jeudi 19 décembre 2013

Accidents de circulation sur l’autoroute du nord Bilan : sept morts et trente deux blessés graves

Accidents de circulation sur l’autoroute du nord

Bilan : sept morts et trente deux blessés graves

Encore des morts sur l’autoroute du nord. Hier, deux accidents de la circulation se sont produit dans le sens Toumodi-N’Zianouan. Concernant la première collision.  Il s’agit de deux véhicules de transport en commun de type Massa. Ils se sont perturbés. On a déploré seize victimes dont six passagers tués sur le coup et onze blessés graves. L’accident s’est déroulé à 14 heures 30 minutes. Selon le colonel Issa Sahko, commandant du groupement des sapeurs pompiers militaires (Gspm), les accidentés ont été évacués par ses hommes de la 5ème compagnie des de Yamoussoukro au Centre hospitalier régional de la capital politique. D’après lui, les roues arrière des véhicules auraient explosé. Déséquilibrés, les conducteurs ont perdu le contrôle de leurs engins. Par la suite ils se sont percutés. Une enquête a été ouverte par la brigade de gendarmerie de Toumodi. Une heure après ce sinistre c'est-à-dire à 15heures 30 minutes, un seconde accident est signalé au même endroit. Là encore se sont deux autres véhicules de transport en commun de type Massa. On a enregistré vingt-deux victimes dont une passagère tuée. Une autre enquête a été ouverte par les gendarmes de la cité Carrefour pour déterminer les causes de la collision.


Ouattara Moussa 
Dabou / Bagarre rangée à Tiaha 

Deux chefs s’affrontent pour un fauteuil

On a frôlé le pire samedi à Tiaha. Ce jour-là les habitants de ce village, situé à 12 kilomètres de Dabou, ont failli s’entretuer n’eût été l’intervention de la brigade de gendarmerie. Selon les témoignages, on a déploré une dizaine de blessés légers dans les deux camps. L’incident a été provoqué à la suite d’une réunion convoquée par le chef intérimaire Adou Adia Jean-Baptiste. Celui-ci est membre de la génération "Bodji". L’objectif de la rencontre, selon lui, était de l’installer "officiellement" dans le fauteuil et de lui donner les attributs de chef de village. «Nous ne voulons pas confisquer le pouvoir. Le préfet a voulu, par rapport à la durée de l'intérim, régularisé la situation.  Nous avons convoqué une rencontre avec les villageois le samedi dernier. Il aurait fallu que tout le monde reste tranquille et que la génération désigne le chef qui aura la destinée du village. Malheureusement, il y a eu quelques incidents de certains jeunes gens. Mais  ils n'ont pas perturbé l'organisation cette assise», nous a-t-il expliqué brièvement après l’avoir joint lundi par téléphone. Selon lui, il aurait reçu l’aval de Kacou Assouman,  préfet de Dabou.  «C'est ce qui a amené le préfet à demander, par rapport à notre organisation, de désigner au sein de notre génération un chef. C'est une mission que le préfet a confié aux patriarches. Et, nous a été désigné comme chef pour clore définitivement la transition après le décès en 2012 de notre chef Yed Memel Martin», a-t-il ajouté. Le clan dirigé par Yédé Dagri Abraham (de la génération M’Borman qui est au pouvoir) n’entend les choses de cette oreille. D’après le chef désigné par les villageois que nous avons interrogé lundi à Abidjan, la proposition faite par le préfet pour désigner l’interlocuteur de l’autorité administrative est contraire aux règles du peuple Adjoukrou (autochtone de Dabou). «Nous vivons dans une instabilité chronique depuis la mort de notre chef en 2012. (…) Nous demandons que justice soit rendue. Le préfet de Dabou a fait des propositions au village. Il nous a dit de copier le modèle du peuple Ebrié. C'est-à-dire que chez les Ebrié ceux qui sont au pouvoir ce sont eux qui nomment un chef au sein de leur génération. Le préfet a dit qu’il faut que nous copiions ce modèle.  Nous sommes, de la génération M’Borman, aux commandes des affaires du village. Le problème, c’est que les Ebrié, peuvent choisir leur chef dans une autre génération qui n’est pas au pouvoir.  Lorsque nous nous sommes retrouvés chez le préfet, il nous a fait cette proposition. Arrivés au village, nous avons fait le compte rendu aux villageois. Ceux-ci ont longuement réfléchi. Ils ont dit que ce mode de désignation du chef est contraire à notre tradition», a soutenu  le cheminot à la retraite en insistant sur le fait que  le vote est la meilleure voie pour sa communauté.

«On ne veut pas marcher sur Dabou»

«On ne veut pas marcher sur Dabou. Nous demandons au préfet de préserver la cohésion au sein de la population. Nous l’invitons instamment à nous permettre d’organiser des élections transparente et ouverte. Il n’est pas normal que pour une communauté de plus de cinq mille âmes, un groupuscule d’individus décide à leur place», s’est révolté M. Yédé Dagri. Selon lui, l’expression démocratique doit s’exprimer de plein droit. «Chacun doit choisir librement. C'est ce que nous voulons. Les autorités administratives doivent nous aider à réaliser cette élection. Le président de la République prône la paix, le développement, la réconciliation. Il y a un petit groupe de personnes dirigé par le chef intérimaire qui veut semer la zizanie à Tiaha. C'est ce que nous décrions. On ne peut pas leur confier la tête du village eu égard à l’opacité autour de leur gestion des affaires de la communauté», a protesté notre interlocuteur. Nous avons joint hier par téléphone le préfet de Dabou via sa secrétaire. «Le patron est absent. Il participe à un séminaire à Yamoussoukro. Il rentre lundi prochain», a soutenu la collaboratrice du préfet. Elle nous a renvoyé vers M. Adjoumani, chef de division en charge des questions de chefferie dans la région du "Léboutou". Ce dernier a promis répondre à nos préoccupations dès qu’il aurait fini de présider une cérémonie. Jusqu’à ce nous écrivions cette dernière ligne, nous n’avons pas reçu de réponses de M. Adjoumani.  

