mardi 11 février 2014

Enquête : Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan

Enquête :
Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan

Nouvelles révélations sur la libération illégale des bandits de grand chemin

On croyait  la corruption et le clientélisme en train de disparaître de la justice ivoirienne.  Que non ! Ces fléaux continuent de gangréner dangereusement notre appareil judiciaire.  

Incroyable mais vrai !  Cela fait plus de deux mois (le 22 novembre 2013) que Nord-Sud Quotidien annonçait la libération illégale de quinze dangereux criminels dans le cadre de la grâce présidentielle. Depuis lors, aucune autorité ne s’est prononcée publiquement sur ce fait gravissime. Et nous ne sommes informés de la moindre enquête administrative ouverte pour faire la lumière sur cette affaire dans laquelle un juge d’application des peines a été formellement indexé par nos sources.  Ce  silence est assez inquiétant et évocateur des magouilles et de la corruption qui, selon plusieurs faits et témoignages, continuent de gangrener la justice ivoirienne.

Comment les agresseurs du Dg de l’Ens ont failli être libérés

Dans un autre article publié le 31 mai 2013 et intitulé : ‘’Assassinat manqué du Dg de l’ENS-Le parquet veut libérer les gangsters’’, nous révélions des manœuvres en vue de la relaxe, le même jour, des six membres du commando qui a ouvert le feu, le 14 mars de la même année, sur le professeur Sidibé Valy, directeur général de l’Ecole normale supérieure (Ens). Il s’agit de T. Zana alias Agrin, 27 ans ; de K. K. Christian Armel, 29 ans ; de D. Salif, 30 ans ; de L. Moctar, 24 ans ; de S. Soumaïla et de B. Yaya, 29 ans, leur complice  Lossény dit Jumeau étant  toujours en cavale depuis cette époque.  C’est ce même gang qui avait tenté de tuer un officier de la police criminelle. Ces tueurs à gage avaient été arrêtés le 5 mai 2013  par les hommes du commissaire Niagne Honoré, directeur de la police criminelle. Ils étaient poursuivis pour vol en réunion à main armée de pistolets, de complicité de vol à main armée et de détention illégale d’armes à feu. Selon nos sources au parquet, les procès-verbaux transmis lors de leur déferrement, le 17 mai, n’étaient pas accompagnés du corps du délit, à savoir cinq pistolets automatiques, deux téléphones cellulaires et un ordinateur portable(pièces à conviction dont nous avons publié les photos), alors que les dossiers comportaient des prises de vue des armes saisies et des objets volés lors de l’arrestation de ces bandits de grand chemin.
Aux dires de nos sources bien introduites, le lendemain de la publication de notre article, pour toute réaction, le procureur est allé interroger le directeur de la police criminelle sur le lien que celui-ci pourrait avoir avec notre enquête. Evidemment, son interlocuteur a répondu qu’il n’en savait rien. Le chef du parquet aurait aussi approché une autorité en charge de la presse au fin d’interpeller les responsables de Nord-Sud Quotidien. Finalement, au procès, les pièces à conviction que l’on voulait occulter ont été versées au dossier et les criminels condamnés. Ils ont écopé chacun de vingt ans de réclusion criminelle.   Autre méfait, même stratégie.
Le lendemain, toujours selon nos sources au parquet, les parents de prisonniers qui avaient cotisé des sommes importantes qu’ils assurent avoir remises à des magistrats sont allés protester au palais de justice. Nous ne savons pas si l’argent leur a été restitué ou non. Des policiers interrogés à la direction de la police criminelle étaient  très en colère contre le parquet. Ils nous ont confié qu’ils sont régulièrement frustrés par l’attitude de certains magistrats. Ils ont révélé à titre d’exemple que certains parmi les dix-sept bandits déférés le 13 mai pour des délits de vol de nuit à main armée, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et recel d’objets volés, avaient été déjà libérés. En l’occurrence, K. Mohamed qui est sorti de prison après avoir séjourné seulement une semaine au pénitencier de Yopougon. «Les exemples sont légion. Le 15 avril dernier, nous avons déféré le sieur T. Souleymane au parquet d’Abidjan-Plateau. Il était poursuivi pour les faits de vol aggravé. A notre grand étonnement, il a été libéré une semaine plus tard par le parquet sous le numéro du billet d’Ecrou 2224 du 24-04-2013 de la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan », dénonce un policier qui a suivi ce dossier. Ce dernier révèle même que la sortie de prison du bandit a créé un mouvement de colère chez les autres détenus qui le considèrent comme un récidiviste notoire « Face au soulèvement des détenus de la Maca, le procureur a été obligé de nous donner l’ordre de le rattraper. Ce qui a été fait. Il a été ramené à la Maca pour d’autres chefs d’accusation », ajoute-t-il, très remonté contre le ministère public. Des cas similaires ont été enregistrés les années antérieures. On se souvient de l’assassinat, en 2009, du substitut du procureur, Sioblo Tia Serge, tué à Yopougon-Niangon. Le mercredi 7 mai 2009, aux environs de 21 heures, la cité Caféier, située non loin de la station Lubafrique de Yopougon-Niangon, a été le théâtre d’une tragédie. Le corps sans vie et criblé de balles du magistrat a été retrouvé dans le parking. Selon la police criminelle, la victime a été abattue par quatre braqueurs membres du gang dénommé les ‘’Cabris verts’’. Ils sont arrivés à bord d’une fourgonnette blanche. Règlement de compte ou simple agression? Des enquêtes menées, il ressort que c’est ce magistrat qui avait pris la décision de mettre en liberté ces criminels. Ironie du sort. Ce sont ces mêmes voyous qui l’ont abattu. Le substitut du procureur a donc payé cash son erreur ( ?). Toute la journée du jeudi 30 mai 2013, nous avons tenté de joindre le procureur Adou Richard pour recueillir sa réaction. Faute de réponse, nous avons envoyé un message au patron du parquet d’Abidjan-Plateau. Sans suite.
Révélations sur l’évasion suspecte du 11 décembre
