jeudi 28 novembre 2013

Insécurité à Abobo: L’ultimatum des populations aux gangs à la machette

Insécurité à Abobo

L’ultimatum des populations aux gangs à la machette

La terreur change de camp. Les habitants du 2ème arrêt, un quartier de la commune d’Abobo, ont lancé, dimanche, un ultimatum aux gangs à la machette qui sévissent depuis plusieurs mois. Ils somment ces groupes de gamins dont l’âge varie entre huit et quinze ans de déposer sans délai machettes, gourdins et autres armes blanches. «Nos enfants qui constituent la relève sont devenus aujourd’hui des bombes entre nos mains. Ils sont devenus une honte pour nous les parents. Lors des mariages, ils se livrent à toutes sortes de vices et d’agressions. Nos enfants sont devenus des bandits et des drogués. Nous sommes déterminés à les contraindre de déposer les armes. Pour conduire cette opération, nous demandons le soutien de la police», a indiqué Koné Siaka, imam de la mosquée et porte-parole des confessions religieuses. A la place publique, le guide religieux a ajouté que les activités criminelles commises par les  gangs à la machette sont légion. « Pis, ils tuent leurs victimes. La police doit nous aider », a insisté l’imam devant le commissaire divisionnaire Bakayoko Soualio, chef du district de police d’Abobo qui avait à ses côtés les commissaires de police Fofana Ibrahim, du 14ème arrondissement et Maxime du 21ème arrondissement et un détachement des soldats de l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Pour Mme Konaté Salimata, porte-parole des femmes, il faut éradiquer cette nouvelle forme de banditisme urbain à la racine. Selon elle, il faut procéder à la destruction des fumoirs et autres cabarets.

Interdiction de la danse "sipa"

«Ces jeunes gens, qui viennent en majorité d’autres quartiers, se retrouvent dans ces endroits pour faire n’importe quoi. Un homme normal ne peut pas prendre une machette pour taillader son semblable si ce dernier n’a pas pris de la drogue. Dès aujourd’hui (dimanche, ndlr), nous n’allons plus accepter que ces personnes-là viennent nous attaquer et nous dépouiller.  Nous allons les dénoncer. On en a marre. Ça suffit», a-t-elle pesté en exhortant les gouvernants à résoudre le problème du chômage juvénile à travers l’implantation d’une zone industrielle à Abobo. «Trop c’est trop. Il faut que ça cesse. Nous mettons en garde tous ces voyous. Celui qui va commettre une agression sera traqué jusqu’à son dernier retranchement. On le prend ; on  le met à la disposition de la police. Les auteurs des attaques à la machette seront réprimés. Celui qui refuse de déposer sa machette nous trouvera sur son chemin», a averti Bamba Amadou alias Tigré. Le président de la jeunesse du 2ème arrêt (Aj2a) a annoncé l’interdiction de la danse du "Sipa". Cette danse de réjouissance était un prétexte pour ces gamins devenus des malfrats pour attaquer et dépouiller leurs cibles. En plus, toutes les manifestations sur l’espace public sont interdits sauf celles qui seront autorisées après approbation de la mairie et du comité de gestion du quartier. « Toutes ces mesures seront efficaces à condition que chacun joue sa partition. Il faut dénoncer les membres des gangs à la machette. Les policiers ne jettent pas de cauris. Donc, nous devons collaborer avec la police. Et nous allons le faire», a assuré M. Bamba. A en croire le directeur de cabinet du maire Adama Toungara, un plan global de sécurisation de la commune a été mis en place dont le but est «d’éradiquer» le phénomène des gangs à la machette. «Souffrez que ces dispositions ne soient divulguées sur la place publique. Nous travaillons et nous allons éliminer, je dis bien éliminer, ce phénomène. Dès cet instant, j’invite les parents à prendre leurs responsabilités. Donnez des conseils à vos enfants sinon il sera trop tard», a déclaré Bamba Amara. Quant au chef du district de police, il a rassuré les populations de la disponibilité de ses éléments et lui à sécuriser les quartiers du phénomène "des microbes". Il faut rappeler que dans la nuit du 14 au 15 novembre, Kaba Soiré (12 ans) et Oumarou Diaby( 13 ans) ont été tués par le gang de Fofana Abdoulaye alias Kfc. En représailles, ce dernier a été lynché à mort dans la matinée du dimanche 17 novembre.     


Ouattara Moussa


Lég : La population déterminée à éradiquer les gangs à la machette avec l’appui des forces de l’ordre.







une vue de la foule rassemblée à la place publique du quartier 2ème arrêt d'Abobo

Le chef du district de police d'Abobo, le commissaire divisionnaire Bakayoko Soualio 

Les habitants du quartier de 2ème arret entourés du commissaire Bakayoko et d'une délégation de l'Onuci 






samedi 23 novembre 2013

Interview Gangs à la machette à Abobo/Bamba Amadou alias Tigré, président de l'Association des jeunes du 2ème arrêt (Aj2a):

Interview

Gangs à la machette à Abobo/Bamba Amadou alias Tigré, président de l'Association des jeunes du 2ème arrêt (Aj2a):


" Ces enfants peuvent devenir des terroristes si …"

Des jeunes gens veulent en découdre avec les gangs à la machette qui sèment la terreur au sein des populations abidjanaises. Selon le président de l'Association des jeunes du 2ème arrêt (Abobo), face à cette nouvelle forme de banditisme urbain, il faut appliquer la loi du talion.


Face à la montée en puissance des gangs à la machette à Abobo, faut-il avoir peur de se rendre dans cette commune?

Il faut avoir peur d'aller à Abobo parce que la sécurité n'est pas garantie. Partout et à tout moment, des groupes de jeunes peuvent sortir de nulle part pour vous agresser avec des machettes. Je ne conseille pas à quelqu'un de venir en ces temps-ci à Abobo. Il faut que la sécurité revienne avant d'inviter les gens à y venir.

Qu'est-ce que vous allez faire pour que la sécurité revienne?

Nous avons besoin de la contribution de tout un chacun, en particulier celle du ministre de l'Intérieur et de la sécurité. Nous souhaitons qu'il active réellement les forces de sécurité à Abobo à travers les patrouilles. Nous voulons qu'il déploie la police criminelle ici. Car les voyous d'Abobo n'ont peur que de cette unité spéciale de la police.