Ouattara Moussa


Lég : Yédé Dagri Abraham montrant le courrier adressé au préfet qui le désigne comme chef 









jeudi 12 décembre 2013

Ouata Babacar, directeur de l'administration pénitentiaire

«Une force spéciale sera créée pour les prisons»

Un mois (29 octobre- 28 novembre) après sa prise de fonction, le nouveau directeur de l’administration pénitentiaire annonce, dans cette interview exclusive qu’il nous a accordée, la création d’une brigade spéciale d’intervention rapide pour contrer toute tentative d’évasion.  

Combien de prisons compte la Côte d'Ivoire ?
Il y a actuellement 33 prisons dont la plus grande est celle d'Abidjan (Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan, ndlr). Chaque tribunal a une grande prison. Chaque section de tribunal possède également une prison. On a ouvert les tribunaux de Sinfra et de Guiglo. La construction des prisons de ces deux villes va se faire éminemment.

Les prisons existantes suffisent-elles ? 
Il faut savoir que les prisons sont reliées aux juridictions. Nous avons 35 juridictions actuellement. Alors nous devons avoir en principe 35  prisons. C'est vrai, dans le passé, au niveau de la communauté européenne, on avait des prisons où on pouvait déporter de grands gangsters et de grands criminels. Mais cette façon de procéder n'a plus court. Les prisons sont liées aux juridictions. Donc il faut autant de prisons que de juridictions. Si on doit étendre les pénitenciers, il faut qu'on adopte l'ancien système. Il  consiste à créer des camps pénaux. Ces prisons spéciales recevront les criminels les plus dangereux. Ces maisons spéciales vont pouvoir recevoir un certain nombre de détenus dont les critères seront arrêtés. Sinon dans le principe, c'est que chaque prison correspond à une juridiction.

Cela veut dire qu'il faut  d’autres  prisons ?
Il  faut en construire d'autres. L'Etat a prévu en faire une dizaine dans les années à venir. Au niveau du ministère de la construction et de nos services, un comité paritaire est en train de faire des études sur la faisabilité de ce projet pour sortir les coûts et bien d’autres données. Nos partenaires internationaux comme l'Union européenne; l'Onuci (Opération des nations unies en Côte d'Ivoire, ndlr), ont aussi décidé de nous aider pour la construction de ces nouvelles maisons d’arrêt et de correction. Des études sont en cours sur la prison de San-Pédro. Concernant la construction du pénitencier de Guiglo, l'Onuci est en train de voir la faisabilité. Elle s'attèle  aussi à aménager le Com d'Abidjan (Centre d'observation des mineurs, ndlr). Il s'agit de faire sortir les mineurs de 18 ans du milieu carcéral des majeurs.

Quelle est la capacité d'accueil de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) ?
C'est une maison qui a été construite pour 1500 places. A la date d’aujourd’hui (jeudi 28 novembre, ndlr), nous sommes à plus de 4000 prisonniers. Nous sommes en surpopulation. Mais ce n'est pas la seule prison qui est surpeuplée. Presque toutes les maisons d'arrêt et de correction des tribunaux de l'intérieur du pays vivent la même situation. Nos prisons sont surpeuplées.
Cette surpopulation carcérale n’est-elle pas liée à non-respect des normes de construction d'une prison?
Vous avez raison. En ce qui concerne l'occupation de l'espace. Nous avons deux mesures. Il y a une norme qui tient compte d'une capacité de 5   mètres carrés par détenu. Le prisonnier est alors dans les conditions idéales de vie et de respect de sa dignité. D'autres prisons vont jusqu'à 2,5 mètres carrés d'espace de détention. Jusque-là les normes sont respectées. Le prisonnier peut avoir un espace où il peut déposer sa literie, sa table et éventuellement sa chaise de travail. Mais en deçà de ces chiffres, on tombe dans la surpopulation. Et la plupart de nos prisons sont dans cette catégorie où les matelas s'empilent les uns sur les autres.

La construction de dix nouvelles maisons d’arrêt et de correction peut-elle résoudre le problème ?  
Oui. Cela va permettre de faire de la place dans les prisons. On va déporter vers ces maisons d'arrêt et de correction les détenus les plus dangereux. Il faut ajouter à cette liste les bagnards qui ont de longues peines d’emprisonnement; les détenus qui ont commis un certain nombre d'infractions qui seront déterminées. Cela va faire de la place dans les autres prisons de sorte que les pensionnaires auront beaucoup plus d'espaces vitaux. La construction de ces nouveaux pénitenciers va désengorger les prisons existantes.

Peut-on savoir les villes retenues pour accueillir les nouvelles prisons ?
 Nous aurons trois nouvelles prisons à Abidjan. Nous sommes en train de construire le tribunal de la commune d'Abobo qui doit avoir une prison. Il y a aussi le tribunal de Port-Bouët qui va avoir son pénitencier. Nous allons construire également une maison d'arrêt et de correction à Bingerville. A l'intérieur du pays, nous avons Sinfra, Guiglo et 4 autres villes. En somme, il y a 6 villes de l’intérieur du pays qui ont été retenues dans le cadre du projet de construction de ces nouvelles prisons.

Trois mille détenus ont bénéficié de la grâce présidentielle, en septembre dernier. Combien de personnes ont-elles déjà été libérées ?
Nous avons libéré tous ceux qui n'avaient pas formé appel de leur décision. Ils sont tous sortis de prison. Il reste certains prisonniers qui ont interjeté appel de leur décision et pour lesquels la cour d'appel est en train de traiter les procédures. Ça va vite parce que ce sont des procédures en urgence. Avant la fin décembre (2013, ndlr), tous les prisonniers graciés seront dehors. A la date d'aujourd'hui (28 novembre, ndlr), nous sommes à 2600 détenus bénéficiant de la grâce présidentielle qui sont sortis des 33   prisons de la Côte d'Ivoire. Ils ont été incarcérés pour des délits mineurs: abus de confiance, violation de domicile, coups et blessures volontaires.                    