Plus récemment, c’est-à-dire le 11 décembre 2013, vingt détenus dont quinze criminels incarcérés au bâtiment C du pénitencier de Yopougon (ex-miliciens et anciens supplétifs des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) se sont fait la belle. Ce jour-là, vers 18 heures, ils se sont évadés du violon du parquet d’Abidjan-Plateau. Une semaine après, nous avons investigué auprès de sources proches des bureaux du parquet d’Abidjan, de l’administration pénitentiaire et aux cabinets des juges d’instruction du tribunal d’Abidjan-Plateau.  Elles nous ont indiqué que l’évasion a été un acte prémédité et motivé par des dessous de table. D’après nos informateurs, l’argument de vétusté de menottes ne tient pas. « Les menottes utilisées par les policiers sont de bonne qualité. Ce sont des menottes de type français. Le problème se trouve ailleurs », analyse l’un de nos interlocuteurs. En observant de près cette évasion et le mode opératoire, explique-t-il, on peut dire que c’est quelque chose qui a été préparée. «Les détenus  sont tous extraits du bâtiment C. Ce sont de grands criminels. Certains n’avaient pas été entendus. Donc, ils ont été conduits dans les cellules du violon du parquet.  Ce mercredi 11 décembre, il n’y avait pas assez de policiers. Les prisonniers ont tout simplement enlevé le crochet. Puis ils ont brutalisé les agents qui étaient présents. Ils ont sauté la clôture pour prendre la fuite », conclut notre source. Un autre contact au 4ème cabinet du juge d’instruction nous apprend que ces taulards, encore en cavale, sont en majorité des ex-miliciens et d’anciens éléments des Frci. « Donc, ce sont des gens qui savaient ce qu’ils faisaient. Les policiers ont été distraits par les derniers détenus qui sortaient de la grande salle d’audience. Alors que les agents avaient les yeux rivés sur les derniers prisonniers, les fuyards ont profité de l’inattention pour mettre à exécution leur plan d’évasion », assure-t-il. « Vous savez, le bâtiment C de la Maca regroupe les bandits de grand chemin. Et les gens sont très solidaires. La sécurité du palais de justice est assurée par les gendarmes. Mais ceux-ci n’étaient plus là, car il était 18 heures. Donc, la porte était ouverte pour eux afin qu’ils prennent la fuite», nous renseigne sous couvert de l’anonymat l’officier subalterne, membre de l’un des syndicats des agents pénitentiaires. Selon ce syndiqué, cette évasion spectaculaire a été motivée par des raisons pécuniaires. Notre interlocuteur soutient mordicus qu’il existe des complices au sein du violon et du parquet. Il ne comprend pas pourquoi ces détenus n’ont pas été rattrapés dans la mesure où leurs empreintes  digitales ont été prises et qu’ils figurent dans le fichier du tribunal. Début janvier, nous nous sommes rendus au tribunal d’Abidjan pour obtenir des informations sur  la suite de l’enquête ouverte. En lieu et place de réponses à nos questions, le chef de sécurité du violon, le lt. Koffi Emmanuel a menacé de nous faire passer les menottes. «Je n’ai rien à vous dire. Si vous continuez, je vous mets derrière les barreaux», lance l’officier de police sur un ton péremptoire.
Retour à l’affaire de la grâce présidentielle
Le 22 novembre dernier, quinze bandits de grand chemin sont illégalement sortis de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Et ce, dans le cadre de la grâce présidentielle accordée deux mois auparavant à trois mille détenus. D’après la mesure présidentielle, seulement les auteurs de délits mineurs (vol simple, abus de confiance, escroquerie et coups et blessures volontaires) étaient concernés. Mais le décret a vraisemblablement été dévoyé. Selon nos sources, quinze redoutables criminels et trafiquants de drogues auraient bénéficié de la complicité des magistrats qui ont traité le dossier. En contrepartie, ces juges auraient reçu de grosses sommes d’argent. Parmi les bénéficiaires illégaux, l’on cite le nom de Dembélé S. Né le 25 décembre 1974, il a été placé sous mandat de dépôt le 17 août 2012. Il a été jugé et condamné le 27 août dernier à  dix ans de prison ferme par le tribunal des flagrants délits d’Abidjan-Plateau. Le juge l’a déclaré coupable des faits de détention illégale d’armes à feu et de munitions de guerre de première et sixième catégories. Incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) sous le numéro 001/0101/1/3848/2012, le sieur Dembélé  a séjourné seulement quatorze mois au pénitencier de Yopougon. Le pensionnaire du bâtiment C a recouvré la liberté le 22 novembre comme mentionné, précisent nos sources.   «J’ai profité de la grâce présidentielle. Il y avait un réseau et j’ai sauté sur l’occasion. J’ai réuni la somme de 150.000 F Cfa, et je suis sorti de la prison», a-t-il confié à un de ses proches qui a accepté de témoigner. Naturellement, l’ex-supplétif des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) s’est planqué depuis sa libération. Tout comme d’autres redoutables criminels ayant profité de cette voie illégale. Hien N.E, 35 ans ; Camara M.,  30 ans et Sékongo N.A, 29 ans ont pris individuellement vingt ans de prison  ferme pour vol de nuit en réunion à main armée. Condamnée le 8 mars 2013, neuf mois après, la bande à Elvis sort de la Maca. D’après nos sources, les trois dangereux individus se sont acquittés de la somme de 300.000 F Cfa pour jouir de cette liberté.  Certains détenus condamnés pour des délits majeurs sont également bénéficiaires du fameux "réseau". Ecroué à la prison civile d’Abidjan pour les faits de détention illégale d’arme à feu et détention de cannabis en vue de la vente sous le numéro 001/0101/1/1711/2013, Traoré A. n’aurait pas purgé sa peine de dix ans. Bakayoko I.  (N° 0001/0101/1/3198/2012), Bioh M. (n0 001/0101/1/1397/2013) ; Dali Zégli JC (n°001/0101/1/1394/2013) et Sana I. (n°001/0101/1/3199/2012) ont mis la main à la poche pour jouir de la liberté. De l’avis de nos contacts à la Maca, ces trois gangsters ont payé individuellement 100.000 Fcfa. Comme eux, sept autres dangereux brigands ont utilisé le même "réseau".  Rien n’a été fait pour rattraper ces ex-pensionnaires du bâtiment C de la Maca. Pis, les magistrats cités dans ces affaires ne sont pas inquiétés. Il ne faut donc pas être surpris de la recrudescence du grand banditisme en Côte d’Ivoire.
Ouattara Moussa
Légende 1: La libération de grands criminels dans le cadre de la grâce présidentielle reste sans suite.
Légende 2 : Malgré les efforts du chef de l’Etat, la corruption continue de gangréner la justice ivoirienne.