Etes-vous en train de dire que les responsables locaux de la sécurité ne font pas leur travail?

Je ne suis pas en train de dire que les responsables en charge de la sécurité ne font pas leur travail. Ils font ce qu'ils peuvent mais ils sont dans un endroit bien déterminé. Ils sont dans leur poste de police et dans les casernes militaires.

Mais ils ne sont pas cantonnés puisqu'on les voit faire souvent la ronde dans les différents quartiers.

Quand les gangs à la machette sévissent, on les appelle. Lorsqu'ils arrivent, ils mettent leur sirène en marche. Les malfrats disparaissent dans la nature lorsqu’ils l’entendent. Cela fait près de deux ans que les mêmes acteurs sévissent à Abobo. On ne peut comprendre cela ! Beaucoup a été fait mais il reste beaucoup de choses à faire.

Que préconisez-vous dans ce cas ?

Il faut cibler les auteurs. Il faut les rechercher en lançant des avis de recherche. Il faut mettre de vrais investigateurs aux trousses de ces bandits. Ces derniers doivent être traqués dans leur dernier retranchement afin de les rattraper pour les punir.

Les membres des gangs à la machette sont généralement des gamins. Ils sont issus des familles. Pourquoi la répression de ce fléau  ne marche-t-elle pas?

Ce qui ne marche pas, c'est que lorsqu'ils laissent les machettes et qu'ils retournent dans leurs domiciles, les actions de la police ne continuent pas. Il faut toujours les réprimer. Il faut rechercher ces malfrats jusque dans leur dernier retranchement. C'est cette façon d'agir qui peut mettre fin à ce phénomène. A l'époque, quand quelqu'un tailladait à la machette une personne, il était recherché même dix ans après les faits. L'auteur était jugé et condamné à une lourde peine de prison.

Après les affrontements meurtriers entre des bandes armées la semaine dernière, dans quel état d'esprit se trouvent les riverains?

Nous sommes dans une situation de terreur. Dans notre quartier, à partir de 19 heures, il n'y a plus personne dehors. Le quartier se vide de sa population. Des locataires de plusieurs cours communes ont fui leurs maisons pour se réfugier chez des parents dans d'autres quartiers. Ils y viennent pendant la journée mais ils vont dormir ailleurs de peur d'être agressés.

Avez-vous initié des rencontres avec ces enfants et leurs parents pour leur demander ce qui les motive à prendre des machettes pour agresser les populations ?

Nous avions commencé la sensibilisation il y a plus d'un an. Aujourd'hui, il faut noter que les vrais acteurs de ces attaques ne sont pas forcément de notre quartier. Nous savons que nous sommes beaucoup convoités. Vous avez des jeunes qui viennent d'autres quartiers. Cela s'explique par le fait que nous sommes à proximité de la gare routière. Il y a les cabarets, les maquis, les maisons closes. Les jeunes viennent s'asseoir dans les cabarets. On ne sait d'où ils viennent. Ils passent tout le temps dans ces endroits.

Ne faut-il pas commencer à détruire ou empêcher l'installation des cabarets et maquis?

Nous avisons les responsables de sécurité. Il appartient à l'autorité de prendre des mesures. Nous avions aussi informé la mairie. La présence de ces cabarets agit négativement sur l'éducation de nos enfants. La majorité de nos jeunes gens sont déscolarisés parce qu'ils n'ont pas de bons modèles. Notre rôle est d'alerter les autorités. C'est ce que nous faisons.

Que faut-il faire pour éradiquer ce phénomène?

Les solutions se trouvent à plusieurs niveaux. Il faut  sensibiliser les enfants. Les autorités doivent tenir leurs promesses face à cette jeunesse. Il faut dire qu'aujourd'hui, le taux du chômage des jeunes  grimpe chaque jour. Il ne faudrait pas être surpris de voir demain ces jeunes-là se transformer en de grands braqueurs et même en des terroristes. Ces enfants peuvent devenir des terroristes si l’occasion se présente à eux. Cela n'est pas exclu. Je pense que le Nord-Mali était une zone abandonnée. Les terroristes sont arrivés. Ils ont  converti les voyous pour les utiliser par la suite dans la guerre. Il est vrai que nous ne sommes pas à ce stade mais nous ne sommes pas aussi à l'abri. Nous allons prendre des mesures à la suite de la rencontre que nous allons tenir dimanche prochain. Désormais, avec l'accord des sages, les danses "sipa" seront  interdites. Ce sont des lieux de rendez-vous de ces voyous pour commettre les agressions et dépouiller les populations. Le comité de gestion va prendre ses responsabilités. Toute manifestation publique doit être soumise à la mairie après approbation du comité. Les parents seront mis devant leur responsabilité.        

Réalisée par Ouattara Moussa

Lég : Bamba Amadou a annoncé un meeting dimanche prochain au stade du quartier pour lancer un dernier ultimatum aux gangs à la machette.
      









jeudi 21 novembre 2013

Blocage des allocations à l’université de Bordeaux (France) Des étudiants ivoiriens se révoltent contre la direction des bourses

Blocage des allocations à l’université de Bordeaux (France)

Des étudiants ivoiriens se révoltent contre la direction des bourses

Les étudiants ivoiriens de l’université Bordeaux I (France) dénoncent le blocage de leurs allocations dont la direction des bourses d’Abidjan  serait à l’origine.