Les gardes pénitentiaires dénoncent le manque de moyens pour accomplir leur mission de sécurisation des prisons et des détenus. Quelles réponses pouvez-vous donner ?
A ce niveau, il faut qu'on l'éclaircisse l’opinion. Parmi les agents pénitentiaires, il y a des gardes qui sont en contact direct avec les détenus. Ce sont les agents d'encadrement. Ces agents à l'intérieur de la prison ne doivent pas porter des armes. Parce que ces armes peuvent servir à se retourner contre eux-mêmes si les détenus les leur arrachent. Il y a également des gardes pénitentiaires qui sont chargés, en principe, d'assurer la sécurité péri-métrique de la prison. Ces gardes sont dotés en armes. Les éléments qui sont censés être dans les miradors doivent être fournis en armes. Avant la crise postélectorale (décembre 2010 à avril 2011, ndlr), toutes les prisons avaient des armes. La Maca avait une trentaine d'armes à feu. A la faveur de la crise, toutes ces armes ont été emportées. Le pays étant sous embargo, il n'est pas facile pour l'Etat de trouver des armes et les remettre à la disposition de ceux qui doivent les utiliser. L'Etat essaie, tant bien que mal de se fournir en armes. Nous avons reçu une dotation de dix kalachinikovs. Nous allons les repartir sur les prisons les plus sensibles comme  celle de Saliakro (Dimbokro, ndlr) qui est un champ pénitencier et celle de Yopougon (Maca, ndlr). Au-delà de cela, tant que nous n'avons pas de dotation d'armes, les gardes vont travailler avec les moyens qu'ils ont. Mais la plupart des maisons d'arrêt et de correction ont au minimum une arme. Même si ce n'est pas suffisant nous faisons avec ce que l’Etat nous donne le temps que l'embargo demeurera.

Ils redoutent d'être la cible d'attaques pendant le convoyage des détenus.   
Je suis entièrement d'accord avec eux. Normalement, cette fonction n'est pas réservée aux gardes pénitentiaires. C'est une mission confiée à la police et à la gendarmerie. C'est dans le dysfonctionnement de nos activités que nous les réservons aux gardes pénitentiaires. Nous sommes chargés de recevoir le détenu que le parquet et le juge d'instruction nous envoie. Notre mission est de le garder et de le mettre à leur disposition avec des ordres de transfèrement. Au-delà, notre responsabilité n'est pas engagée. Par méconnaissance des textes, nos gardes sont obligés de convoyer les détenus jusque dans les différentes prisons avec le manque d'armes. C'est effectivement dangereux. Mais nous envisageons, si cette politique était admise par nos autorités supérieures, mettre en place une brigade d'escorte et de sécurité. Elle va comporter des éléments formés par nos forces de l'ordre. Elle aura sa dotation en arme pour faire en toute sécurité l’escorte. Cette brigade va assurer la sécurité péri-métrique des prisons, mais aussi dans les cellules des détenus. Nous comptons avoir aussi une brigade d'intervention rapide. Elle aura pour mission de dénouer toute crise pénitentiaire, toute mutinerie pénitentiaire. La brigade d'intervention rapide va permettre de lancer des opérations de fouilles massives et ponctuelles dans les pénitenciers. C'est une force spéciale de la maison pénitentiaire. Nous avons cela en projet. Nous voulons aussi mettre en place une brigade de surveillance qui est le travail normal de nos gardes. Et puis, une brigade de police qui va permettre de faire des enquêtes sur des faits infractionnels qui sont commis par nos agents ou par les détenus ou entre les détenus ou encore entre les prisonniers et leurs parents ou bien entre les agents et les parents de détenus. En somme, tout ce qui va concerner les faits infractionnels de nos cités. Cette brigade va se charger de mener la première enquête avant de le déférer devant les autorités de polices judiciaires.

Intertitre 1 : «Nous allons construire trois nouvelles prisons à Abidjan »

En attendant, les gardes pénitentiaires réclament des primes de risques que répondez-vous ?
Cette question de prime est liée aux différents textes réglementaires qui régulent la fonction de garde pénitentiaire. Il s'agit d'un problème d'interprétation des textes. En réalité, les geôliers sont des corps paramilitaires comme les autres corps tels que la douane, les eaux et forêts et la police. Ces corps ont des primes qui ont été fixées par leurs différents textes spéciaux. En ce qui concerne les gardes pénitentiaires, un texte vient aussi fixer ces primes. Ils veulent simplement que cela soit harmoniser sur tous les autres corps. Ils se sentent comme des laissés-pour-compte. Des démarches sont en train d'être fait. Le ministre Gnénéma Coulibaly a pris fait et cause pour eux. Il entend saisir les autorités qui peuvent donner une réponse pour trancher la question. Nous sommes en train de préparer les textes pour que cela remontent à ces autorités.
Il y a une polémique sur leur dénomination. Les geôliers estiment qu'on doit les appeler police pénitentiaire. Où se situe la vérité ?
Cette appellation provient du fait qu’ils ont été formés par la police. Quand on recrute un contingent d'agents pénitentiaires, c'est la police qui se chargé de leur formation. Ce n'est pas une dénomination officielle. Cette dénomination ne leur sied pas. Elle ne se trouve dans aucun texte. Elle n'existe même pas dans notre jargon. C'est parce qu'ils ont été formés à la police. Ils ont bien aimé cette désignation. Sinon, ce sont des agents d'encadrement; des contrôleurs pénitentiaires et des attachés pénitentiaires. Il y a un corps d'administrateur pénitentiaire qui sera créé bientôt.