Ouattara Moussa  

Enquête :
Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan





Légende : Le chef de l’Etat a déjà sanctionné pour corruption.      





Encadré :
Criminels libérés lors de la grâce présidentielle
Le dossier sur la table de Ouattara
A la suite de la publication, le 23 décembre dernier, de l’enquête sur la corruption autour la grâce présidentielle, nous avons été reçus le mardi 24 décembre au palais présidentiel par Me Diané Mamadou. Le conseiller spécial chargé des affaires juridiques du président nous a indiqué ce jour-là que ces libérations illégales et ces évasions sur fond de corruption sont des faits suffisamment graves car les conséquences sont à la fois sécuritaires et économiques. Il s’est inquiété d’une éventuelle hausse de l’indice de sécurité et de la fuite des investisseurs étrangers. Il a promis informer "qui de droit" afin que les responsabilités soient situées en vue de prendre "les mesures qui s’imposent". Selon le juriste, bien qu’il existe la séparation de pouvoir, l’ouverture d’une enquête approfondie va permettre d’identifier les coupables en vue de les sanctionner. Au passage, le conseiller a félicité votre journal pour ce travail d’investigation. Quelques semaines après cet entretien, c'est-à-dire le 17 janvier, nous sommes entrés en contact téléphonique avec Me Diané pour savoir si des mesures ont été prises pour élucider ces affaires qui discréditent davantage la justice ivoirienne. D’après notre interlocuteur, le dossier se trouve sur la table du président de la République. Alassane Ouattara, on s’en souvient, a déjà sanctionné huit magistrats en octobre 2012 pour « abus de pouvoir, abandon de poste, corruption et extorsion de fonds. »


OM 






Enquête/ Accidents meurtriers sur l’autoroute du nord Voici pourquoi les ‘’Massa’’ tuent

Enquête/ Accidents meurtriers sur l’autoroute du nord

Voici pourquoi les ‘’Massa’’ tuent

Depuis l’ouverture officielle de l’autoroute du nord, le 11 décembre, il ne se passe plus de jour sans que  l’on n’enregistre des accidents meurtriers. Selon le Centre de coordination des transmissions et des opérations des sapeurs-pompiers,  les minicars communément appelés ‘’Massa’’ sont impliqués dans ces sinistres, dans plus de 80% des cas. Nous avons enquêté sur les causes profondes de ces accidents répétés.    


