jeudi 31 juillet 2014

Accusé d’escroquerie et d’extorsion de fonds Le directeur de la Bsic devant la cour d’appel

Accusé d’escroquerie et d’extorsion de fonds

Le directeur de la Bsic devant la cour d’appel

Salif Kéita Nambala a été déclaré, hier, non coupable des faits de tentative d’escroquerie et d’extorsion de fonds par le tribunal correctionnel d’Abidjan-Plateau. Bien que régulièrement cité, le prévenu n’a pas comparu. La Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (Bsic) en sa qualité de civilement responsable, était représentée par Aly Gérard Djiohou, son directeur des affaires juridiques, assisté de son avocat, Me Lassiney Katan Camara. Ce dernier s’est réjoui de l’acquittement de son client. Toutefois, le bras de fer judiciaire se poursuit entre la défense et la partie civile.  Ainsi, le  directeur général de la Bsic a été traduit aussitôt devant la cour d’appel. «(…) C’est une décision qui a été rendue en premier ressort. Donc elle est susceptible d’appel. Nous serons devant la cour d’appel où nous allons faire valoir que le droit est avec notre client. Nous estimons que les clients des banques sont en danger. Nous considérons que l’attitude du directeur de la Bsic constitue une infraction à la loi pénale. C’est une tentative d’escroquerie et d’extorsion de fonds. Nous aurons l’occasion devant la cour d’appel de démontrer les insuffisances de la décision rendue en premier ressort par le tribunal correctionnel d’Abidjan», ont déclaré Mes Bédi Donald Parfait et Méité Abdoulaye, les avocats du plaignant en la personne de S.Y, directeur des Etablissements de Services pétroliers (Esp). Selon eux, il faut que la cour d’appel puisse sanctionner cette décision afin que force reste à la loi «pour que les droits des justiciables soient sauvegardés». «C’est ce qui justifie le double degré de juridiction. Un juge peut faire une certaine appréciation de la loi qui peut ne pas être la bonne. L’opportunité est offerte au justiciable de recourir à la cour d’appel », a soutenu Me Méité en ajoutant que son client et lui ont décidé de relever de cette décision dès demain (aujourd’hui, ndlr). «Cette décision du juge, pour nous, n’est pas la juste appréciation de la loi», a-t-il critiqué.    
Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut remonter à janvier 2012. La société anonyme dénommée «Etablissement de Services pétroliers» dite Esp,  exerçant dans le domaine de l’hydrocarbure et ayant pour  administrateur le sieur S.Y, conclut une convention de compte courant le 17 janvier 2012 avec la Bsic.  Dans le cadre de cette convention, elle obtient une ligne de crédit et autres prêts à court terme pour financer ses activités. Mais tout se gâte entre le banquier et son client en juillet dernier. Selon Me Méité, la Bsic, s’estimant créancière de sa cliente d’un montant d’environ 400 millions FCfa, a initié une procédure de recouvrement qui est pendante devant «les juridictions compétentes». D’après notre interlocuteur, sa cliente (la société) soutient ne plus devoir à la banque pour s’être entièrement acquittée de sa dette. Et Me Bédi Donald Parfait d’ajouter que «dans le cadre de cette procédure, la cour d’appel a même ordonné une expertise à l’effet de faire les comptes entre les parties». A en croire les deux avocats, c’est dans cette entente que la société Bsic s’est fait délivrer par le greffe du tribunal de commerce d’Abidjan un "bout de papier" dénommé formule exécutoire.  «Sur la base de ce papier, et uniquement sur cette base, elle a entrepris plusieurs mesures d’exécution forcée notamment des saisies attribution aussi bien sur les comptes bancaires de notre cliente, qu’entre les mains de certains de ses partenaires privilégiés», déclare Me Bédi en dénonçant le fait que le papier litigieux ait été obtenu par des voies  frauduleuses.

Ouattara Moussa



Mes Méité Abdoulaye et Bédi D. Parfait (en lunettes) ont relevé appel de la décision rendue en premier ressort. 




Tribunal d’Abidjan-Plateau Course-poursuite entre les policiers et un détenu






Tribunal d’Abidjan-Plateau

Course-poursuite entre les policiers et un détenu

Nous sommes dans la grande salle d’audience de la cour d’appel près le tribunal d’Abidjan-Plateau. L’audience de ce mercredi 16 juillet est ouverte.  Les accusés défilent à la barre sans que le tribunal ne prononce aucune peine. Celui-ci renvoie les différents dossiers pour délibération en octobre prochain. Il est 12 heures 30 minutes lorsque le juge appelle Koffi Mathurin à la barre. Au même moment, une forte pluie tombe sur le Plateau. Le détenu assis dans la deuxième rangée du box des accusés se lève. Il descend les marches. Il avance nonchalamment et se présente au tribunal les mains libres. Il porte un pantalon jean de couleur bleue et une chemise grise manche courte.  Il chausse des baskets. Le président de la cour dévoile son identité et lit le chef d’accusation. Le prisonnier a été condamné en première instance à cinq ans de prison  ferme. Le juge pénal l’avait déclaré coupable des faits d’escroquerie et d’abus de confiance. Mathurin a fait appel de la décision rendue. Il n’est pas d’accord avec la peine prononcée contre lui par le tribunal correctionnel. Le président de la cour remet le dossier en octobre pour délibération. C’est-à-dire après les vacances judiciaires qui débutent à la fin du mois de juillet. Il ordonne au détenu de reprendre sa place. Mathurin se retourne. Il fait semblant de suivre les instructions du policier. Ce dernier lui fait un geste de la main pour lui demander de s’asseoir dans le couloir en compagnie d’autres détenus. De coutume, ils sont parqués avant d’être escortés par les agents, les mains liées les uns aux autres, vers le violon du parquet. C’est de là-bas qu’ils sont transportés dans le cargo à destination de la grande maison de détention de Yopougon. Mais Mathurin a un autre plan. L’homme de 36 ans  profite de la seconde d’inattention du flic pour filer droit vers la sortie secondaire de la salle. « Héééé ! Il est en train de fuir», s’exclame une femme dans la foule. Le condamné se faufile rapidement entre les sièges et se retrouve à l’extérieur de la salle. Il emprunte un couloir et descend rapidement les marches. Il se dirige vers le sous-sol où se trouve le service des archives des greffes. Une course-poursuite s’engage entre le détenu et les policiers. Pendant qu’il est pris en chasse par deux agents, les autres bouclent toutes les autres issues. C’est la cohue générale. Mais Mathurin n’en a que faire. Il court et continue de courir. Il fracture du pied la porte du service des archives du greffe pour se frayer un chemin. Il pleut toujours. C’est le branle-bas au tribunal. Les clameurs gagnent en intensité. Les policiers sont sur les dents. Le détenu monte les marches en passant devant les bureaux des juges d’instruction. Il tente de traverser la cour du tribunal pour prendre la direction de la sortie principale en face de la cathédrale Saint-Paul du Plateau. Il est lancé dans sa course, à deux doigts de réussir son coup. Et patatras ! Mathurin est face à un mur d’hommes en treillis dressé par les autres agents. Il est pris en étau. Le fugitif est fauché par les deux policiers qui le pourchassaient. Il tombe dans une flaque d’eau. Les autres agents viennent en appui à leurs collègues. Mathurin est maîtrisé à la suite de plusieurs coups de pieds qu’il a reçus. Il est arrêté et trimbalé vers le violon par les policiers. La tentative d’évasion  tourne court et les choses se compliquent davantage pour lui.    

Ouattara Moussa





Les policiers du palais de justice du Plateau doivent redoubler de vigilance. 

mercredi 9 juillet 2014

Abobo Un imam poignardé par des "microbes"

Abobo

Un imam poignardé par des "microbes"

Plus rien ne peut les arrêter. Les gangs à la machette ont repoussé les limites de la violence. Mêmes les guides religieux ne sont pas épargnés des attaques de ces bambins devenus de redoutables gangsters. Ainsi, Sangaré Yacouba, imam de la mosquée de Marley, un quartier d’Abobo, a été poignardé et laissé pour mort par une horde de gamins armés de couteau et de machette. L’agression a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi vers 23heures (1er mai). Selon les témoignages, le guide a été pris en sandwich par les bandits au détour d’une ruelle juste après les rails.  D’après les riverains qui nous ont rapporté les faits, la victime a reçu dans un premier temps un violent de coup de machette sur la tête.  Puis les coups ont fusé de partout. Déséquilibré et ensanglanté, l’imam a été trimballé par ses agresseurs dans la pénombre. Pendant ce temps, ont précisé nos sources, la rue s’est vidé de son monde. C’est le branle-bas. Ça court dans tous les sens. Les bandits continuent d’assommer le pauvre au point où il perd connaissance. Ses cris de détresse n’ont pas entamé l’ardeur des malfaiteurs dans leur entreprise criminelle. Les malfrats ont abandonné leur cible dans la boue et dans une mare de sang. Ils ont pris le soin de la dépouiller. Ils ont emporté ses téléphones portables, des numéraires. Laissé pour mort, le chef religieux est secouru par les riverains après le départ des criminels. Evacué au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville, le mollah a reçu des soins intensifs. Selon ses proches, il se remet petit-à-petit de ses blessures. Ils ont indiqué qu’une plainte contre x sera déposée dans les jours prochains  au commissariat de police du 14ème arrondissement.