L’on a assisté à des évasions à répétition cette année. Quel est le problème ?
Il faut dire que tout n'est pas le fait des agents. Les évasions proviennent aussi de la vétusté de nos bâtiments. Il y a des maisons d'arrêt et de correction où il suffit de soulever la tôle pour se retrouver dehors. Il y a des prisons où il n'y a pas de clôture. Ce qui sert de clôture ce sont les habitations qui sont autour de cette prison. Nous avons des maisons d'arrêt où les clôtures n'ont pas de mirador. Les gardes sont à même le sol. Ils ne peuvent pas savoir ce qui se passe sur une toiture. En général, c'est au cours des pluies que ces évasions ont eu lieu. On n'entend pas le bruit des tôles qui sont en train d'être défoncées. Donc, c'est facile pour ces détenus de partir. Concernant la Maca, le problème des évasions est lié à un mal vivre. Parce que le détenu est un homme de la société qui, à un moment donné a fauté. Il s'est retrouvé incarcéré pour subir la sanction que la société a voulu bien lui donner afin qu'il puisse s'amender. Mais le traitement qui est infligé aux détenus n'est pas de leur goût. Ils estiment qu'être dehors est préférable. Ce qu'ils pensent c'est s'en allé. Le prisonnier, tout ce qu'il a à cogité, c'est comment sortir de la prison par la voie normale ou par la voie extraordinaire qu'est l'évasion. Il nous appartient de les devancer dans leurs réflexions. J'ai dit à mes régisseurs que s'ils veulent savoir comment contrer ces évasions, ils doivent être proches des prisonniers. Nous ne pouvons pas être loin d'une maison et savoir ce qui se passe dans cette maison. Ils sont chargés de leur surveillance. Ils doivent donc penser comme eux. Ils doivent les connaître dans leur attitude et dans leur caractère. Cela veut dire qu'ils doivent être proches de ces détenus. Ils doivent les avoir sous les yeux et avoir une surveillance constante. La seconde étape, c'est de faire des rondes. Le travail étant toujours le même, il s'installe quelquefois de la lassitude, des reflexes, de la monotonie. A la fin, ils ne sont plus concentrés sur leur travail. Mais il faut chaque jour se remettre en cause. Il faut que la garde soit bien assurée. Comme l'ont recommandé nos partenaires qui ont des expertises à la matière, il faut compter les prisonniers. De sorte que lorsqu’il  y en a un qui n'est pas là pendant une heure, il faut se demander où il se trouve. Il faut aller le chercher. Donc, il faut connaître les détenus. Il faut être proche d'eux. Il faut leur montrer que leur détention est une situation provisoire  d’où ils sortiront. Le troisième élément consiste à la réinsertion des prisonniers. La préparation à la réinsertion. Quand le bagnard sait que la détention lui a permis d'avoir une activité qui va lui permettre de se réinsérer dans la société, il n'a aucun intérêt à s'en aller. Il attend de purger sa peine et d'apprendre suffisamment. Et à sa sortie de prison, d'aller monnayer ce qu'il a appris. C'est l'un de nos combats avec des partenaires internationaux comme l'Onuci qui est prête à nous accompagner. Je sais que nous allons aller très loin dans ce combat.

En juillet, un incident s'est produit au parloir de la Maca entre les geôliers et un groupe de prisonniers dont Coulibaly Yacouba alias Yacou le Chinois. Une mutinerie pénitentiaire a été évitée de justesse. Quelle est la procédure à suivre pour les visites de détenus?
Les visites rentrent dans le même cadre que la monotonie, la lassitude et les mauvais reflexes qu'ont pris les agents dans le cadre de leur travail. Normalement, le parloir est tenu par des gardes pénitentiaires. Mais aujourd'hui, quand vous allez dans les prisons dont la Maca le parloir est surveillé par des prisonniers. Ce qui n'est pas normal. Nous avons attiré l'attention des uns et des autres pour que cela change. Ce changement n'est pas totalement du goût de nombreuses personnes parce qu'il ne faut pas se le cacher beaucoup de trafics sont faits à ce niveau.
De quels types de trafic s'agit-il ?
Par exemple, lorsque le visiteur arrive au parloir de la prison pour qu'on aille appeler son parent (détenu, ndlr), il doit payer un droit de passe. Quand le parent du détenu se présente pour rentrer dans le parloir, c'est un usage qui date de très longtemps, il paie de l'argent. C'est pareil lorsque le coli alimentaire et vestimentaire arrive il faut aussi payer un droit de passe. C'est ce trafic que certains gardes ne veulent pas voir disparaître. Nous allons combattre ce trafic pour le faire disparaitre. Nous avons déjà supprimé les frais de permis de communiquer. C'est-à-dire que lorsque vous voulez aller visiter un parent emprisonné, auparavant, quand vous arrivez à la Maca vous payez un droit de visite (1000 Fcfa et 2000F Cfa), sur instruction du ministre de la justice, ce tarif a été supprimé. Nous irons plus loin. Tout ce qui concerne les abus d'autorité à l'intérieur des prisons, notamment les droits de passe,  doivent cesser définitivement. C'est une lutte que nous devons mener. Elle ne sera facile parce qu'il y a des intérêts en jeu mais nous n’allons pas reculer.

Il existe aussi des réseaux de trafics de drogues alimentés par des détenus. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
C'est l'un des gros problèmes de nos prisons. Il y a beaucoup de trafics. A l'intérieur, c'est plus facile à juguler. Il suffit que le régisseur soit vigilant en surveillant mieux ses hommes et les détenus pour qu'on puisse ramener le trafic de drogue à un niveau très bas.

 Intertitre 2 : «L'homosexualité est bien une réalité dans nos prisons. »

Et les cas de malnutrition ?
A ce niveau, c'est un problème de formation de nos régisseurs. Nous avons en Côte d'Ivoire des aliments qui contiennent suffisamment de vitamines, de sels minéraux, de protéines pour pouvoir remplacer l'aliment que nous recherchons forcément pour donner à nos détenus. Nous avons des aliments du terroir qui contiennent tous les nutriments nécessaires. Cependant, nous sommes cadrés dans une alimentation figée. On donne du riz, des ignames, du maïs. Cela est accompagné de feuilles issues de nos maraîchers, à un  prisonnier qui est dans un état de stress et un état moral défavorisant de se maintenir en bonne santé. C'est tout cela que nous sommes en train de changer. Nous avons instruit pour que le budget de l'année prochaine prenne en compte le petit-déjeuner et le déjeuner pour équilibrer l'alimentation des détenus. Sur ce plan, nous avons l'appui important du Cicr (Comité international de la croix rouge, ndlr). Le 4 octobre dernier, nous avons fait un séminaire où nous avons formé les régisseurs quant à l'alimentation qu'ils doivent donner à nos prisonniers. Le Cicr apporte aussi des compléments nutritionnels pour enrichir l'alimentation pour pallier les cas de malnutritions.