Mme Kouamé Irène tient en main un chapelet blanc. La dame se dirige au guichet de la gare pour prendre son titre de transport. Elle tend un billet de 10.000 FCfa au guichetier assis derrière la guérite. C’est une maisonnée située au rez-de-chaussée d’un immeuble R+1. Le caissier lui donne un bout de papier puis lui remet un billet de 5000 FCfa en guise de monnaie. Aidée par un jeune ‘’gnambolo’’ (chargeur) qui tient son sac, elle se dirige vers le véhicule de marque Mercédès, type Sprinter communément appelé ‘’Massa’’ (roi, en langue malinké), stationné en bordure de la chaussée. Ce 27 janvier 2013, l’ancienne gare routière d’Adjamé, en face de l’imposant bâtiment abritant l’église du roi universel, grouille de monde. Il est 8 heures 30 minutes. Des jeunes gens hèlent les clients. "Bouaké ! Bouaké !", crient-ils à tue-tête. Certains se ruent vers les passants pour leur proposer leur service. Pendant ce temps, la jeune femme se faufile entre la horde de jeunes gens. Elle prend place à la deuxième rangée du véhicule. La voyageuse, le chapelet en main, insiste pour qu’un jeune chargeur tenant en main ses deux sacs les range soigneusement sous son siège. Ce qui est fait. Rassurée, elle continue d’égrener l’objet de dévotion, en murmurant des paroles. «Je prie Dieu pour qu’il me protège, tout au long de mon voyage.  Les accidents sont nombreux sur l’autoroute du nord. Donc, je prie et je vais continuer de prier jusqu’à ce j’arrive à destination », nous confie l’institutrice en service à Bouaké. Elle a bénéficié d’une permission pour se rendre à la capitale économique, afin d’honorer un rendez-vous médical. Selon ses dires, le vendredi, 24 janvier, alors qu’elle venait à Abidjan à bord d’un autre minicar, elle est arrivée deux heures après le grave accident de la circulation qui s’est déroulé au PK 42, vers 9 heures 30 minutes sur l’autoroute du nord. Ce jour-là, un véhicule de type Massa de 18 places a percuté un car de 70 places. Treize passagers sont morts sur le coup. Certes, la voyageuse déplore le drame, mais elle s’en remet au ciel. «C’est triste! C’est Dieu qui a voulu, on n’y peut rien. C’est la volonté de Dieu», s’afflige-t-elle. Néanmoins, elle explique ce qui l’a motivée à emprunter ce moyen de transport. « Il est vrai que les véhicules de type Massa sont impliqués dans beaucoup d’accidents. Cependant, ce sont des moyens de transport rapide et à moindre coût», assure l’enseignante. Pendant ce temps, le véhicule se remplit progressivement de passagers. Aux alentours de la gare, des vendeuses d’eau, de pains et d’articles divers déambulent entre la foule. Elles vendent à la criée leurs marchandises. La gare s’anime. Dans l’arrière-cour, on assiste à un incessant ballet d’aller et retour de jeunes gens. Il suffit d’y faire un tour pour constater qu’il y a en ce lieu,  un bistrot et un kiosque à café. Une femme est assise sur une chaise. Devant elle, l’on aperçoit des sachets de liqueur, des bouteilles de "gin’s" et des comprimés déposés sur deux tablettes. La vendeuse est entourée d’un groupe de jeunes.   Les sachets de liqueurs font comme des petits pains. Ça coûte 100 FCfa. Très excité, Traoré Souleymane achète trois sachets. Il remet 300 FCfa à la commerçante. D’un trait, il ingurgite l’alcool, puis il sort de la cour en courant. Il fonce vers un véhicule de type Massa dont le moteur vrombit depuis quelques minutes. Nous tentons de le rattraper «Monsieur je suis pressé. Je vais à Bouaké. Je suis chargé. C’est une affaire "kabakaba (rapide, ndlr)". J’ai pris ma dose pour tenir», lance-t-il. Souleymane saute dans la voiture, démarre en trompe pour disparaître. De l’autre côté de la route, l’on aperçoit une autre gare routière. Elle dessert la ligne Abidjan-Gagnoa. Elle est située à proximité de l’espace dénommée "Gbêba".  Coulibaly Issa est l’un des derniers passagers à prendre le ticket. Cependant, il nous accorde quelques minutes pour échanger. Il livre régulièrement des produits phytosanitaires aux planteurs de cacao, à travers les campements de la région du Gôh. «Je prends le Massa car c’est moins cher. Ça charge vite. On ne perd pas le temps. Moi, je préfère ces véhicules parce qu’ils sont rapides et pratiques.  Ce n’est pas le cas avec les cars», explique-t-il. Le commerçant minimise le risque des sinistres impliquant les conducteurs de ces minicars. «Les accidents peuvent arriver à tout moment. Moi, je crois au destin. Vous pouvez prendre toutes les mesures possibles. Toutefois, les choses peuvent se dérouler autrement. Je vois souvent des accidents de la circulation où des véhicules de transport sont impliqués pour des défaillances techniques», reconnaît-il, avant de s’engouffrer dans l’automobile. C’est la peur au ventre que Kouamé Kouadio Pascal effectue son voyage. Il se rend au chevet de son oncle à Duékoué. Selon lui, les difficultés financières qu’il traverse, à ce moment, le contraignent à emprunter un moyen de transport, à coût réduit. Le titre de transport Abidjan-Duékoué coûte 6000 F Cfa, au lieu de 8000 F Cfa, dans les compagnies de transport de cars. Néanmoins, le ferronnier, ne cache pas qu’il a quelques appréhensions. «Je suis inquiet, mais je suis obligé de faire avec. Depuis quelques mois et surtout avec l’inauguration de la nouvelle autoroute du nord, les fréquents accidents sont causés par les chauffeurs de Massa. Je me confie à Dieu et j’espère que les choses vont bien se passer», assure notre interlocuteur.