Ouattara Moussa    

Autoroute du nord/ Un véhicule 4x4 percute un minicar Bilan : Cinq morts et quatre blessés graves

Autoroute du nord/ Un véhicule 4x4 percute un minicar

Bilan : Cinq morts et quatre blessés graves

Week-end tragique sur l’autoroute du nord. Un véhicule de type 4x4 conduit par le curé de la paroisse de Pakopo, Adou Esmel Mel Pierre, a violemment percuté l’arrière d’un minicar. Sur le coup, cinq passagers du véhicule de transport en commun sont morts. Il s’agit de Mme Sangaré Kadidjatou, de Drissa Camara, de Baladé (sans autres précisions), de Sanogo Aïcha et du petit Affou. L’accident de la circulation qui s’est déroulé, vendredi, à 19heures 55 minutes, au PK41, a causé également des blessés graves. A savoir le curé Adou, 64 ans, Sangaré Tiémoko, 40 ans, Sangaré Samouka, 34 ans et enfant Adamo. Selon le Centre de coordination des opérations et de transmission (Ccot) du Groupement des sapeurs-pompiers militaire (Gspm), les accidentés  ont été évacués par les soldats du feu de la quatrième compagnie vers  le Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yopougon. Souffrant de traumatismes crâniens et de double fracture des membres, les blessés ont été transportés dans une ambulance de grande capacité vers ce centre hospitalier pour y recevoir les soins appropriés. Une enquête a été ouverte par la brigade autoroutière de la gendarmerie pour comprendre les causes de la collision. 
    

Ouattara Moussa 

Secours à victime, incendies, …. / Colonel Issa Sahko, commandant du Gspm : «Deux corps de pompiers ne peuvent pas fonctionner ensemble…»

Interview

Secours à victime, incendies, …. / Colonel Issa Sahko, commandant du Gspm :

«Deux corps de pompiers ne peuvent pas fonctionner ensemble…»

Selon le patron du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm) deux corps de pompiers ne peuvent pas fonctionner ensemble sur une même sphère géographique. Pour lui, cela ne se fait nulle part.


On assiste depuis quelques semaines à des inondations et des éboulements à la suite des pluies diluviennes qui s’abattent sur Abidjan. Pouvez-vous dresser un bilan partiel de ces sinistres?
Il faut dire que depuis le début des pluies diluviennes sur la ville d’Abidjan nous avons enregistré deux phases assez critiques. La première s’est déroulée du 5 au 19 juin. Et la deuxième du 26 au 30 juin.  Entre les deux phases il y a une certaine accalmie. Au cours de la première période, il y a eu énormément d’éboulements et d’effondrements dans la zone de Mossikro, de Boribana  (Attécoubé, ndlr). Il y a eu des inondations à Bonoumin (Cocody, ndlr). Malheureusement au cours de cette première phase, il y a eu de nombreuses personnes décédées. On a enregistré 21 victimes qui sont décédées. Pendant ces opérations, nous avons transporté dans les hôpitaux 41 personnes. De nombreuses autres personnes ont été mises en sécurité. Elles ont pu regagner des familles ailleurs. La seconde phase, heureusement, n’a pas enregistré de pertes en vies humaines. Mais on a noté de nombreux dégâts matériels. C’était essentiellement des inondations du jeudi 21 juin au lundi 30 juin à Bonoumin, à la Palmeraie et à la Djibi (Cocody). Nous avons enregistré dans ces quartiers une très forte montée des eaux. De nombreux sinistrés ont été mis en sécurité par notre personnel. Nous avons été alertés dans certaines zones d’Abidjan où des bâtiments R+3 étaient sous les eaux. Notamment à Abobo où un immeuble R+3 était carrément sous deux mètres d’eau. Mais les résidents de l’immeuble ont refusé de quitter les lieux. On ne peut pas les y obliger. Nous n’avons pas ce pouvoir. On les a laissés à la disposition de la police.

Comment se déroule une intervention en cas d’inondation ou d’éboulement ?
Lorsqu’il y a des inondations notre intervention se présente  sur deux phases. Dans un premier temps, il s’agit pour nous de mettre en sécurité les personnes qui sont menacées de noyade. Parce que les inondations vont de paire avec les noyades. Ces personnes sont soit bloquées dans des maisons, soit refugiées sur des dalles d’immeubles. Il faut les sortir pour les amener vers une zone sécurisée. C’est ce que fait notre personnel. Une fois hors de danger, ces personnes doivent trouver des lieux pour s’abriter. Pour le second cas, lorsque l’inondation menace la structure, cela est vraiment exceptionnel, nous procédons à un épuisement de l’eau de la zone après avoir dégagé toutes les personnes menacées.

Un corps de sapeurs-pompiers civils vient d’être créé. Comment va se faire la collaboration sur le terrain ?
Pour l’instant, la collaboration entre les pompiers civils et nous n’est pas définie. Néanmoins, je peux donner un avis. Moi, je pense qu’il faut  déterminer les compétences et les responsabilités de chaque structure. Parce que nous dépendons de l’état-major général avant d’être mis à la disposition du ministère de l’Intérieur qui a en charge la protection des personnes. Donc, nous sommes des militaires. Nous avons des sphères de compétences. Aujourd’hui, nous sommes implantés à Abidjan, à Yamoussoukro, à Bouaké et à Korhogo. Je pense que deux corps de pompiers ne peuvent pas fonctionner ensemble dans un département. D’ailleurs, ça ne se fait nulle part.

Soyez plus explicite.
C'est-à-dire qu’Abidjan on ne peut avoir une structure organisée de pompiers militaires et une autre structure de pompiers. Ce n’est pas compatible sur le même territoire.  Cependant, cela n’exclut pas des appuis mutuels. Les pompiers civils qui sont dans un département voisin s’ils ont besoin d’un appui pendant une intervention particulière et que nous avons les moyens de cet appui alors nous allons les soutenir. Si le Gspm est dans une sphère géographique particulière et qu’il a besoin d’appui de pompiers civils qui sont dans un département voisin, alors ils peuvent nous prêter main. Dans tous les cas, des appuis mutuels sont possibles.

Il existe trois compagnies du Gspm pour secourir cinq millions d’abidjanais. De qui relève l’implantation d’autres  casernes dans la capitale économique?
C’est à la fois l’Etat et les collectivités territoriales. Selon les textes portant création du Gspm, notre fonctionnement est à 50% à la charge des collectivités territoriales, et à 50% pour l’Etat. La réalité c’est que seul l’Etat nous permet de fonctionner avec un appui considérable du district d’Abidjan.
Entre créer de nouvelles casernes et renforcer en équipements les compagnies existantes. Quelle est la solution appropriée pour améliorer l’efficacité des secours à Abidjan ? 
L’un ne va pas sans l’autre. Même si on équipe suffisamment les trois casernes de la capitale économique, cela va toujours laisser le problème de distance. C’est vrai il faut renforcer les compagnies existantes, mais il faut créer d’autres casernes. L’idéal serait que chaque commune du district d’Abidjan puisse avoir une caserne des sapeurs-pompiers. Cela permettra à nos équipes d’être présentes plus rapidement sur les sinistres. Il est vrai que nos matériels coûtent excessivement chères. Figurez-vous, un camion citerne incendie coûte au moins 400 millions Fcfa. Ce sont des efforts qu’il faut faire. On ne peut pas s’en passer.

Quel est le point des engins dont vous disposez ?
Concernant les moyens du Gspm, il faut dire qu’au lendemain de la crise postélectorale nous étions totalement dépouillés. Nos casernes ont été visitées. A Abidjan, à cette période, il ne restait qu’une seule ambulance et à peine un engin d’incendie. Nous avons pu remettre en état certains engins qui avaient été vandalisés. Nous avons eu la chance d’obtenir un don du président de la République en 2013. Ce don nous a apporté une bouffée d’oxygène. Aujourd’hui, pour les besoins de la population, cet équipement s’avère insuffisant. La plupart de nos engins sont vieillissants. Chaque sortie exige une remise en condition qui est lourde et coûteuse. Malgré cela, nous avons tout fait pour que chaque compagnie possède au moins un engin incendie et deux ambulances. Si le matériel devenait plus conséquent, alors nos rendements seront plus conséquents.

