Reportage
Bouaké/ Douze jours
après sa réouverture
Voici
le nouveau visage du camp pénal
Le
camp pénal de Bouaké a fait peau neuve. En plus des murs rénovés, les agents
pénitentiaires ont un nouvel état d’esprit, nous a assuré le régisseur, le 28
mars, lors de la cérémonie de réouverture officielle de ce pénitencier présidé
par le ministre de la Justice.
Des gardes postés sur
les quatre miradors peints en vert mesurant 25 mètres de haut veillent au grain.
Les geôliers vêtus des gilets par balles noirs, armes au poing, observent les mouvements à l’intérieur et à
l’extérieur de la détention. Munis de jumelles, ils balaient la zone dans un
rayon de deux kilomètres. Au sol, il y a
des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Ils patrouillent
le long de la clôture et dans les environs. Des fils barbelés électriques sont
visibles. On peut lire la mention sur les panneaux: danger de mort illustré par
un crâne de mort reposant sur deux os. Les fils surmontent une clôture peinte
en jaune, haute de 20 mètres. Le mur jouxte celui de l’université Alassane
Ouattara. Nous sommes au camp pénal de Bouaké. Un établissement pénitentiaire situé
à l’entrée de la capitale de la paix, en provenance de Sakassou. Ce 28 mars,
Gnénéma Mamadou Coulibaly, garde des Sceaux,
ministre de la Justice, des droits de l’homme et des libertés publiques, procède
à la réouverture officielle de cette maison pénitentiaire de haute sécurité. Le
camp pénal est bâti sur une superficie de 5 hectares. Il y composé de six bâtiments
comprenant chacun sept cellules d’une capacité de 40 détenus par cellule. Soit
une capacité d’accueil exacte de 1680 places. Après avoir franchi le premier
portail en acier de couleur verte qui donne accès à l’arrière-cour, on aperçoit
deux bâtiments rénovés. Là-bas se trouve l’administration et les bureaux des
gardes pénitentiaires. Cinq geôliers sont postés devant le second portail qui
donne accès à la cour et aux cellules. Nous n’avons pas été autorisés par
l’administration pénitentiaire à visiter l’intérieur des cellules pour des
raisons de sécurité, selon elle. Néanmoins, le régisseur nous explique que dans
le cadre de l’expérimentation du système de sécurité, 52 détenus occupent
depuis septembre dernier les cellules. Ce sont des personnes qui sont reconnues
coupables des faits d’abus de confiance et d’escroquerie, précise-t-il. Leurs
peines varient de dix-huit à vingt quatre mois.
«Nous
allons humaniser le camp pénal»
«Nous recevons les
condamnés de longtemps peine. C'est-à-dire des personnes qui ont entre 10 et 20
ans de prison. Mais pour les besoins d’entretien et d’expérimentation du
système de sécurité, nous avons reçu de détenus de petites peines. Ce sont des
personnes dont les condamnations varient entre 18 mois et 24 mois. Ils font
présentement l'entretien des locaux, car depuis septembre dernier, les travaux
de réhabilitation du camp étaient achevés. Ils sont au nombre 52 prisonniers qui sont présentement ici.»,
indique Amonkou Manssan, le patron du camp pénal. Et d’ajouter : « Mais
je précise que ce sont des prisonniers qui ont commis des délits mineurs. Ils assurent l'entretien des locaux. Très
rapidement, les bandits de grand chemin qui sont les vrais destinataires de
cette prison, seront convoyés ici. Ils viendront occuper les cellules pour
purger leurs peines». Selon lui, la
particularité du camp pénal c’est que c’est une détention de longue durée et
elle ne reçoit que des hommes. « Nous n'avons pas de détenus de sexe
féminin ; c'est la particularité du camp pénal. Il n'y a pas de femmes
ici. Il n' y a pas de prévenus, car quelqu'un qui n'a pas été jugé n'a pas le
droit de venir ici. C'est une prison qui a été faite uniquement pour recevoir
les hommes. Depuis longtemps, c'était la vocation du camp pénal de Bouaké. Il
ne reçoit que des hommes condamnés à de longues peines », souligne le
régisseur. Il ajoute qu’en plus des gardes pénitentiaires qui assurent la
sécurité à l’intérieur de la détention, des éléments des forces armées viennent
en appoint. «La sécurité est assurée
par les gardes pénitentiaires. Nous avons besoin de 300 agents, mais pour
l'heure, il y a 150 gardes qui assurent en permanence la sécurité. Nous sommes
appuyés par des éléments des Frci (Forces républicaines de Côte d'Ivoire,
ndlr), de la gendarmerie et de la police. Toutes ces forces sont mobilisées
pour assurer la sécurité du camp pénal de Bouaké », assure notre
interlocuteur dont la priorité est d’humaniser les conditions de détention des
prisonniers. « Ceux qui sont là ont
droit aux visites des parents. Les jours de visite sont les mardis et les
samedis. Cela est prévu dans le règlement intérieur de la prison. Donc, nous
n’allons rien changer, lorsque les criminels seront transférés dans notre
prison. Ils auront les mêmes droits. Ils auront droit à une séance avec les assistants
sociaux pour travailler. Donc, nous ne sommes pas totalement fermés comme le
penserait l'opinion », précise notre interlocuteur. « Nous
sommes plus dans le système ancien. Il s'agit aujourd'hui d'humaniser les
prisons. Les pensionnaires du camp bénéficient de trois repas par jour. Ici,
ils mangent tout sauf le foutou, puisqu'il n'y a personne pour leur piler
l'igname ou la banane plantain. On fait le toh (pâte de farine de maïs),
l'attiéké, l’haricot, le riz et bien
d’autres aliments», soutient M Amonkou qui accorde une place de choix à
l’épanouissement et à la politique de réinsertion socioprofessionnelle de ces
prisonniers. «Nous avons des ateliers de couture, de menuiserie et de
maçonnerie. Il y a un jardin potager. Il y a aussi des activités récréatives.
Mais tout se déroule à l'intérieur de la prison. Nous souhaitons obtenir des
machines pour équiper davantage les ateliers de menuiserie. On a des programmes
d'alphabétisation. Il y a des assistants sociaux, des maîtres d'éducation spécialisée
qui sont là. Ils travaillent avec les détenus pour les aider à lire et écrire »,
nous confie cet homme dévoué à la tâche.
Ouattara
Moussa, envoyé spécial à Bouaké
Lég :
Le camp pénal de Bouaké a rouvert ses portes le 28 mars dernier
Photo :
Ouattara Moussa
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