Interrogé, Diomandé Moussa, responsable d’une compagnie de transport jure la main sur le cœur que tout son parc auto bénéficie d’une assistance technique régulière. «Nos véhicules sont contrôlés toutes les semaines par nos mécaniciens. On vérifie tout avant de lancer un véhicule. Les chauffeurs ont droit à un temps de repos, en fonction du nombre de voyage. C'est-à-dire que si un conducteur fait deux jours successifs de voyage, alors il a droit à deux jours de repos », justifie-t-il. Selon ses dires, régulièrement, il déconseille aux chauffeurs l’excès de vitesse et l’usage du téléphone au volant. « Nous sommes clairs avec nos chauffeurs. Celui qui viole les consignes de sécurité sera sanctionné. Pour contrôler l’application de cette mesure, nous demandons aux clients de nous signaler toutes les anomalies constatées au cours du voyage. Les passagers se plaignent de moins en moins du comportement de nos conducteurs. Cela prouve que les instructions sont suivies à la lettre», indique-t-il.
Un avis qui est loin d’être partagé par les usagers de l’autoroute du nord et des techniciens de la sécurité routière.                

On vend la liqueur et la drogue dans les gares routière

«(…) Je vous assure que les conducteurs sont des drogués et des soulards. Cela coûte combien au ministre Hamed Bakayoko de prendre un arrêté interdisant la vente de liqueurs aux abords des lieux de chargement des véhicules? Ce n'est pas la vie d'une seule personne qui est en jeu, mais ce sont des milliers de personnes qui sont en danger. Un chauffeur qui est soûlé n'est pas lucide. Donc, il perd facilement le contrôle de son véhicule. Il n'existe pas d'alcooltest pour faire le contrôle de routine. Les gens sont livrés à eux-mêmes », déplore Mlle Koné Maférima, jointe par téléphone le 28 janvier. Selon la présidente de l’Organisation des jeunes ivoiriens pour la sécurité routière (Ojiser) sa structure continue de sensibiliser les conducteurs à travers des rencontres de proximité dans les différentes gares routières. Elle précise que la sécurité routière, notamment lors des travaux de prolongation de l’autoroute du nord, n’a pas été prise en compte. Cela se matérialise par l’absence de barres de sécurité pour séparer les deux voies à deux chaussées. « Il faut remédier au plus vite à cette situation, en y installant des barres de sécurité. Le ministère du Transport doit réguler les véhicules autorisés au transport en commun. Nous avons interpelé le ministère du Transport pour qu’il mette à la disposition de la police des alcooltests pour contrôler le taux d’alcool dans le sang. Nous allons continuer la sensibilisation. Tout le monde doit s'impliquer dans cette lutte contre les accidents. », préconise-t-elle. « C'est un problème commun. Nous faisons des plaidoyers dans ce sens. Mais vous savez, nous ne sommes qu'une Organisation non-gouvernementale. Ce sont les pouvoirs publics qui doivent prendre des sanctions à l'encontre de ceux qui ne respectent pas les lois en matière de sécurité routière. Nous n'avons pas la compétence pour prendre des décisions. Nous faisons des plaidoyers auprès des décideurs », insiste la présidente de l’Ojiser. Ses propos sont soutenus par Koné Issa, responsable d’une autre Ong dénommée Sos piétons,  spécialisée dans la sécurité routière. « Nous savons pertinemment que l'autoroute du nord telle que nous l'avons pratiquée, il y a beaucoup d'insuffisances dans la réalisation de ce chef-œuvre. Nous félicitons le président de la République pour la réalisation de ce projet, mais il faut reconnaître que les techniciens ne se sont pas inspirés des autoroutes occidentales », critique-t-il. « Nous ne sommes pas satisfaits du fait qu'on a des voies en continu sans aucun virage; il n'y a pas de barres de sécurité. Nous avons constaté qu'il y a beaucoup d'insuffisances sur l'autoroute du nord. La preuve est là aujourd'hui. On a des accidents en cascade. Il faut installer ces barres de sécurité pour obéir aux normes de la protection civile », prescrit le président de Sos Piétons.   
