jeudi 19 décembre 2013

Dabou / Bagarre rangée à Tiaha 

Deux chefs s’affrontent pour un fauteuil

On a frôlé le pire samedi à Tiaha. Ce jour-là les habitants de ce village, situé à 12 kilomètres de Dabou, ont failli s’entretuer n’eût été l’intervention de la brigade de gendarmerie. Selon les témoignages, on a déploré une dizaine de blessés légers dans les deux camps. L’incident a été provoqué à la suite d’une réunion convoquée par le chef intérimaire Adou Adia Jean-Baptiste. Celui-ci est membre de la génération "Bodji". L’objectif de la rencontre, selon lui, était de l’installer "officiellement" dans le fauteuil et de lui donner les attributs de chef de village. «Nous ne voulons pas confisquer le pouvoir. Le préfet a voulu, par rapport à la durée de l'intérim, régularisé la situation.  Nous avons convoqué une rencontre avec les villageois le samedi dernier. Il aurait fallu que tout le monde reste tranquille et que la génération désigne le chef qui aura la destinée du village. Malheureusement, il y a eu quelques incidents de certains jeunes gens. Mais  ils n'ont pas perturbé l'organisation cette assise», nous a-t-il expliqué brièvement après l’avoir joint lundi par téléphone. Selon lui, il aurait reçu l’aval de Kacou Assouman,  préfet de Dabou.  «C'est ce qui a amené le préfet à demander, par rapport à notre organisation, de désigner au sein de notre génération un chef. C'est une mission que le préfet a confié aux patriarches. Et, nous a été désigné comme chef pour clore définitivement la transition après le décès en 2012 de notre chef Yed Memel Martin», a-t-il ajouté. Le clan dirigé par Yédé Dagri Abraham (de la génération M’Borman qui est au pouvoir) n’entend les choses de cette oreille. D’après le chef désigné par les villageois que nous avons interrogé lundi à Abidjan, la proposition faite par le préfet pour désigner l’interlocuteur de l’autorité administrative est contraire aux règles du peuple Adjoukrou (autochtone de Dabou). «Nous vivons dans une instabilité chronique depuis la mort de notre chef en 2012. (…) Nous demandons que justice soit rendue. Le préfet de Dabou a fait des propositions au village. Il nous a dit de copier le modèle du peuple Ebrié. C'est-à-dire que chez les Ebrié ceux qui sont au pouvoir ce sont eux qui nomment un chef au sein de leur génération. Le préfet a dit qu’il faut que nous copiions ce modèle.  Nous sommes, de la génération M’Borman, aux commandes des affaires du village. Le problème, c’est que les Ebrié, peuvent choisir leur chef dans une autre génération qui n’est pas au pouvoir.  Lorsque nous nous sommes retrouvés chez le préfet, il nous a fait cette proposition. Arrivés au village, nous avons fait le compte rendu aux villageois. Ceux-ci ont longuement réfléchi. Ils ont dit que ce mode de désignation du chef est contraire à notre tradition», a soutenu  le cheminot à la retraite en insistant sur le fait que  le vote est la meilleure voie pour sa communauté.

«On ne veut pas marcher sur Dabou»

«On ne veut pas marcher sur Dabou. Nous demandons au préfet de préserver la cohésion au sein de la population. Nous l’invitons instamment à nous permettre d’organiser des élections transparente et ouverte. Il n’est pas normal que pour une communauté de plus de cinq mille âmes, un groupuscule d’individus décide à leur place», s’est révolté M. Yédé Dagri. Selon lui, l’expression démocratique doit s’exprimer de plein droit. «Chacun doit choisir librement. C'est ce que nous voulons. Les autorités administratives doivent nous aider à réaliser cette élection. Le président de la République prône la paix, le développement, la réconciliation. Il y a un petit groupe de personnes dirigé par le chef intérimaire qui veut semer la zizanie à Tiaha. C'est ce que nous décrions. On ne peut pas leur confier la tête du village eu égard à l’opacité autour de leur gestion des affaires de la communauté», a protesté notre interlocuteur. Nous avons joint hier par téléphone le préfet de Dabou via sa secrétaire. «Le patron est absent. Il participe à un séminaire à Yamoussoukro. Il rentre lundi prochain», a soutenu la collaboratrice du préfet. Elle nous a renvoyé vers M. Adjoumani, chef de division en charge des questions de chefferie dans la région du "Léboutou". Ce dernier a promis répondre à nos préoccupations dès qu’il aurait fini de présider une cérémonie. Jusqu’à ce nous écrivions cette dernière ligne, nous n’avons pas reçu de réponses de M. Adjoumani.  

Ouattara Moussa


Lég : Yédé Dagri Abraham montrant le courrier adressé au préfet qui le désigne comme chef 









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