De façon spécifique, qu’est-ce qui a motivé l’entrée de femmes au sein du corps du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gsmp) ?
Il n’y a pas de motivation particulière. Il y a toujours eu des femmes dans l’armée de Côte d’Ivoire. Au Gspm, je pense que les femmes ont leur place comme partout. Nous avons eu des femmes tout le temps. Mais elles étaient essentiellement des médecins. Il n’y avait pas de femme dans l’activité opérationnelle. Depuis un certains temps, puisque le nombre de femmes augmentent partout au sein de l’armée, le Gspm a reçu du personnel féminin. Elles travaillent comme leurs collègues masculins.

Combien sont-elles et quelles tâches accomplissent-elles?
Nous avons 25 femmes reparties dans toutes les casernes. Elles assurent le service au même titre que leurs collègues hommes du même grade. Généralement, ce sont des femmes du grade de caporal, de sapeur de 1ère classe. Elles ont des diplômes équivalents aux grades qu’elles portent. Elles assurent les fonctions dévolues aux grades qu’elles ont.

 En septembre prochain, vous allez commérer les 40 ans d’existence du Gspm. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Pour nous, ces 40 ans, c’est l’occasion d’exprimer notre maturité à travers divers événements. Cela fait 40 ans que le Gspm existe. Cela représente 40 ans au service de la nation. Nous n’avons pas cessé d’apporter notre concours comme le stipule notre décret de création (décret numéro 74-202 du 30 mai 1974, ndlr) où il s’agit d’apporter assistance et secours aux personnes et aux biens à l’occasion des événements qui nécessitent la mise en œuvre de nos moyens. Donc, pendant 40 ans nuit et jour nous avons rempli cette mission. C’est l’occasion pendant ces célébrations de nous arrêter pour faire le bilan de nos activités et envisager les nouvelles perspectives.

Réalisée par Ouattara Moussa
Lég : Le colonel Issa Sahko invite la population à donner les bonnes informations aux pompiers.







mardi 8 juillet 2014

Bonon / Attaque avortée d’un commerce: Les dozos saisissent des armes de guerre

Bonon / Attaque avortée d’un commerce

Les dozos saisissent des armes de guerre  

Fofana Mory est un homme courageux. Il a mis en déroute trois malfrats s’apprêtant à attaquer la boutique qu’il surveillait. Les bandits ont pris la fuite, mais le chasseur traditionnel appartenant à la confrérie ‘’dozo’’a récupéré les armes des scélérats. Il s’agit de deux kalachnikovs Ak  47 et deux treillis militaires. Les faits se sont déroulés, hier, à 4 heures du matin, à Bonon, agglomération située à 90 kilomètres de Yamoussoukro. Selon les informations en notre possession, les malfaiteurs sont arrivés sur le lieu au moment où Mory se préparait à prendre son petit déjeuner pour entamer son jeûne. D’après les témoignages, le ‘’dozo’’ a repéré, de sa position, les faits et gestes de trois individus portant des cagoules. Pris de panique, ils ont ouvert le feu sur le veilleur de nuit. Manque de pot eux, leur cible est invulnérable aux plombs chauds. Celui-ci, à en croire nos interlocuteurs, le veilleur de nuit a riposté à l’attaque en tirant en air. Ce fut le branle-bas. Les chenapans n’avaient d’autre solution que de prendre la fuite, lorsque Mory se mit à leur trousse. Au terme d’une course-poursuite dans la pénombre, il parviendra à saisir deux armes à feu et deux complets treillis.  Alertés par les coups de feu, les autres "dozos" sont sortis pour prêter main forte à leur collègue. Une battue a été aussitôt organisée pour rattraper les brigands. Mais ceux-ci ont disparu dans la nature avec la troisième kalachnikov. Interrogé à Abidjan,  le président de la Confrérie des dozos de Côte d’Ivoire (Codoz-CI), a indiqué que les armes et les treillis saisis ont été remis au commandant de brigade de gendarmerie de Bonon par ses hommes. «Il n’y a pas eu d’arrestation. Les individus ont pris la suite, mais nos frères ont saisi deux complets treillis militaires et deux kalachnikovs. La suite de cette affaire, c’est qu’après cette opération, j’ai donné l’ordre aux "dozos" de se rendre à la brigade de gendarmerie de Bonon. Ils y ont remis les treillis et les armes qui ont été récupérés. Il appartient à la gendarmerie de faire son travail», a soutenu le commanadant Touré Moussa. L’officier supérieur a ajouté que cette prise  est la preuve, si besoin en était, du rôle des "dozos" dans la sécurisation des personnes et des biens. «Nous travaillons, en aidant la police être la gendarmerie à sécuriser les personnes et les biens. Nous sommes à la disposition des services de sécurité. Nous savons que nous  ne sommes pas une force légale. A ce titre, on ne peut pas nous confier la sécurité. C’est ce que je dis aux autres membres de la confrérie. Cependant, je leur demande d’être en contact régulier avec la police et la gendarmerie de leurs localités respectives pour coordonner leurs actions », a-t-il recommandé,  en justifiant son appel. «Ce sont les policiers et les gendarmes qui sont habilités à faire les rapports et les procès-verbaux. Les dozos ne sont pas autorisés à faire des patrouilles. Toutefois, lorsqu’il y a un danger et que nous sommes sollicités, alors nous pouvons aider les forces régulières », a déclaré  cdt Touré. Il a instruit de la Codoz-CI à ne pas se rendre justice dans la mesure où, a-t-il argumenté, la Côte d’Ivoire est un Etat de droit. «La police et la gendarmerie sont là ; la justice fonctionne. Donc, nous devons recourir aux forces régulières et à la justice pour régler les problèmes», a insisté le président de la Codoz-CI.   

Ouattara Moussa

Lég : Une vue des "dozos" de Bonon qui ont mis en déroute les malfrats. 





Interview:(réalisée le samedi 28 juin 2014) Capitaine Koné Hincléban, régisseur de la Maca:

Interview:(réalisée le samedi 28 juin 2014)

Capitaine Koné Hincléban, régisseur de la Maca:


«Je sais comment la drogue entre à la Maca»


Le régisseur de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), révèle que le trafic de drogue est entretenu par certains geôliers.

Quel est le niveau de sécurité de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan?

Le niveau de sécurité de la Maca est préoccupant. Dans la mesure où nous n’arrivons pas à tout contrôler. Ce qui fait qu’on a tout le temps des problèmes liés à la sécurité au sein de la prison. Nous n’arrivons pas à vérifier tout ce qui entre dans la détention.

Pourquoi ?
Il y a des aspects qui nous échappent. Certains agents se rendent complices d’actes répréhensibles. Ils aident des détenus à se procurer des produits prohibés. Ils les cachent pour les faire entrer dans la prison.  Cela se déroule lors des mouvements de foule. C'est-à-dire les jours de visites des parents aux prisonniers. Ils profitent aussi, tous les jours, aux environs de 18 heures, au moment où le véhicule transportant les détenus arrive du tribunal. Des gardes pénitentiaires exploitent ces instants pour introduire des substances psychotropes et autres objets interdits dans  la prison. Il faut reconnaître que nous n’avons pas tout l’équipement nécessaire pour faire le contrôle à l’entrée  du pénitencier. Les matins, il y a également des choses qui rentrent dans les cellules. Tout cela se fait en complicité avec certains agents.

Est-ce que des gardes ont été arrêtés et quels sont les produits prohibés qu’ils font entrer dans la prison? 
Il n’y a pas encore d’arrestation. Cependant, nous avons des soupçons sur des agents. Des enquêtes sont en cours pour situer les responsabilités. On continue nos investigations pour mettre la main sur ces agents indélicats. A la suite des différentes fouilles, nous procédons à l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités. Récemment, une fouille des cellules a permis de saisir 35 plaquettes de Rivotril (substance psychotrope, Ndlr). C’est un agent qui avait tenté de faire introduire ce produit prohibé. A ce niveau, il y a une enquête qui est ouverte.  La drogue circule. Tout ce qui est stupéfiant, drogue et boisson alcoolisée, circule avec la complicité de certains agents. On a essentiellement le cannabis, le chanvre indien. Cela nous a amené à prendre d’autres mesures.

Lesquelles ?
On a un service de fouille. J’ai mis en mission des éléments pour contrôler ce service de fouille. Il s’agit de faire la ‘’contre fouille’’. Ils font contrôler les agents du service de fouille. Cela nous a permis de réduire considérablement le trafic de drogue et autres stupéfiants.