Pour Dramane Sangaré, président du syndicat autonome pour le regroupement des transporteurs de Côte d'Ivoire (SagtCI), il y a deux facteurs à prendre en compte dans la réalisation d'un accident de la circulation. «On a la pneumatique. Il y a aussi la mauvaise formation des chauffeurs. Nous sommes souvent choqués de voir certains enfants qui n'ont pas l'âge pour obtenir un permis de conduire de véhicule de transport en commun conduire. Ces gamins se retrouvent au volant des véhicules. Le gouvernement doit mettre fin à cette situation dans les auto-écoles. Nous dépensons des millions FCfa pour acheter des véhicules. Nous sommes affligés de voir vos véhicules transformés en cercueils », s’indigne-t-il. Adama Touré, président de la coordination nationale des gares routières de Côte d'Ivoire (CngrCI) abonde dans le même sens. Il explique qu’il existe un problème lié aux minicars appelés communément "Massa". « Ce sont des véhicules de marque Mercédès de 18 à 26 places. En réalité, ce sont des fourgons dans les usines de construction de véhicules. Nous avons eu la chance de visiter ces usines à l'extérieur. Quand nous sommes arrivés à l'usine de construction de Mercédès, nous avons été surpris. Le Massa que nous utilisons pour transporter les gens n'est pas conçu pour faire le transport en commun. C'est un fourgon qui doit prendre des cartons. Le tonnage est limité à 1000 kilos. Ici, on se retrouve à 2,5 tonnes, y compris les passagers », analyse le transporteur. D’après lui, les véhicules de transport en commun sont censés avoir un châssis. Il s’agit, selon ses explications,  d’un cadre rigide ou mobile fait d'une matière résistante, destiné à entourer ou supporter le véhicule et protéger les occupants de la voiture. «Le "Massa" n'a pas de châssis. L'homologation n'est rien d'autre que du racket. On ne doit pas homologuer un "Massa" pour faire du transport. Le "Massa" est comme une voiture de particulier. Elle a le même moteur que la "Mercédes 300". Donc, vous comprenez pourquoi il roule vite», conclut notre interlocuteur. Aussi, fait-il savoir, le troisième problème se trouve sur le plan de la pneumatique. D’après lui, les pneus utilisés par ces minicars sont non-conformes aux véhicules de transport en commun. « C'est le même pneu qu'on met sous une "Mercédès 300". Nous avons souhaité que le ministère des transports fasse les états généraux pour que nous puissions sortir ces vrais problèmes. Il faut trouver la formule pour retirer les "Massa". Ils ne doivent plus faire les longs courriers. (…) Il ne faut pas laisser les "Massa" desservir ces lignes. Sinon, on ne cessera jamais de compter les morts. Dotés de moteur d’une Mercédès série 300, ces véhicules roulent entre 120 km/h et 140 km/h sur l’autoroute. Alors que la vitesse autorisée est de 100 km/h. On a 257 "Massa" présents uniquement sur l'axe Abidjan-Daloa. Nous avons un recensement non exhaustif. On a dénombré 8000 véhicules de type "Massa" qui roulent sur nos routes. Si l'Etat ne trouve pas les moyens pour faire changer ces véhicules, alors nous allons continuer de compter les morts. Le système de freinage des véhicules Massa est le même qu'une voiture de type particulier. Or c'est un véhicule de 2,5 tonnes qui se déplace, donc lorsqu'il freine, il perd l'équilibre et c’est l’irréparable qui se produit», fait observer le leader syndical. Le 30 janvier, nous nous sommes rendus à Star Auto, le concessionnaire de la marque Mercédès à Marcory-Zone 4.