Plus rien ne va. Le torchon brûle entre la direction des bourses du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et les étudiants ivoiriens de l’université Bordeaux I (France). Ils crient leur ras-le-bol face aux dérives constatées dans l’octroi des aides financières. Ces étudiants de l’Hexagone accusent le directeur des bourses et son équipe des faits de «racket, de complaisance et d’opacité» dans l’attribution des bourses d’études hors de la Côte d’Ivoire. Selon le président de l’Association des élèves, étudiants et stagiaires en Gironde (Aeesig-France) et ses camarades qui nous ont joints, le 13 novembre, par téléphone, il existe un flou autour des conditions d’allocation des bourses au titre de l’année académique 2012-2013. Au dire du président de ce mouvement, les règles établies (consultez le site internet de la direction des bourses) n’ont pas été respectées par le directeur des bourses du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. A en croire Dramane Ouattara, étudiant doctorant en informatique (e-santé) à l'université Bordeaux, ses camarades et lui ont tiré la sonnette d’alarme à travers un rapport transmis  en avril à Charles Gomis, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France. « (…) A chaque fois que j'ai eu la direction des bourses à Abidjan, en son temps, au téléphone, l'on me disait que le document était en cours et cela depuis avril 2013.  Alors, c'est dans ce contexte que lors d'une rencontre avec l'ambassadeur, je lui ai fait part des difficultés des étudiants pour avoir leurs bourses. L’ambassadeur m'a demandé de lui adresser un état de la situation.  Ce que j'ai fait à travers un rapport pour décrier le manque de transparence, le non-respect des règles. Pis, les cas de racket sont légion. La sous-directrice des bourses a indiqué à certains de nos camarades que s’ils veulent obtenir la bourse d’étude et figurez sur la liste des bénéficiaires, alors ils doivent être prêts à donner de l’argent», nous a confié le président de l’Aeesig-France dans le rapport dont nous avons reçu copie. Pour lui, il n’en fallait pas plus pour que leur situation se complique davantage.   «C'est ce document, une fois dans les mains de la direction des bourses, qui a  suscité toute la colère de cette direction qui a décidé de ne plus régler les problèmes de bourses », a-t-il soutenu. 


«Il y a plusieurs étudiants dans ce cas. C’est révoltant»

Puis d’ajouter : «En Octobre, profitant de ma participation comme conférencier au Symposium sur la cyber-santé organisé par l'ordre des médecins de Côte d'Ivoire, je suis allé à la rencontre de la direction des bourses pour discuter du problème. Madame Coulibaly, sous directrice des bourses m’a exhorté à aller demander pardon au directeur des bourses pour avoir rédigé ce rapport ; seule alternative pour régler le problème.  Ce que j'ai refusé. Et elle est allée jusqu'à m'enfermer dans son bureau avec ses collègues, m'empêchant de quitter les lieux. C'est une tentative d'intimidation que je considère inacceptable.»
En sus, les étudiants ivoiriens des différentes universités de Bordeaux (Gironde) décrient l’opacité du système et surtout le manque d’information.  «Nous nous posons la question de savoir s’il y a une vraie coordination des actions et un vrai partage d’information entre la direction des bourses à Abidjan et le service des bourses de l’ambassade. Il est inadmissible qu’un étudiant qui dépose une première demande de bourse et à qui la commission d’attribution décide d’octroyer cette bourse ne puisse pas être informé malgré son dossier de demande constitué de son adresse mail, de l’adresse de son université, de son numéro de téléphone portable. Le comble, finalement on décide de l’annulation de cette bourse sous prétexte que l’étudiant ne s’est jamais manifesté. Il y a plusieurs étudiants dans ce cas. C’est révoltant», ont fulminé Soro Allaman, étudiant en master d’économie  à l'université Bordeaux 4, Tokpa Rose de l'université Bordeaux 3,  Gomi Charline à Pigier Bordeaux   et Kouakou David à l'université Bordeaux 3, doctorant en droit. Pour Adouko Bernard, doctorant en droit à l'université Bordeaux 3, Ouattara Zanga, doctorant en géographie dans la même université, Nouaman Marcellin en médecine à l'université Bordeaux 2, et Cissé Moustapha en économie à l'université Bordeaux 4, le système actuel d’attribution des bourses d’étude n’est pas adapté. De leur avis, il est temps comme « cela est prôné par le président de la République et son gouvernement » que les plus méritants soient les étudiants qui bénéficient véritablement d’une bourse d’étude. Nos interlocuteurs souhaitent que l’on ne puisse plus « assister ni accepter » des listes de boursiers officielles et des listes de boursiers non-officielles.
«Il est temps aussi qu’un étudiant non satisfait du traitement de son dossier et de la suite donnée à sa requête puisse avoir la possibilité de recours et que l’on puisse lui expliquer clairement ce qui a milité en sa défaveur par rapport à un autre étudiant. Il est temps également qu’on ne soit plus obligé de connaître une personne travaillant à la direction des bourses pour espérer être informé de la situation. Il faut que l’information soit partagée et que les canaux soient multipliés afin que les étudiants soient mieux informés. Il ne doit plus avoir d’annulation de la bourse d’un étudiant par manque d’information. Il est temps enfin de créer les conditions d’une confiance entre les structures chargées de la gestion des bourses et les étudiants et cela passe par une transparence totale du système », a recommandé Dramane Ouattara, président de l’Aeesig-France.

La cacophonie entre le ministère et la direction des bourses

Face aux récriminations formulées, nous nous sommes rendus le 18 novembre successivement au cabinet de Cissé Bacongo, à la tour C, 20ème étage et à  la direction des bourses sise à l’immeuble Noguès. Selon le service de communication du ministre, il n’existe pas de problème de blocage de bourses et le premier responsable de ce département ministériel n’a pas reçu de rapport dénonçant des dysfonctionnements dans l’attribution des aides financières aux étudiants ivoiriens vivant dans l’Hexagone. « Le ministre était en septembre à Paris (France). Il a eu une rencontre avec les étudiants le 24 septembre à l’ambassade. Tous les problèmes liés au retard de paiement des bourses ont été réglés. Le ministre n’a pas reçu de rapport », ont soutenu en chœur Dominique Ouandjé et Mme Amélie Lohouès. Un autre son de cloche est sorti de l’immeuble Noguès.  
Selon Seidou Diaby, directeur des bourses d'étude qui avait à ses côtés Mme Coulibaly Barro Kadidaitou, sous-directrice des bourses hors Côte d'Ivoire, et Oka Yao Raymond, sous-directeur des bourses en Côte d'Ivoire,  le ministre a bel et bien reçu le fameux document. «Le ministre est le président de la commission. Il a été saisi. Il a reçu le rapport. C'est lui-même qui nous a transmis le rapport. Il a pris connaissance de ce rapport », a affirmé M. Diaby. Lors des échanges, Mme Coulibaly Barro Kadidiatou a nié en bloc les faits de séquestration du président de l’Aeesig. « Je n'ai pas la tête de quelqu'un qui peut séquestrer un homme. Quand vous me regardez, est-ce que je ressemble à quelqu’un qui peut faire ça ? Je lui ai demandé pourquoi il va écrire à l'ambassadeur pour un problème qu'on peut résoudre. Nous sommes-là. Ils auraient pu venir pour qu'on parle et trouver une solution », s’est-elle défendue. «Nous travaillons de façon transparente. Ce sont des problèmes qui vont se régler», a indiqué M. Diaby sur un ton conciliant.