Y-a-t-il des fouilles à l’intérieur des cellules? 
Il n’y a pas de fouilles. Depuis notre prise de fonction, on a tenté de faire des fouilles à l’intérieur des cellules. Malheureusement, cette opération n’a pas eu lieu à cause du refus des détenus. On a déploré des pertes en vies humaines au niveau des prisonniers. Nous sommes obligés de nous replier.

Comment expliquez-vous le fait que des détenus s’opposent à une opération de fouille de cellules ?
Ce jour, nous avons mobilisé plus de 700 hommes, tous corps confondus, pour faire cette fouille. Pour éviter un carnage, on a été obligé d’arrêter l’opération. On avait les moyens, mais on a voulu préserver les vies humaines eu égard aux tensions que cette situation avait créées.  Il y a eu des tirs pour éviter un affrontement de justesse. On a décidé de mettre fin à l’opération.

Nous avons recueilli des témoignages, le 18 juin dernier, faisant état de détenus possédant des téléphones portables.  Est-ce que cela est normal?
Ce n’est pas normal. Il est interdit qu’un détenu possède un téléphone portable. Les textes sont clairs sur ce sujet. Nous sommes en train de lutter contre ces pratiques. Cette situation nous a conduit à faire récemment des fouilles au niveau du greffe. Quant on voit un détenu avec un téléphone, on le confisque. Mais à l’intérieur des cellules, c’est un peu difficile car cela peut provoquer des affrontements entre les prisonniers et les gardes. Des cellulaires ont été saisis que nous avons acheminés à la direction de l’administration pénitentiaire. On est en train de mettre en place un système de brouillage, concernant les communications téléphoniques, à l’intérieur de la prison. L’objectif est de faire en sorte que les téléphones portables ne puissent pas fonctionner au sein de la maison pénitentiaire.

Qu’est-ce que le portique de sécurité en construction va changer dans le système de sécurité de la Maca?
Le portique de sécurité va nous permettre de voir tout ce qui entre dans la détention. A savoir la drogue, les stupéfiants, les objets et tous les produits prohibés. Il y a aussi les armes. Parce qu’à l’intérieur, des détenus possèdent des armes blanches telles que les couteaux, les objets pointus. Grâce au portique, nous parviendrons à mettre la main sur ces armes. Les contrôles au scanner des colis, des véhicules et des personnes vont permettre de renforcer la sécurité dans les alentours et au sein de la Maca. Le poste de contrôle sera animé uniquement par des équipages de trois agents. Ces derniers sont en formation pour maîtriser les outils et le système de fonctionnement du portique. Ce sont des agents de bonne moralité. On a prévu faire une rotation au niveau des équipages de surveillance. L’objectif est d’éviter au maximum la corruption.

A partir de quand le portique sera-t-il fonctionnel?
Les travaux font durer trois mois. Ils ont commencé il y a déjà 45 jours et donc le délai de livraison est prévu pour fin août. Si tout se passe bien, le portique sera livré en août. Nous remercions le directeur de l’administration pénitentiaire et le garde des sceaux, ministre la Justice, des droits de l’homme et des libertés publiques pour avoir lancé les travaux de construction de ce portique de sécurité. En plus des moyens classiques de contrôle, cet outil va nous aider énormément dans la surveillance de tout ce qui entre et sort de la prison.

Pourquoi le transfèrement des détenus vers le Camp pénal de Bouaké n’est pas encore effectif?
Nous n’avons pas encore faire de programmation dans ce sens. Mais on est en train d’étudier avec la hiérarchie les possibilités d’un transfèrement de détenus de la Maca vers le Camp pénal de Bouaké. Déjà la direction de l’administration pénitentiaire nous a demandé de faire une liste de 200 prisonniers pour les faire partir au Camp pénal.

Coulibaly Yacou alias Yacou le Chinois fera-t-il partie des prisonniers qui seront transférés ?
Pour l’instant, il ne fait pas partie de ceux qui doivent être transférés au Camp pénal. Nous sommes en train d’étudier le cas.  

Mais il nous revient qu’il bénéficie de traitement particulier. Est-ce vrai?
Il a le même traitement que les autres détenus. Nous pensons qu’avec son appui, nous pourrons faire sortir les 200 détenus qui seront transférés au Camp pénal. En ce qui concerne Yacou le Chinois, c’est la direction de l’administration pénitentiaire qui va décider de son transfèrement ou non au Camp pénal. A mon niveau, il n’y a pas grand-chose le concernant.

Quelle est la date exacte du transfert de ces 200 détenus au Camp pénal ?
Nous n’avons pas encore la liste définitive. On n’a pas encore arrêté totalement cette liste. Nous nous attelons à dresser la liste des personnes qui devront être transférées, le mois prochain (en juillet, Ndlr)  au Camp pénal.  


Réalisée par Ouattara Moussa

Leg : D’après le régisseur de la Maca, des enquêtes sont en cours pour arrêter les geôliers impliqués dans le trafic de drogue. 




   

jeudi 10 avril 2014

Reportage: Bouaké / Douze jours après sa réouverture Voici le nouveau visage du camp pénal

Reportage

Bouaké/ Douze jours après sa réouverture

Voici le nouveau visage du camp pénal

Le camp pénal de Bouaké a fait peau neuve. En plus des murs rénovés, les agents pénitentiaires ont un nouvel état d’esprit, nous a assuré le régisseur, le 28 mars, lors de la cérémonie de réouverture officielle de ce pénitencier présidé par le ministre de la Justice.   

Des gardes postés sur les quatre miradors peints en vert mesurant 25 mètres de haut veillent au grain. Les geôliers vêtus des gilets par balles noirs, armes au poing,  observent les mouvements à l’intérieur et à l’extérieur de la détention. Munis de jumelles, ils balaient la zone dans un rayon de deux kilomètres. Au sol, il y a  des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Ils patrouillent le long de la clôture et dans les environs. Des fils barbelés électriques sont visibles. On peut lire la mention sur les panneaux: danger de mort illustré par un crâne de mort reposant sur deux os. Les fils surmontent une clôture peinte en jaune, haute de 20 mètres. Le mur jouxte celui de l’université Alassane Ouattara. Nous sommes au camp pénal de Bouaké. Un établissement pénitentiaire situé à l’entrée de la capitale de la paix, en provenance de Sakassou. Ce 28 mars, Gnénéma Mamadou Coulibaly,  garde des Sceaux, ministre de la Justice, des droits de l’homme et des libertés publiques, procède à la réouverture officielle de cette maison pénitentiaire de haute sécurité. Le camp pénal est bâti sur une superficie de 5 hectares. Il y composé de six bâtiments comprenant chacun sept cellules d’une capacité de 40 détenus par cellule. Soit une capacité d’accueil exacte de 1680 places. Après avoir franchi le premier portail en acier de couleur verte qui donne accès à l’arrière-cour, on aperçoit deux bâtiments rénovés. Là-bas se trouve l’administration et les bureaux des gardes pénitentiaires. Cinq geôliers sont postés devant le second portail qui donne accès à la cour et aux cellules. Nous n’avons pas été autorisés par l’administration pénitentiaire à visiter l’intérieur des cellules pour des raisons de sécurité, selon elle. Néanmoins, le régisseur nous explique que dans le cadre de l’expérimentation du système de sécurité, 52 détenus occupent depuis septembre dernier les cellules. Ce sont des personnes qui sont reconnues coupables des faits d’abus de confiance et d’escroquerie, précise-t-il. Leurs peines varient de dix-huit à vingt quatre mois.

«Nous allons humaniser le camp pénal»