Qu'est-ce qu'un prisonnier doit manger?
Il faut une alimentation riche en protéines. Elle peut être d'origine animale ou végétale. Il a aussi besoin de lipides et de vitamines A et C. Le haricot est un aliment adapté qui nous donnons aux prisonniers. Il y a aussi le soja et les ignames qui contiennent des féculents. Il faut trouver des additifs en protéine animale. Même si ce n'est pas toute la semaine, mais il faut au moins nourrir deux fois de façon normale les détenus. Cela est difficile parce que la viande est chère. Les budgets que nos régisseurs ont ne peuvent pas leur permettre de se donner ce luxe.

Combien coûte un détenu par jour ?
Le ratio international d'un détenu, en application de la loi de 1932, c'est 1600Fcfa par jour. Nous avons fait nos calculs en tenant compte de nos réalités pour qu'un homme mange normalement, il lui faut 600 Fcfa par jour. Mais aujourd’hui, à cause de l'augmentation de la population carcérale, nous nous retrouvons entre 350 Fcfa et 300 Fcfa pour un prisonnier par jour. L'alimentation devient donc systématiquement insuffisante. Il faut des compléments alimentaires. Les organismes internationaux nous aident dans ce sens en attendant que les prochains budgets soient mis en place. Toutefois, l'Etat a décidé de revoir à la hausse ce budget en nous accordant un excédent qui va s'ajouter l'année prochaine (2014, ndlr).

Selon nos sources, l'homosexualité est répandue dans les différentes cellules de la Maca tant au bâtiment des Femmes que chez les hommes. Qu’en dites-vous ?
Ce sont des pratiques inhérentes à la nature humaines. Ce sont des pratiques que les gens ont en dehors de la prison et avec lesquelles ils s'introduisent dans le pénitencier. Ces personnes-là poursuivent leurs pratiques dans la prison. Malheureusement, elles trouvent des gens qui deviennent leurs victimes. En revanche, nous avons demandé aux régisseurs de veiller à la santé mentale des détenus. C'est-à-dire d'être une écoute. De sorte que lorsqu'un pensionnaire fait l'objet d'un harcèlement, quel que soit le motif, qu’ils ne nous préviennent immédiatement. Nous avons des possibilités de faire des transfèrements de prisonniers. Quand un détenu devient dangereux pour une prison, nous pouvons le transférer dans une autre maison d'arrêt et de correction plus sécurisée et mieux encadrée. Donc sur ce plan, les régisseurs sont devenus plus conciliants avec les bagnards et ils sont plus à leur écoute. Cela est déjà un moyen pour désamorcer ces questions. Il y a aussi le fait que le manque d'alimentation appropriée amène certains prisonniers à se prostituer pour avoir la pitance. En échange d'une relation sexuelle, il a de l'argent ou de la nourriture. En général, cela se passe entre les hommes. C'est une question de survie. En somme, en améliorant l'alimentation et les conditions de détention peuvent servir à mettre fin à ce phénomène. L'homosexualité est bien une réalité dans nos prisons. Il ne faut pas se voiler la face. Si on veut lutter contre le fléau, il faut poser le diagnostic. Nous avons instruit les régisseurs de veiller sur la question pour ramener le phénomène à un taux réduit. Les régisseurs ont pris conscience. Ils travaillent dans ce sens. On leur a confié des gens entièrement. De la manière ils entrent, ils doivent sortir pareils. Nous sommes en train de leur inculquer cela comme reflexe.

Réalisée par Ouattara Moussa


Lég 1 : Ouata Babacar annonce le début de la construction de la prison d’Abobo.  

Lég2 : Selon le patron des prisons, des gardes servent de passoire aux réseaux de drogues.








mardi 10 décembre 2013

Autoroute du nord / Un minicar percute un camion 

Bilan : Quatre morts et dix-sept blessés graves

L’hécatombe se poursuit sur l’autoroute du nord. Après l’accident meurtrier du week-end dernier où vingt-neuf  voyageurs ont péri, hier vers 11 heures un autre grave accident s’est produit à cinq kilomètres de Zianouan et à 103 kilomètres de la capitale économique dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Le conducteur du véhicule de transport en commun communément appelé "Massa" immatriculé 515FY01 a percuté un camion-remorque de 32 tonnes chargé de marchandises. On a déploré quatre morts dont une femme et dix-sept blessés graves, selon le Centre de coordination des transmissions et des opérations (Ccto) du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm). Les accidentés ont été évacués par les soldats du feu au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yopougon. D’après certaines victimes brièvement interrogées sur le théâtre du sinistre par les hommes du colonel Issa Sakho, commandant du Gspm,  la collision serait due (encore) à un mauvais dépassement opéré par le chauffeur du minicar. Roulant à vive allure, le chauffard percute de plein fouet le mastodonte. Le véhicule de transport en commun perd l’équilibre. Il fait plusieurs tonneaux sur environ 80 mètres. La cabine du ‘’Massa’’ vole en éclats. Les passagers sont éjectés de leurs sièges. Les plus chanceux sortent de l’accident avec des traumatismes crâniens, des doubles fractures des membres. La brigade de gendarmerie de Yopougon a ouvert une enquête pour élucider cette troisième collision après celles de samedi et dimanche respectivement au PK 70, encore aux environs de N’Zianouan, et au PK 30, non loin du village d’Attinguié. Faut-il rappeler que pour ces deux accidents on a enregistré 29 tués et 25 blessés graves.