Ouattara Moussa

Lég : Dramane Ouattara et ses camarades réclament le paiement de leurs bourses. 

Photos : DR











Reportage Attécoubé : Attaques de domiciles, fumoirs à ciel ouvert….

Reportage

Attécoubé : Attaques de domiciles, fumoirs à ciel ouvert….

Peur sur "Jean-Paul 2"

C’est peu de dire que les habitants du quartier "Jean-Paul 2" de la commune d’Attécoubé sont assiégés par les gangsters qui les dépouillent de leurs biens de jour comme de nuit. Nord-Sud Quotidien est allé à la rencontre de ces riverains angoissés et apeurés. Reportage.

Qui va sauver les habitants de "Jean-Paul 2"? Ce quartier de la commune d’Attécoubé, abandonné  à son propre sort, est devenu du pain bénit pour les délinquants de tout acabit. Les résidents se sentent comme des laissés-pour-compte. Beugré Charles, employé dans une entreprise de presse, va dormir ce soir encore la peur au ventre. Lui qui  est encore traumatisé à la suite de l’attaque à main armée dont sa famille et lui ont été victimes. Les faits se déroulent dans la nuit du 30 juillet vers 21h15. Deux individus armés de pistolets automatiques, portant des cagoules, font irruption chez les Beugré. Ils maîtrisent toute la maisonnée après avoir bouclé  à double tour le portail. Les malfrats prennent le contrôle du domicile. Ils menacent de tuer les occupants y compris le chef de famille s’ils refusent de leur donner argent, bijoux et autres biens. La suite on la connaît. «Ils ont pris la somme de 50.000Fcfa (un prêt que la mutuelle de sa société lui a accordé pour payer ses médicaments, ndlr)  et nos quatre téléphones portables. Ils n’ont pas ouvert le feu mais nous avons été brutalisés. L’un des bandits m’a donné un coup de crosse avec son arme à feu au niveau de la tête», explique Charles qui se remet petit-à-petit de sa maladie qui le cloue au lit depuis août.  Selon lui, il a porté plainte contre X au commissariat de police du 28ème arrondissement après l’agression. L’enquête est en cours et les  malandrins courent toujours. «Je suis encore convalescent. Cette nuit-là, j’ai reçu un appel téléphonique d’une camarade venue de Gagnoa. Elle voulait venir me voir pour me souhaiter prompt rétablissement. Elle ne connaissait pas chez moi. Je suis sorti pour aller à sa rencontre. En sortant, j’ai rabattu le portail laissant derrière moi ma nièce et ma petite-sœur», précise notre interlocuteur. C’est l’erreur qu’il ne fallait pas commettre. Les deux malfrats, tapis derrière une cabane jouxtant le domicile et faisant augure de fumoir de drogue, surgissent de la pénombre. «Ils ont pris ma nièce et ma petite-sœur en otage. Ils les ont conduites dans la chambre. Lorsque je suis revenu, j’ai constaté que le portail était hermétiquement fermé. J’ai tapé. Un homme a ouvert le portail. Il est apparu avec le visage encagoulé. Il m’a dit : "C’est la police !" Etonné, je lui ai demandé de me montrer un document attestant qu’il est effectivement un policier. A  peine j’ai prononcé ces mots qu’il m’a donné un coup de crosse avec son arme à la tête. Puis, il m’a traîné de force dans la cour avant de refermer le portail. Ma nièce, ma petite-sœur et moi, ils nous ont trimballés dans la chambre. Le bébé de ma sœur dormait au salon. Ils ont menacé de tuer l’enfant si je refusais de leur donner tout ce que j’avais», nous confie M. Beugré, le cœur serré et le regard bouleversé. Les chenapans opèrent tranquillement avant de disparaître dans la pénombre. Alerté, le voisinage vient constater la scène du crime. Pendant qu’il nous raconte sa mésaventure, chemin faisant un groupe de cinq jeunes gens sortent de la broussaille. L’un d’entre eux porte des boucles d’oreille. Il arbore aussi des lunettes antisolaires. Un autre porte des dreadlocks. Tous sont vêtus de pantalons "jeans".

«Nous sommes livrés à nous-mêmes.  Aucune présence de la police»

Le groupe se trouvant en contrebas d’une colline se dirige vers nous. « Ce sont ces jeunes gens qui nous attaquent ici. Vous voyez, ils viennent tout droit du fumoir (il nous fait un geste de la tête pour nous indiquer l’endroit). Ce lieu est un espace prévu pour construire une église mais les jeunes gens fument la drogue-là pour venir nous agresser», dénonce Ahoutou Léon, un autre riverain qui nous a rejoint. Lui aussi a été victime de vol de nuit en réunion à main armée. Dans la nuit du 13 octobre à 20 h, trois malfaiteurs ont presque tout pris à son domicile après avoir ligoté sa femme et lui. « Nous sommes abandonnés. Il n’y a aucune patrouille de police ni de gendarmerie. Nous sommes livrés à nous-mêmes», déplore Léon. Les jeunes en question marquent un bref arrêt lorsqu’ils arrivent à notre niveau. Nos regards se croisent. Nos ‘’adversaires’’ deviennent frileux. La bande marche au pas de course pour s’éloigner. Nous continuons de faire le tour du propriétaire en compagnie de nos contacts qui vivent l’enfer depuis le mois de juin. Précisons que le quartier se trouve sur un terrain accidenté. Des monticules par-ci  et par-là. On se faufile entre les maisons. Les eaux domestiques coulent à travers les ruelles. Par endroits, il faut faire des bonds au risque de marcher dans une flaque d’eau. Les quelques rares habitants que nous croisons dans la matinée de ce 19 novembre sont avares en mots. Ils sont méfiants. Ils craignent d’être des cibles potentielles des malfrats. «Ici, à partir de 18h c’est un couvre-feu. Chacun de nous se barricade. Chacun prend son chapelet pour prier Dieu afin qu’il l’épargne d’une attaque. Il y a deux semaines, des bandits armés de pistolets, de couteaux et de gourdins, ont pris en otage toute une cour. Ils ont dépouillé tout le monde. Avant de partir, ils ont enfermé les locataires. Nous avons été alertés par les cris de détresse. Nous sommes venus et nous avons fracturé le portail pour les libérer. C’est difficile. On vit dans la peur et dans l’angoisse», se lamente  Traoré Abou. Comme les autres, ce jeune instituteur n’a pas été épargné par les gangsters. A l’instar des autres résidents, il a porté plainte contre X au 28ème arrondissement de police. Mais l’enquête piétine. Les agresseurs ont le champ libre pour continuer leur entreprise criminelle. Nous laissons derrière nous Charles et ses co-riverains. Sachant qu’ils dormiront  avec un œil ouvert et la peur au ventre.