«Nous recevons les condamnés de longtemps peine. C'est-à-dire des personnes qui ont entre 10 et 20 ans de prison. Mais pour les besoins d’entretien et d’expérimentation du système de sécurité, nous avons reçu de détenus de petites peines. Ce sont des personnes dont les condamnations varient entre 18 mois et 24 mois. Ils font présentement l'entretien des locaux, car depuis septembre dernier, les travaux de réhabilitation du camp étaient achevés. Ils sont au nombre  52 prisonniers qui sont présentement ici.», indique Amonkou Manssan, le patron du camp pénal. Et d’ajouter : « Mais je précise que ce sont des prisonniers qui ont commis des délits mineurs.  Ils assurent l'entretien des locaux. Très rapidement, les bandits de grand chemin qui sont les vrais destinataires de cette prison, seront convoyés ici. Ils viendront occuper les cellules pour purger leurs peines».  Selon lui, la particularité du camp pénal c’est que c’est une détention de longue durée et elle ne reçoit que des hommes. « Nous n'avons pas de détenus de sexe féminin ; c'est la particularité du camp pénal. Il n'y a pas de femmes ici. Il n' y a pas de prévenus, car quelqu'un qui n'a pas été jugé n'a pas le droit de venir ici. C'est une prison qui a été faite uniquement pour recevoir les hommes. Depuis longtemps, c'était la vocation du camp pénal de Bouaké. Il ne reçoit que des hommes condamnés à de longues peines », souligne le régisseur. Il ajoute qu’en plus des gardes pénitentiaires qui assurent la sécurité à l’intérieur de la détention, des éléments des forces armées viennent en appoint. «La sécurité est assurée par les gardes pénitentiaires. Nous avons besoin de 300 agents, mais pour l'heure, il y a 150 gardes qui assurent en permanence la sécurité. Nous sommes appuyés par des éléments des Frci (Forces républicaines de Côte d'Ivoire, ndlr), de la gendarmerie et de la police. Toutes ces forces sont mobilisées pour assurer la sécurité du camp pénal de Bouaké », assure notre interlocuteur dont la priorité est d’humaniser les conditions de détention des prisonniers. « Ceux qui sont là  ont droit aux visites des parents. Les jours de visite sont les mardis et les samedis. Cela est prévu dans le règlement intérieur de la prison. Donc, nous n’allons rien changer, lorsque les criminels seront transférés dans notre prison. Ils auront les mêmes droits. Ils auront droit à une séance avec les assistants sociaux pour travailler. Donc, nous ne sommes pas totalement fermés comme le penserait l'opinion », précise notre interlocuteur. «  Nous sommes plus dans le système ancien. Il s'agit aujourd'hui d'humaniser les prisons. Les pensionnaires du camp bénéficient de trois repas par jour. Ici, ils mangent tout sauf le foutou, puisqu'il n'y a personne pour leur piler l'igname ou la banane plantain. On fait le toh (pâte de farine de maïs), l'attiéké,  l’haricot, le riz et bien d’autres aliments», soutient M Amonkou qui accorde une place de choix à l’épanouissement et à la politique de réinsertion socioprofessionnelle de ces prisonniers. «Nous avons des ateliers de couture, de menuiserie et de maçonnerie. Il y a un jardin potager. Il y a aussi des activités récréatives. Mais tout se déroule à l'intérieur de la prison. Nous souhaitons obtenir des machines pour équiper davantage les ateliers de menuiserie. On a des programmes d'alphabétisation. Il y a des assistants sociaux, des maîtres d'éducation spécialisée qui sont là. Ils travaillent avec les détenus pour les aider à lire et écrire », nous confie cet homme dévoué à la tâche.


Ouattara Moussa, envoyé spécial à Bouaké














Lég : Le camp pénal de Bouaké a rouvert ses portes le 28 mars dernier

Photo : Ouattara Moussa



samedi 5 avril 2014

Agboville / Elle voulait se marier Son gigolo lui soutire 8 millions F

Agboville / Elle voulait se marier
Son  gigolo lui soutire 8  millions F

A la recherche de l’âme sœur, elle rencontre le diable en personne. Y.A Catherine est une célibataire résidant à Agboville, à une quarantaine de kilomètres de la capitale économique ivoirienne. Cette brave dame tient son restaurant et son dépôt de boissons qui lui rapportent gros. En janvier dernier, elle fait la connaissance d’A.N. En réalité, celui-ci est un gigolo qui a plus d’un tour dans son sac. Ainsi, il monte de toutes pièces des stratagèmes pour appâter la charmante Catherine qui vit dans la solitude, après son divorce. A.N fera croire à sa nouvelle conquête que son ex-femme aurait bloqué ses 40 millions FCfa se trouvant  sur son compte bancaire. Attendrie certainement par cette situation, la jeune femme mord à l’hameçon et décide de faire parler son cœur, jusqu’à ce qu’elle découvre le pot aux roses. Car en lieu et place du mariage que lui a promis son Jules, elle ne récoltera que déception.  « Son ami et lui m’ont pris en tout la somme de 8,230 millions F Cfa. Ils ont disparu depuis le mois de février dernier. J’ai mené mes investigations ; ils ont été démasqués le 12 mars dans un maquis, à Treichville», relate  la plaignante, à la barre du tribunal correctionnel d’Abidjan-Plateau, le 25 mars. Il faut préciser que Catherine a fait la connaissance d’A.N  par l’intermédiaire d’une de ses connaissances, J. que la jeune femme, en désespoir de cause, avait sollicité pour l’aider à lui trouver un homme. « Il m’a mis en contact avec lui (A.N). On a commencé notre relation. Il m’a dit qu’il était directeur de société à Abidjan. Tout allait bien, mais il a commencé à m’expliquer une série de problèmes », poursuit la victime.  Elle rapporte que  son amant lui a fait croire  qu’il avait des soucis pour régler les honoraires de son avocat. « Il m’a aussi expliqué une affaire d’achat de 29 hectares d’hévéa. A chaque fois, je me rendais à la banque pour faire des retraits », fait savoir la restauratrice.  Les sommes variaient entre 500.000 Fcfa et 1,5 million F. « Il me demandait de transférer l’argent à son ami J. via Orange money. Ce que je faisais», ajoute-t-elle. Néanmoins, elle finira par se rendre compte qu’elle a affaire à une bande d’arnaqueurs. Catherine va poursuivre l’amant indigne et son acolyte pour les faits d’escroquerie et de complicité d’escroquerie.   «Quand il m’expliquait ses problèmes, je volais à son secours, car je ne voulais pas le perdre. Mais à la longue, j’ai découvert son mensonge », explique l’opératrice économique qui réclame le remboursement de la totalité de son argent. A la barre du tribunal, A.N. et son co-accusé ne reconnaissent pas les faits. Pis, ils ne manquent pas de tourner en dérision la victime.  Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère du parquet. «M. le président, vous constatez avec moi que les prévenus qui se tiennent à votre barre n’expriment aucun remord. Ils ont du mépris pour la victime. Cette femme a placé une confiance aveugle à celui qui lui avait promis le mariage. Ce dernier s’est retourné contre elle pour lui soutirer toute son épargne», rappelle la magistrate. Elle demande  alors au juge de déclarer d’inculper les prévenus et les condamner à 36 mois de prison ferme, assortis d’une amende individuelle. Le juge pénal valide le réquisitoire du ministère public. A la fin de leur peine, ils doivent remettre à leur victime  la somme de 8,230 millions F Cfa, à titre de dommages et intérêts.

Ouattara Moussa

Lég : Une vue des restauratrices qui travaillent pour gagner leur vie.     
           

De retour d’une mission Quatre gendarmes tués dans un accident

De retour d’une mission

Quatre gendarmes tués dans un accident

Des gendarmes sont morts, hier (mercredi 3 avril), dans un terrible accident de la circulation. Le drame s’est déroulé sur la voie express Yopougon-Adjamé, alors que ces sous-officiers rejoignaient leur base, à la caserne de gendarmerie d’Agban. 

La gendarmerie est en deuil. Quatre éléments de l’Unité d’intervention de la gendarmerie nationale (Uign) ont trouvé la mort, hier à 4 heures 10 minutes du matin. Il s’agit du maréchal des logis en chef (Mdl/c) Kossé Blada Léonce, des Mdl Assi Yapi Odilo, Kacou N’Zué Gaël et Atta Koua. L’accident de la circulation s’est déroulé juste après le pont de la ferraille, sur la voie express Yopougon-Adjamé. Ces quatre hommes du colonel Basanté Badra, commandant de l’Uign, ont été tués sur le coup. Les corps ont été incarcérés dans leur véhicule de type 4x4 (marque Prado immatriculé 897CU01) réduit en épave par la violence du choc. Selon les témoignages, les quatre gendarmes rentraient à leur base, à la caserne de gendarmerie d’Agban, après une mission commandée. D’après le Centre de coordination des opérations et de transmissions (Ccot) du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm), le véhicule aurait dérapé, avant de s’encastrer dans le bloc de béton soutenant un panneau publicitaire. La violence de l’impact  a transformé l’engin en un tas de ferrailles. La promptitude des éléments du colonel Issa Sakho, commandant du Gspm,  n’a pas permis de sauver la vie à ces soldats. A l’aide d’un engin de désincarcération, les soldats du feu ont découpé le véhicule accidenté en morceaux, afin de retirer les corps des gendarmes. Informé, le général de division Gervais Kouassi, commandant supérieur de la gendarmerie, s’est rendu sur le lieu du drame. Les dépouilles mortelles du Mdl/c Kossé et de ses trois frères d’armes ont été transférées à la morgue de l’Hôpital militaire d’Abidjan (Hma).

Ouattara Moussa


Lég : Le général de division Gervais Kouassi a constaté le drame, en se rendant sur place. 

lundi 3 mars 2014

Reportage Réinsertion socioprofessionnelle Saliakro: La dernière chance des détenus

Reportage  

Réinsertion socioprofessionnelle

Saliakro: La dernière chance des détenus

Avant l’ouverture officielle de la maison de correction de Saliakro, située à 260 kilomètres de la capitale économique ivoirienne, dans la région du N’Zi-Comoé, nous nous sommes rendu sur ce site, le samedi 8 février, pour rencontrer les premiers détenus. Ces derniers ont accepté volontiers de nous faire des confidences sur les nombreuses opportunités économiques qui s’offrent à eux dans cette prison atypique.

