Tribunal d’Abidjan-Plateau
Course-poursuite entre
les policiers et un détenu
Nous sommes dans la grande salle d’audience de la cour
d’appel près le tribunal d’Abidjan-Plateau. L’audience de ce mercredi 16
juillet est ouverte. Les accusés défilent
à la barre sans que le tribunal ne prononce aucune peine. Celui-ci renvoie les
différents dossiers pour délibération en octobre prochain. Il est 12 heures 30
minutes lorsque le juge appelle Koffi Mathurin à la barre. Au même moment, une
forte pluie tombe sur le Plateau. Le détenu assis dans la deuxième rangée du
box des accusés se lève. Il descend les marches. Il avance nonchalamment et se
présente au tribunal les mains libres. Il porte un pantalon jean de couleur
bleue et une chemise grise manche courte.
Il chausse des baskets. Le président de la cour dévoile son identité et lit
le chef d’accusation. Le prisonnier a été condamné en première instance à cinq
ans de prison ferme. Le juge pénal
l’avait déclaré coupable des faits d’escroquerie et d’abus de confiance. Mathurin
a fait appel de la décision rendue. Il n’est pas d’accord avec la peine
prononcée contre lui par le tribunal correctionnel. Le président de la cour
remet le dossier en octobre pour délibération. C’est-à-dire après les vacances
judiciaires qui débutent à la fin du mois de juillet. Il ordonne au détenu de
reprendre sa place. Mathurin se retourne. Il fait semblant de suivre les
instructions du policier. Ce dernier lui fait un geste de la main pour lui
demander de s’asseoir dans le couloir en compagnie d’autres détenus. De
coutume, ils sont parqués avant d’être escortés par les agents, les mains liées
les uns aux autres, vers le violon du parquet. C’est de là-bas qu’ils sont
transportés dans le cargo à destination de la grande maison de détention de
Yopougon. Mais Mathurin a un autre plan. L’homme de 36 ans profite de la seconde d’inattention du flic
pour filer droit vers la sortie secondaire de la salle. « Héééé ! Il
est en train de fuir», s’exclame une femme dans la foule. Le condamné se
faufile rapidement entre les sièges et se retrouve à l’extérieur de la salle.
Il emprunte un couloir et descend rapidement les marches. Il se dirige vers le
sous-sol où se trouve le service des archives des greffes. Une course-poursuite
s’engage entre le détenu et les policiers. Pendant qu’il est pris en chasse par
deux agents, les autres bouclent toutes les autres issues. C’est la cohue
générale. Mais Mathurin n’en a que faire. Il court et continue de courir. Il
fracture du pied la porte du service des archives du greffe pour se frayer un
chemin. Il pleut toujours. C’est le branle-bas au tribunal. Les clameurs gagnent
en intensité. Les policiers sont sur les dents. Le détenu monte les marches en
passant devant les bureaux des juges d’instruction. Il tente de traverser la cour
du tribunal pour prendre la direction de la sortie principale en face de la
cathédrale Saint-Paul du Plateau. Il est lancé dans sa course, à deux doigts de
réussir son coup. Et patatras ! Mathurin est face à un mur d’hommes en
treillis dressé par les autres agents. Il est pris en étau. Le fugitif est
fauché par les deux policiers qui le pourchassaient. Il tombe dans une flaque
d’eau. Les autres agents viennent en appui à leurs collègues. Mathurin est maîtrisé
à la suite de plusieurs coups de pieds qu’il a reçus. Il est arrêté et trimbalé
vers le violon par les policiers. La tentative d’évasion tourne court et les choses se compliquent davantage
pour lui.
Ouattara Moussa
Les
policiers du palais de justice du Plateau doivent redoubler de vigilance.
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