Ouattara Moussa

Lég : On prie le ciel à "Jean-Paul 2" pour enrayer un éventuel vol à main armée.
      
 Nb : Nous avons donné des noms d’emprunt à nos interlocuteurs pour des raisons de sécurité.



Encadré : Les explications de la police
Nous nous sommes rendus mardi au commissariat de police du 28ème arrondissement. Là-bas, le commissaire Hié Yéfini, a donné les explications de la non-présence de ses hommes et lui dans ce bled. «Si vous regardez la configuration du quartier (Jean-Paul 2, ndlr), il n’y a pas de voies praticables. Ce ne sont pas des excuses mais c’est la réalité. Le quartier n’est pas accessible. C’est pareil pour Mossikro, pour Abobodoumé…Notre zone de compétence s’étend sur un rayon de 7 kilomètres. Les rues ne sont pas éclairées. Les routes, ça n’existent pas », affirme-t-il. Le chef de service ne s’arrête pas là. « Vous voyez notre véhicule de patrouille qui est un engin reformé de l’Onuci est en panne depuis six mois. Nous n’avons pas de véhicule pour faire la ronde. Ce véhicule a roulé durant trois mois. Depuis lors il est garé parce qu’il n’a pas été réparé. Nous avons fait le rapport pour adresser à notre hiérarchie. Nous attendons la suite », avance-t-il. Seule lui, la seule solution pour l’heure, c’est d’organiser des patrouilles pédestres. «Cela suppose que vous avez lancé une patrouille à partir du commissariat qui va marcher jusqu’au quartier Banco 1 et 2. Elle va passer au carrefour Sable avant de rentrer au quartier Millionnaire. Une autre patrouille pédestre qui va commencer à partir du commissariat pour se diriger vers les quartiers de Santé 3, de Locodjro, de Jérusalem, d’Abobodoumé. Elle va passer devant Hôtel Blanc pour ressortir vers le 19ème arrondissement. Nous sommes en inférieur numérique au niveau de l’effectif. Ces éléments-là peuvent faire combien de tours ? », s’interroge l’homme en kaki en présence de son adjoint le commissaire Lorougnon.  «On ne peut se focaliser seulement là-bas (Jean-Paul 2, ndlr). Si on le fait les bandits savent donc ils vont changer de trajectoire. Ils viendront attaquer les autres quartiers. Nous faisons appel aux Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire, ndlr) qui n’ont pas la qualité d’Opj (officier de police judiciaires, ndlr) pour nous assister. Les Frci basées au 37ème arrondissement de police (n’est pas encore ouvert officiellement, ndlr)  viennent au quartier Jean-Paul 2 pour faire des patrouilles. Concernant les fumoirs nous avons identifié 13 endroits sur toute notre zone de compétence à la date du 19 novembre. A ce niveau nous faisons les rapports que nous mettons à la disposition de la Dpsd (direction de la police des stupéfiants et des drogues, ndlr). C’est elle qui doit venir démanteler les fumoirs. Nous faisons seulement un travail de renseignement. C’est la Dpsd qui doit mener des opérations pour démanteler. Chaque jour nous faisons des efforts pour traquer les bandits», se convainc-t-il.
OM          







lundi 18 novembre 2013

Hamed Bakayoko et Manuel Valls : «Les terroristes veulent frapper» (samedi 16 novembre 2013)

Hamed Bakayoko et Manuel Valls :


«Les terroristes veulent frapper»

La guerre au Nord-Mali se déplace. Les terroristes veulent attaquer la France et tous les autres pays africains engagés dans ce conflit, d’après les ministres Hamed Bakayoko et Manuel Valls.    


Les menaces d’attaques d’Al-Qaida au Maghreb (Aqmi) contre la France et les pays africains notamment la Côte d’Ivoire, engagée dans la guerre au Nord-Mali sont prises au sérieux. Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur et de la sécurité et son homologue français, Manuel Valls ont annoncé qu’ils sont conscients des défis sécuritaires et des projets d’attaques des terroristes contre leurs deux pays eu égard à leur engagement dans la guerre au Nord-Mali. «Le contexte sécuritaire international est fragile, notamment dans cette zone d’Afrique que vous êtes en train de parcourir et où les forces françaises sont encore impliquées dans la lutte contre le terrorisme. Nous sommes conscients des défis à relever dans ce domaine. C’est pourquoi le renforcement des capacités de nos services de renseignements nous paraît essentiel pour nous permettre  d’anticiper et de faire face aux menaces qui ont plusieurs visages aujourd’hui », a prévenu le ministre ivoirien de la sécurité, samedi dernier (16 novembre 2013) à l’Ecole de police à Cocody, lors de la réception de 500 pistolets automatiques et de matériels informatiques (dons de la France) destinés à la police et à la gendarmerie.  Entre la France et la Côte d'Ivoire, a renchérit Manuel Valls, « nous partageons les mêmes intérêts, les mêmes valeurs.  Celle de la démocratie et dans le même domaine de la lutte contre le terrorisme comme vous l'avez dit. Le terroriste frappe de manière aveugle les états démocratiques qui se battent pour la même cause qui est d'instaurer la démocratie partout. Je veux saluer le soutien et l'engagement de la Côte d'Ivoire au coté d'autres pays africains et de la France dans cette opération essentielle visant à instaurer l'intégrité de l'Etat du Mali ». Selon lui, le soutien du président Ouattara et de son gouvernement a été très important pour légitimer au niveau international cette opération. « C'est ensemble, à travers l'échanges d'information et l'analyse que nous devons bâtir une politique de renseignements efficace qui permet d'anticiper et de faire face à la menace terroriste. A ce niveau, vous me trouverez à vos cotés pour répondre à vos attentes et à vos demandes. Nous savons que les terroristes veulent frapper la France et les pays amis notamment la Côte d'Ivoire engagés dans la guerre au Mali. Nous devons être très attentifs à ces menaces. Nous ne devons jamais baisser la garde. (…)  La Côte d'Ivoire est un grand pays qui doit retenir notre attention. La Côte d'Ivoire est un grand pays de par sa situation géographique; par sa richesse, par son dynamisme de sa population, par son économie et les liens qui nous unissent. Donc, nous ne devons jamais baisser la garde » a insisté M. Valls.

