtons serment dans la forêt sacrée. Un dozo
qui ne respecte pas la loi, s'expose à des sanctions qui peuvent aller jusqu'au
châtiment ultime.
Que
faites-vous pour assainir vos rangs?
Nous avons des réunions
mensuelles à Abidjan avec le colonel Touré, le président de notre organisation.
En ce moment, il y a un grand rassemblement de dozos qui se tient à Kani. Nous
avons des spécialistes à San Pedro. Ils sont chargés de rechercher et de
rattraper les bandits de grand chemin et autres criminels. A Toumodi, Vous
l'avez certainement appris, nous avons pris en main la question de
l'insécurité. Certes, il existe la police, la gendarmerie et les sociétés de
gardiennage, mais les attaques de domiciles étaient récurrentes. Face à cette
situation, il fallait réagir. Nous avons mis en place une unité d'élite de
dozos pour traquer les bandits. Nous avons mené des opérations pour neutraliser
ces gangsters. Il existait un célèbre malfrat du nom de "l'homme à la
kalach". Il semait la terreur dans la ville ; les gendarmes n'ont pas
pu le maîtriser.
Nous l’avons
appréhendé ; il a été jugé et condamné par le tribunal de Toumodi. Il a écopé
de vingt ans de prison
On
a l'impression que vous avez engagé un bras de fer avec les forces de l'ordre.
Il n'y a jamais eu de
bras de fer. Le commandant Koné Zakaria est un dozo. Il est l'un de nos
patrons. Nous exécutons ses ordres. Le commandant Chérif Ousmane est aussi un
dozo; nous obéissons à ses instructions. Dans l'armée, c'est la discipline.
Dans la confrérie des dozos, c'est aussi la discipline. Ce qui s'est passé à
Yamoussoukro est condamnable. Dans tout
corps, il y a des brebis galeuses. Il y a des gens qui ne sont pas de la confrérie.
Ils attaquent les forces de l'ordre. Ce qui n’est pas normal. Il faut respecter
la loi. Le président Alassane Ouattara nous a dit que la guerre est finie et
qu'on doit se respecter. La justice est là. Les forces de l'ordre sont
présentes. Nous les respectons. Nous travaillons en symbiose. Elles nous
sollicitent régulièrement pour intervenir, lorsque des coupeurs de route sont
en train d’opérer. Nous intervenons pour aider les forces régulières dans leur
mission de sécurisation des personnes et des biens. Le gouvernement a lancé
l’opération de recensement des dozos. A la fin de cette action, chaque dozo
aura une carte attestant sa qualité. Il y a les dozos un peu partout : en
Sierra-Léone, au Burkina Faso, au Mali, en Guinée. Ici, on ne sait pas qui est
qui. Donc, cette opération d'identification est la bienvenue.
Combien
de dozos avez-vous déjà recensé à Toumodi?
Nous avons 130
éléments. Il existe un registre dans lequel nous enregistrons toutes les
informations. Il s'agit du nom et de la photo d'identité de l’élément. Le colonel
Touré, les commandants Koné Zakaria et Chérif Ousmane sont mes patrons. Il
suffit qu'ils disent: « les dozos, on ne veut plus vous voir, alors nous
allons exécuter l'ordre ». Nous attendons l’ordre du commandant Koné
Zakaria. Le gouvernement a donné un ordre. Mais nous, les dozos, avons des
patrons dont les commandants Chérif Ousmane et Koné Zakaria. Nous attendons
l'ordre de nos patrons. S'ils nous disent de quitter le terrain, alors nous
allons exécuter à la lettre les instructions.
Réalisé
par Ouattara Moussa, envoyé spécial à Toumodi
Quelques photos de la mission:
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