Diallo Tiémoko n’est pas marqué au fer rouge. C’est un prisonnier, mais il est libre de tout mouvement sur un territoire déterminé. L’homme affiche bonne mine. Il est joyeux à l’ouvrage. Chaussé d’une paire de bottes verte et habillé dans sa combinaison bleue portant le numéro 21, il tient en main une machette. Il taillade les herbes en compagnie de ses codétenus. Il essuie régulièrement la sueur de son front. Lui dont la vie a basculé un jour du mois de janvier dernier, lorsqu’il a été arrêté, jugé et condamné par le juge de Soubré à six mois de prison ferme pour les faits d’exploitation illégale d’une mine d’or. Nous sommes, ce 8 février, au champ pénitentiaire de Saliakro, situé à 260 kilomètres de la capitale économique et à 18 kilomètres de Dimbokro, dans la région du N’Zi-Comoé. Les rayons  solaires sont au rendez-vous. Dimbokro et ses environs n’ont pas trahi leur réputation de zone caniculaire. Ce samedi, c’est la demi-journée de travail. Il est 10 heures 30 minutes. La journée va prendre fin dans une heure et demie. Tiémoko et ses camarades nettoient une parcelle située entre leur dortoir et le bâtiment affecté à l’élevage de cochons. Une colonie de  porcs s’y trouve déjà. Tiémoko ne cache pas sa joie, après son transfèrement, le 25 janvier dernier, de la prison de Soubré à la maison de correction de Saliakro. Entre deux coups de machette, il nous explique que les conditions de détention au pénitencier de la cité du "Nawa" sont exécrables. «Là-bas, ce n'était pas facile. On est enfermé tout le temps. On ne mange pas normalement ; on nous servait rarement deux repas par jour. Les conditions d’hygiène étaient misérables. En résumé, on vivait très mal à la prison de Soubré », se rappelle notre interlocuteur, père de trois enfants. Certainement pour son comportement exemplaire, cet homme de 39 ans a été désigné par ses pairs comme le "chef de village" de Saliakro. «Mes amis m'ont fait confiance en me désignant comme leur chef. C'est une marque de considération », se félicite-t-il, en mettant à profit ce statut de leader pour organiser le travail selon les instructions du régisseur, Ouattara Pinguéssié. Cet administrateur de prison est un homme robuste, de teint noir. Ancien soldat de la Garde républicaine(Gr) sous l’ère du président Félix Houphouët-Boigny, il impose respect et considération. Il marque son territoire dans la mesure où les vingt-quatre détenus placés sous son autorité appliquent à la lettre ses consignes. «Nous travaillons ensemble.  Il n’y a pas de problème car chacun sait ce qu’il doit faire. On nettoie les différentes parcelles. On doit  planter du manioc et semer de l'haricot et du maïs. Nous commençons le travail, le matin. On prend une pause à midi, après avoir mangé. Le travail reprend l'après-midi pour se terminer vers 17 heures. Nous n'avons pas de problèmes au niveau de l'alimentation. Il y a un infirmier qui s'occupe de notre santé. Nous recevons les médicaments en cas de besoin. On travaille dans une bonne ambiance. Ici, on est libre. On mange bien. On a droit aux trois repas quotidiens», apprécie-t-il, en promettant qu’à la fin de son séjour à Saliakro, il compte s’installer pour faire de l’élevage de lapins. 

«Ici, on est libre»

Eparpillés  sur toute la surface à défricher, les pensionnaires de la ferme agro-pastorale dont l’ouverture officielle par le ministre de la Justice, Mamadou Gnénéma Couliably, est annoncée dans les prochains mois, débroussaillent le terrain sur lequel il est prévu de semer du maïs et du haricot. Les détenus à la tâche poussent  des cris « Ouahou! » « Ouahou ! » « Ouahou ! »  pour se galvaniser. C’est dans cette ambiance  de saine compétition que Kouamé Ahou François accepte de se confier à nous. Lui aussi était incarcéré à la maison d’arrêt et de correction de Soubré. Selon lui, il a vécu le même enfer que Tiémoko. Condamné à douze mois de réclusion pour avoir abattu des plants dans une forêt classée de Soubré, le jeune homme de 28 ans considère Saliakro comme une occasion unique pour repartir du bon pied dans la vie. «C'est une chance qui s'offre à moi. J'ai compris cela et je vais la saisir pour redémarrer et reconstruire mon avenir. Ici on est libre. On a la liberté de mouvement ; on est dehors ; on respire l’air de la liberté, à la différence des autres détenus enfermés dans les différentes prisons. En plus, j’apprends les techniques agricoles. On  fait de l'élevage de porcs, de lapins et de la volaille, celui notamment de canards et de poulets. Nous apprenons directement ; c'est pratique », se réjouit-il,  tout en regrettant son acte qui l'a conduit derrière les barreaux. Comme on le dit, à quelque chose malheureux est bon, commente-t-il. « Cela fait à peine un mois que je suis arrivé ici. J'ai appris beaucoup de choses, en si peu de temps. En plus du métier d’agriculteur, j’ai ajouté une seconde corde à mon arc: j’ai appris et je continue d’apprendre comment faire de l'élevage.  Nous apprenons les techniques pour bien produire en quantité et en qualité. A ma sortie d’ici, je souhaite que l'Etat m’aide à  créer ma ferme.  Nous ne sommes pas  coupés de nos parents. Le régisseur et les gardes nous autorisent à communiquer souvent au téléphone avec nos proches. Cela est une bonne chose », approuve notre interlocuteur qui nous demande l’heure. «Il est 11 heures », lui indiquons-nous. Il faut encore tenir durant une heure, avant midi. Un troupeau de canards est couché à l’ombre du bâtiment faisant face au poste de police. Certains de ces palmipèdes déploient leurs grandes ailes, comme pour montrer leur embonpoint. D’autres se frottent entre eux, en se faisant des câlins. Ce ballet fantastique est rythmé par des chants d’oiseaux. Quelquefois, le bruit métallique du moteur d’un train passant non loin en rajoute à la symphonie de chants. Pendant que la locomotive  passe  devant l’entrée principale du pénitencier de Saliakro, les bagnards travaillent tranquillement. Ils sont encadrés par le lieutenant Yanla Bi Tié Sylvain, régisseur adjoint, l’adjudant-chef major Touré M’Begnan, responsable de la sécurité et l’adjudant Kouadio N’Goran, chef de la production. Les "apprenants’’ (autre appellation des pensionnaires de Saliakro), redoublent  d’efforts. Ils avalent la dizaine de mètres carrés de terrain, à qui mieux mieux. Pendant ce temps, nous faisons le tour de l’établissement. De la porcherie abritant une colonie de cochons dont trois truies, en passant par la buanderie, le garage où l’on aperçoit un tracteur et un motoculteur fonctionnels et la cuisine. Là-bas, le sergent Konan Jean-Claude est le responsable de la cuisine des détenus. Aidé par deux autres prisonniers, à savoir Henri Koffi Benjamin et Sangaré Souleymane, le sous-officier s’affaire autour de deux grosses marmites déposées sur deux foyers construits en terre cuite. Ici, on utilise le bois de chauffage pour faire la cuisine. A notre demande, il nous fait découvrir le menu du jour composé de pâte de maïs bouillie à la sauce arachide. «Ça va être prêt dans une trentaine de minutes», nous assure-t-il, en énumérant les ingrédients. « On a mis de la tomate, de la poudre de gombo, de l’huile, du poisson fumée. On a assaisonné avec du cube Maggi », détaille le sergent Konan. Selon lui, pour nourrir les vingt-quatre pensionnaires, il utilise en fonction du menu du jour dix-neuf kilogrammes de maïs, vingt kilogrammes de riz et quatre kilogrammes de riz local pour la bouillie prévue pour le petit-déjeuner. «On prépare une bonne fois. On divise la nourriture en deux. Une partie est réservée pour le déjeuner et l’autre pour le dîner. Ici, nous donnons aux prisonniers trois repas quotidiens.    Ce qui n’est pas le cas dans les prisons ordinaires. On prépare du riz accompagné de sauce. On fait aussi du riz au gras. On cuisine également de l’haricot. C’est un aliment riche en colorie. C’est dire que le menu est varié et équilibré», s’enorgueillit le sergent Konan. A part lui, deux dames tiennent la cantine réservée aux vingt-cinq gardes pénitentiaires.