Que faut-il faire pour contrer la menace d’Aqmi ?

Pour le ministre Hamed Bakayoko, au plan domestique, la solution se trouve dans la formation d’unité spécialisée et au niveau sous-régionale dans la mise en place d’un observatoire avec l’appui technique et logistique de l’ancienne puissance coloniale. 

«Au plan national, nous avons créé la Force d’assaut et de recherche de la police nationale (Frap)  qui reçoit en ce moment même, pour la seconde année consécutive, un stage de renforcement des capacités  avec l’assistance de deux spécialistes du Raid Français (Recherche, assistance, intervention, dissuasion, ndlr).  Grâce à vous, nous ambitionnons d’en faire une force du même type, très spécialisée, capable d’intervenir rapidement dans la sous région pour des actes terroristes, tels que les prises d’otages ou les détournements d’aéronefs. L’exemple récent de l’attaque d’un super marché au Kenya montre bien la nécessité de disposer d’une telle  unité spécialisée. Dans ce contexte, la mise en place d’un observatoire régional d’alerte et d’analyse stratégique permettrait sans aucun doute une progression en efficacité dans l’adressage des questions sécuritaires  au sein de la Cedeao (Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest, ndlr)», a-t-il indiqué. Cette demande n’est pas tombée dans des oreilles de sourds car les deux ministres ont signé, au cabinet ministériel au Plateau, en fin de matinée de ce samedi-là une convention relative au développement d’action et de coopération en matière de sécurité intérieur. Inutile de dire que Manuel Valls a été reçu par la suite en audience par le président Ouattara au palais. Le chef de l’Etat l’a élevé au grade de commandeur de l’ordre national.  

 

Ouattara Moussa

 

Le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko et son homologue français

 











Photos : Ouattara Moussa 

jeudi 7 novembre 2013

Procès des 21 gendarmes après l’attaque du camp d’Agban en octobre 2011

Les résultats de l’enquête complémentaire connus mardi

C’est mardi prochain (10 avril 2012) que l’on connaitra les résultats de l’enquête complémentaire ordonné par le tribunal militaire d’Abidjan.

Le lt.N’Guessan Roland Dorgélès et les 20 autres gendarmes accusés par le commissaire du gouvernement d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de détention illégale d’armes de guerre, de violation de consignes et de trouble à l’ordre public sont donc retrouvés hier dans leurs cellules à la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan. La raison du renvoie du procès a été donné par le président du tribunal. « J’ai appelé ce matin (hier, ndlr) l’officier à qui l’enquête complémentaire a été confiée. Il a effectivement les résultats. Mais celui qu’il a délégué pour venir déposer les conclusions de l’enquête s’est trompé de lieux. Il s’est plutôt dirigé au tribunal de première instance d’Abidjan. Il a déposé les résultats dans le bureau d’un magistrat. Le temps de nous en rendre compte ce magistrat avait déjà quitté son bureau. Donc, c’est demain (aujourd’hui) que nous saurons les résultats. Ainsi l’audience va tenir mardi prochain et non jeudi comme d’habitude », a expliqué Kouakou Georges.


Ouattara Moussa    




Le cdt Jean-Noel Abéhi, ex-patron du groupe d'escadron de gendarmerie (Geb) 



Le colonel Ange Kessi Bernard, procureur militaire

Procès des 21 gendarmes après l’attaque du camp d’Agban en octobre 2011 Les résultats de l’enquête complémentaire connus mardi

Le 15 mars 2013 s'est ouvert le procès des 21 gendarmes au tribunal militaire d'Abidjan (Tma) à la tour A, 17ème étage, au Plateau. Ils sont accusés par le procureur militaire d'avoir attaquer le camp de gendarmerie d'Agban dans la nuit du 11 au 12 octobre 2011. Selon l'accusation, le cdt Jean-Noel Abéhi, ex-patron du Groupe d'escadron blindé (Geb), serait le commanditaire de cette action dont l'objectif final serait de renverser le pouvoir d'Abidjan.Moi, j'y étais pour couvrir le procès pour mon journal Nord-Sud Quotidien. Donc, je vous propose de revivre ce procès Pour le 3ème round de l'audience, le juge a exigé du parquet des enquêtes complémentaires. 

NB: Nous n'avons pas pu faire des photos car nous n'avons pas été autorisés par le commissaire du gouvernement. Cependant, nous allons illustrer nos différents comptes rendus avec des photos d'archives en rapport avec le procès.