Ouattara Moussa


Lég : Les corps sans vie des passagers du minicar.




lundi 9 décembre 2013

Accidents de la circulation sur l’autoroute du Nord Bilan : 29 tués et 25 blessés graves

Accidents de la circulation sur l’autoroute du Nord

Bilan : 29 tués et 25 blessés graves

Week-end funeste sur l’autoroute du Nord. Cissoko Sidi, Koné Ansata, Ahouré Niangoran Adéle et  seize autres voyageurs ne reverront plus jamais les siens. Ils ont été tués sur le coup dans l’accident de la circulation de samedi dernier, à 8 heures 41 minutes. La collision s’est produite au PK 70, à cinq kilomètres avant Elibou, dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Alertés, les hommes du colonel Issa Sakho, commandant du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm) se sont déportés sur le théâtre du sinistre avec deux ambulances de réanimation de grandes capacités. Les soldats du feu ont évacué 22 blessés graves (traumatismes crâniens et lombaires, double fracture des membres, …) au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yopougon. Parmi ces accidentés, trois ont succombé  à leurs blessures après leur évacuation. Selon les secouristes, 21 victimes ont refusé de se faire transporter car elles ont estimé qu’elles n’avaient pas besoin de recevoir des soins médicaux. Elles ont été légèrement touchées. Que s’est-il passé ? Selon les pompiers, des travaux entrepris sur l’autoroute du Nord contraignent les usagers à partager une seule chaussée à deux voies. Ne tenant pas compte de cette nouvelle donne, le conducteur (en fuite) du car de marque Isuzu immatriculé 9493FL01 roule à vive allure. Pis, l’employé de la compagnie Abbas transport (ligne Abidjan-Séguéla) aurait tenté de faire un dépassement sur un autre car de transport en commun de marque Daf immatriculé 5267GA01 de la compagnie Atd (Abidjan-Daloa)  et conduit par Traoré Abdoul Karim. La manœuvre tourne au drame. Les deux mastodontes entrent en collision. On déplore seize morts sur le coup y compris le dernier chauffeur cité. Une enquête a été ouverte par la brigade de gendarmerie de Yopougon pour déterminer les causes du drame. La série noire a continué hier à 6 heures 05 minutes. Nous sommes toujours sur l’autoroute du Nord. Cette fois-ci au PK 30, à quelques kilomètres avant Attinguié. Un camion remorque percute un minicar de transport en commun. Dix passagers sont tués sur-le-champ. On a enregistré six blessés graves. Ils ont été transportés par un équipage du Gspm au Chu de Yopougon.


Ouattara Moussa





Liste des personnes décédées :

Accidents du samedi 7 décembre
1.   Cissoko Sidi
2.   Mlle Touré Aminata
3.   Mme Ahouré Niangoran Adèle
4.   Mme Fofana Karidja
5.   Mme Koné Ansata
6.   Mme Doumbia Sata
7.   Misako Badé
8.   Binaté Mamadou
9.   Gouélé Hervé Hermann
10.                    Traoré Mamadou
11.                    Boubacar Sall
12.                    Dabré Karim
13.                    Traoré Aboul Karim (conducteur du bus de la compagnie Atd)
NB : Les trois passagers décédés sur le coup n’ont pu être identifiés car ils n’avaient de pièces d’identité. En plus, parmi les 22 blessés évacués au Chu de Yopougon, trois victimes sont mortes à la suite de leurs blessures, selon le Centre de coordination de transmission et des opérations (Ccto) du Gspm.   

Accidents du dimanche 8 décembre
1.   Mlle Adoh Auro Félicité
2.   Mme Kouamé Ama
3.   Enfant Kouamé Kaya Séka Privat
4.   Fayama Tiémoko
5.   Soro Hamed
6.   Sory Kalifa
7.   Obédjé N’Cho
8.   Agnès (sans autres précisions)
9.   Identité ignorée de sexe masculin
10.                    Identité ignorée de sexe féminin









jeudi 5 décembre 2013

Gangs à la machette, destruction de fumoirs, fermeture de maisons closes Adjamé : Guerre déclarée à la pègre

Gangs à la machette, destruction de fumoirs, fermeture de maisons closes

Adjamé : Guerre déclarée à la pègre

En prélude aux fêtes de fin d’année, le district de police et la brigade de gendarmerie d’Adjamé ont déclaré la guerre contre la pègre à travers des opérations de destruction de fumoirs et de fermeture de maisons closes.

Plus de répit. La guerre contre la pègre à Adjamé est déclarée. Youssouf Sylla et les responsables en charge de la sécurité (le commissaire Amon Georges,  chef du district de police et l’adjudant-chef Andjou Henri), ont annoncé le lancement d’une vaste opération de sécurisation des différents quartiers. Selon le maire, l’objectif est de neutraliser les gangs à la machette à travers la destruction des fumoirs et la fermeture des maisons closes qui seraient les lieux de repère des gangsters. A son dire, pour des raisons de stratégie, l’opération sera lancée en cours de semaine dans le quartier de Bracodi. « (...) On ne peut pas se rendre justice. Après les enquêtes, le quartier qui sert de siège aux gangs à la machette est Bracodi. Il y a aussi les jeunes prostituées qui hébergent ces délinquants. La nuit, beaucoup de personnes sortent des baraques qui sont construites n'importe comment. Les propriétaires de maisons encouragent cette situation. (...) Nous avons saisi la police et la gendarmerie. C'est ainsi que nous allons lancer une opération de traque contre les bandits. Nous allons tout raser», a assuré, lundi, le premier magistrat de cette commune lors des échanges avec les journalistes à son cabinet. Il a insisté sur le fait que les maisons closes sont devenues les cachettes des malfrats. «Nous allons débarrasser le domaine public de toutes ces baraques et les maisons closes seront détruites. La police et la gendarmerie sont mobilisées pour cette opération. Cela va régler aussi la question des gangs à la machette. Les membres des gangs à la machette dorment chez les prostituées », a révélé Youssouf Sylla tout en dénonçant la complicité avérée de certains parents quant aux activités criminelles de leurs enfants. « Celui qui ne peut pas dompter son fils ou sa fille, tant pis pour lui. Ce sont les jeunes du quartier. C'est pour cela que nous avons convoqué tous les responsables de famille pour les mettre au courant. Les parents doivent donner des conseils à leurs fils pour qu’ils arrêtent d’agresser. Parce que si nous sommes débordés, alors nous ferons appel à l'armée. Ce sont des voleurs et des tueurs. Quand on va abattre un ou trois, les parents ne pourront pas se plaindre. Nous ferons en sorte que les populations dorment en paix», a-t-il promis.