Les explications techniques

Mme Brou Josiane, responsable de la communication et du marketing et Adigbo Sibailly, responsable technique, précisent qu’il existe pour le modèle "Sprinter",  trois types de véhicules. « Il y a les véhicules destinés au transport des passagers. On a une autre catégorie qui transporte des marchandises légères. Il y a des véhicules qui transportent des marchandises lourdes. Ce qui se passe, c'est que la plupart des véhicules sont des véhicules importés. Donc, ils ne passent pas à Star Auto. Les clients achètent ces véhicules. Mais ils ne savent pas que c'est compartimenté en trois séries. Celui qui veut faire le transport doit faire venir la version transport-passager », explique Mme Brou. Le responsable technique indique que la différence entre ces catégories d’automobiles se fait dans l'exécution par rapport aux marchés sur lesquels ils sont utilisés. « Quand nous commandons un véhicule, nous faisons une exécution c'est-à-dire que c'est l'ensemble des équipements qu'on met dans le véhicule. Pour un Sprinter donné, nous mettons des équipements à l'intérieur. Pour notre marché, nous mettons certains équipements qui ne sont pas utiles pour le marché européen, par exemple. Prenons le cas du marché ivoirien. Nous mettons la barre stabilisatrice, systématiquement, sur tous nos véhicules. On va parler des amortisseurs qui sont renforcés », assure le spécialiste. Il se trouve que, poursuit-il, les Sprinter importés  présentent  des équipements non adaptés au marché local. « Pour transporter des marchandises moins lourdes, alors on va mettre des pneumatiques très petits. On va tenir compte pour chaque pneumatique de l'indice de vitesse. Cela veut dire que pour chaque pneumatique, il y a certes un chiffre, mais il y aussi une lettre qu'on met qui est l'indice de vitesse. Donc en fonction de l'utilisation, les pneumatiques sont adaptés. Alors, si les gens vont acheter des Sprinter en occasion, ils auront des véhicules dont les pièces seront adaptées pour un Sprinter qui était destiné pour transporter des matelas ou d'autres marchandises légères. On va se rendre compte que ces Sprinter n'ont pas d'amortisseurs renforcés. Une seule lame ressort pour la suspension. Alors que nous, on en met suffisamment pour que cela puisse tenir le plus longtemps possible, car on va transporter 18 personnes, ce qui fait 1,35 tonne en raison d'une moyenne de 75 kg par personne. », indique-t-il. «  Nous, on renforce ces suspensions et ces amortisseurs qui permettent, quelles que soient les routes, de pouvoir supporter. Malheureusement, ces véhicules de transport en commun achetés en occasion n'ont pas ces équipements dont j'ai parlé un peu plus haut. Ce sont des exécutions qui ne sont pas adaptés à notre marché. C'est une erreur grave », martèle notre interlocuteur, en présence de la directrice de communication et de marketing. Celle-ci n’hésite pas à interpeller les gouvernants. « L’Etat doit vérifier ces véhicules qui rentrent, s'ils respectent les normes de circulation de notre environnement. Nous faisons des démarches auprès des pouvoirs publics parce que cela n'honore pas. Quand un véhicule rentre, nous avons des spécialistes comme la Sicta   (Société ivoirienne de contrôles techniques automobiles et industriels, ndlr) qui sont à même de savoir que tel véhicule ne doit pas être autorisé à circuler sur la route », fait savoir Mme Brou. Pour le responsable technique du concessionnaire de la marque Mercédès, en réalité, le moteur ne peut pas être un facteur, dans la réalisation d’un accident de la circulation. « Il peut être un facteur de panne qui va se matérialiser par l'immobilisation du véhicule. Par exemple, le modèle 311 qui est un moteur de 110 chevaux. C'est un véhicule normal. Nous mettons un limiteur de vitesse dans tous nos véhicules. Nous avons la possibilité de limiter la vitesse à 90 km/h ou à 110 km/h. Ce sont des bridages électroniques. Les véhicules qui viennent en occasion notamment les Sprinter, nous ne savons pas quel est le type de moteur qu’ils ont, dans la mesure où ils échappent à notre contrôle. Certes, notre image est écornée, mais nous ne sommes pas les seuls. Il y a d'autres marques de véhicules qui sont importés dans les mêmes conditions. Personne ne peut contrôler cela, car la Côte d'Ivoire est un marché ouvert», relativise l’expert en maintenance automobile. Par ailleurs, il soutient que la Sicta  voit ces automobiles importés, lors des visites techniques. « Elle doit être capable de dire que ces véhicules doivent normalement rouler à 100 km/h, or les pneumatiques que l'utilisateur a mis ne sont pas adaptées. Prenons un cas. Si l'indice de vitesse est la lettre F, cela veut dire que le véhicule doit limiter à 80 km/h. Si le chauffeur roule à 110 km/h, il va rouler normalement, mais il n'est pas à l'abri de l'explosion du pneu, car la pneumatique est fabriquée pour rouler à 80km/h. C'est un élément fondamental. Malheureusement, on ne tient pas compte de cela très souvent, au cours des visites techniques »,  analyse-t-il. Xavier Hoenen, directeur des opérations de la Sicta balaie du revers de la main ces incriminations.  
A en croire le directeur des opérations, qui avait à ses côtés Bini Roger, responsable technique, Alban Koffi, directeur juridique et Olga Patricia Kili, responsable qualité, il n’y a pas de disposition particulière, lors de la visite technique des véhicules de transport en commun. Selon lui, il vérifie tous les éléments relatifs au contrôle visuel c'est-à-dire le numéro de châssis, l'état de la carrosserie. Il en fait également de même pour les éléments visibles à l'intérieur et à l'extérieur du véhicule. « Nous contrôlons les attaches de ceinture; la présence de tous les organes nécessaires au bon fonctionnement du véhicule. Les engins sont soumis à des bandes d'essais, de freinage, des bandes pour les amortisseurs, l'éclairage. On vérifie tous les organes qui sont en dessous du véhicule. Il s'agit des suspensions, l'état du réservoir. A cela s'ajoute des dispositions propres aux véhicules en commun. Il y a les aménagements, le nombre de sièges, la taille des sièges, les largeurs de passage minimal. En règle générale, cela prend une vingtaine de minutes. Tout véhicule de transport est tenu d'avoir une carte de transport qui l'autorise à faire du transport en commun. (…) Nous ne sommes plus responsables du véhicule, dès qu'il sort de notre station. », se dédouane-t-il. «  Il peut arriver que l'utilisateur loue des pièces et des organes pour venir faire sa visite. Notre certificat mentionne qu'au moment ou le véhicule s'est présenté, il était en bon état. Nous ne sommes plus responsables de ce qui va se passer, à la sortie de notre station. Cela relève de la responsable du transporteur», se défend-il. 


Ouattara Moussa









Lég 1 : L’autoroute du nord est devenue un cimetière à ciel ouvert….