mercredi 6 novembre 2013

Atteinte à la sûreté de l’Etat, attaque du camp d’Agban en octobre 2011

Le tribunal refuse la liberté provisoire aux 21 gendarmes


Le tribunal militaire d’Abidjan a dégagé en touche la demande de mis en liberté provisoire introduite lors de l’audience d’hier (jeudi  29 mars 2012, ndlr) par Me Gohi Bi Raoul. Il est l’avocat des 21 gendarmes accusés par le commissaire du gouvernement d’atteinte à la sureté de l’Etat, de détention illégale d’armes de guerre, de violation de consignes et d’atteinte à l’ordre public. Ces 21 gendarmes appartenaient tous au groupe d’escadron blindé(Geb) basé à la caserne de gendarmerie d’Agban, précédemment dirigé par le cdt Jean Noel Abéhi en fuite. La raison évoquée par Kouakou Georges, président du tribunal est liée au résultat de l’enquête complémentaire qu’il a ordonné le jeudi dernier. Selon lui, les conclusions de l’investigation seront connues le jeudi prochain. « Donc, il n’y a pas de raison d’accepter la liberté provisoire », a-t-il tranché hier lors de 3ème séance de comparution des mis en cause. D’après le tribunal militaire il s’agit de la vérification des appels téléphoniques émis par les prévenus dans la nuit du 14 au 15 octobre 2011. Ce travail a été confié a des commissions rogatoires composées des officiers de police judicaires (Opj) notamment ceux de la police criminelle. Il est question de faire des réquisitions auprès des compagnies de téléphonies cellulaires pour procéder à des relevés. Cette décision du, juge militaire est suite au plaidoyer de l’avocat des prévenus. « Nos clients sont détenus depuis 5 mois en prison. Aujourd’hui, nous sommes à la 3ème séance de comparution. Ces gendarmes sont identifiés et on sait à quelle unité ils appartiennent. Nous demandons une mise en liberté provisoire le temps que l’enquête complémentaire puisse aboutir », avait indiqué Me Gohi-Bi Raoul. A cette audience une dizaine de témoins dont un civil sont passés à la barre. Notamment Kouissénou Kouakou Patrick, l’ami chez qui le mdl/ c Anzouan a soutenu qu’il a passé la nuit à Grand-Bassam. Au moment où de tirs nourris étaient entendus au camp d’Agban dans la nuit du 14 au 15 octobre 2011. « Le mdl/c Anzouan est arrivée le vendredi 14 octobre 2011 à Bassam vers 17h. Il était venu chercher une maison dans le cadre de son déménagement. Après le repas de 20 h, il est rentré dans sa chambre pour prier comme à son habitude. On ne s’est plu revu car le lendemain est reparti à Abidjan. C’est le dimanche qu’il m’a informé qu’il a été arrêté par la brigade de gendarmerie de Bocanda où il a été affecté », a expliqué l’enseignant. le lt-N’Guessan Roland Dorgélès et les 20 autres gendarmes sont retournés dans leurs cellules à la maison d’arrêt militaire d’Abidjan (Mama). Ils reviendront au tribunal jeudi prochain pour être certainement situer sur leur sort.     


Ouattara Moussa 




Le procureur militaire, le colonel Ange Kessi.


lundi 4 novembre 2013

Bousculades, accidents, incendies…/ Lt-colonel Issa Sakho, commandant du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm): " Nous sommes armés pour les fêtes de fin d’année "

Interview réalisée le mercredi 30 octobre 2013

Bousculades, accidents, incendies…/ Lt-colonel Issa Sakho, commandant du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm):

" Nous sommes armés pour les fêtes de fin d’année "

A la suite de notre enquête relative au vol des biens des accidentés(in Nord-Sud Quotidien numéro 2494 du vendredi 25 octobre, ndlr), le commandant du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm) a indiqué que les objets sont recensés et remis à la police ou à la gendarmerie. Le lt-colonel Issa Sakho a aussi rassuré la population que ses hommes et lui sont prêts à parer à toute éventualité lors des fêtes de fin d’année.

Sur le théâtre du sinistre, les blessés possèdent des biens. Lorsque vos équipes de secours arrivent, que font-elles des objets retrouvés sur le lieu de l'accident?

Il faut dire qu’en ce qui concerne les biens que nous trouvons sur les victimes, les instructions que toutes nos équipes ont, c'est de les recenser. On ne les laisse pas comme ça. On les recense et on les remet aux forces de l'ordre qui arrivent sur les lieux, c'est-à-dire la police ou la gendarmerie. Cela dépend du lieu où s'est produit l'accident. Si c'est en ville, on remet les biens à la police. Si c'est en rase campagne ou sur l'autoroute, les objets sont remis à la gendarmerie. Mais mes hommes prennent soin de faire décharger tout ce qui a été retrouvé sur les personnes par le policier ou le gendarme qui se présente sur le théâtre du sinistre. Voici comment ça se passe.

Mais cela ne se passe pas toujours ainsi. Il y a des victimes qui se plaignent du fait qu'elles ne retrouvent plus leurs biens. Comment expliquez-vous cette situation?

Malheureusement, c'est vrai ce qu'elles disent. Mais il faut dire que très souvent lorsqu'un accident survient, les premières personnes qui arrivent sur le site ne sont pas les pompiers. Ce sont des badauds. Et parmi eux, il y a toujours des voleurs. Moi, personnellement, j'ai eu a rencontré des cas où il y a eu des sorties de route. Cela s'est passé à proximité de "Washington", quartier précaire non loin du monument aux martyrs en bordure du boulevard lagunaire ; une personne a percuté le terre-plein. Je suis arrivé quelques instants après l'accident. Mais la victime qui était un homme a été dépouillée par des gens qui sont sortis de l'ombre. Il était 23 heures ce jour-là. Il a été totalement dépouillé. Ils n'ont même pas pris soin d'appeler les secours. Après avoir volé les biens du monsieur, ils sont partis. Lorsque je suis arrivé, j'ai sécurisé le lieu. J'ai appelé pour faire venir une ambulance. Donc, ce sont des choses qui arrivent malheureusement. Puisque après cela ce sont les pompiers qui viennent sur le lieu, alors on a tendance a jeté la responsabilité sur nos hommes. Ce qui est faux.

Est-ce que cela ne pose pas le problème du manque de célérité de vos éléments pour intervenir ?