Une prison en milieu ouvert

De notre position, nous observons les détenus à la tâche. Le temps du déjeuner fixé à 12 heures approche à grands pas. Le régisseur adjoint nous fait un signe de la main pour dire que la journée de travail tire à sa fin. Nous abandonnons les cuisiniers pour rejoindre la troupe. Elle forme une haie en quittant la parcelle défrichée pour retrouver les dortoirs séparés des autres bâtiments par une grille métallique. Les pensionnaires se dirigent vers les toilettes pour se laver les mains. Doumbia Mory, 38 ans, condamné à six mois de prison par le juge de Daloa, père de cinq enfants, est fier d’avoir rempli sa journée de samedi.  Pour le réparateur de bobines électriques devenu orpailleur clandestin, une voie royale s’ouvre à lui. «Ce que nous apprenons ici depuis notre arrivée est très important. Mes amis et moi nous sommes investis dans ces programmes car ils vont nous aider à nous réinsérer dans la vie socioprofessionnelle. Moi, je me donne à fond parce que je ne veux plus retourner au fond du creux », promet le sieur Doumbia. Il court chercher son assiette pour se faire servir son plat. Transféré le 10 janvier de la prison de Bongouanou, située à 49 kilomètres de Dimbokro, Konan Koffi Charles, 34 ans, pépiniériste de formation, n’est visiblement pas pressé. Il prend son temps pour nous raconter les raisons de son incarcération. Il est  le seul handicapé moteur du pied droit  parmi les apprenants de Saliakro.  «J'ai été reconnu coupable des faits d'escroquerie. J'ai escroqué la somme de 180.000FCfa. J'ai été condamné à six mois de prison. Je suis arrivé ici depuis le 10 janvier. Je suis à l'aise ; je suis libre. Tout va bien. On a droit aux soins médicaux. Il y a un infirmier et un médecin qui s'occupent de nous. C'est grandement différent de la prison de Bongouanou. Là-bas, c'est un gros trou de rats. (…) Ici, compte tenu de mon handicap,  le régisseur  m'a affecté à l'infirmerie. J'aide l'infirmier au cas où l'un de mes amis se blesse avec sa machette ou tout autre objet. Je fais aussi l'entretien du bureau du régisseur et des locaux des gardes. J’apprends également l'élevage de lapins », affirme notre interlocuteur. Toutefois, ses camarades et lui souhaitent avoir un poste téléviseur et une radio pour, disent-ils, s’informer. Très prolixe, Koffi Charles nous explique aussi ce qu’il veut faire à la fin de sa peine. « Des opportunités sont offertes à nous dans le cadre de notre réinsertion. Je voudrais remercier le ministre de la Justice et les autorités de l'administration pénitentiaire pour ce projet novateur. Le régisseur de Saliakro ne ménage aucun effort pour nous mettre dans les meilleures conditions. Lorsque je vais sortir d’ici, je vais pratiquer de l'élevage de lapins. Je vais créer une ferme à Daoukro pour repartir de plus belle. Vous savez, l'oisiveté est la mère de tous les vices. Donc, l'Etat doit faire en sorte que nous puissions bénéficier de moyens pour nous installer », plaide-t-il.
Assis devant leurs dortoirs, les détenus mangent à cœur joie. Pendant que ses camarades déguisent leurs plats, Ouattara Issa nous invite à découvrir leurs chambres. Tenant en main son assiette, il indique des lits individuels superposés sur lesquels sont déposés des matelas, dans ces chambres. Des moustiquaires y sont installées, de même que des armoires métalliques individuelles contiennent les tenues des prisonniers. Un jeu de ludo est déposé sur le matelas de Konan Koffi Charles. Un peu plus loin, il y a un damier dont les pions sont disposés pêle-mêle. « On se distrait avec le jeu de ludo ou de dame», apprécie Issa. Le bâtiment a été divisé en deux compartiments. Ils sont repartis en groupe de dix-sept par compartiment.  Issa, l’un des premiers pensionnaires transféré le 5 octobre du pénitencier de Bondoukou,  ne cesse de parler du plaisir qu’il tire de la formation reçue à la ferme agro-pastorale. «Ici, on apprend un métier; on est occupé à faire quelque chose. On participe à la vie de la communauté. On apporte quelque chose chaque jour. C'est gratifiant! Ici, il y a des opportunités pour nous. Nous sommes conscients de cela. Nous prenons au sérieux ce que nous faisons. Nous travaillons ensemble avec des temps  de repos. (…). Je suis intéressé par l'élevage de volaille. C’est ce que je veux faire. La prison, ce n'est pas bon. Mais ici, je peux dire que la prison est une bonne chose car elle m'a permis d'apprendre des choses utiles pour moi et la société.  C'est une bonne initiative car elle répond à la question de la réinsertion socioprofessionnelle des prisonniers. Quand vous allez en prison et que vous ressortez, les gens ont un autre regard sur vous. Je pense qu’avec ce projet, les mentalités vont changer. En prison, on apprend un métier. Moi, j'ai pris l'engagement de changer», rassure le forgeron de 32 ans mis sous les verrous pour douze mois. Il a été déclaré coupable des faits de recel d’une batterie dérobée.
Si Ouattara Issa et les autres apprenants veulent s’installer après avoir purgé leur punition, ce n’est pas le cas pour Yao Eric, 35 ans et Yao Kouadio Claude, 40 ans. Tous les deux ont été condamnés à six mois de réclusion pour braconnage, dans une réserve de Soubré. Ils veulent rester à Saliakro à la fin de leurs peines. «On travaille. On mange. On dort bien. On a droit au respect du régisseur et des surveillants. Nous souhaitons rester à la prison de Saliakro après avoir purgé notre peine. Nous voulons continuer de produire dans les champs. Nous souhaitons que le régisseur accepte de nous garder ici. Cela nous fera énormément plaisir », plaident en chœur Eric et Claude.  

Une devise: discipline et respect

Selon Ouattara Pinguessié, le patron de la prison de Saliakro, qui a pris fonction en octobre dernier, le pénitencier c'est une maison qui ne reçoit que des condamnés dont la peine n'excède pas un an. C'est une prison en milieu ouvert, clarifie-t-il. «Les personnes sont libres de leur mouvement. Elles sont encadrées par des agents pénitentiaires. Ceux-ci ont pour vocation de les encadrer pendant toute la durée des activités qu'elles auront à mener ici à  Saliakro. C'est un établissement qui a une mission de rééducation et de réinsertion des détenus. Il s'agit essentiellement des activités agro-pastorales. Ces détenus condamnés d'une peine allant de zéro à un an, sont admis ici pour apprendre les métiers de l'agriculture et de l'élevage. Il est question pour eux de pouvoir se réinsérer dans la société à la fin de leur peine», explique l’ancien soldat de la Gr, qui n’a pas perdu les reflexes du bon militaire. Ainsi met-il un point d’honneur à faire observer la discipline dans cet établissement. A la question de savoir ce qui le conforte que ses détenus, quoi que ‘’libres  de tout mouvement’’ ne sont  pas tentés de s’évader,  M. Ouattara se veut rassurant. «C'est la confiance placée en eux. Il y a aussi la manière dont nous les gérons ici, à Saliakro. Nous les recevons avec toute l'attention et le respect dont un être humain a droit. Nous nous entretenons avec eux. La particularité de Saliakro c'est que c’est une prison en milieu ouvert. Les détenus ont une cour. Ils sont libres de mouvement. Ils prennent les trois repas quotidiens. Ils se lavent correctement. Ils sont soignés en cas de maladie. Ils dorment sur des lits. Ils ont droit à toutes les commodités. Donc, le risque d’évasion est mince. Toutefois, nous gardons les yeux ouverts sur eux », souligne l’ancien régisseur de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Et d’ajouter: « En principe, il devait avoir des agents sociaux pour s'occuper de leur suivi, malheureusement, nous n'avons pas encore reçu d'agents. Nous avons manifesté le désir, en adressant un courrier à la direction des services judiciaires pour nous affecter du personnel social. Jusque-là nous attendons leur arrivée. Ce sont les agents sociaux qui doivent suivre normalement les détenus sur le plan social, dans cette maison de correction. Surtout qu'il s'agit de leur réinsertion. Il y a certains prisonniers, du fait de leur comportement, ils  ont été rejetés par leurs familles. Nous les avons récupérés à Saliakro. Mais ils ont bien envie de retourner en famille. Toutefois, leurs parents ne veulent plus les recevoir. Pendant le temps qu'ils sont ici, il faut bien que des gens puissent rétablir ces liens familiaux.»