Ouattara Moussa







Le maire Youssouf Sylla a exhorté les parents à s’impliquer davantage dans l’éducation de leurs enfants. 

jeudi 28 novembre 2013

Insécurité à Abobo: L’ultimatum des populations aux gangs à la machette

Insécurité à Abobo

L’ultimatum des populations aux gangs à la machette

La terreur change de camp. Les habitants du 2ème arrêt, un quartier de la commune d’Abobo, ont lancé, dimanche, un ultimatum aux gangs à la machette qui sévissent depuis plusieurs mois. Ils somment ces groupes de gamins dont l’âge varie entre huit et quinze ans de déposer sans délai machettes, gourdins et autres armes blanches. «Nos enfants qui constituent la relève sont devenus aujourd’hui des bombes entre nos mains. Ils sont devenus une honte pour nous les parents. Lors des mariages, ils se livrent à toutes sortes de vices et d’agressions. Nos enfants sont devenus des bandits et des drogués. Nous sommes déterminés à les contraindre de déposer les armes. Pour conduire cette opération, nous demandons le soutien de la police», a indiqué Koné Siaka, imam de la mosquée et porte-parole des confessions religieuses. A la place publique, le guide religieux a ajouté que les activités criminelles commises par les  gangs à la machette sont légion. « Pis, ils tuent leurs victimes. La police doit nous aider », a insisté l’imam devant le commissaire divisionnaire Bakayoko Soualio, chef du district de police d’Abobo qui avait à ses côtés les commissaires de police Fofana Ibrahim, du 14ème arrondissement et Maxime du 21ème arrondissement et un détachement des soldats de l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Pour Mme Konaté Salimata, porte-parole des femmes, il faut éradiquer cette nouvelle forme de banditisme urbain à la racine. Selon elle, il faut procéder à la destruction des fumoirs et autres cabarets.

Interdiction de la danse "sipa"

«Ces jeunes gens, qui viennent en majorité d’autres quartiers, se retrouvent dans ces endroits pour faire n’importe quoi. Un homme normal ne peut pas prendre une machette pour taillader son semblable si ce dernier n’a pas pris de la drogue. Dès aujourd’hui (dimanche, ndlr), nous n’allons plus accepter que ces personnes-là viennent nous attaquer et nous dépouiller.  Nous allons les dénoncer. On en a marre. Ça suffit», a-t-elle pesté en exhortant les gouvernants à résoudre le problème du chômage juvénile à travers l’implantation d’une zone industrielle à Abobo. «Trop c’est trop. Il faut que ça cesse. Nous mettons en garde tous ces voyous. Celui qui va commettre une agression sera traqué jusqu’à son dernier retranchement. On le prend ; on  le met à la disposition de la police. Les auteurs des attaques à la machette seront réprimés. Celui qui refuse de déposer sa machette nous trouvera sur son chemin», a averti Bamba Amadou alias Tigré. Le président de la jeunesse du 2ème arrêt (Aj2a) a annoncé l’interdiction de la danse du "Sipa". Cette danse de réjouissance était un prétexte pour ces gamins devenus des malfrats pour attaquer et dépouiller leurs cibles. En plus, toutes les manifestations sur l’espace public sont interdits sauf celles qui seront autorisées après approbation de la mairie et du comité de gestion du quartier. « Toutes ces mesures seront efficaces à condition que chacun joue sa partition. Il faut dénoncer les membres des gangs à la machette. Les policiers ne jettent pas de cauris. Donc, nous devons collaborer avec la police. Et nous allons le faire», a assuré M. Bamba. A en croire le directeur de cabinet du maire Adama Toungara, un plan global de sécurisation de la commune a été mis en place dont le but est «d’éradiquer» le phénomène des gangs à la machette. «Souffrez que ces dispositions ne soient divulguées sur la place publique. Nous travaillons et nous allons éliminer, je dis bien éliminer, ce phénomène. Dès cet instant, j’invite les parents à prendre leurs responsabilités. Donnez des conseils à vos enfants sinon il sera trop tard», a déclaré Bamba Amara. Quant au chef du district de police, il a rassuré les populations de la disponibilité de ses éléments et lui à sécuriser les quartiers du phénomène "des microbes". Il faut rappeler que dans la nuit du 14 au 15 novembre, Kaba Soiré (12 ans) et Oumarou Diaby( 13 ans) ont été tués par le gang de Fofana Abdoulaye alias Kfc. En représailles, ce dernier a été lynché à mort dans la matinée du dimanche 17 novembre.     


Ouattara Moussa


Lég : La population déterminée à éradiquer les gangs à la machette avec l’appui des forces de l’ordre.







une vue de la foule rassemblée à la place publique du quartier 2ème arrêt d'Abobo

Le chef du district de police d'Abobo, le commissaire divisionnaire Bakayoko Soualio 

Les habitants du quartier de 2ème arret entourés du commissaire Bakayoko et d'une délégation de l'Onuci 






samedi 23 novembre 2013

Interview Gangs à la machette à Abobo/Bamba Amadou alias Tigré, président de l'Association des jeunes du 2ème arrêt (Aj2a):

Interview

Gangs à la machette à Abobo/Bamba Amadou alias Tigré, président de l'Association des jeunes du 2ème arrêt (Aj2a):


" Ces enfants peuvent devenir des terroristes si …"

Des jeunes gens veulent en découdre avec les gangs à la machette qui sèment la terreur au sein des populations abidjanaises. Selon le président de l'Association des jeunes du 2ème arrêt (Abobo), face à cette nouvelle forme de banditisme urbain, il faut appliquer la loi du talion.


