Dabou / Bagarre rangée à
Tiaha
Deux
chefs s’affrontent pour un fauteuil
On a frôlé le pire
samedi à Tiaha. Ce jour-là les habitants de ce village, situé à 12 kilomètres
de Dabou, ont failli s’entretuer n’eût été l’intervention de la brigade de
gendarmerie. Selon les témoignages, on a déploré une dizaine de blessés légers
dans les deux camps. L’incident a été provoqué à la suite d’une réunion
convoquée par le chef intérimaire Adou Adia Jean-Baptiste. Celui-ci est membre
de la génération "Bodji". L’objectif de la rencontre, selon lui,
était de l’installer "officiellement" dans le fauteuil et de lui
donner les attributs de chef de village. «Nous ne voulons pas confisquer le
pouvoir. Le préfet a voulu, par rapport à la durée de l'intérim, régularisé la
situation. Nous avons convoqué une
rencontre avec les villageois le samedi dernier. Il aurait fallu que tout le
monde reste tranquille et que la génération désigne le chef qui aura la
destinée du village. Malheureusement, il y a eu quelques incidents de certains
jeunes gens. Mais ils n'ont pas perturbé
l'organisation cette assise», nous a-t-il expliqué brièvement après l’avoir
joint lundi par téléphone. Selon lui, il aurait reçu l’aval de Kacou
Assouman, préfet de Dabou. «C'est ce qui a amené le préfet à demander,
par rapport à notre organisation, de désigner au sein de notre génération un
chef. C'est une mission que le préfet a confié aux patriarches. Et, nous a été
désigné comme chef pour clore définitivement la transition après le décès en
2012 de notre chef Yed Memel Martin», a-t-il ajouté. Le clan dirigé par Yédé
Dagri Abraham (de la génération M’Borman qui est au pouvoir) n’entend les
choses de cette oreille. D’après le chef désigné par les villageois que nous
avons interrogé lundi à Abidjan, la proposition faite par le préfet pour
désigner l’interlocuteur de l’autorité administrative est contraire aux règles du
peuple Adjoukrou (autochtone de Dabou). «Nous vivons dans une instabilité
chronique depuis la mort de notre chef en 2012. (…) Nous demandons que justice
soit rendue. Le préfet de Dabou a fait des propositions au village. Il nous a
dit de copier le modèle du peuple Ebrié. C'est-à-dire que chez les Ebrié ceux
qui sont au pouvoir ce sont eux qui nomment un chef au sein de leur génération.
Le préfet a dit qu’il faut que nous copiions ce modèle. Nous sommes, de la génération M’Borman, aux
commandes des affaires du village. Le problème, c’est que les Ebrié, peuvent
choisir leur chef dans une autre génération qui n’est pas au pouvoir. Lorsque nous nous sommes retrouvés chez le
préfet, il nous a fait cette proposition. Arrivés au village, nous avons fait
le compte rendu aux villageois. Ceux-ci ont longuement réfléchi. Ils ont dit
que ce mode de désignation du chef est contraire à notre tradition», a soutenu le cheminot à la retraite en insistant sur le
fait que le vote est la meilleure voie
pour sa communauté.
«On
ne veut pas marcher sur Dabou»
«On ne veut pas marcher
sur Dabou. Nous demandons au préfet de préserver la cohésion au sein de la
population. Nous l’invitons instamment à nous permettre d’organiser des
élections transparente et ouverte. Il n’est pas normal que pour une communauté
de plus de cinq mille âmes, un groupuscule d’individus décide à leur place»,
s’est révolté M. Yédé Dagri. Selon lui, l’expression démocratique doit
s’exprimer de plein droit. «Chacun doit choisir librement. C'est ce que nous
voulons. Les autorités administratives doivent nous aider à réaliser cette
élection. Le président de la République prône la paix, le développement, la
réconciliation. Il y a un petit groupe de personnes dirigé par le chef
intérimaire qui veut semer la zizanie à Tiaha. C'est ce que nous décrions. On
ne peut pas leur confier la tête du village eu égard à l’opacité autour de leur
gestion des affaires de la communauté», a protesté notre interlocuteur. Nous
avons joint hier par téléphone le préfet de Dabou via sa secrétaire. «Le patron
est absent. Il participe à un séminaire à Yamoussoukro. Il rentre lundi
prochain», a soutenu la collaboratrice du préfet. Elle nous a renvoyé vers M.
Adjoumani, chef de division en charge des questions de chefferie dans la région
du "Léboutou". Ce dernier a promis répondre à nos préoccupations dès
qu’il aurait fini de présider une cérémonie. Jusqu’à ce nous écrivions cette
dernière ligne, nous n’avons pas reçu de réponses de M. Adjoumani.
Ouattara
Moussa
Lég :
Yédé Dagri Abraham montrant le courrier adressé au préfet qui le désigne comme
chef
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