mercredi 25 septembre 2013


Entretien
Lamoussa Diabaté, chef des dozos de Toumodi :

«Nous attendons l’ordre du Cdt Koné Zakaria»


Sommés par le ministre-délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, de quitter le champ de la sécurisation des biens et des personnes, les dozos, par la voix du président de la Confrérie des dozos de Côte d’Ivoire (Codoci), section de Toumodi), ont soutenu, lundi à la salle de réunion de la préfecture de Toumodi, qu’ils attendent les instructions fermes du commandant  Koné Zakaria.

Comment réagissez-vous, face aux accusations selon lesquelles des dozos (chasseurs traditionnels) seraient les auteurs des attaques contre les gendarmes et les policiers à Yamoussoukro? 

Pour nous, c'est un faux problème. Les gens qui portent les habits de dozo pour attaquer, ne sont rien d’autres que des bandits qui auraient pu s'habiller en treillis militaire, pour agresser les gens. Si le bandit a porté une tenue de la gendarmerie, dira-t-on que ce sont des gendarmes qui ont attaqué ? Si le malfrat porte une tenue des Frci (Forces républicaines de Côte d'Ivoire, ndlr) pour semer le trouble, dira-t-on aussi que ce sont les militaires qui ont agressé ? Dans tous les corps de métier, il existe des brebis galeuses. Nous condamnons fermement les attaques contre les gendarmes de Yamoussoukro parce que la discipline existe au sein de la confrérie dozo. Nous prêtons serment dans la forêt sacrée. Un dozo qui ne respecte pas la loi, s'expose à des sanctions qui peuvent aller jusqu'au châtiment ultime.

Que faites-vous pour assainir vos rangs?
Nous avons des réunions mensuelles à Abidjan avec le colonel Touré, le président de notre organisation. En ce moment, il y a un grand rassemblement de dozos qui se tient à Kani. Nous avons des spécialistes à San Pedro. Ils sont chargés de rechercher et de rattraper les bandits de grand chemin et autres criminels. A Toumodi, Vous l'avez certainement appris, nous avons pris en main la question de l'insécurité. Certes, il existe la police, la gendarmerie et les sociétés de gardiennage, mais les attaques de domiciles étaient récurrentes. Face à cette situation, il fallait réagir. Nous avons mis en place une unité d'élite de dozos pour traquer les bandits. Nous avons mené des opérations pour neutraliser ces gangsters. Il existait un célèbre malfrat du nom de "l'homme à la kalach". Il semait la terreur dans la ville ; les gendarmes n'ont pas pu le maîtriser.
Nous l’avons appréhendé ; il a été jugé et condamné par le tribunal de Toumodi. Il a écopé de vingt ans de prison

On a l'impression que vous avez engagé un bras de fer avec les forces de l'ordre.
Il n'y a jamais eu de bras de fer. Le commandant Koné Zakaria est un dozo. Il est l'un de nos patrons. Nous exécutons ses ordres. Le commandant Chérif Ousmane est aussi un dozo; nous obéissons à ses instructions. Dans l'armée, c'est la discipline. Dans la confrérie des dozos, c'est aussi la discipline. Ce qui s'est passé à Yamoussoukro est condamnable.  Dans tout corps, il y a des brebis galeuses. Il y a des gens qui ne sont pas de la confrérie. Ils attaquent les forces de l'ordre. Ce qui n’est pas normal. Il faut respecter la loi. Le président Alassane Ouattara nous a dit que la guerre est finie et qu'on doit se respecter. La justice est là. Les forces de l'ordre sont présentes. Nous les respectons. Nous travaillons en symbiose. Elles nous sollicitent régulièrement pour intervenir, lorsque des coupeurs de route sont en train d’opérer. Nous intervenons pour aider les forces régulières dans leur mission de sécurisation des personnes et des biens. Le gouvernement a lancé l’opération de recensement des dozos. A la fin de cette action, chaque dozo aura une carte attestant sa qualité. Il y a les dozos un peu partout : en Sierra-Léone, au Burkina Faso, au Mali, en Guinée. Ici, on ne sait pas qui est qui. Donc, cette opération d'identification est la bienvenue.

Combien de dozos avez-vous déjà recensé à Toumodi?
Nous avons 130 éléments. Il existe un registre dans lequel nous enregistrons toutes les informations. Il s'agit du nom et de la photo d'identité de l’élément. Le colonel Touré, les commandants Koné Zakaria et Chérif Ousmane sont mes patrons. Il suffit qu'ils disent: « les dozos, on ne veut plus vous voir, alors nous allons exécuter l'ordre ». Nous attendons l’ordre du commandant Koné Zakaria. Le gouvernement a donné un ordre. Mais nous, les dozos, avons des patrons dont les commandants Chérif Ousmane et Koné Zakaria. Nous attendons l'ordre de nos patrons. S'ils nous disent de quitter le terrain, alors nous allons exécuter à la lettre les instructions.             

Réalisé par Ouattara Moussa, envoyé spécial à Toumodi



Quelques photos de la mission: 






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