Lég 2 : Dans la mesure où les barres de sécurité sont absentes, notamment au PK 42.  
Encadré 1 : 68 tués et 90 blessés graves sur l’autoroute du nord

Selon le Centre de coordination des transmissions et des opérations (Ccto) du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm), du 7 décembre dernier au 11 janvier 2014, 68 personnes ont été tuées dans les accidents de la circulation sur l’autoroute du nord et l’on a enregistré 90 blessés graves. D’après le Ccto, les minicars communément appelés "Massa" sont impliqués à 80% dans la réalisation de ces sinistres. Ainsi, le samedi 7 décembre dernier a été un week-end funeste sur l’autoroute du nord. Cissoko Sidi, Koné Ansata, Ahouré Niangoran Adéle et  seize autres voyageurs ne reverront plus jamais les siens. Ils ont été tués, ce jour-là, sur le coup, dans l’accident de la circulation, à 8 heures 41 minutes. Le sinistre s’est produit au PK 70, à cinq kilomètres, avant Elibou, dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Selon les témoignages, des travaux entrepris sur l’autoroute du nord avaient contraint les usagers à partager une seule chaussée à deux voies. Ne tenant pas compte de cette nouvelle donne, le conducteur  du minicar de marque "Massa" immatriculé 9493FL01 roule à vive allure. Il aurait tenté de faire un dépassement sur un car de transport en commun de marque Daf immatriculé 5267GA01. La manœuvre tourne au drame. Le minicar percute l’autre véhicule. On déplore seize morts sur le coup. La série noire a continué le lendemain, à 6 heures 05 minutes. Toujours sur l’autoroute du nord. Cette fois-ci, au PK 30, à quelques kilomètres, avant Attinguié. Un camion remorque percute un minicar de transport en commun. Dix passagers sont tués sur-le-champ. On a enregistré six blessés graves. Ils ont été transportés par un équipage du Gspm au Chu de Yopougon.
Le lundi 9 décembre, l’hécatombe se poursuit sur l’autoroute du nord. 29 voyageurs ont péri, vers 11 heures, dans un autre grave accident de la circulation, à cinq kilomètres de Zianouan et à 103 kilomètres de la capitale économique, dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Le conducteur du véhicule de transport en commun communément appelé "Massa", immatriculé 515FY01, a percuté un camion-remorque de 32 tonnes, chargé de marchandises. On a déploré quatre morts dont une femme et dix-sept blessés graves, selon le Centre de coordination des transmissions et des opérations (Ccto) du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm). Les témoins indiquent que le système de freinage du minicar aurait lâché et que l’une des roues du véhicule de 18 places  aurait explosé. Le mardi 10 décembre, encore un minicar à destination de San-Pédro fait une sortie de route sur l’autoroute. A la suite d’une crevaison, le conducteur roulant à vive allure fait une sortie de roue, entraînant plusieurs tonneaux. On ne déplore aucune perte en vie humaine, mais l’on enregistre 16 blessés graves évacués par un équipage du Gspm au Chu de Yopougon.  Leur pronostic vital n’était pas engagé. Le mercredi 18 décembre, deux accidents de la circulation se sont produit dans le sens Toumodi-N’Zianouan. On a déploré seize victimes dont six passagers tués sur le coup et dix blessés graves. L’accident s’est déroulé à 14 heures 30 minutes. Là encore, selon les témoignages, les roues arrière des véhicules auraient explosé. Déséquilibrés, les conducteurs ont perdu le contrôle de leurs engins. Une heure après ce sinistre, c'est-à-dire à 15 heures 30 minutes, un seconde accident est signalé au même endroit. Toujours des véhicules de transport en commun de type Massa sont mis en cause dans ces accidents. On a enregistré 22 victimes dont une passagère tuée. Le 11 janvier, Mme Kadiatou Lehila Sylla a été tuée sur le coup. En plus de la fille de maire d’Adjamé, deux occupants à bord du véhicule de type 4x4, à savoir Sidibé Seydou le chauffeur et Ouattara Anzoumana, chargé de la sécurité, sont aussi morts. L’accident de la circulation s’est produit à 110 kilomètres, sur l’autoroute du nord, dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Le 29 janvier, deux véhicules de 4x4 se sont percutés. Bilan : deux personnes tuées sur le coup. Autant de drames qui font de la sécurité sur cette route, une question d’intérêt national.
OM


Encadré 2 :En attendant l’ouverture de la caserne de N’Zianoua

Le patron du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (Gspm) souligne que la caserne de N’Zianoua est une entreprise privée. « Elle a été construite par la fondation Petroci. Au moment venu, elle va offrir à l’Etat la caserne. A partir de cet instant, nous allons l’armer en hommes et en matériels pour qu’elle soit fonctionnelle. Malheureusement, je ne peux pas vous en dire plus. Bien que nous participons aux différentes réunions pour veiller aux respects des recommandations de sécurité contenues dans le cahier de charge », nous apprend le colonel Issa Sakho. Toutefois, il précise que pour l’organisation des secours, en ce qui concerne l’autoroute du nord, cette voie internationale a été scindée en deux. « Si un accident ou tout autre sinistre se déroule avant Singrobo, c'est-à-dire à 120 kilomètres d’Abidjan, explique-t-il, alors nous faisons partir des équipes de la Première compagnie (Indénié, ndlr) ou des hommes de la Quatrième compagnie (Yopougon, ndlr). » Le commandant du Gspm indique que si l’accident a eu lieu après Singrobo, alors ce sont nos éléments de la Cinquième compagnie (Yamoussoukro, ndlr) qui interviennent. 

OM