Face à la montée en puissance des gangs à la machette à Abobo, faut-il avoir peur de se rendre dans cette commune?

Il faut avoir peur d'aller à Abobo parce que la sécurité n'est pas garantie. Partout et à tout moment, des groupes de jeunes peuvent sortir de nulle part pour vous agresser avec des machettes. Je ne conseille pas à quelqu'un de venir en ces temps-ci à Abobo. Il faut que la sécurité revienne avant d'inviter les gens à y venir.

Qu'est-ce que vous allez faire pour que la sécurité revienne?

Nous avons besoin de la contribution de tout un chacun, en particulier celle du ministre de l'Intérieur et de la sécurité. Nous souhaitons qu'il active réellement les forces de sécurité à Abobo à travers les patrouilles. Nous voulons qu'il déploie la police criminelle ici. Car les voyous d'Abobo n'ont peur que de cette unité spéciale de la police.

Etes-vous en train de dire que les responsables locaux de la sécurité ne font pas leur travail?

Je ne suis pas en train de dire que les responsables en charge de la sécurité ne font pas leur travail. Ils font ce qu'ils peuvent mais ils sont dans un endroit bien déterminé. Ils sont dans leur poste de police et dans les casernes militaires.

Mais ils ne sont pas cantonnés puisqu'on les voit faire souvent la ronde dans les différents quartiers.

Quand les gangs à la machette sévissent, on les appelle. Lorsqu'ils arrivent, ils mettent leur sirène en marche. Les malfrats disparaissent dans la nature lorsqu’ils l’entendent. Cela fait près de deux ans que les mêmes acteurs sévissent à Abobo. On ne peut comprendre cela ! Beaucoup a été fait mais il reste beaucoup de choses à faire.

Que préconisez-vous dans ce cas ?

Il faut cibler les auteurs. Il faut les rechercher en lançant des avis de recherche. Il faut mettre de vrais investigateurs aux trousses de ces bandits. Ces derniers doivent être traqués dans leur dernier retranchement afin de les rattraper pour les punir.

Les membres des gangs à la machette sont généralement des gamins. Ils sont issus des familles. Pourquoi la répression de ce fléau  ne marche-t-elle pas?

Ce qui ne marche pas, c'est que lorsqu'ils laissent les machettes et qu'ils retournent dans leurs domiciles, les actions de la police ne continuent pas. Il faut toujours les réprimer. Il faut rechercher ces malfrats jusque dans leur dernier retranchement. C'est cette façon d'agir qui peut mettre fin à ce phénomène. A l'époque, quand quelqu'un tailladait à la machette une personne, il était recherché même dix ans après les faits. L'auteur était jugé et condamné à une lourde peine de prison.

Après les affrontements meurtriers entre des bandes armées la semaine dernière, dans quel état d'esprit se trouvent les riverains?

Nous sommes dans une situation de terreur. Dans notre quartier, à partir de 19 heures, il n'y a plus personne dehors. Le quartier se vide de sa population. Des locataires de plusieurs cours communes ont fui leurs maisons pour se réfugier chez des parents dans d'autres quartiers. Ils y viennent pendant la journée mais ils vont dormir ailleurs de peur d'être agressés.

Avez-vous initié des rencontres avec ces enfants et leurs parents pour leur demander ce qui les motive à prendre des machettes pour agresser les populations ?

Nous avions commencé la sensibilisation il y a plus d'un an. Aujourd'hui, il faut noter que les vrais acteurs de ces attaques ne sont pas forcément de notre quartier. Nous savons que nous sommes beaucoup convoités. Vous avez des jeunes qui viennent d'autres quartiers. Cela s'explique par le fait que nous sommes à proximité de la gare routière. Il y a les cabarets, les maquis, les maisons closes. Les jeunes viennent s'asseoir dans les cabarets. On ne sait d'où ils viennent. Ils passent tout le temps dans ces endroits.

Ne faut-il pas commencer à détruire ou empêcher l'installation des cabarets et maquis?

Nous avisons les responsables de sécurité. Il appartient à l'autorité de prendre des mesures. Nous avions aussi informé la mairie. La présence de ces cabarets agit négativement sur l'éducation de nos enfants. La majorité de nos jeunes gens sont déscolarisés parce qu'ils n'ont pas de bons modèles. Notre rôle est d'alerter les autorités. C'est ce que nous faisons.

Que faut-il faire pour éradiquer ce phénomène?

Les solutions se trouvent à plusieurs niveaux. Il faut  sensibiliser les enfants. Les autorités doivent tenir leurs promesses face à cette jeunesse. Il faut dire qu'aujourd'hui, le taux du chômage des jeunes  grimpe chaque jour. Il ne faudrait pas être surpris de voir demain ces jeunes-là se transformer en de grands braqueurs et même en des terroristes. Ces enfants peuvent devenir des terroristes si l’occasion se présente à eux. Cela n'est pas exclu. Je pense que le Nord-Mali était une zone abandonnée. Les terroristes sont arrivés. Ils ont  converti les voyous pour les utiliser par la suite dans la guerre. Il est vrai que nous ne sommes pas à ce stade mais nous ne sommes pas aussi à l'abri. Nous allons prendre des mesures à la suite de la rencontre que nous allons tenir dimanche prochain. Désormais, avec l'accord des sages, les danses "sipa" seront  interdites. Ce sont des lieux de rendez-vous de ces voyous pour commettre les agressions et dépouiller les populations. Le comité de gestion va prendre ses responsabilités. Toute manifestation publique doit être soumise à la mairie après approbation du comité. Les parents seront mis devant leur responsabilité.        

Réalisée par Ouattara Moussa

Lég : Bamba Amadou a annoncé un meeting dimanche prochain au stade du quartier pour lancer un dernier ultimatum aux gangs à la machette.