La menace du rhinocéros 

Il faut dire que Saliakro n’est pas un eldorado où tout n’est que rose. Pour preuve, le régisseur et son personnel sont confrontés à un certain nombre de difficultés. « Les difficultés sont énormes. Il faut retenir que c'est un nouveau centre. On vient de le réhabiliter. Il a ouvert en octobre dernier. La principale difficulté c'est le logement des agents sur le site. Ensuite, on a un problème d'éclairage. Nous sommes alimentés par une énergie solaire. Il y a certains appareils que nous ne pouvons pas utiliser ici tels que les climatiseurs. L'électricité que nous avons ne peut pas être utilisée 24 heures sur 24 au risque de voir la batterie se décharger. Au niveau de l'exploitation du site, il y a une bonne partie qui est occupée par des clandestins. Ce sont des bouviers avec leurs animaux, qui se sont installés sur une partie du site. Cela va créer un  problème car nous allons produire du vivrier. La cohabitation sera difficile avec les bœufs. Il faut les faire sortir du site», exige l’administrateur du pénitencier. Le problème de la qualité de l’eau est une autre préoccupation pour M. Ouattara. «Nous avons un vieux château d'eau. Il doit être entretenu. Il faut changer les tuyaux et d'autres pièces atteints par la rouille. Les travaux de réhabilitation n'ont pas été correctement exécutés. Il faut rattraper ces erreurs. Une autre difficulté majeure, c'est celle du transfèrement des détenus vers Saliakro. Pour preuve. Nous étions, le 25 janvier, à Soubré pour faire venir des prisonniers. Il s'est posé un problème de véhicule. En principe, ce sont les régisseurs qui doivent nous acheminer les détenus. Ce n'est pas nous qui devons aller les chercher. Il se trouve que c'est nous qui partons chercher les prisonniers. Ce qui n'est pas normal. On a pu réceptionner les détenus venus de Bondoukou, d'Abengourou, de Bongouanou et de Soubré. Cela n'a pas été possible pour Daloa et Korhogo. Les régisseurs posent le problème de moyen logistique, c'est-à-dire de véhicules, pour transférer les détenus », déplore le gérant  de la maison de correction.  A cette longue liste de préoccupations, s’ajoute celle de la présence encombrante d’un rhinocéros sur le site. A en croire notre interlocuteur, l’animal  a détruit, nuitamment, une partie la clôture, du côté de Tiémélékro. La ferme étant limitée à l’ouest par le fleuve N’Zi, c’est dans ce cours d’eau que ce rhinocéros se baigne.  « Nous n'avons pas encore trouvé de solution. Nous pensons qu'à la suite du regroupement des éléphants de Daloa, il faut profiter pour prendre ce rhinocéros qui nous crée d'énormes problèmes. Il est seul ; sa présence ce site est un danger. Le ministère des Eaux et forêts doit organiser un plan d'évacuation de cet animal », plaide le régisseur, en indiquant que cette ferme  agro-pastorale s’inscrit dans la durée. « Il est question de voir à partir du champ pénitentiaire de Saliakro que certains prisonniers peuvent s'amender en vue de se réinsérer dans le tissu social. Après cette promotion, Saliakro ne fermera pas. On continue de recruter. Cette maison de correction va fonctionner. Il est question de créer d'autres centres de ce type », révèle-t-il. Il est 15 heures 30 minutes lorsque nous quittons Saliakro dans l’espoir d’y retourner dans les mois à venir.  

Qui finance le projet?
Interrogé le 10 février à Abidjan, Ouata Babacar, directeur de l’administration pénitentiaire (Dap), argumente pour dire que  la création de  la ferme agro-pastorale de Saliakro répond à trois préoccupations. Selon lui,  il est question de former les détenus au métier de l’agriculture et de l’élevage.  Ensuite, le patron des trente-trois prisons que compte le pays, ajoute qu’il s’agit de constituer une réserve alimentaire pour nourrir les pensionnaires des autres maisons pénitentiaires. «Ils seront alimentés à partir ce qui est produit du champ pénitentiaire de Saliakro. Il y a le maïs, l’haricot, le manioc, les produits maraîchers et les produits de l’élevage », énumère-t-il. Enfin, le Dap souligne que sur le long terme « nous devons avoir une autonomie financière grâce à la vente du surplus produit dans ce champ pénitentiaire. C’est une gestion collective et participative. Nous avons impliqué les autorités administratives et les collectivités locales de Dimbokro.», précise-t-il. Selon M. Ouata, l’Union européenne, à travers l’Organisation non-gouvernementale (Ong) "Prisonniers sans frontières (Psf)", a signé en mai 2012, un accord de partenariat (le montant n’a pas été communiqué) avec le ministère de la Justice. C’est donc un contrat entre le ministère de la Justice représenté par la direction de l’administration pénitentiaire et cette Ong, précise notre interlocuteur. D’après lui, la durée du contrat est de trois ans non renouvelables. «Après les trois ans, l’Etat par truchement de la direction de l’administration pénitentiaire va reprendre en main la gestion de la ferme agro-pastorale de Saliakro. Nous sommes condamnés à réussir Saliakro, car c’est une expérience porteuse d’espoir dans le cadre de la réinsertion socioprofessionnelle des détenus une fois sortis de prison. Nous nous donnons les moyens pour réussir cette mission passionnante. Nous devons réussir et nous allons réussir Saliakro», certifie le directeur de l’administration pénitentiaire.   


Ouattara Moussa, envoyé spécial à Saliakro (Dimbokro).





 Encadré 1 : Fiche d’identité de la prison de Saliakro

Date de la création: Mai 2012

Nom: Ferme agro-pastorale de Saliakro en hommage au régisseur de la maison d’arrêt et de correction de Dimbokro, Ouattara Salia. Cet administrateur de prison est décédé accidentellement en 2007. Fait marquant, il se rendait sur le site qui était précédemment un camp de jeunesse créeé en 1973.   

Situation géographie : Le site est situé à 18 kilomètres de Dimbokro, côté  est, et il est limité à l’ouest par le fleuve "N’Zi", du côté de Tiémélékro

Superficie: 450 hectares   

Capacité d’accueil: 150 places avec 21 bâtiments
Ressources humaines : 25 gardes pénitentiaires dont trois lieutenants  et 22 sous-officiers, pour 24 détenus ; soit un agent pour un prisonnier.
Moyens logistiques: Un véhicule de transport de troupe
Moyens de défense: Top secret

OM, envoyé spécial à Saliakro (Dimbokro)


Encadré 2 : Les conditions d’admission à la ferme agro-pastorale

Selon le régisseur de Saliakro, les détenus sont recrutés à travers les trente-trois prisons que compte le pays. «  (…) Cela  se fait à partir d'une commission installée par la cellule. Qui est, elle-même, rattachée au cabinet du  ministre de la Justice. C’est cette cellule qui a en charge le suivi de ce projet. La commission siège. Elle choisit les détenus qui remplissent les conditions sur présentation des différentes listes envoyées par les administrateurs des prisons. Ce sont des détenus condamnés d'une peine allant de zéro à un an. Ceux-ci ont été mis sous les verrous pour des délits mineurs.  Ils sont admis ici pour apprendre les métiers de l'agriculture et de l'élevage. Il est question pour eux de pouvoir se réinsérer dans la société à la fin de leur peine», renseigne M. Ouattara.  Après cela, poursuit-il, la commission nous communique les noms des prisonniers retenus pour être admis au champ pénitencier de Saliakro. Toujours selon notre interlocuteur, elle envoie des copies aux différents régisseurs des établissements qui ont été retenus. Ces derniers ont pour mission  de convoyer vers Saliakro les détenus sélectionnés. «Quand ces pensionnaires arrivent ici, nous les recevons. Nous les logeons. Nous les gardons. Il y a un exploitant agricole qui a été désigné. C'est ce dernier qui s'occupe du volet formation agricole. Nous, on s'occupe de la garde, de la surveillance et du suivi des prisonniers. L'exploitant agricole s'occupe de l'exploitation de la ferme. Quand il a besoin d'un nombre de détenus, il nous fait la demande. Nous mettons à sa disposition ces prisonniers. Ils vont travailler avec lui. Et après le travail, les détenus sont réintégrés. Nous ne décidons rien en matière agricole. C'est l'exploitant qui définit les sites et le type de cultures. Notre mission, c'est de recevoir les détenus. Nous devons les suivre pendant les activités agricoles. Nous les nourrissons. On les soigne. On les loge », soutient le patron de la prison de Saliakro.

OM, envoyé spécial à Saliakro (Dimbokro)


 Lég 1: Les détenus en train de défricher une parcelle pour semer du maïs…

Lég 2 :…après avoir écouté les consignes de sécurité données par Ouattara Pinguessié, régisseur de la prison de Saliakro.  

Lég 3 : Les détenus sont visiblement contents d’avoir rempli leur journée de labeur.

Photo : Ouattara Moussa