Je vais vous dire quelque chose qui va peut-être vous faire sourire. Les pompiers ne peuvent pas venir à l'heure. Parce que malheureusement le sinistre ne nous prévient pas. Donc, il y a des facteurs sur lesquels il faut tenir compte. Tout d'abord, il faut que le sinistre survienne. Il faut ensuite que certaines personnes le voient. Il faut également que ces personnes aient le réflexe d'appeler. Et il faut que nous nous déplacions jusqu'au sinistre. Tout cela prend du temps. Très souvent, quand nous-mêmes sommes présent à titre personnel sur un sinistre que nous appelons nos collègues, certes nous avons des canaux qui sont plus rapides tels que la radio, pour leur dire que nous sommes en présence d'un accident de circulation faites venir une ambulance à telle adresse. Nous-mêmes sommes impatient. Pourtant nous connaissons très bien la procédure. Il est vrai que quand on est en face d'un sinistre, le temps passe plus vite qu'on ne l'imagine. C'est un mal qui est réel. Mais on ne peut pas faire autrement. Il ne faut pas aussi oublier qu'Abidjan, qui est une très grande agglomération, n'est couverte que par trois casernes à savoir l'Indénié (Plateau), Yopougon et la Zone 4 (Marcory).   
Lorsque vous affirmez qu'on ne peut pas faire autrement. Est-ce que vous êtes en train de dire que les victimes doivent attendre les secours la mort dans l'âme ?
Non ce n'est pas ce que je veux dire. Les sinistrés malheureusement doivent attendre qu'on vienne. On ne peut pas faire autrement c'est-à-dire qu'on sera obligé de faire démarrer le véhicule, de faire le trajet. Quand il s'agit d'un incendie, un Camion citerne d'incendie (Cci, ndlr) qui pèse pas moins de dix tonnes, vous voyez qu'il roule à la vitesse qu'il a. Malheureusement, il se trouve qu'il y a parfois des encombrements sur la voie donc cela fait que forcément ça prend du temps pour arriver sur le lieu du sinistre. C'est dommage mais c'est une réalité. Comme je l’ai dit plus haut, nous avons trois casernes. Abidjan n'est pas assez couverte du point de vue des services d'incendie et de secours. Cela est indéniable. Tout le monde le sait. L'idéal aurait été qu'il ait pour Abidjan, au moins une caserne dans chaque commune. Cela va rapprocher les secours de la population. Mais ce n'est pas le cas donc on fait avec ce qu'on a.

Alors qu'est-ce qui entrave l'implantation de casernes des sapeurs-pompiers dans chaque commune ?

Nous, en tant qu'acteurs, nous ne sommes pas les décideurs de l'implantation de casernes.

Cependant vous faites des propositions pour insister à la prise de décision.

Bien sûr. Nous faisons des propositions à chaque fois que l'occasion nous ait donné. Ce sont les pouvoirs publics qui ont la possibilité de créer une caserne. Nous, en tant qu'entité opérationnelle, nous allons tout mettre en œuvre pour armer ces casernes avec nos personnels et avec les moyens que l'Etat nous donne.

Sur un théâtre de sinistre, quels sont les premiers soins que vos hommes donnent aux victimes?

Pour les accidents de la circulation, il faut dire que nous n’allons  pas pour soigner la victime. On va pour la maintenir en vie. Nous sommes des secouristes. C'est-à-dire qu'on va arrêter le cheminement vers la mort. Donc maintenir la personne en vie soit en arrêtant une hémorragie soit en immobilisant une fracture et en la transportant à l'hôpital. Maintenant pour ce qui est des soins, ce sont les hôpitaux qui font ce qu'il faut. Concernant les incendies, c'est pareil. Nous allons pour arrêter l'incendie.

Et pourtant le 7 septembre aux environs de 21h, nous avons été témoin d'une scène surréaliste au carrefour Banco dans la commune Abobo. L'ambulance de réanimation avec à son bord vos éléments était dépourvue de tout pour secourir un accidenté. Il  n'y avait même pas de gants à main à bord de l’ambulance. Il a fallu que des secouristes bénévoles volent au secours de vos éléments pour donner les premiers soins. 
Quelles explications pouvez-vous donner ?

Cela m'étonne. Mais je vais retrouver l'élément en question et l'engin.

Pourquoi cela vous étonne-t-il  mon colonel ?

Ça m'étonne parce que nous avons le minimum. Soit c'est un élément qui n'a pas pensé ou qui a oublié de mettre ses gants. Sinon tous les jours, les engins sont équipés en matériels de premiers soins, en matériels de protection c'est-à-dire des gants. Ça c'est vraiment le minimum que nous avons dans ces engins. Je suis donc étonné. Vous pouvez même le constater tous les jours, les engins sanitaires font leur ravitaillement au centre médical du Gspm (Groupement des sapeurs-pompiers militaires, ndlr).

Quels sont les produits de première nécessité qu'une ambulance doit contenir avant de partir en intervention ?
Dans une ambulance il y a toujours des compresses, des solutés, des gants chirurgicaux pour la protection des agents. Il y a aussi des brancards, des artels (des accessoires pour stabiliser un membre fracturé, ndlr).

Les fêtes de fin d'année approchent à grands pas. Nous avons en mémoire la bousculade meurtrière du 31 décembre 2012 au Plateau. Avez-vous les moyens pour parer à toute éventualité lors de ces périodes de grands mouvements de foule ?

Notre métier c'est de porter secours aux personnes en détresse. Donc, pour éviter ce genre de drame, nous sommes prêts à parer à toute éventualité. Il y a d'autres structures qui sont chargées d'encadrer les mouvements de foule pour éviter qu'il y ait des bousculades. Ce sont ces structures qui font peut-être mettre des stratégies en œuvre pour éviter ce genre de drame (bousculade du Plateau, ndlr). Nous, avec les dernières acquisitions que nous avons eues ces temps-ci, serons en mesure de travailler dans de bonnes conditions. En termes de logistiques, nous avons reçu de nouvelles ambulances. Nous avons du matériel pour faire face à des manifestations de grandes envergures. Nous sommes armés pour les fêtes de fin d’année. Nous avons les hommes. D'ailleurs cela constitue notre première richesse. Donc, nous sommes prêts.

Quelle est la touche que vous avez apportée depuis votre arrivée à la tête du Gspm?

D'abord, il faut préciser que je suis un ancien du Gspm d'où je suis parti. Mais quand je suis revenu, il a fallu remettre un peu les choses dans l'ordre normal. Parce que certaines habitudes avaient été prises qui tendaient à bousculer la hiérarchie. Nous sommes une unité militaire. Pour nous la discipline qui fait la force principale des armées doit habiter chacun de nos hommes. Sans discipline nous ne pouvons pas faire notre métier de sapeur-pompier. Donc nous avons mis l'accent sur l'esprit de discipline de nos hommes; le ré-encadrement des hommes. Nous avons ensuite renforcé la formation parce que le métier de sapeur-pompier est très professionnalisé ; il faut que les gens connaissent leur métier. Enfin, avec l'appui de partenaires divers, nous avons acquis de nouveaux matériels. Cela grâce au président de la République, au gouverneur du district d'Abidjan et à bien d'autres acteurs. Nous sommes aujourd'hui assez mieux lotis qu'il y a quelques années.


Réalisée par Ouattara Moussa




Le lt-colonel Issa Sakho tient à la discipline au sein de sa troupe.

Photos : Ouattara Moussa